la vignetteLa vignette

Son histoire




L'histoire de La Vignette

la vignette d'après DenainDenain nous apprend :

"La vignette par son nom annonce un canton de vigne de l'autre côté de la Meuse vis-à-vis de la ferme (de Prouilly) et auquel est attaché un bâtiment pour le logement d'un vigneron avec bâtiment et pressoir.
Le vin de cette vigne est bon et délicat"

La Vignette faisait partie de la grange de Prouilly.
Séparée d'elle par la Meuse, un gué et non un souterrain les reliait.
Cette disposition de chaque coté du fleuve sera source de problème. En effet coté Prouilly on est dans le Barrois mouvant. Voir l'explication à l'année 1301

Le diminutif La Vignette indique que cette exploitation était modeste. Environ 5 ha de vignes.

Son acquisition par les moines date très certainement de la même époque que Prouilly au XII ème, mais son nom n'apparait qu'en 1375 à propos d'une terre de culture de la ferme voisine. (IN 1737 folio 258 verso).
On le retrouve en 1527 dans l'inventaire des archives monastiques, puis en 1617.
Ses limites sont au sud, la Meuse et au nord un mur qui longeait la route et qui fut démonté dernièrement.

L'exploitation comprenait un pressoir et une maison d'habitation bâtie sur de longues caves servant de celliers.
Trois ménages de vignerons dépendant de Prouilly s'en occupaient. En 1783 et 1788, leur production était de 4800 litres à l'année. Voir les censiers de la Vignette



Problème avec les curés de Pouilly

Les relations avec le curé de Pouilly, qui se devait de leur apporter les sacrements, n'étaient pas toujours au beau fixe.
Duhoux par de nombreux courriers se plaignait de ne rien toucher et devoir exercer son ministère aux fermes de Prouilly et La Vignette.

Mais déjà du temps de Polonceau il y avait eu du tirage, comme sa lettre à Duhoux le dit le 04/01/1778:
"Je suis bien surpris de la nouvelle tracasserie des gens de La Vignette.
Vous n'ignorez pas qu'ils ont été forcés de me céder après avoir employé 18 mois à consulter de tous côtés sans trouver un avis favorable.
Ils étaient excités dans ce temps là par un certain père Michel et ils m'annonçaient comme à vous une prétendue transaction qui fixait leur redevance à un écu de Navarre. Je leur répondais que je ne connaissais pas de transaction, que quand bien même elle existerait et qu'elle serait revêtue de toutes les formalités, il est certain qu'on ne l'a pas exécutée de temps immémorial et peut être jamais, que ma possession me suffisait, que je les battrais infailliblement par là, qu'au surplus, si ils n'étaient pas contents ils n'avaient qu'à aller à l'église d'Orval ou chercher une autre paroisse, ce qui leur est impossible. Ils ne peuvent changer de diocèse, Autreville est à vous, Luzy ne les recevrait que du consentement de l'archevêché qui vous soutiendra.
Cette menace seule les a terrassés et probablement a fait peur aux moines qui ont craint que si il y avait procès, je n'exigeasse une prestation plus forte à leur charge. Peut être nous réussirons de même. Si j'osais vous donner un avis, ce serait de leur faire sommation d'acquitter la prestation accoutumée et sur leur refus de leur signifier que dés ce moment vous ne les regardez plus comme vos paroissiens, qu'ils aient à se pourvoir où bon leur semblera pour l'administration des sacrements et je parierais que les moines ne diront mot ou que s'ils se montrent vous en tirerez un meilleur parti etc.).

Le 18/11/1777, en provenance d'Orval :
"Les vignerons de Prouilly sont très blâmables pour vous avoir tenu des discours indécents au sujet de la demi-pièce de vin que vous leur demandez. La convention primitive, confirmée par le grand vicaire de l'archevêque de Reims, ne porte effectivement qu'une obligation de 3 francs. C'est le titre en vertu duquel les curés de Pouilly peuvent exiger, que notre abbaye leur doit payer cette redevance quand ils auront administré les sacrements à nos vignerons etc.".

Le 13/04/1778, Orval écrivait au curé :
"Comme jusqu'à présent nous n'avons pas trouvé l'occasion d'une entrevue avec vous, pour terminer le différend au sujet de nos vignerons, je vous prie de leur continuer vos soins etc.".

