La bataille dans le bois de Jaulnay du 27/08/1914
Cette bataille si elle eut lieu en partie dans le bois de Jaulnay, fut surtout celle de Luzy.
La liste des tués n'est pas toujours précise quant au lieu exact du décès. Jaulnay-Luzy ou Jaulnay-Pouilly ?
Quoiqu'il en soit il y eut des centaines de morts de part et d'autre.
Les journaux de marche et opérations tenus par chaque régiment permettent de suivre ces unités au jour le jour.
Ces journaux sont disponibles sur le site "Mémoire des hommes".
Les régiments les plus touchés furent le 22e RIC, 24e RIC et le 4e RIC. (JMO 26 N 865/7, 25 N 865/14, 26 N 864/1)
Le 22eme régiment d'infanterie coloniale
Le samedi 01/08/1914 à 18:11 ordre de mobilisation
Le lundi 10/08/1914 le régiment arrive en gare de Revigny (55)
Le 12, il reçoit l'ordre de se porter vers le nord dans la direction du Luxembourg.
Il se déploie alors dans la région de Montmédy, puis entre en Belgique. Le contact avec l'ennemi est établi.
Le 22/08/1914
L'effectif engagé est de 67 officiers, 2808 hommes de troupe
Le régiment doit se replier et ses pertes sont conséquentes. Deux
capitaines tués, 14 officiers blessés, 54 hommes de troupe tués, 182
blessés et 106 disparus.
Le 23/08/1914
Effectif engagé 51 officiers, 2466 hommes
Nouvelles pertes 19 hommes tués, 25 blessés, 151 disparus.
Les 24 et 25 retraite dans le secteur de Lamouilly.
Le 26 arrivée à Martincourt. Traversée de la Meuse et les ponts sont détruits.
Bivouac dans la forêt de Jaulnay, sous la pluie.
27/08/1914
Les dispositions prévues pour le 27 avaient été indiquées la veille au
soir à 17:45. Une ligne de défense devait être organisée au moyen
d'abatis et de tranchées au milieu de la forêt de Jaulnay sur la ligne
générale Cesse-Pouilly.
La quatrième brigade est chargée de l'occupation de cette ligne de
défense où elle doit creuser des tranchées pendant que la sixième du
génie de corps et la compagnie de génie divisionnaire organiseront
cette ligne et traceront des picots vers le SO.
La sixième brigade doit être maintenue en réserve à 1500 m environ en arrière de la ligne de défense.
Ces dispositions ne sont qu'en partie observée, la quatrième brigade
s'est portée en grande partie à la droite de la ligne. Un de ses
bataillons qui occupaient le saillant Nord-Est de la forêt de Jaulnay
l'a évacué.
À 5:00 du matin la première compagnie (Raulet) fut désignée pour
jalonner la ligne de résistance sur la lisière nord, face à Pouilly et
à la Meuse. Les trois autres compagnies du premier bataillon sont
placées en réserve à 200 m environ de cette ligne à l'intérieur du bois.
À 6:00, le 22e reçoit l'ordre d'attaquer le village de Luzy ; le colonel
fait déployer en première ligne le troisième bataillon (Grammont) qui a
comme axe d'attaque le chemin de viabilité incertaine allant de la
forêt de Jaulnay à Luzy. Ce bataillon doit être soutenu à sa droite par
le 24e, les bataillons du 4e et du 8e qui auraient dû être à sa gauche se
sont également déployés à sa droite. Ils seront rappelés dans la forêt
au cours du combat pour limiter les progrès de l'ennemi qui a pris pied
avec de l'infanterie dans la corne NE de la forêt trouvée abandonnée et
qui en a garni la lisière avec des mitrailleuses. Il s'ensuit un
certain mélange d'unités sur notre ligne.
Le troisième bataillon s'avance sous une fusillade et une canonnade
nourrie jusqu'à la crête immédiatement à l'est du débouché de la forêt.
Le colonel fait alors renforcer successivement par les septième, huitième,
cinquième et sixième compagnie.
A 9:00 le colonel Grammont rend compte que sa ligne est prise
d'enfilade par l'ennemi qui occupe la corne du bois. Le colonel donne
l'ordre à la deuxième et troisième compagnie dont le capitaine Amalric prend
le commandement de contre-attaquer sous-bois les fractions ennemies, qui
se sont emparées du saillant. Le troisième bataillon est renforcé par
la première
compagnie dont deux sections s'engagent sous-bois et deux
autres (lieutenant Gilbert et 20 de Vendenheim) prolonge à gauche le 9e
bataillon.
La première section de mitrailleuse (lieutenant Dollfus) est employée à
contre-battre les mitrailleuses allemandes du saillant occupé, son chef
et blessé, le sergent qu'il remplace est tué (sergent Beuvelot).
Vers 12:00, la quatrième compagnie est engagée à son tour au renfort de la première ligne.
Cette dernière malgré les pertes énormes et le feu d'enfilade, non
seulement de l'infanterie, mais aussi de l'artillerie installée à 1100 m
au nord-est de Luzy parvient à gagner la crête qui domine la Meuse
puis donner l'assaut au village où quelques fractions pénètrent à la
baïonnette vers 13:30.
