Année 1622
Coté météo, "...l'hiver fut long, de fortes et grandes gelées, temps
inconstant, en sorte qu'on ne pouvait trouver herbes jusques longtemps
après Pâques..." nous confie Jean Pussot.
Mais en fait 1622 pour notre région pourrait être appelée
l'année Mansfed, tant ce personnage a sévi.
Mais qui était il au juste ?
"Le dictionnaire classique des hommes célèbres de toutes les nations" E.Hocquart 1822 page 144 nous apprend :
"...c'était l'un des plus grands généraux du XVIIe siècle. Il était fils naturel du comte Ernest.
Pierre Ernest Mansfeld naquit en 1585. Il apprit le métier de la guerre
en Hongrie, sous le comte Charles de Mansfeld, son frère. S'étant jeté
dans le parti des protestants dont il embrassa la religion, il se mit
en 1618 à la tête des révoltés de la Bohême, prit plusieurs places dans
le Palatinat, ravagea l'Alsace et défit les Bavarois.
Mais il fut lui-même complètement battu par Wallenstein à la bataille
d'Assau en 1626. Il voulut se réfugier dans les états de Venise, mais il
tomba malade dans un village entre Zara et Spalatro et il mourut le 20
novembre 1626 à l'âge de 46 ans.
On soupçonna qu'il avait est empoisonné. On l'appelait l'Atilla de la chrétienté..."
L'invasion de Mansfeld est relatée à la fois par Denain, Richer et Jean Taté pour les "Ardennes"
"Cette
année-là, Henri de la Tour, seigneur de Sedan, indigné de ce que le roi
avait pris quelques villes calvinistes et même de son patrimoine, voulut
le détourner de son dessein et lui rendre le change. Il fit venir en
France le comte Ernest Mansfeld avec une forte armée, qu'il avait
promis de soudoyer pendant 18 mois, ou de leur livrer Chalons, Épernay
et Reims. Mais le duc de bouillon vendait la peau du renard avant que la
bête fut prise ; car les Allemands ne trouvant pas leur gîte prêt à
leur arrivée en France, ils n'avancèrent pas davantage et se campèrent
vers Douzy.
Le prince de Sedan pressa le comte Mansfeld d'assiéger Mouzon et
s'offrit même de lui fournir l'artillerie nécessaire ; mais le comte
ne juge pas à propos de le faire et voyant que le prince de Sedan leur
avait promis ce qui n'était pas en son pouvoir, il se déchaîna contre
lui et passa à peine la Meuse vers la fin de juillet. L'armée était de
10 000 hommes choisis d'infanterie et 8000 de cavalerie, on la faisait
même monter à 40 000 parce que les hommes de cette armée qui étaient
pauvres vagabonds avaient amené avec eux leurs femmes et leurs enfants.
Le comte Mansfeld séjourna en personne dans le faubourg de Mouzon
durant 15 jours du mois d'août avec une partie de son armée et le reste
dans les villages voisins de la Meuse, comme Letannes,
Pouilly, Moulin,
Inor, Martincourt, Cervisy et mangèrent et dissipèrent tous les grains
qui étaient encore sur pied. Ils abattirent les arbres fruitiers,
violèrent les femmes, mirent le feu à tous les susdit villages exceptés
Pouilly et Martincourt.
Ils brûlèrent aussi Mouzay, Charmois, Juvigny, Brouennes et Givry, une
partie de celui de la Neuville-a-Maire, tout celui de la Besace, excepté
le presbytère, le petit village d'Artaise etc.
Ces troupes ennemies eurent aussi beaucoup à souffrir ; car les paysans
en tuèrent autant qu'ils en trouvèrent et quoique dans les fours du
faubourg de Mouzon, on cuisît tous les jours pour eux 25 000 pains de
munitions et qu'ils eussent reçu depuis peu cent muids de froment de
la ville de Chalons et cent tonneaux de vin de la ville de Reims, il y
en eut beaucoup qui moururent de faim dans les campagnes.
