ProuillyProuilly une Grange d'Orval

Son histoire




L'histoire de Prouilly et Tuncourt.

Grange de l'abbaye d'Orval

prouilly d'aprés Denain Denain décrit les lieux :

"Beaux biens de l'abbaye d' Orval à coté de Pouilly dont les anciens seigneurs suivant la famille de ce nom ont été les bienfaiteurs à cette maison religieuse.
Prouilly est une ferme composée de bâtiments, terres, prés, bois et d'une partie de la rivière de Meuse sur la rive gauche de laquelle elle est située."

L'ouvrage de référence est celui de Christian Grégoire
"Une grange d'Orval en terre Meusienne". Extrait du "Bulletin des sociétés d'étude et d'archéologie de la Meuse" Bar le Duc no 6, 1969
Ce moine a eu accès  aux archives  de son abbaye mais aussi à celles de l'état à Arlon.
Ses sources semblent donc sûres.Je lui emprunte une bonne partie du texte ci-dessous.

Prouilly comme Tuncourt ont subi divers orthographes. Les noms évoluent avec le temps.
Mais les copistes écrivaient souvent "à l'oreille", ce qui explique que dans la même année l'orthographe ait pu changer mais non évoluer.
Proiley (1144), Proilei (1160), Proulei (1174,1178,1180), Proelii (1176), Proilly (1180), Proille (1206), Proellei (1209), Prohiliz (1220), Prowilhy (1280) et Proly dans une note du XVIII ème. Prouilly apparait pour la première fois dans un document de 1455.
Au passage on voit que Praouilly n'a jamais été utilisé si ce n'est sur une carte de 1714. Donc à ma connaissance une seule fois.
Comme pour beaucoup de toponymes terminant par Y, on peut supposer que Prouilly était à l'origine le domaine d'un gallo-romain Prolliacus. Cette étymologie se vérifie à bien des endroits.


tuncourt Quant à Tuncourt dont il est question plus bas, "court" vient du mot latin "Curtis", qu'on retrouve comme composante d'une multitude de toponymes. "Tun" désignait peut être le nom d'un propriétaire ou simplement celui de l'exploitation d'un chef franc.
L'orthographe de Tuncourt a lui aussi varié.
Tuncurt (1156,1160,1178), Tuncort (1180), Tuncour (1180), Tuncurt (1182), Tuncourt (inventaire de 1737).
Un bail du 28/12/1747 signale un pré "à la culée Dancourt" (AEA  layette Prouilly). Or aujourd'hui le Dancourt  est une noue  proche de la Meuse au nord est de la ferme de Prouilly Neuve. Cette noue est en fait le reste d'un ancien bras de la rivière. (AD55 Pouilly 139 FI 204 Sect A F5 1828)
Sur cette photo la flèche indique cette noue.


Mais manifestement avant l'installation des moines, ces terres étaient déjà cultivées.









Prouilly en tant que cense, doit son existence à un abbé de Mouzon et quelques seigneurs laïcs qui offrirent aux moines d'Orval la terre où ceux-ci créèrent cette grange.

C'est en fait Rainerus de Quarnai (Cornay dans les Ardennes) qui en 1144 offrit aux moines d'Orval son alleu (terre familiale franche de servitude) de Proiley.
Richard abbé de Mouzon remet la dîme dont cette terre était chargée envers son abbaye.
Cette double donation est confirmée par Samson des Pretz archevêque de Reims. (Cartulaire Goffinet )

En 1156 Jorannus abbé de Mouzon et Robertus curé de Poilei (Pouilly) remettent aux moines la dîme de Tuncourt.
L'abbé Nicolas Tilliere est plus précis : "En 1156 les religieux d'Orval rachètent,  la part d'une dîme qui revenait au curé de Pouilly sur les terres de Toncourt, vendues naguère à leur abbaye par Raoul de Raucourt. Almaric de Raucourt fils et héritier de Raoul, cède ensuite à Orval tous ses droits usagers sur le ban de Pouilly exprimant ainsi sa reconnaissance pour les faveurs spirituelles reçues de l'abbaye."

La terre de Tuncourt venait d'être donnée (1156) par Lambertus seigneur de Pouilly avec l'assentiment de son suzerain Radulphus (ou Raoul) de Raucourt. Cette donation devait avoir une certaine importance car pendant quelques années le domaine sera désignés par les noms joints de Prouilly et Tuncourt. (Goffinet)
Il existe aux archives de Pouilly-Cornay une copie datée de 1689 de la confirmation de cette donation par Guillaume de Champagne, archevêque de Reims, confirmation datée de 1182.
En 1160  Joranus abbé de Mouzon cède à l'abbaye d'Orval la dîme de Prouilly avec ses dépendances, pour une rente annuelle de 8 sous , monnaie de Châlons.(Cartulaire Goffinet page 33 )
Parmi les terres concernées, il en est une qui se nommait "corveia de Lusei" (la terre ayant pris le nom d'une corvée que les habitants devaient accomplir)

En 1162 Louis comte de Chiny, atteste et approuve la donation ratifiée par Almaric de Raucourt, du droit d'usage à Prouilly. Il rappelle que cette donation a été faite par le père d'Almaric et approuvée par le comte, son propre grand père.(Cartulaire Goffinet page 34 )

En 1174 Henri, archevêque de Reims, confirme l'accord établi entre Adam, abbé d'Orval et ses religieux d'une part, et Pierre de Quarnai et ses enfants, d'autre part au sujet des terres de Prouilly. (Cartulaire Goffinet page 54 )

