Année 1595
Stenay est rendu au duc de Lorraine.
Le vicomte de Turenne, souverain de Sedan se remarie avec Élisabeth,
fille de Guillaume de Nassau, prince d'Orange par contrat le 16 avril
1595.
Un procès en sorcellerie.
Dans les archives du comte d'Herbemont nous trouvons cette singulière
note de frais :
Frais de procédure et d'exécution de
deux Sorcières brûlées vives à Charmois, le 20 septembre 1595, en suite
d'un jugement de la Justice seigneuriale du dit lieu.
Ysabeau Watrin, veuve de feu Robert Pizon et
Zabeleth Chenot, veuve de Brion
Pozza ont été arrêtées au mois d'août 1595 et conduites dans les
prisons de Charmois, sous la prévention du crime de sortilège et sorcellerie.
L'instruction commencée le 6 août 1595, fut suivie par la
justice seigneuriale de Charmois. A la requête du procureur fiscal on
procéda à l'audition de 8 témoins et à l'interrogatoire des accusées.
On ouït ensuite 4 autres témoins, la justice procéda à l'information les
25,26,27,28 et 29 août, 15 et 18 septembre, on envoya consulter des
conseillers et avocats de la Cour Souveraine de saint-Mihiel, puis fut
rendu l'arrêt de mort contre les prisonnières qui étaient aux (?) dans
les prisons de Charmois et gardées de nuit par les bourgeois du-dit
lieu.
Deux poteaux de bois furent dressés par un charpentier et les
condamnées furent brûlées vives à Charmois le 20 septembre 1595, en
présence de 4 prêtres, plusieurs gentilhommes et des officiers de la
justice seigneuriale.
Le bourreau était M.
François Gillet, exécuteur des
hautes œuvres venu exprès de Sathenay, qui a reçu 20 francs pour
honoraires.
Les frais de procès et de l'exécution montent à sept vingt
huit francs quatre gros un blanc.
NOTA : L'entretien des deux prisonnières depuis le 18 août jusqu'au
20 septembre était à raison de 4 gros par jour. Les deux poteaux qui
ont servi à l'exécution et le bois employé pour brûler les sorcières
ont coûté 15 francs y compris 6 gros pour le charpentier.
La nourriture
et les dépens des juges, des gentilshommes et des 4 prêtres présents au
jugement et à son exécution montaient à 15 francs.
On remarquera la présence de quatre prêtres, qu'on rétribue pour leur office !
On pourra lire avec intérêt le livre de Jacques Roehring,
intitulé :
"A mort, la sorcière ! Sorcellerie et répression En Lorraine et alentour XVIe-XVIIe" aux éditions La nuée bleue, Isbn 978-2-7165-0706-6
Il y recense prés de 2300 noms de condamnés pour sorcellerie en
Lorraine.
Dans "Justice criminelle de la Lorraine" tome II p 213 M. Dumont explique le rôle du bourreau :
"Sa tâche était de flétrir, torturer, mutiler, écorcher, noyer,
assommer et brûler des êtres désarmés. Son toucher inséparable de la
souillure, faisait horreur, sa personne inspirait d'autant plus
l'épouvante que sa résidence en un lieu retiré, la chambre du
pilori, ordinairement adossée aux remparts des villes jetait sur sa vie
et ses mœurs un voile mystérieux".
Mais la religion catholique, grande pourvoyeuse de gibets et autres
bûchers se débarassait de ses condamnés en les confiant aux autorités
temporelles. L'église a horreur du sang !
Grand froid.