la vignetteSaint-Remy

Entre Pouilly et Mouzon...




Saint-Remy

Cette ferme faisait au XVIII ème partie pour le spirituel de la paroisse de Mouzon.
Cependant il n'était pas rare que les desservants de Pouilly accordent leurs soins aux censiers de cette ferme.

Ainsi on trouve sur les registres de Pouilly le baptême de Clarette Wiblet (ou Vuiblet), fille de Nicolas Wiblet, censier de Saint-Remy, paroisse de Mouzon. La mère est Jeanne Vautier. (AD55 1673-1722 144/276)

Mais aussi le décès d'un Jean Bertrand, manouvrier dans le moulin de Saint-Remy, lequel du consentement de M. Drouillet prêtre curé et doyen de Mouzon a été enterré et inhumé dans le cimetière de Pouilly le 09/09/1712. (AD55 1673-1722 191/276)

Le 09/03/1718 "... du consentement de Ponce Drouillet prêtre et curé de Mouzon ... ay baptisé le fils de Nicolas Vuiblet censier de la cense de Saint-Remy et de Jeanne Genotel, ses père et mère, mariés ensemble habitants de la paroisse dudit Mouzon...".  (AD55 1673-1722 240/276)
Nicolas Wiblet marie sa fille Perette à Pierre Dumon (domestique, natif de la paroisse de Luzy) le 07/01/1756 .Sur l'acte il est noté "...de la paroisse de Mouzon et actuellement de celle-ci...". (AD55 1623-1759 230/267)

Le 17/01/1740 Élisabeth Laurens, veuve de défunt Nicolas Vuiblet, vivant laboureur demeurant à Saint-Remy, paroisse de Mouzon, décède étant âgée d'environ 80 ans (AD55  1723-1759 82/267)

Pierre Wiblet "...garçon laboureur demeurant à la ferme de Saint-Remy... est parrain d'Élisabeth Dumont, fille de Pierre Dumont, manouvrier  et Perette Wiblet. (AD55 1723-1759 250/267)

Jean Fortier y est laboureur quand son fils Claude est baptisé le 14/08/1775 .Son épouse est Louise Drouet. (AD55 1760-1791 167/345)
Le 24/12/1782, il signe un bail de terrage pour 9 ans, à raison de 170 livres par an, bail accordé par l'abbé commandataire de Mouzon. (AD08 1j51-3)
Le 20/10/1782 nait Corneille Fortier. Ce Corneille finira sa vie à la prison de Clairvaux le 18/02/1827 à 3:00 du matin (AD10 Ville-sous-la-Ferté 1820-1829 214/296) Etait-ce une condamnation à mort ? Je n'ai rien trouvé dans la serie U aux AD08. Il est pourtant dit habiter à  Logny, arrondissement  de Rethel. En fait  Logny-lès-Chaumont maintenant Chaumont-Porcien.
En 1790 Jean Fortier y est encore comme on le constate par la naissance de sa fille Marie Élisabeth, le 27 janvier.(AD55 1760-1791 327/345)

Le 29/03/1792 Lambert Hautdecoeur soumissionne pour l'achat de terres situées sur le ban de Pouilly appelé le "pré du passage". Il est alors laboureur demeurant à la ferme de Saint-Remy. (AD55 Q208)
Sa fille Catherine Hautdecoeur (1795-1840) se marie à Jean Falala (1791-  ) le 14/04/1813. Ils ont une fille Marie Falala née le 02/08/1816.

Ponce Laporte fermier, domicilié à Saint-Remy, âgé de 33 ans quand sa femme Anne Pierson accouche de leur fille Anne le 21/01/1797. (AD55 1796-1807 5/135)

Vieillard Edmond Charles Édouard (1843- ) est propriétaire en 1887, mais la ferme est exploitée par François Xavier Labbe (1867- ) et son épouse Marie Leclerc, ménagère (1868- )

Charles Victor Lequy (09/12/1819-02/12/1893) est domestique à la ferme quand il se marie avec Adélaïde Lukas, le 06/08/1856. Il ne sait pas signer son nom.

Les bans de mariage des 2 et 09/05/1880 d' Alfred François Thomas et Jeanne Marie Pauline Martinet, nous apprennent que cette dernière et ses parents Pierre Martinet et Anne Marie Thomas, habitent la ferme de Saint-Remy. (AD55 1873-1882 133/177)
Pierre Martinet y est cultivateur. Tout comme le sera en 1910 Edmond Gaston Thomas, mort pour la France, fils d'Alfred Thomas et Pauline Martinet.