En 1176 Henri, abbé de Mouzon, cède au monastère d'Orval le douzième de la corveia de Luzy, plus le droit dit "croci de Prouilly" et celui d'usage de Luzy.
"Insuper jus quodvulgo dicitur croci de Proelii, quod spectat etc." Quel pouvait être ce droit ? (Cartulaire Goffinet page 63 )

Le 17/02/1180 le pape Alexandre III confirme de nouveau les biens de l'abbaye d'Orval. "...possessiones curiae de Proulei et Tuncort, cum omnibus terminis et usuarii suis; usuria de Lusei etc.".(Cartulaire Goffinet page 76 )

Quelques autres donations s'échelonnent jusqu'au milieu du XIII ème.

Louis IV, comte de Chiny, atteste la donation faite à l'abbaye d'Orval par Guy dit le Sénéchal, et Helwide sa femme, de Raucourt, du droit de pêche à Prouilly. " ...in aqua sua de Poillei, scilicet ab introitu aquae mortuae ipsorum fratrum quae vulgo dicitur Mortiers, usque ad petram de Ynort" (Cartulaire Goffinet page 141 )

Vers 1206, 4 jours de terre que l'abbesse de Juvigny possédait au milieu des terres de Prouilly. Il s'agit sans doute de Hadwide II de Chiny.

En 1208 Odon, seigneur de Quarnay (Cornay dans les Ardennes) fait connaître qu'il renonce à toutes ses prétentions à charge des religieux d'Orval et qu'il leur reconnait la propriété de tout ce qu'il possède actuellement notamment les terres de Prouilly. (AEA Layette Prouilly 1056)

En 1242, 6 jours de terre et 1 fauchée de prés offert par Herbertus de Poulhi. Jean, doyen de chrétienté d'Ivois atteste cette donation en décembre 1242. (Cartulaire Goffinet page 273 )

Aux AD54 inventaire B 436 dans la layette Orval, on trouve le " Vidimus des lettres de Thibaut, comte de Bar, contenant un appointement fait entre lui et les abbé et couvent d'Orval par lequel ledit comte cède à ladite abbaye en morte-main tous les héritages suivant qu'ils sont abbornés, dépendants de leur grange de Villancey, terres et cens dudit lieu avec les bois dépendants de Villancey, Buiry, Ewgny, Boalmont et ce qu'ils ont à Prowilhy, La Venne, La Pesche, La Carre, Moncias avec les pasturages, ce qu'ils ont èz moulins de Mancourt, Cupigny et Saint-Léger, confirme ce qu'ils ont à Villers-devant-Orval, de tout quoy il se retient la garde ".
Ces lettres sont du 07/08/1280.

Le 08/05/1663, Louis duc de Bourbon et prince de Condé réclame un dénombrement des biens de l'abbaye au baillage de Stenay et une déclaration de foi et hommage pour ces biens. Le 24/08/1663 c'est chose faite. On peut y lire :
"Nous frère Henry de Mongon abbé d'Orval reconnaissons et avouons tenir dans le ressort de la terre de Satenay une métairie vulgairement appelée Prouilly consistant en quatre gagnages tenus et occupés par quatre fermiers résidant chacun d'eux dans les manoirs de la dite métairie etc."
Suit le descriptif de la métairie :
"Les quatre gagnages de la métairie de Prouilly consistent en 300 arpents de terre labourable, 56 arpents de prés, 48 à 50 arpents de bois. La vigne de la Vignette consiste en 9 arpents en une pièce. Pressoir, quelques meix et jardin pour les vignerons et 3 jours de terre arable contiguë à la Vignette. (AEA Layette Prouilly 1059)




La règle cistercienne imposait en 1152 une distance minimale de 11 km entre deux granges. Mais entre Blanchampagne et Prouilly, il n'y a que 6 kilomètres à vol d'oiseau.
Pourquoi cette dérogation ? Sans doute par le simple intérêt...

En 1162 les convers sont en pleine construction. Un document de Louis de Chiny nous apprend qu'Almaricus de Raucourt, renouvèlent les donations faites par son père. A savoir "tous les usages du ban de Pouilly, nécessaire au bétail des frères et tous les bois dont ils avaient besoin en leurs constructions.
C'est donc de ces années que datent les plus anciens bâtiments de Prouilly.

Ils étaient sans doute constitués comme suit:

