Année 1638
"...Cette année
(1638) de même que la précédente fut extrêmement dure à supporter aux
pauvres gens à cause des soldats qui hivernaient chez eux et les
traitaient inhumainement..." FR
Fulgence Richer nous dit cela pour Mouzon. Mais il faut bien comprendre qu'on ne faisait pas la guerre à la mauvaise saison.
On prenait ses quartiers d'hiver et comme les "casernes" n'existaient
pas et qu'on ne pouvait rentrer chez soi, on
logeait et se nourrissait chez l'habitant tout simplement.
Avait on besoin de fourrage ? On partait dans les villages alentour réquisitionner ce dont on avait besoin.
Un exemple.
"... Dans le carême, la garnison de Mouzon ayant demandé quelques foins
aux habitants de Stonne, et comme ils n'en avaient point, une partie de
la garnison y alla loger et fit un dommage de 1000 francs..." FR
L'année est donc aussi lamentable que la précédente.
"...Vers le milieu de mars, le sieur de Beaufort, intendant pour le roi
en la ville de Mouzon, voulut surprendre Yvoix par escalade ou pétard.
Il défit quelques gens qui étaient en patrouille, mais d'autres
survenant le tuèrent lui-même et donnèrent la chasse à ceux qui
l'avaient accompagné.
En même temps 20 compagnies d'Ecossais vinrent loger à
Saint-Pierremont. Les habitants voulurent les en empêcher et comme il y
eut une escarmouche, plusieurs y demeurèrent morts ou blessés. De là ils
vinrent aux Grandes Armoises où ils ne trouvèrent personne parce que
les habitants s'étaient retirés dans le château avec leurs bestiaux,
mais les troupes ayant fait couler l'eau qui était alentour, ils
brûlèrent la porte du château et là il fallut combattre. Les femmes y
firent bien leur devoir au-dedans et en blessèrent quelques-uns.
Ils parcoururent les villages du voisinage, ils étaient 1200 têtes tant
femmes que canailles, dit Ganneron n'y ayant que 800 hommes.
Ils prirent quelques bestiaux auprès de Stenay, mais le gouverneur de
cette ville leur donna la chasse par une embuscade qu'il leur dressa.
En ce même temps, il y eut quelques entreprises sur Beaumont et 30
hommes des ennemis passèrent le milieu de la nuit à cheval, mais la
sentinelle en ayant entendu le bruit, en donna avis et on alla boucher
le passage de la rivière où ils devaient repasser, mais faute de cavalerie,
on ne fit pas grande prouesse sinon d'en tailler quelques en pièces.
Durant la fête de la Pentecôte, les Bourguignons vinrent à Remilly, terre
de Mouzon, où ils tuèrent le capitaine du village et après enlevèrent
quelques bestiaux aux environs de Beaumont, mais on fut à leurs trousse.
Le 7 juin, les Bourguignons passèrent la rivière de Meuse au nombre de
300 chevaux et vinrent aux environs de Beaumont et de La Besace, mais
comme le tocsin avait assemblé le monde, il y eut un petit choc dans
lequel il eut deux des ennemis de tués, mais ils enlevèrent pour plus
de 2000 écus de butin. Ils eurent du seul village de La Besace, 50
bestiaux. Ce fut la garnison d'Yvoix qui fit ce ravage.
Le 18 juillet, ceux d'Yvoix, sous la conduite du capitaine Joselet,
allèrent à Cheveuge ayant avec eux un traître de Vendresse, mais la
garnison de Donchery et Mouzon avec la bourgeoisie de Remilly les
allèrent attendre au passage de la rivière où il bataillèrent. On en
compta jusqu'au nombre de 114 de tués ou noyés dans la Meuse avec une
partie de leurs chevaux. Joselet fut du nombre des morts. Il n'eut pas
un seul Français de tué et il n'y en eut qu'un de blessé.
Les Bourguignons vinrent au commencement d'août et enlevèrent quelques bestiaux proche Mouzon.
Au mois de septembre il arriva aux pays quelques régiments étrangers qui pillèrent un peu au commencement.
Ils furent suivis d'autres régiments venant de Liège qui eurent bien du
mal de venir en France car les Bourguignons leur voulurent empêcher le
passage et comme il fallut en venir aux mains, les Liégeois perdirent
60 des leurs outre les blessés. Ils se retirèrent le 18 du même mois.
Vers le mois d'octobre, ceux de Mouzon allèrent autour d'Yvoix et
entrèrent dans un village où on faisait des noces et enlevèrent pour
1000 écus de butin.
Le dernier de décembre, ceux d'Yvoix étant venus aux environs de
Létanne et autres villages pour y faire butin, ceux de Mouzon furent à
leur trousse, et en chamaillant il y eut quatre Bourguignons de noyés." FR