À ce moment le colonel Grammont vient d'être grièvement blessé. il est
ramené en arrière sous la protection du sergent major François et de
quelques hommes de la neuvième compagnie. Le capitaine Fosse est tué,
le capitaine Raulet à la jambe fracturée par une balle. Nos pertes en
officiers et en hommes sont très fortes, les unités sont confondues.
Elles se retirent poursuivies par une canonnade très nourrie.
De son côté le capitaine Amalric dont le mouvement vers la corne du
bois a été conduit avec beaucoup de vigueur est grièvement blessé, ainsi
que le lieutenant de réserve Pagès. Le mouvement en avant et
momentanément arrêté par une fusillade provenant de l'arrière où des
fractions du quatrième colonial ont été portées. Il reprend bientôt et
les deuxième et troisième compagnie sortent des bois et viennent participer
à l'assaut vers Luzy.
Le colonel a été blessé vers 12:00 d'une balle de shrapnel à la cuisse
; accompagné du lieutenant-colonel il a assisté à l'assaut, puis est
revenu en arrière à la première crête d'où il s'efforce de faire
ravitailler la première ligne en hommes, en lui expédiant un peloton du
24e coloniale (capitaine Millassau) et en munitions qui sont retirées
aux blessés très nombreux dans la forêt et portées sur la ligne par
tous les hommes isolés que le lieutenant Montignault à mission de
rassembler.
A 14:30 l'attaque sur Luzy non soutenue par notre artillerie a échoué,
non sans faire subir à l'ennemi des pertes excessivement
sensibles. Celui-ci se glisse de nouveau dans la corne NE de la forêt.
Arrive alors un ordre de repli sur la route de Beaumont. Le mouvement
est couvert par des groupes de tous les régiments et principalement du
septième colonial qui sont portés à la lisière. L'ennemi ne poursuit
que par le feu et par ses obus de gros calibre dont tous les sentiers
de la forêt sont inondés.
Les débris de régiments, mélangés avec des fractions de tous les autres
corps, gagnent la route de Stenay-Beaumont, à 500 m en avant du pont de
la Wame (Rive Droite). Un barrage formé d'officiers et de gendarmes est
établi. Tous les éléments qui se retirent sont arrêtés et triés dans les
terrains à droite et à gauche de la route. Les officiers du 22e
reprennent vivement en main leurs hommes et vers 16:00 le régiment
reformé est dirigé sur Beaumont où il doit recevoir des ordres pour la
nuit.
A 1 km de Beaumont, un aéroplane ennemi survole nos troupes à faible
hauteur; il est abattu à coups de fusil et son équipage est fait prisonnier.
Vers 17:00, le 22e colonial reçoit l'ordre d'aller bivouaquer auprès
de la ferme Baulieu. Il se dirige sur cet endroit et bivouaque à 800m
au NE de la ferme le long de la grande route, où le train régimentaire
parqué près de Beaumont pendant le combat, vient le ravitailler en
vivre, pendant qu'à 10:00 du soir une section de munitions lui apporte
des cartouches.
La nuit belle et fraîche se passe sans incident.
À citer :
Le commandant Grammont blessé mortellement en dirigeant avec sa vigueur et son audace habituelle l'attaque de Luzy.
Les capitaines Fosses, Michel, les sous-lieutenants Wendenheim et Sastourné, tués en faisant glorieusement leur devoir.
Le capitaine Almaric grièvement blessé en contre-attaquant énergiquement l'ennemi qui avait pris pied dans la forêt.
Le capitaine Raulet, a eu la jambe brisée par une balle alors que
blessé dans un combat antérieur, il entraînait ses hommes à la
baïonnette jusque dans Luzy.
Le lieutenant Dollfuss, blessé en dirigeant un tir très efficace de sa section de mitrailleuses.
Le sergent major François, neuvième compagnie, belle conduite pendant
tout le combat, a protégé avec un petit nombre d'hommes le commandant
Grammont grièvement blessé et a permis de l'enlever à l'ennemi.
Le sergent Beuvelot (quatrième compagnie) tué à son poste de
commandant de section de mitrailleuse, où il remplaçait un lieutenant
blessé.
Le caporal Mingueci a ramené sous le feu les mitrailleuses de sa section rendues inutilisables par suite d'enrayage.
Le soldat Thorin (3e section de mitrailleuses), le lieutenant et tout le
personnel de la section de mitrailleuses ayant été mis hors de combat a
rapporté une à une toutes les pièces de cette section dont il était
l'armurier et les a sauvées en risquant sa vie à chaques voyages.
Officiers
Tués :
Chef de bataillon Grammont
Capitaine Fosses
Capitaine Michel
Sous lieutenant Vendenheim
Sous lieutenant Sastourne.
Blessés :
Colonnel Metart
Les capitaines Romanger, grièvement, Raulet, grièvement, Amabrietres grièvement, Dodat très grièvement, Guilleminot.