Le 14/04/1778, en présence du sieur Ponsin maître d'école, Antoine Guichard l'ainé, vigneron demeurant à Pouilly m'a dit qu'il a demeuré depuis sa naissance jusqu'à l'âge de 50 ans à la vignette de Prouilly, où il façonnait partie des vignes appartenant aux religieux de l'abbaye d'Orval, que de toute sa connaissance les curés de Pouilly avaient administré les secours spirituels aux vignerons de la Vignette, exceptée une année qu'ils firent leur pâque à Luzy, parce que feu M. Blanchot se trouvant fort âgé ne voulait plus en demeurer chargé davantage. Qu'il leur rendit néanmoins les services accoutumés dés l'année suivante, ce qui s'est toujours continué depuis, qu'en conséquence les vignerons de la Vignette n'ont pas cessé de donner tous les ans au curé de Pouilly, chacun une demie pièce de vin, qu'à la vérité quand la vendange avait manqué quelquefois, feu M. Billet successeur immédiat de M. Blanchot consentait à attendre la vendange d'après, et qu'alors il percevait une pièce de vin entière de chacun des vignerons. Enfin que les mêmes vignerons étant en contestation avec M. Polonceau au sujet de la prestation dont il s'agit et M. l'abbé d'Orval étant venu à la Vignette pour voir ce vendangeoir nouvellement rebâti, il leur ordonna de continuer à payer sans difficulté chacun une demie-pièce de vin au curé de pouilly conformément à l'usage.
Le 3 mai suivant au sortir des vêpres, Gabriel Gobert m'a dit qu'il y avait plus de 50 ans qu'il travaillait pour M. Blanchot est puis pour M. Billet, que toujours il a vu les habitants de Prouilly et de la Vignette attachés à la paroisse de Pouilly et toujours il les avait vus assujettis envers les curés de Pouilly à la même prestation, les premiers donnant du grain, les autres chacun une demi-pièce de vin et jamais d'argent."

Une lettre du 26/10/1789 de F. Gabriel, procureur d'Orval au curé Duhoux nous dit :
"Les moments de fermentation actuelle, la crise où se trouvent les biens ecclésiastiques en France, ne sont pas du tout propres à rien innover dans ce qui s'est pratiqué antérieurement avec vous et messieurs vos prédécesseurs pour l'administration des sacrements à nos vignerons de Prouilly et les honoraires qu'ils vous doivent en conséquence. Je vous supplie donc Monsieur, de bien vouloir patienter avec ces bonnes-gens cette année-ci où vous connaissez leur infortune, et quand les temps seront plus calmes, nous tacherons d'arranger et finir le tout à l'amiable".

Ces quelques extraits sont représentatifs des différends entre les moines qui ne payaient pas la dîme et le curé qui travaillait pour rien ou peu. (AD55).



La vignette après la révolution.

acte de vente la vignette Le 20/101796, La Vignette est vendue à Pierre La Marle, ingénieur en chef des ponts et chaussées des Ardennes, demeurant à Mézières.
Son acquisition est décrite comme suit :

Un corps de bâtiment ayant en longueur 38 toises et en largeur 6 toises, lequel forme 3 logements de vignerons de chacun 3 petites chambres, avec petites écuries et petites caves, en outre 2 chambres et une petite cave.
Une halle dans laquelle se trouve renfermés un pressoir, 10 cuves et 4 balons (?).
Vis-à-vis la halle, un fournil, ayant en longueur 3 toises sur 5 pieds de large.
Vis-à-vis des bâtiments, des jardins, vergers de la contenance de 97 verges.
Trois cents trois verges trois quart de terres labourables, 10 arpents 56 verges de prés, 179 verges de terrain empouillé en sainfoin, enfin 915 verges de vignes en une seule pièce entourée de murs.
Les dits biens appartenant à la république, en vertu de la loi du 13 pluviôse an II, comme  provenant  de  l'abbaye  d'Orval, non loués en 1790, étant exploités par les ci-devant religieux, imposés sur le rôle de la contribution foncière en 1793 à la somme de 170 francs 52 centimes etc.
Jean Baptiste Ravignaux est expert nommé par délibération du département.
Finalement l'évaluation est de 15225 francs.

La ferme est restée dans la famille La Marle, jusqu'à ce jour.

ascendance La Marle




En 1870 au moment de la bataille de Beaumont, La Vignette hébergea une ambulance.
Le sous lieutenant Zssilling Philippe Henry, du 3ème de ligne, blessé à Beaumont, y décéda le 25 octobre 1870.

Le Petit Ardennais du 03/11/1893 annonçait la vente du mobilier de Mme veuve La Marle pour le 05/11/1893.
Il s'agit de Françoise Virginie Gambaro décédée le 05/10/1893 à Pouilly, veuve de François Dominique Eugène La Marle (1801-1876)
Nous avons donc le détail de ce mobilier d'une famille bourgeoise :
Meubles anciens et modernes de toute nature, salle à manger, salon et chambre à coucher, en acajou, chêne et noyer et notamment : deux buffets acajou, grande armoire acajou, armoires en chêne, buffet, commodes, toilette, secrétaire, chaises acajou velours rouge, autres diverses, piano, machine à coudre, ancienne boîte d'horloge, pendules et candélabres, grandes et petites glaces, plusieurs bois de lit, literie, rideaux de toutes sortes.
Coupé vis-à-vis, calèche ancienne à deux chevaux, break, charrette à quatre roues, panier à deux, banquettes, harnais, tarare, échelles, tonneaux, saloirs etc.
C'est Me Suret et Me Munsch de Stenay qui en assurent la vente. (AD08 Petit Ardennais 03/11/1893)


La culture de la vigne ne fut abandonnée qu'en 1910 après les ravages du phylloxera.