Le 17/06/1847, Nicolas Thomas se marie à Brouennes avec Jeanne Marie Lina. Il est alors cultivateur à la ferme de Saint Remy, avec ses parents Ponce Thomas et Geneviève Vincent.
Quand sa mère, Geneviève Vincent décède à Beaumont le 30/05/1851, il exploite toujours cette ferme.  (AD08 Beaumont 1848-1870 96/541)
Nicolas Thomas se marie une seconde fois avec Rosalie Raymond à Pouilly le 02/06/1881 et toujours cultivateur à Saint Remy.
Lors de son 3e mariage avec Marie Françoise Théodore, le 05/03/1885, l'acte nous apprend que son père est décédé à Saint-Remy le 24/08/1858. (AD55 1883-1892 98/185)

Me Munsch notaire à Stenay fait paraître dans le Petit Ardennais une annonce pour la location de la ferme de St-Remy le 07/01/1894, avec début du bail le 23/04/1794. Il décrit la ferme comme comprenant plusieurs bâtiments d'exploitation, écuries, granges, bergerie, fournil, remise d'une contenance de 75 ha 50 a 62 ca pour les terres et 11 ha 48 a 11 ca pour les prés. (AD08 Petit Ardennais 07/01/1884)

Gabriel Vincent Laurent et Marie augustine Lapierre, habitent à la ferme de Saint-Remy. Ils marient leur fille Marie Rose Lucie Laurent, âgée de 17 ans à Jean Baptiste Amédée Vignol, cultivateur à Bièvres, le 28/09/1895.
Marie Augustine Lapierre  y décède le 18/9/1898.
Gabriel Vincent Laurent le 10/11/1928.

Le Petit Ardennais du 20/04/1924 annonce la vente par Emile Laurent, fermier sortant, pour cause de fin de bail, de bestiaux et matériel de culture à la ferme de Saint Remy. La vente a lieu le 21/04/1924. Il s'agit de : 36 bêtes à cornes, 2 taureaux, 4 vaches pleines, 5 génisses pleines, 4 bœufs de 3 ans,  9 godins de 2 ans, 1 beau lot de 11 génisses et du matériel divers. (AD08 PA 20/04/1924 8/8)

Le 26/04/1930 un incendie se déclare vers 18:00 dans la ferme exploitée par M. Jonet-Bohant. Les pompiers de Pouilly arrivent les premiers suivis de ceux de Mouzon. Vers 22:00 le feu est éteint mais une grange dans laquelle se trouvaient de la paille et des instruments agricoles est détruite. Les dégâts s'élèveraient à plusieurs dizaines de milliers de francs. (AD08 PA 26/04/1930 2/4)
Il s'agit de Jean-Baptiste Jonet (1860-1939)

Pierre Joseph La Marle (1896-1945) est propriétaire en juin 1932. Il est le seul civil de Pouilly mort en captivité en Allemagne.
Henri Louis Alexandre Tramecourt (1925-2019) et Yvette Jeanne Vignol (1928-1994) y ont été fermiers en 1956, avant leur fils Christian Tramecourt (1953-2005)  et son épouse Liliane Donquerte.(1959-  )

En 2019 Cédric Doyen est propriétaire avec sa compagne de la ferme, et souhaite passer en culture bio. Leur Gaec porte le nom de la Miellée sans pour autant que l'apiculture soit leur activité. (Est républicain du 09/02/2019)



Un incendie à la ferme le 11/09/1887

En 1887 la ferme appartient la famille Viellard de Stenay et, est affermée au sieur Labbe qui l'exploite avec sa femme et deux domestiques.
L'un est un jeune garçon (Lambert Arthur 13 ans de Moulins) et l'autre Jean Baptiste Lequy.

Incendie Saint Remy Petit Ardennais"...Le 11/09/1887, vers 9:00 du matin, Lequy revenant de la commune de Pouilly où on l'avait envoyé chercher une provision de pain, paraissait en proie à une certaine irritation et était manifestement sous l'influence de libations qu'il avait faites dans cette localité. Le sieur Labbe lui ayant donné l'ordre d'aller prendre la place du petit pâtre qui gardait les bestiaux dans les champs, l'accusé "observa" son mécontentement en faisant observer à son maître que cette tâche ne rentrait pas dans son service habituel.
Lequy accompagna néanmoins pendant quelques instants celui-ci dans la direction du lieu où se trouvait le troupeau, puis il rentra bientôt à la cuisine de la ferme pour prendre des allumettes sur la tablette de la cheminée. La dame lui en donna sur sa demande.
Un sieur Lambert qui était là à ce moment, surpris de voir l'accusé qui n'est pas fumeur, chercher des allumettes, lui demanda en même temps que la fermière quel usage il en voulait faire. Lequy se borna à répondre que c'était pour la nuit en cas de besoin.
Cette explication était mensongère, l'accusé reconnaissant lui même qu'il en avait prés de son lit.
Muni de ces allumettes, Lequy sortit de la cour de la ferme et au lieu d'aller rejoindre son maître qui l'attendait dans les champs à la distance de 3 ou 400 mètres, il contourna le hangar qui renferme le manège de la machine à battre et s'arrêta auprès d'un tas de paille déposé contre la porte de la grange qui s'ouvre sur le clos.
Le fermier qui s'était retourné et l'observait, aperçut tout à coup de la fumée qui s'élevait du tas de paille, puis il vit son domestique se retirer à 10 mètres environ en arrière et agiter ses bras en criant au feu !
L'incendie se communiqua rapidement à la grange dont la porte était ouverte et détruisit outre ce bâtiment, les récoltes qu'il renfermait, la basse cour et deux écuries. Il ne put toutefois atteindre la maison d'habitation et les autres bâtiments de ferme qui étaient séparés des engrangements par la cour et le petit jardin.
On peut évaluer à plus de 33 000 francs les pertes totales causées par ce sinistre.