Deux ailes orientées Nord-Sud suivant la déclivité du terrain.
Dans chaque aile, vers le nord il y avait 4 caves qui existent encore. Dans l'une d'elle, un puits à margelle carrée percée d'un trou de 50 cm
"Une grande partie de l'aile orientale remonte au XIIe siècle ; elle est particulièrement bien conservée du côté nord. Sa toiture repose sur une corniche à modillons (dite corniche bourguignonne). Quelques fenêtres étroites de plein cintre et largement ébrasées s'ouvraient sur la façade orientale de même qu'une porte dont le linteau trilobé est encore en place. Plusieurs de ces ouvertures ont été supprimées. Des deux autres côtés, fenêtres et portes ont été transformées ultérieurement.
Ce bâtiments roman constituait le logement des convers de Prouilly, ou, si l'on veut leur petit monastère. Il comprenait le dortoir, le réfectoire, la cuisine, le chauffoir et peut-être le cellier dans les caves. Il devait y avoir aussi un oratoire, mais pas de chapelle proprement dite. Aucun document ne parle de chapelle à Prouilly, même après que l'on eut admis vers 1255, la célébration de la messe dans les granges.
Les écuries, étables, porcheries et autres communs occupaient vraisemblablement la partie méridionale de l'aile que nous avons décrite, celle qui donne sur la cour centrale.
Enfin le hangar dans lequel on remisait les récoltes, la grange proprement dite, s'élevait probablement au sud de la cour, là où se trouve aujourd'hui l'habitation des fermiers ; la substitution a dû se faire vers les XVII ou XVIIIe siècle, et l'ancienne partie a été aménagée en conséquence. Nous n'avons évidemment aucune donnée sur cette grange, mais si son implantation était celle de l'actuelle habitation, elle était déjà assez vaste.
Tout le complexe de Prouilly est incliné vers le nord, c'est-à-dire vers le fond de la vallée. Un bras de la Meuse, ou un canal, qui débouchait autrefois sur le fleuve à l'ouest, court au pied de la façade septentrionale du logement des convers, dont il n'est séparé que par un chemin. Il a pu jadis servir de port et ne continue pas vers l'est au-delà des bâtiments. En 1204 il était appelé "mortier", actuellement on dit simplement "la noue". Les gens disent que les moines en ont tiré les pierres nécessaires à leur construction, ce qui est peu probable.
Vers le milieu du XIIIe siècle, le domaine de Prouilly avait donc atteint son développement définitif. Il comptait surtout des cultures ; les bois n'y occuperont jamais que très peu de place. La presque totalité de ses terres se trouve sur la rive gauche de la Meuse, à l'exception d'une étroite bande environ 10 ha qui longe le fleuve juste en face. Les moines y plantèrent une vigne et construisirent un pressoir avec ses dépendances. Ceux-ci actuellement transformées en ferme s'appellent encore La Vignette. ( On ne sait quand la vigne a été plantée sans doute vers le XII ème.)

Un souterrain passant sous la Meuse, reliaient entre elles la grange et la vignette." Ch Grégoire..
Mais cette histoire de souterrain n'est pas sérieuse. A l'époque passer sous la Meuse était un obstacle technique insurmontable.
Par contre l'hypothèse d'un gué est plus sûre. Une carte de 1714 (SHAT lib 535) en fait état avec sa redoute de défense.voir cette page fortifications
De plus lors du procès entre l'abbaye et Louis Stevenot en 1736 et avec l'accord du sgr de Pouilly, dont Louis Stevenot avait aussi le droit de pêche, il est écrit : "...ils demeureront (les religieux d'Orval) aussi en possession d'avoir une barque en leur maison de La Vignette, pour communiquer avec leur fief de Prouilly..." (AEA 1065)



Contestations diverses

La vie à Prouilly fut émaillée de disputes, contestations que Goffinet relate :

Ce fut d'abord Pierre de Quarnay (Cornay dans les Ardennes) qui réclame en 1174 l' alleu que Rainerus a donné en 1144
Puis la terre de Tuncourt est demandée par Auda demi-sœur de Lambert de Pouilly. La mère de Lambert, Emeloz avait épousé illégitimement un prêtre d'où cette Auda dont les prétentions furent rejetées. (Voir Goffinet L1 page 84)
Le curé de Pouilly ensuite réclame les dîmes attachées aux terres de sa paroisse. Mais en 1200 Thibaut du Perche, archidiacre de Reims, se prononce en faveur de l'abbaye d'Orval, dans un procès à elle intentée par le curé de Pouilly au sujet de la dîme de cette paroisse. (Cartulaire Goffinet page 122 et 123 ). Le curé n'est  nommé que par " P. prebytero de Poilleio "

Christian Grégoire ne relate pas tout dans son ouvrage mais nous cite les disputes concernant les droits de pêche (1455), d'usage ( 1520,1527,1567). Les contestations de limite (1238 et 1248) , les querelles de voisinage, garde des bois (1514, 1569) etc.
Il nous renvoie à l'inventaire de l'abbaye d'Orval série 123 visible aux archives d'état d'Arlon.


Les Censiers à travers ces contestations.

On a vu que peu à peu les convers furent remplacés par des "bras mercenaires" et une sentence arbitraire du 24/10/1455 laisse supposer que c'était déjà le cas à Prouilly.Il s'agit d'un litige sur "la pêche en possession par eux ou leurs commis..."
Cette absence des convers ne laissait pas pourtant les coudées franches aux fermiers les remplaçant. "... le cellérier veillait sur ses granges, même quand elles étaient devenues des censes à bail..."
En 1618, il intervient afin que soit assuré aux censiers le ministère du curé de Pouilly. Il y avait alors dans le domaine 4 censiers, 3 vignerons, 1 trecensier, soit 55 communiants. (un trecensier ou trecenseur  est celui qui tient une ferme dict. Godefroy)

Le dénombrement des propriétaires de bétail réalisé sur l’'ensemble du bailliage de Saint-Mihiel en 1600.nous donne une idée de l' l'importance de cette cense.

recensement bétail 1600 à Prouilly 


Le plus ancien bail qui nous soit parvenu à propos de Prouilly date de 1663 et il nous apprend pour la première fois aussi le nom des censiers :
Jean Husson, Louis Tribert (Trubert sans doute), Gillette Lescuyer et Gillonga Pacquesson.

