les poilusPremière guerre, l'évacuation.

Les civils déplacés...



L'évacuation

L'armée allemande a envahi la Belgique en dépit de sa neutralité.
Les civils belges fuient et racontent les atrocités que la soldatesque leur a fait subir. En France ce n'est guère mieux. Des villages comme Margny, Olizy subissent des incendies et des massacres de population. La peur des francs-tireurs fait perdre la raison aux soldats allemands, couverts d'ailleurs par leur hiérarchie.
Les femmes, enfants et vieillards partent en exode dés le 23 août 1914.
Le départ fut si précipité que Marie-Louise Guichard, née le 21 de ce mois, ne fut pas inscrite à cette date sur les registres. Un jugement du 24/11/1919 dut rectifier cet oubli.

Ceux qui ne partiront pas ou se feront rattraper par l'avancée allemande, se trouveront prisonniers pendant près de 50 mois, coupés de tout,
Les seules nouvelles qu'ils connurent furent par la "Gazette des Ardennes", journal au service de la propagande allemande.
Le succès de cette feuille tint du fait qu'elle donnait régulièrement la liste des prisonniers français.
L'un de ses rédacteurs, Georges Toqué, accusé lors du procès des dénonciateurs de Laon sera jugé en conseil de guerre et executé le 16/05/1920 à Vincennes.

Ceux qui restèrent durent subir le joug allemand et travailler pour eux. Un état des travaux forcés est visible à la page des conséquences de la guerre.
On verra que l'âge pour beaucoup les poussa à rester.
L'alimentation leur fera souvent défaut et sans le "Comité d'alimentation", beaucoup seraient morts de faim. (A noter que Pouilly était rattaché à Mouzon et non Stenay.)



Les évacués.

On connait une partie des personnes évacuées, par les demandes de secours faites à leur retour, auprès de la mairie en 1919.
En effet les maisons avaient été pour certaines endommagées et toutes pillées par l'occupant.

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Les dates de naissance ne sont pas toutes exactes.
Le regroupement est fait par famille (Fond alterné, bleu/blanc)

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Il est certain que d'autres personnes ont été évacuées, mais n'ayant pas fait de demande, elles n'apparaissent pas dans le tableau ci-dessus.
Ainsi trouve-t-on aux AD55 de petits bouts de papier avec seulement quelques indications comme :
"Nous sommes rentrés le 5 mars
Lieu de refuge Lieusaint en Seine et Marne
Garin V. né le 06/10/1867  (en fait Vital Léon)
Mme Garin née le 16/11/1871 (Julia Colinet)
Garin Léon le 22/04/1906"

La liste n'est donc pas exhaustive.
D'autres ont pu faire des demandes tout en étant demeurés à Pouilly.
Et puis certains ne sont pas revenus, décédés loin de Pouilly, comme Claude Eugène Halbutier, mort à saint-Dizier (52) le 08/02/1917. Il était en 1874, marchand de fromages.

Une liste manuscrite retrouvée aux AD55 (E depot 488 126) et la révision des listes électorales de1919 nous fournissent quelques noms supplémentaires.




Les prisonniers civils

Parmi les personnes qui durent quitter notre région, il ne faut pas oublier les prisonniers et évacués civils.
Quand les Allemands constatèrent que l'alimentation des civils en zone occupée posait plus de problèmes que ce que rapportait leur travail forcé, où que leur présence constituait un réel handicap en zone de combats, ils les évacuèrent vers la Belgique, puis vers Genève où la Croix-Rouge les rapatria en France libre.
Les conditions de transport furent souvent déplorables. Wagons à bestiaux, malnutrition, manque d'hygiène etc.
Le comité international de la croix-rouge (CICR) présidé par Gustave Ador depuis 1910, se positionne dés 1914 comme le principal intermédiaires pour les demandes et envoi de secours. En 1914 il est créé à Genève l'agence international de secours et de renseignements en faveur des prisonniers de guerre, mais aussi des civils déplacés.

A Pouilly, la seule trace connue est celle de ce Canel Prospère Arsile né le 21/10/1861 sans doute à Exermont (08).
Il écrit le 08/08/1919 à propos de ses versements à la retraite ouvrière et paysanne ;  "...je n'ai pu en faire d'autres, j'ai été enlevé de force de chez moi, puis j'ai été conduit à Grafenwohr en Bavière, puis ramené en France envahie, Moiry, Puilly et Pouilly".
M. Vanderesse Sylvain, citoyen belge, habitant à Bantheville (55) , subit le même sort et vint s'installer à Pouilly en 1947, rue de la cure.

Il y eut aussi à  Pouilly des prisonniers Belges civils ou autres déplacés  On le sait par les actes de décès :

Charles Depuydt le 10/03/1917.
Il est âgé de 34 ans, né à Gand en Belgique. Il décède au lieu dit "Les Baraquements".
Les témoins, Ferdinand Gooris receveur, âgé de 39 ans et Ferdinand Everaert, 48 ans, fileur sont aussi de Gand et prisonniers civils à Pouilly.

Gustave Demartelare  le 18/03/1917, au lieu dit "Les Baraquements" chemin d'Inor.
Les témoins sont Pierre Deneus, 50 ans, emballeur, domicilié à Gand et Pierre Racs, 41 ans, employé des chemins de fer domicilié à Mont-saint-Amand en Belgique.

Et des civils Français :

Aurore Boniface "...domiciliée à Pouilly depuis son évacuation d' Honnecourt (Nord), veuve de Defrenne Barthélemy..."
Elle décède à Pouilly le 26/10/1917. C'est sa fille Marie-Josèphe Defrenne, 45 ans, commerçante et Alcide Achille Moreau 55 ans, secrétaire de mairie, évacués d'Honnecourt également qui en font la déclaration.
Le 25/11/1917, c'est Jean-Baptiste Delcroix qui décède à Pouilly. Il est lui aussi originaire de Honnecourt. Il a 71 ans. C'est son gendre Alcide Achille Moreau qui déclare le décès.

Catherine Eugènie Rousselet, 74 ans, décède le 09/09/1918. Elle était née à Sivry-sur-Meuse et "...domiciliée actuellement à Pouilly..."
C'est Gilbert Husbourg, prisonnier civil de 24 ans qui en fait la déclaration.



Les prisonniers militaires

Il y en eut sans doute. Mais je n'en ai pas trouvé la trace. Ils ont certainement été évacués en l'Allemagne