La grosse tour
Sans doute le premier château...
La grosse tour.
Située sur un éperon rocheux, dominant le village, c'est le plus ancien château de Pouilly.L'absence de documents ne facilite pas la connaissance de son histoire.
Cependant on sait que Guillaume de Pouilly (1400-1460) fit édifier un nouveau château à Pouilly sur un monticule qui domine le village, comme il appert par un dénombrement qu'il rendit au duc René le 29/09/1441 à cause de la succession d' Aubertin de Pouilly, son père et également par un autre dénombrement du 17/01/1443.
Une copie du premier, en date de 1783 existe dans les archives de la famille de Pouilly-Cornay.
Le 30/09/1441, aveu et dénombrement par Willaume de Pouilly, sgr en partie de Pouilly en son nom et au nom de sa femme Alix des biens qu'ils tiennent en fief de René d'Anjou, duc de Lorraine et de Bar :Un jardin situé à Pouilly que Willaume a acquis et sur lequel il a fait édifier sa "forte maison... C'est assavoir une grosse tour quarrée et trois autres tours rondes par dehors avec quatre pans de murs et les fossez autour", partie de la seigneurie de Pouilly, biens à Pouilly, rente sur 1/3 de la seigneurie d'Inor, et le vendage de la rivière d'Inor, rente sur le terarge de Baalon, biens à Stenay, Cervizy et Laneuville. (AF Pouilly-Cornay no 7)
Jeantin dit que ce château fut réédifié à l'emplacement "...d'un manoir plus ancien, dont les murs avaient plus de 6 pieds d'épaisseur et dans le ventre desquels, ont été trouvées des monnaies très anciennes. On nous a remis notamment une gauloise et une médaille qui parait commémorative de la charte de 1622...".
Ce premier château aurait peut être été détruit au cours de la guerre de cent ans. A Lapierre nous dit que ce fut dur en notre région. Que la compagnie d'Auberchicourt envahit le Mouzonnais qui fut affreusement ravagé en 1356. C'était la ruine complète dans le pays, depuis Rethel jusqu'à Montfaucon et Stenay. En ce temps là dit Dom Calmet, "...on avait 3 femmes pour un œuf, car un œuf coûtait un gros. C'était chaque femme 4 deniers. C'est la misère et la ruine...".
Au XVIII ème elle servait de maison d'habitation.
La date de 1717 est gravée à l'entrée de la porte de la maison Martinet. A l'intérieur sur une huisserie apparait aussi la date de 1726.
Plusieurs familles y vivaient comme c'est encore la cas actuellement sans qu'on sache exactement où dans ce bâtiment.
Ce bâtiment est en fait pour une partie de construction récente et ne date pas du château primitif.
La cave et au dessus le garage de M. Martinet datent vraisemblablement du XVIIIe, même si (et on peut le voir sur les photos) ces constructions sont venus se superposer et s'imbriquer aux vestiges du château initial.
La partie sud donnant sur la maison dite de Bruno est curieuse puisqu'on y trouve une porte en plein-cintre à travers un mur de moellons assez conséquent.
Cette porte a été rebouchée et sert maintenant de fenêtre.
Il s'agit peut être d'une sortie vers le village ou simplement vers une basse-cour.
Le cadastre de 1828 Vue sur géoportail
Parmi ses habitants, en consultant les AD55, mais aussi l'état civil, nous trouvons :
Jean-Baptiste Chauvancy, né le 12/10/1752 et décédé le 20/10/1825, marié à Marguerite Houppé à Mouzon.le 08/01/1781.
Il signe un bail de location de la grosse tour le 24/06/1787.
"Nous soussigné Marie Antoinette Philippine de Custine épouse de
messire Albert Louis de Pouilly et par lui autorisée, reconnaissons
par les présentes avoir loué à titre de bail à Jean Baptiste
Chauvancy et Marguerite Houppée sa femme, ma maison située
à Pouilly au lieu dit la grosse tour, consistant en une cuisine
poil écurie avec deux jardins y contenant, un au midi et l'autre
au levant, pour trois, six ou neuf années à notre choix, le présent
a commencé au jour de la saint Jean vingt quatre juin mil sept
cent quatre vingt sept, et de la suivant à charge par le dit Jean
Baptiste Chauvancy et sa femme d'entretenir le dit bâtiment
de tout réparation locatif et les jardins de fermeture à charge
en ??? de payer par chaque année la somme de vingt quatre
livres au bout de l'année révolue, le présent fait double au château
de Pouilly le 24/06/1787 et signé après lecture faite.