Un débat sur le droit de pêche en 1719 cite Jean Henry comme censier. "...pour l'affaire Jean Henry contre les pêcheurs de Pouilly; comme Monsieur l'abbé d'Orval ne peut se parer de prendre les faits et causes de Henry, je vous envoie cet exprès pour vous prier mon révérend père de me faire apporter vos titres pour justifier votre droit de pêche dans la rivière de Pouilly, avec une procuration pour intervenir pour le dit Henry.". Stenay le 12/08/1719 et c'est signé Gilles. (AEA Layette Prouilly 1057)

Dans ce même courrier du 12 août, il est question de terres mises en embanie le 23 juillet par les fermiers de Prouilly et qu'un certain François Person a enfreint le ban. Ce Person disant que ce sont les fermiers de Prouilly qui ont rompus les premiers leurs embanies...
Gilles conclue : "au reste comme on ne conteste pas à vos fermier le droit de faire des embanies, il ne sera plus nécessaire mon révérend père d'intervenir pour eux, à moins que vous ne vouliez contester aux habitants de Pouilly les droits de vaines pâture sur le ban de Prouilly ainsi que vos fermiers le prétendent mais je vous avoue franchement qu'ils y sont mal fondés à moins qu'on ne fasse voir que Prouilly est un fief et qu'on ne ferme de murailles, haies ou fossés ..." (AEA Layette Prouilly 1057)
(Embanir une terre c'est y interdire pour un temps la vaine pâture, c'est à dire en défendre le parcours des bêtes.)

Le nom de Jean Gobert revient plusieurs fois dans un procès de 1727. Avec lui, entre dans l'histoire de Prouilly un nom qu'il illustrera jusqu'à la révolution. Dans le même procès, il est question d'une terre appelé "le sart Gobert", qui ne paraît pas avoir été récemment défrichée. Sur le cadastre napoléonien le Sart Gobert est un bois sur la commune de Luzy (AD55 139 FI 155 f1 1827)
Jean Gobert n'est sans doute pas le premier Gobert qui ait vécu à Prouilly.
Le bail de la cense nous ramène en 1747 dans la famille Gobert ; les censiers sont : Henri Claude, Guillaume, les Gobert.
On les cite avec plus de précision dans un bail de 1774 : Claude Gobert et Catherine Thomas, son épouse, Henri Paulin et Gillette Grosyeux, sa femme enfin, Jean-Baptiste Gobert, fils du premier. Avec eux habite une veuve Jean Gobert. Un acte de visite des fermes, datant de cette époque fait part de leurs réclamations. La veuve Gobert demande "qu'on répare la toiture, car ses foins sont toujours affectés. La toiture de la bergerie joignante la grange mitoyenne… Les murailles refectionnées parce qu'elles sont fort vieilles. Elle souhaiterait qu'on lui ferait faire une autre bergerie contre la ferme et qu'on abandonne celle-là. Claude Gobert déclare que la toiture du four a été emportée par l'orage dernier. La toiture du logis doit être faite : 6000 ardoises."
Dans un état général des biens on peut lire les mêmes noms de censiers.
Les derniers documents d'Orval à les citer sont les livres de comptes : celui de 1791, à la date du 15 octobre et celui de 1792 au 29 avril.




Prouilly à sa fondation appartenait au comté de Chiny.
A ce propos on peut se demander qui y exerçait la justice. Dans le cas de Blanchampagne autre grange d'Orval, ce sont les moines eux mêmes qui en avait la charge.
Louis IV de Chiny en 1204 inféode son comté à celui de Bar et Prouilly suit alors les destinées du Barrois, dans la prévôté de Stenay dont il fait partie.
Mais au traité de Bruges en 1301, le Barrois situé sur la rive gauche de la Meuse devient "mouvant", passe sous la suzeraineté française mais reste attaché au comté de Bar. Cette mouvance obligeant les comtes puis les ducs de Bar et de Lorraine à rendre foi et hommage au roi de France, sera la source de mésententes franco-lorraine, particulièrement sous Charles IV de Lorraine.
Prouilly situé sur la rive gauche mais aussi sur la droite pour La Vignette est donc soumis aux deux juridictions...
Orval se trouvant en terre Luxembourgeoise, on comprend aisément les tracas que subirent moines et convers pour rapatrier leurs récoltes à la "maison mère".

Charles Grégoire nous dit que les écrits concernant Prouilly durant le XVII ème sont rares.
Dés le début la Lorraine est au premières loges en ce qui concerne les guerres de religion.

Les moines d'Orval en 1605 donne déjà un tableau pessimiste des possessions de leur monastère :

"... la plupart des rentes et des revenus ne se paient pas présentement, il a fallu les relaisser à plus vil prix, à raison des ruines des villages, paucité des habitants et aussi pour restaurer et orner tant l'église ou villages où nous prenons les dîmes ou portions d'icelles que pour réparer ou réédifier les censes brûlées ou abattues par les gens de guerre..."  (Tilliere "histoire de l'abbaye d'Orval" 1897 p 391)

La guerre de 30 ans  (1618-1648) qui finira en fait, par le traité des Pyrénées en 1659, vient ajouter son lot de misères.