Labbe accourut aussitôt et accusa hautement son domestique Lequy d'être l'auteur de ce crime.
L'accusé mis en état d'arrestation, opposa d'abord les plus vives dénégations aux déclarations des témoins, puis changeant de système il déclara qu'il ne serait pas impossible que le feu de son cigare eût accidentellement allumé l'incendie, non prés du tas de paille, mais bien dans la grange où il prétendait s'être rendu pour chercher la litière du cheval.
Il résulte au contraire de l'information, que Lequy n'a pas fumé le jour du crime et qu'il n'a pas pénétré dans la grange.
Il est également constant qu'au moment où il a crié au feu, il ne se trouvait pas dans la cour, mais dans le clos près de la porte de la grange où il a mis le feu à la paille. Le pâtre confirme sur ce point la déclaration du sieur Labbe, témoin dont l'honorabilité est d'ailleurs parfaite.
De plus il a été saisi sur Lequy une allumette à moitié consumée au sujet de laquelle il n'a pu fournir aucune explication plausible.

L'accusé n'a pas il est vrai d'antécédents judiciaires, mais sa réputation est déplorable. Il s'adonne à la boisson et passe pour avoir un caractère sournois et vindicatif. Il était redouté des cultivateurs qui étaient obligés de l'employer comme domestique. Il avait même menacé l'ancien fermier de Saint-Remy de mettre le feu à la ferme parce que celui-ci voulait le congédier à raison de ses habitudes d'intempérance.
Sa probité laisse également à désirer et à plusieurs reprises, il a été convaincu de divers vols au préjudice des cultivateurs qui l'avaient pris à leur service.

En conséquence le sieur Lequy Jean Baptiste est accusé d'avoir le 11/09/1887 à la ferme de Saint-Remy, commune de Mouzon, volontairement mis le feu à des bâtiments servant d'engrangement et d'écuries appartenant au sieur Viellard et à sa sœur.
Nancy le 31/10/1887

Mais qui était ce fameux Jean Baptiste Lequy ?
Il était né le 10/04/1858 à Autreville, de Louis Lequy, maçon, (21/03/1830-23/01/1896) et Marie Catherine Henneront, née le 08/07/1832 à Rollainville dans les Vosges.
D'après le procureur de Sedan, il a très mauvaise réputation, est de probité douteuse, a de mauvaises mœurs.
Il est sournois, violent quand il est pris de boisson, a des penchants à la paresse, fréquente les cabarets.

On apprend dans la foulée que son grand-oncle maternel, Jean Lecomte, né à Autreville le 05/09/1778, de François Lecomte et Jeanne Hannetelle, a été condamné aux travaux forcés à perpétuité pour assassinat d'un brigadier des forêts dans son service il y a environ 50 ans. Il s'était marié à Inor le 11/11/1799 à Elisabeth Comma.
Cette condamnation est postérieure au 20/07/1818 puisqu'il déclare la naissance de sa fille Anne ce jour là. (AD55 Moulins 1802-1822 188/289)
Ce Jean Lecomte est mort au bagne de Brest le 04/08/1838  (AD55 Moulins 1833-1842 97/246)

Voilà donc un bien sombre tableau !

Parmi les témoins appelés à comparaître aux assises on remarque outre les exploitants de la ferme et le propriétaire, le pâtre, le père de l'accusé, le boulanger Dupront Onésime, Catherine Lefer, l'aubergiste de Pouilly, veuve d'Enselme Evrard,  chez qui sans doute ont eu lieu les libations, mais aussi Alexandre Joseph Wendling, cordonnier ambulant, qui se trouvait ce jour là à Pouilly et arrangea les chaussures de l'accusé.
Ce Wendling est l'ancêtre de ceux de Pouilly. Il habitait alors à Villefranche/Saulmory.

Cependant la cour d'assises des Ardennes le 16/11/1887, le reconnait non coupable du chef d'accusation d'incendie volontaire. Décision surprenante...

Le 28/11/1890, il refait parler de lui. Il est condamné à Montmédy à 6 jours de prison pour vol de bois. (AD08 Petit Ardennais du 02/12/1890)

Il décède le 30/09/1898 à Pouilly, célibataire, au domicile de sa mère à 40 ans. (AD55 Pouilly 1893-1902 188/289)