Un état des lieux est fait le même jour :
"Visite de la dite maison de Chauvancy à la grosse tour le vingt quatre
juin mil sept cent quatre vingt sept. La porte d'entrée et celle de la cuisine
et celle du poil et celle de l'écurie sont assez bonne; les planches du
poil et de la cuisine du haut ne sont pas très bonnes. La poussière
passe entre les joints les terriers du bas sont assez mauvais, les
fenêtres sont fort suporté (?), les volets sont bons. Les clés d'au dessus
de l'écurie sont mauvaises. Les jardins assez entretenus, fermés de
hay mort en partie, la toiture est fort bonne.
signé Chauvancy"
Le 17/05/1805 les registres de la préfecture, font état d'une demande de relevé de la déchéance prononcée par arrêté contre Pierre Vincent Dedet de Gremilly (55) à défaut pour lui d'avoir soldé les termes échus du prix de l'adjudication consentie à son profit le 15/03/1803 d'un bâtiment au dit Pouilly dit la grosse tour et jardin en dépendant.
Ce sont Henry Raulin et Jean Baptiste Sausette, vignerons qui en font la demande. Les pétitionnaires ayant acquis du sieur Dedet les biens ci-dessus désignés, qu'ils lui ont payé le prix presqu'en totalité, qu'ils ont de plus fait fait des dépenses considérables pour rendre habitable le bâtiment dit la grosse tour qui n'était qu'une masure, que procéder à la revente des dits biens, ce serait les dépouiller de ce qu'ils possèdent etc.
Dedet est finalement relevé de cette déchéance, et les pétitionnaires doivent sous 8 jours régler le solde de leur acquisition.
Ce Pierre Vincent Dedet était né en 1772 à Châlons-sur-Marne, paroisse Saint-Albin. Il était domestique, quand il se marie à Mézières le 24/04/1793 à Élisabeth Étienne, originaire de Gremilly, où il décèdera rentier le 02/03/1862. (AD55 Gremilly 1853-1862 184/281)
François Chauvancy, fils de Jean-Baptiste Chauvancy, ci-dessus, né le 01/12/1792 et décédé le 11/08/1829, marié à Marie Elisabeth Thomas (02/03/1787-20/08/1872) le 15/06/1813.
Leur fille Marie Adélaïde Chauvancy meurt le 10/06/1830 "...dans la maison de son père située à la grosse tour...". (AD55 1823-1832 173/212)
Puis Marie Félicité Chauvancy le 13/02/1832 (AD55 1823-1832 183/212)
Jean-Baptiste Claisse le 18/07/1853, décède chez son gendre au lieu dit la grosse tour. (AD55 1853-1862 26/227),
Puis c'est son épouse Anne Godet le 24/02/1854. (AD55 1853-1862 43/227)
Le gendre est Albert Saussette, vigneron, marié à Catherine Claisse. Cet Albert Saussette décède le 21/02/1866 "... dans sa maison située à la grosse tour..." (AD55 1863-1872 66/179)
Chez cette même Catherine Claisse, décède le 30/09/1869 Pierre Claisse, son frère. (AD55 1863-1872 114/179). Elle même y décède le 24/04/1883. (AD55 1883-1892 132/185)
Pour la période contemporaine, il faudra se rapprocher de l'état des sections et de la matrice cadastrale.
Actuellement la grosse tour est habitée en partie par Alain Martinet.
En 1767 Jean-Baptiste Lambert, maréchal ferrant loue au Sgr de Pouilly le fossé de la grosse tour.
"Je soussigné Albert Louis de Pouilly, sgr du dit lieu, reconnais par ces
présentes avoir loué à Jean-Baptiste Lambert maréchal ferrant demeurant
à Pouilly présent et acceptant le fossé de la grosse tour, royé la dite
grosse tour au levant , lui et la veuve Ravignaux au couchant
moyennant le prix de quarante sols par an payable à noël de
chacune année, le présent bail étant pour la vie du dit Jean-Baptiste
Lambert qui pourra défricher ce terrain et l'accommoder ainsi qu'il le
jugera à propos sans toute fois néanmoins approcher trop prés des murs
des maisons de la dite grosse tour, ni leur préjudicier en rien, de laisser le
chemin libre entre la houblonnière qui nous appartient et la fermeture
des dits fossés tel qu'il est aujourd'hui, ce qui a été accepté par le dit Lambert
à Pouilly ce 15/03/1767"
Il se dit qu'un sous-terrain aurait relié la grosse tour à l'église. (Jean Bruno de Stenay au téléphone 2021)
Ce sous-terrain aurait encore servi sous l'occupation allemande lors de la seconde guerre mondiale, à entreposer des armes...
Qu'il y ait eu des caves pourquoi pas. Mais comment penser qu'un tel passage ait résisté à 10 siècles et que son seul souvenir fut de personnes actuelles ?
Je pense que ce sous terrain rejoint la légende de celui de Prouilly au sommet du Châtillon.