Même après la fin officielle des hostilités, il règne toujours un climat d'insécurité qu'un certificat délivré le 04/01/1683 ou 1685 à Blanchampagne à la demande du cellérier d'Orval, laisse entrevoir. (Une malencontreuse tache ne permet pas d'être affirmatif quant à l'année)
C'est une attestation faite Gilles Roncart (ca 1640-1694) et François Balan (ca 1642-1700), maîtres -charpentiers à Cesse, prévôté de Mouzon, qui attestent qu'en 1674-1675 le roi a ordonné de faire marquer quantité de pilotis :
"... pour piloter tous les guaitz de la rivière de Meuse, afin de conferner toute les frontières de la dite rivière de la course des ennemis..." Ils ont marqué et abattu 450 chênes de 4 à 7 pieds tant pour les dits pilotis entre les dits Villefranche et Pouilly, que pour la construction de la tour de Cervisy". En fait ces arbres ont été pris sur les terres de Prouilly. Jean Fauvelet (ca 1620-1692) et Pierre Regnier (ca 1645-entre 1699 et 1708), censiers des dits religieux d'Orval à Prouilly qui comme témoins oculaires de ladite quantité des chênes employés aux ouvrages que dessus sont aussi prêts d'affirmer par devant qui il appartiendra etc. Je ne sais pas si Orval a eu gain de cause. (AEA 1057 layette Prouilly)

Louis XIV avait l'intention de récupérer l'ancien comté de Chiny comme biens héréditaires. Il constitua la chambre royale de Metz pour s'informer de leur étendue. Orval effectua donc le dénombrement de ses biens. Dans l'acte du 27/07/1682, la situation de Prouilly est exposée en détail (Dénombrement de l'abbaye d'Orval et de toutes ses dépendances"  1682 original aux AEA Layette Prouilly)
En 1697 Louis XIV à la paix de Ryswyck renonce au projet, mais Prouilly reste en terre française. Ses bois figurent sur la carte des forêts dressée en 1772 (AN Paris)

Une nouvelle déclaration des biens de l'abbaye en France est établie le 23/09/1783. Le gouvernement a besoin de finances est tente d'en trouver...



Après la révolution.


Le 02/11/1789 les biens du clergé sont mis à la disposition de la Nation et dés le 14 mais suivant on en commence la vente.
Mais Orval continuera de jouir de sa grange de Prouilly jusqu'en 1792, date de la dernière mention de cette cense sur les livres de comptes de l'abbaye.
Les censiers en ont continué l'exploitation pour le compte de la république.
Le 29/09/1795 Jean François Gobert traite avec les représentants de la république des réparations à faire à la toiture de la grange de Prouilly. (AD55 Q820)
Le domaine est vendu le 11/08/1796 comme bien national à Pierre La Marle, ingénieur en chef des ponts et chaussées du département des Ardennes, demeurant à Mézières pour 30000 francs en assignat.
On constate que l'acquisition de biens, soustraits aux religieux, n'a pas posé de cas de conscience à la nouvelle bourgeoisie.
L'acte de vente nous apprend que le domaine est affermé par bail qui a commencé le 23/04/1783, aux citoyens Jean Baptiste Gobert, Jeanne Gobert sa femme, Henry Raulin, Jean Baptiste Gobert et sa femme Marie Françoise Dupuis et Marie Jeanne Habseaux veuve de Jean Gobert. (Ne serait ce pas plutôt Marie Jeanne Habran ?)
Le bail est confirmé devant Lefebvre et Delahaut, notaire à Yvoy-Carignan le 28/04

Une dame de La Ferté aurait acquis une partie du haut de la ferme et l'aurait revendue peu de temps après. (???)

En 1817, le propriétaire est Jean Baptiste Dewatte, rentier à Stenay. Un différend avec Pierre La Marle (1756-1842), concernant un droit de passage nous l'apprend. (AD55 8 O 589)
Ce Dewatte était né à Stenay en 1770. Il se marie le 31/07/1792 à Marie Jeanne Destenay à Bazeilles-sur-Othain. Il est décédé le 01/02/1844 à Stenay. Il est qualifié de rentier propriétaire.

Le 11/09/1846 l'acte de naissance de François Auguste Brasseur, nous apprend que son père Charles Louis Joseph Brasseur, marié à Marie Françoise Lefevre, est "...garde particulier de M. Nonnon de Sedan, âgé de 29 ans domicilié à Prouilly, commune de Pouilly..." (AD55 1843-1852 91/369).
Il l'est encore en 1848 à la naissance de Marie Catherine Hermence Brasseur sa fille le 27 janvier. (AD55 1843-1852 133/369), puis en 1849 quand nait Catherine Augustine. (AD55 1843-1852 153/369)
Pour avoir un garde particulier sur place, il fallait y avoir des intérêts.
Parmi les industriels textiles on trouve Michel Félix Nonnon (1814-1897) fabricant de draps à Mouzon, mais aussi ses frères Joseph Hippolyte, Jules également à Sedan.
Après 1849 on ne trouve plus trace de ce Brasseur à Pouilly.
Sa fille Louise Eugénie Brasseur nait à Mouzon le 27/04/1851. (AD08 Mouzon 1848-1855 178/414). Il est alors ouvrier de fabrique, demeurant au faubourg de Mouzon. Son épouse est journalière.
Il décède  à Sedan, 37 rue du rivage le 08/06/1866. Il est alors laineur. (AD08 Sedan 1865-1869 159/542)
Grandeur et décadence.
A-t-il abandonné sa place ? Le sieur Nonnon de Sedan a-t-il revendu la ferme ? L'a-t-on remercié ?