Mais étant avertis que l'armée du roi approchait, ils repassèrent la
Meuse et prirent le chemin de la Hollande Pendant leur séjour d'un mois
ils perdirent 6000 hommes." (FR)
En août 1622 La Wame est brûlée par les troupes du comte de Mansfeld. FR
"En carême 1622, Aubertin Guyard a payé dix francs barrois fesant six
livre tournois pour droit que les nouveaux curé de Pouilly doivent au
seigneur du lieu pour la permission de prendre possession de la cure"
La gravure ci-dessous est de Jacques Callot né à Nancy en 1592, décède le 24/03/1635.
Il dessina 18 eaux fortes représentant "Les grandes misères de la guerre" (de 30 ans)
Ses œuvres sont visibles au musée Lorrain de Nancy.
"...toutes ces précautions,
mais un peu tardives, ne mirent point le canton de Stenay à l'abri
d'une invasion et d'être dévasté. Ernest de Mansfeld, gentilhomme
allemand et protestant, après avoir levé dans son pays en faveur de la
ligue en France, une armée de 60 à 80 000 hommes pour la secourir, et le
duc de bouillon qui était de ce parti, entrèrent en Lorraine et alentour où il
commirent beaucoup de désordres. Le duc chargea
(Simon de) Pouilly d'aller sans
délai à Sedan trouver le comte palatin et le duc de Bouillon, pour
engager Mansfeld à passer promptement et sans faire de dégâts. Pouilly
ayant obtenu d'eux, deux personnes de confiance, coururent avec elle
jusqu'à Pont-à-Mousson pour trouver Mansfeld mais pendant ce temps
l'armée de celui-ci avançant toujours arriva à Esnes, terre appartenant
à Pouilly, saccagea et pilla ce village avec le château, arriva le 16 août
à Dun et vint le même jour camper aux environs de Stenay, savoir à
Mouzay, Charmois, Baalon, Brouennes, Ginvry, Juvigny, Han, Cervizy,
Martincourt, Inor, Pouilly, Autreville, Moulin.
De l'autre côté de la Meuse, les autres villages depuis Mont compris
jusqu'à Létanne inclusivement, d'où après y avoir mis le feu, à
l'exception de Martincourt et de Pouilly ou Ernest s'était logé, elle
partit le lendemain pour Mouzon où elle séjourna 10 jours.
Mansfeld quoique prié par le duc de Bouillon,
se refusa à faire le siège de cette place, mais ses troupes brûlèrent
les villages de la Champagne aux environs comme la Besace, la
Neuville-à-Maire, Artaise, les censes du Mont-Dieu et autres endroits
et tuèrent
plus de 2000 personnes.
Les paysans aussi s'en vengèrent et en tuèrent autant qu'ils en
trouvèrent. Mansfeld côtoyé d'un côté par dom Gonzague de Cordoue,
général des Espagnols, lequel était arrivé à Yvoix avec une armée et
averti de l'approche d'une autre, Française, sous la conduite du duc de
Nevers qui séjourna après lui pendant 15 jours à Mouzon, prit le parti
de descendre en Flandre où il fut battu près de Fleury et entièrement
défait par dom Cordoue le 30 du même mois d'août. Il perdit toute son
infanterie, 2000 chevaux, toute son artillerie et ses bagages.
Il ne lui resta plus qu'une vingtaine de mille hommes assemblés.
Le reste se sauva dans le Luxembourg, dans les environs de Stenay, le
Barrois et aussi la Lorraine dont les paysans indignés contre eux pour
les pillages et incendies qu'ils en avaient essuyés, les firent périr
misérablement..." (Denain)
Le 07/04/1622 un médecin accusé de sorcellerie est brûlé à Nancy.
En France aussi on en parle.
"En 1622, le comte Mansfeld
était prêt d'entrer en France par la Lorraine, avec une armée très
nombreuse, ce qui donna une alarme si grandes dans tout le pays que
les villages voisins se réfugiaient à Rethel et à Château, ceux
de Rethel et Château à Reims et ceux de Reims à Paris, emportant leurs
meilleurs effets et on cachait ses meubles en terre, car cette armée
pillait tout et brûlait partout où elle passait. Mais elle fut arrêtée
car le roi envoya une armée ès environ d'icy..." (JT)