Vient ensuite Charles Auguste Goulden, né le 09/03/1830 à Bisschwiller et décédé à Sedan le 26/05/1912.
Il est Pasteur de l’église réformée et président du consistoire de l’église réformée de Sedan. Fondateur d’un orphelinat au Fond-de-Givonne .
Il est chevalier de la Légion d’honneur (dossier cote LH/1176/70) et de plusieurs ordres étrangers (1875, 1887).
Le Pasteur Charles Goulden, sans enfant, confie les intérêts de sa femme Anne Élisabeth Heidsieck dans la maison de champagne du même nom, en 1886, à son frère, Jacques Ernest Goulden.
Celui-ci est né vers 1843, et décédé le 03/04/1909 à Valescure dans le Var. Il est agriculteur à la ferme de Prouilly, marié à Jeanne Marie Marthe Henriette Renous à Bordeaux en novembre 1875.
Ce Goulden n'a pas dû trop cultiver la terre, puisque sa biographie le dit  "Agriculteur à Prouilly (1875), associé négociant (1884), négociant en vins de Champagne (1886), propriétaire (1887), négociant en vins de Champagne, associé de la maison Walbaum, Luling, Goulden et Cie, successeurs de Heidsieck et Cie (1905), chevalier du Mérite agricole, président, puis président honoraire de l’ Association viticole champenoise, ancien maire de Gueux (1909)"
Il déclare la naissance de son fils Auguste Jean Ernest le 23/01/1877. Il est dit "...fermier aux fermes de Prouilly..." (AD55 1873-1882 77/177). Un Auguste Goulden, rentier habitant Pouilly âgé de 70 ans est présent.
Auguste Jean Ernest  devient négociant en vins de Champagne "Walbaum Goulden Lüling et Cie" (1907-23). Il décède le 12/06/1958 à Vienne-le-Château (08).

A son décès la ferme est vendue. Le journal "Le Constitutionnel" du 14/12/1859 page 4/4 l'annonce :
"Propriété de Prouilly et maison à vendre à l'amiable par suite de décès.
1 - La propriété de Prouilly, commune de Pouilly, à 27 kilom. de Sedan
Elle consiste en 220 ha, dont 142 ha terre, clos et jardin, 46 ha prés, et 32 ha bois, futaie et taillis, le tout de première qualité.
Vastes bâtiment d'habitation et d'exploitation.
2 - Une belle et vaste maison, sise à Sedan etc."
C'est sans doute après le décès de Frédéric Bacot le 08/11/1858

Fut-elle vendue ou louée ? On peut douter car la ferme est de nouveau en vente en 1867, soit un bail de 9 ans.
 L'annonce parait dans le journal "Le Temps" des 16 et 23/08/1867" page 4/4 :
"Adjudication même sur une enchère en l'étude de Me Ninin notaire à Sedan le 05/10/1867 à 14:00 du Domaine de Prouilly, appartenant aux héritiers de M. Frédéric Bacot, et consistant en :
Vastes bâtiments d'habitation et d'exploitation, et 220 ha de terres, clos, jardins, prés et bois, d'un seul tenant... Revenu net 12 400 fr. Mise à prix 300 000 fr. Facilités pour payer"

On verra que Léon Raymond Monod exploitant aussi de la ferme, se marie le 07/11/1877 à Bordeaux avec Hélène Renous (11/07/1859 Paris-07/01/1933). Or Marie et Hélène sont deux sœurs...
De plus la famille Monod comptait nombre de pasteurs avec une grande propension à se marier en famille !

On trouve ensuite M. Davanne notaire à Carignan, M. Benoit-Davanne, M. Benoit-Sadoul. La famille Benoit a possédé les deux fermes de Prouilly dans l'indivision depuis 1896.

En 1874 l'aménagement du canal transforme alors le bas du domaine. La noue (le Moltron) devient un étang allongé et fermé de toute part.

Le 18/04/1886 Me Benoist, notaire à Carignan met en adjudication en 1 ou 2 lots à la mairie de Carignan les deux belles fermes de Prouilly, contenant d'un seul tenant 204 ha. Bâtiments neufs. Bail récent et long. Revenu net 13 200 fr. Mise à prix 340 000 francs. (Petit Ardennais du 07/03/1886)
Ce même journal le 10/03/1886 donne plus de détails sur la composition du domaine de Prouilly.

Le 08/04/1894 à 14:00 les bestiaux de la ferme de Prouilly doivent être vendus. Deux forts chevaux de charretier de bateau, avec harnais seront également de la vente (Sans pour autant que l'on sache si ils faisaient partie de la ferme)
(AD08 Petit Ardennais 07/04/4894)

Pour le 23/04/1894 la ferme est à louer. (101 ha de terres et prés d'excellente qualité, dont 21 ha de prés de Meuse. Vastes bâtiments). C'est encore Me Benoist de Carignan qui se charge de la location. (Petit Ardennais du26/03/1893)
Elle l'est de nouveau le 02/03/1902 pour le 23/04/1903 (Petit Ardennais du 02/03/1902) L'annonce parait plus d'une vingtaine de fois jusqu'au 07/10/1902, ce qui laisse penser que la transaction n'était pas facile.
Jean Albert Servais était alors le fermier sortant. Il vend son train de culture par l'intermédiaire de M. Bonnemaison greffier de pais à Stenay, le 06/03/1904, comme l'annonce le Petit Ardennais du 28/02/1904. il a alors : 6 juments de 4 à 8 ans dont plusieurs pleines, 2 poulains, 2 vaches prêtes à vêler, 7 génisses pleines, 5 godins, 3 chariots Marlborough, 1 tombereau etc."
Le 28/05/1905 la ferme est remise en location pour avril 1906. Il faut s'adresser à M. Benoist, place Turenne à Sedan (AD08 PA 28/05/1905 4/4)
Le 16/12/1906 par l'intermédiaire de M. Bonnemaison greffier de paix à Stenay, sont vendus pour cause de départ à la ferme de Prouilly, par M. Fortier, fermier sortant, les chevaux et attirail de culture lui appartenant. (AD08 PA 13/12/1906 4/4)
Le 03/03/1912, vente aux enchères de 29 bêtes à cornes à la ferme de Prouilly par suite de fin de bail. La vente st organisée par Me Lambret de Stenay. Pour attirer le chaland, il est dit qu'une buvette y sera installé ! (AD08 PA 25/02/1912 5/6)

En 1920 Berthe Gobert (1874-1945) épouse de Marcel Noël (1869-1921), acquiert les deux fermes de Prouilly.

Puis à sa mort en 1945, Prouilly-Neuve passe à sa fille Marguerite Noël (1903-1998) épouse de William Buchard  (1895-1987),  tandis que Prouilly revient à son fils Georges Noël (1911-1985)



Les produits de la grange


On sait peu de choses sur le rendement de cette grange.

En 1605 la cense de Prouilly est tenue par 4 métayers, qui rendent annuellement le tiers de leur récolte, soit pour chacun :
8 muids à la mesure de Stenay, moitié froment et avoine.
Le vignoble couvre 9 journaux mais ne rapporte rien.
(Déclaration des cens,dîmes et revenus de l'église et monastère d'Orvaux" Nicolas Tilliere 1897 page 391)

En 1663 Les 4 fermiers paient un trecens (loyer, prix d'un bail à ferme) annuel de :
8 grands muids, moitié froment et avoine. Chacun est tenu à la même charge et doit y ajouter 2 pots de beurre à la mesure du vin et à l'ancienne mesure de Stenay. (Bail de la cense de Prouilly IN 123/28 AEA layette Prouilly)

En 1682, un dénombrement ordonné par la chambre royale de Metz, ne dit rien de la production, mais donne l'étendue des terres et bois.
Il n'y a plus que 3 censiers à Prouilly. (AEA Layette Prouilly)

En 1742 un bail daté du 6 juin précise que les censiers doivent rendre le tiers de leur grains, quelle qu'en soit la nature. (AEA Layette Prouilly  1062) Ce bail concerne Henry, Claude et Guillaume Gobert. Ils sont frères.

En 1745 chacun des trois censiers doit rendre annuellement 200 quartels de froment, 100 quartels d'avoine, 50 quartels d'orge et 6 quartels de pois à la mesure de Stenay.

En 1747 un bail du 28 décembre fait obligation à chaque fermier de rendre annuellement 280 quartels de froment, 100 quartels d'avoine, 50 quartels d'orge et 6 quartels de pois en bons grains sec et net, à la mesure d'Yvois qui vaut une fois et demi celle de Stenay. La livraison doit se faire par chacun à la saint Martin d'hiver (11 novembre) à ses risques et périls. (AEA Layette Prouilly 1062)

En 1772 une carte du bois de Jaulnay nous apprend que Prouilly possède deux bois, Le grand et le petit Bouilli, numérotés en 25 sections. Ils comptent ensemble 105 arpents, 40 perches. (AN Paris)

En 1783 la superficie de culture n'a pas changé, mais bien celle des bois qui est de 50 arpents.
Il y a 3 censiers à Prouilly qui rendent globalement 651 quartels de froment, 150 d'orge à la mesure d'Yvoix.
Le froment est à 4 livres 15 sols, l'avoine à 1 livre 10 sols, l'orge à 2 livres 16 sols.
(Déclaration des possessions de l'abbaye en France dressée par Dom Menne Nagel.  Abbaye d'Orval )

Le 30/04/1788 une "Déclaration des biens" et un état général énumère le rendage suivant :
633 quartels de froment, 18 d'avoine, 150 d'orge, 150 d'avoine, 9 livres de cire, 30 livres de beurre etc.
La cense rapporte aux moines 1997 florins et si deniers.

Les 15/10/1791 et 29/04/1792 les livres de comptes de l'abbaye, ne nous renseignent pas sur la production de la ferme.

graphique tonnage prouillyA la suite de toutes ces données, Charles Grégoire dresse un tableau du rendement de Prouilly, après avoir fait les conversions d'unité qui s'imposent.
Entre les mesures de Stenay, d'Yvoix , les muids, les fauchées etc.

Il arrive à ces résultats :
1605,19 tonnes de grains, 1663 ,78 tonnes, 1745, 55 tonnes, 1747, 85 tonnes, 1783, 88 tonnes et 1788, 73 tonnes.
On voit que le rendement est assez inégal.
Prouilly possédait  environ 150 hectare, mais pratiquant l'assolement triennal, seuls 100 étaient exploités  à l'année.
L'assolement triennal consistait à faire tourner les cultures sur chaque parcelle en en laissant une en repos.Blés d'hiver, (froment) puis blé de printemps, (avoine et orge), puis jachères.

Le rendement des terres n'a presque pas varié du XIII ème au XIX ème sauf en temps de guerre ou de mauvaises météo.
La superficie de la grange de Prouilly n' a pas non plus varié.


On peut donc estimer que la moyenne, si on exclue l'année 1605, particulièrement calamiteuse, est de 66 tonnes par an.
(La courbe de tendance est la moyenne mobile)


Mais la grange avait d'autres revenus :

Les bois de petit et grand Bouilli fournissait chauffage et charpentes.
Les vignes car la Vignette dépendait de Prouilly.
La pêche qui était un privilège, était aussi pratiquée "avec toutes sortes de filets, harnais et verviers..." le long du domaine depuis "... l'issue des eaux mortes des frères dite Mortiers jusqu'à la pierre d'Ynort..." (Donation de Guy le Sénéchal, Goffinet)
Dans cette partie du fleuve il existait une vanne, sorte de barrage en forme de V dans lequel on forçait le poisson à entrer.
On ne sait rien de ce que rapportait la pêche en Meuse pas plus que celle pratiquée dans "la laye du Mortron qui passe en dessous de la maison de Prouilly".




La grange de Prouilly est inscrite aux monuments historiques depuis le 16/07/1991 No notice : PA00106699

Ce n'est que le 20/12/1957 que la ferme sera enfin électrifiée.



Les archives à Arlon

Voici ce qu'on peut trouver aux archives d'Arlon (Belgique) concernant Prouilly et La Vignette.

-    138 Visite des fermes de Blagny, Sachy, Prouilly, Linay et Vigneul : état des réfections à entreprendre. [XVIIIe siècle].
-    268 Notification par les " wardeurs du scel " de Marville de l'obtention par dom Gilles, procureur de l'abbaye, du vidimus de trois titres, de 1509 et 1514, relatifs aux privilèges attribués aux gagnages de Villancy, La Caure, Les Convers, Prouwilly [Prouilly]. 7 novembre 1514.
-    1056 Copie de la renonciation donnée en 1208 par Odon de Quarnay aux prétentions qu'il avait sur les terres de Prouilly. [XVIe siècle].
-    1057 Pièces relatives aux droits de l'abbaye, notamment les droits de pêche, de vaine pâture et les dîmes ; copies de titres justifiant ces droits, dont des copies de lettres de confirmation données par l'archevêque de Reims en 1144, 1156, 1174 et 1182 ; copie d'une patente donnée en 1162 par Louis, comte de Chiny. [XVIe-XVIIIe siècle].
-    1058 Note concernant le paiement des droits de sortie de grains des cens de Puilly. 16 octobre 1647.
-    1059 Mandement imprimé du 8 mai 1663 de Louis, duc de Bourbon et prince de Condé, réclamant un dénombrement des biens de l'abbaye au baillage de Stenay, et une déclaration de foi et hommage pour ces biens ; déclaration des biens des terres labourables, prés, bois ainsi que des vignes de la Vignette appartenant à l'abbaye. 10 mai 1663 - 28 août 1663.
-    1060 Extrait d'une visite des cens de Prouilly et de la vigne dite la Vignette appartenant à l'abbaye. [XVIIe siècle].
-    1061 Bail de location de la Vignette appartenant à l'abbaye, au profit de Pierre Guichard, Pierre Hannetel et Jacques Guichard, vignerons. 1er septembre 1734.
-    1062 Bail de location des fermes appartenant à l'abbaye au profit d'Henry Gobert, Claude Gobert et Guillaume Gobert, les 15 juin 1742 et 28 décembre 1747 ; expédition du bail de location des dites fermes au profit de Claude Gobert et Catherine Thomas, son épouse, Henry Paulin et Gillette Grosieux, son épouse, Jean-Baptiste Gobert, leur fils, et Marie-Jeanne Habran, veuve de Jean Gobert, le 26 septembre 1774 ; expédition de la reconnaissance de dettes donnée  le 26 septembre 1774 par Claude Gobert, Catherine Thomas, Henry Paulin et Gillette Grosieux, et Marie Jeanne Habran,  pour arrérages dus sur des baux précédents. 15 juin 1742 - [27 septembre 1774].
-    1063 Accord, passé par l'abbaye avec les seigneurs et habitants de Puilly, à propos des droits d'usages, notamment de pâturage, des censiers de l'abbaye ; exploit de Jacques de Milly, sergent du bailli de Saint-Mihiel. 18 juin 1567 - 21 juin 1567.
-    1064 Expédition d'un accord, passé entre l'abbaye et Louis Stevenot, pour régler un contentieux lié au droit de pêche que l'abbaye avait donné en location au second ; pièces justificatives. [1736 - 1er mars 1737].
-    1065 Expédition d'une transaction passée le 8 janvier 1751 entre l'abbaye et Louis Joseph de Pouilly, seigneur de Pouilly, à propos du droit de pêche, et de sa ratification. [10 septembre 1751].
-    1066 Expédition d'un bail de location du droit de pêche appartenant à l'abbaye, passé le 17 décembre 1753 au profit de Gobert Normand, maître pêcheur. [17 décembre 1753].
-    1302 Copie d'une patente de Thibaut II, comte de Bar, du 7 août 1280, amortissant les droits et biens de l'abbaye en Lorraine, notamment à Villancy, Prouilly, La Caure, Moncel, Eugny, Les Convers, Buré et Boémont. [XVIIe siècle].