Les lieutenants Bonacorsi très grièvement, Sublet, Legros, Morel,
Dolfuss, Pages, Laporte, Siere grièvement, Jafhels, Katz de Warens
grièvement, Beziat, grièvement, Gilbert.
Les sous lieutenants Chenet, Baille.
Disparus Capitaine Abgrall, Lieutenant Binot.
Hommes de troupes :
Tués 83
Blessés 490
Disparus 528
Le 28/08/1914, le régiment quitte le bivouac à 5:00 et est dirigé
par Beaumont sur le bois de Port Gerache, où il reste toute la journée
en réserve du corps d'armée etc.
Le 29/08/1914, le corps d'armée coloniale se porte sur l'Aisne etc.
Pour Pouilly l'histoire du 22e s'arrête là. Le 22e continue mais plus loin.
C'est un peu la débâcle...
Le 23ème régiment d'infanterie coloniale
Le 26/08/1914
Vers 23:00, le régiment reçoit l'ordre de se replier immédiatement par les chemins les plus courts sur Martincourt.
L'ordre est exécuté et le régiment rassemblé à Nepvant se dirige par le chemin le plus court vers Martincourt.
A peine a-t-il quitté Nepvant qu'un officier d'état major
de la division lui fait rebrousser chemin l'aiguillant par une autre
voie. Le régiment doit passer les ponts de Martincourt avant 3:00 le
26. Ces ponts devant sauter à cette heure là.
La traversée de la Meuse à Martincourt se fait sans incident et le
régiment traversant Luzy vient bivouaquer dans le bois de Jaulnay à
proximité de la grande route de Beaumont.
Le régiment occupe ses emplacements de bivouac de la veille. A 18:45 le
régiment reçoit l'ordre général no 13 indiquant que la 6 ème brigade dont
il fait partie est en réserve sur les emplacements occupés.
Le 27/08/1914
Le 24e régiment reçoit l'ordre de se porter en avant pour repousser les
divisions allemandes qui d'après un ordre d'opération, saisi sur une
estafette, doivent prononcer (?) une attaque sur Luzy par Martincourt et
sur la corne du bois de Jaulnay.
Le 24e doit prolonger à droite l'attaque de Luzy qui doit être
prononcée (?) par le 22e en partant du croisement de chemin à l'ouest
de Luzy à l'entrée de la forêt de Jaulnay.
En exécution de cet ordre le régiment est rassemblé prés de la croisée des chemins sus-désignés.
Dés le début de l'action, le 22e très vivement engagé, réclame l'appui
du 24e. Le 2e bataillon (bataillon Trigaray) est porté à sa droite pour
le prolonger. Le mouvement en avant se prononce efficacement. Le 1er
bataillon est ensuite poussé vers la corne NE du bois de Jaulnay où les
Allemands ont pris pied et prennent en flanc le 2e bataillon déjà
engagé.
La marche à travers la forêt est très difficile et beaucoup d'isolés s'égarent qu'il faut ramener sur les lignes.
Le 3e bataillon (bataillon Bourde) est successivement engagé dans la
ligne du 2e bataillon. Les pertes sont très grandes. A midi les
Allemands sont refoulés de notre ligne, pénètrent jusque dans Luzy.
Les pertes de notre côté réduisent très sérieusement la 1ère ligne.
Vers Stenay les renforts n'arrivent pas et un xxxxx offensif allemand
se prononce à la corne NE.
Les compagnies engagées dans le bois sont très éprouvées par les obus
d'artillerie lourde allemande et par les rencontres à courte distance
dans le bois, où les Allemands sont repoussés.
En fin de journée vers 15:00, quelques sections de fortune réunies en
xxxxxx et des égarés s'installent à la sortie du bois de Jaulnay en
face de Luzy, permettant par leurs feux la retraite de la 1ère ligne,
qui ne comporte plus que des effectifs extrêmement réduits. La plaine
est jonchée de morts, démontrant l'énergie de l'attaque de nos troupes
et l'importance des effectifs trouvés devant elles.
Le régiment est reformé sur la route de Beaumont où un avion allemand est descendu par nos troupes.
Le régiment défile devant des régiments d'infanterie qui sont restés
l'arme au pied toute la journée sur la route de Beaumont à 3 km à peine
des lieux du combat.
(Dans cette dernière phrase on sent toute l'amertume du rédacteur de ce JMO du 27/08/1914)
Le 23e RIC pour cette journée a 9 blessés et 30 disparus.
Le 28/08/1914 le régiment se replie...
Le 4e RIC 3e Bataillon
Le 25/08/1914
Nous apprenons que les ponts de la Meuse doivent sauter et qu'il nous
faut passer sur la rive gauche par le pont de Martincourt. Marche de
nuit très pénible. Nous nous couchons vers 1:30, le 26 dans les prés de
la rive gauche vers Luzy.
Le 26/08/1914
A 4:00, reprise de la marche vers la forêt de Jaulnay. Installation du
bataillon aux avant-postes, face à Inor. Pluie toute la nuit. Des
réservistes arrivés de Toulon s'affolent et tiraillent dans
l'obscurité. Là 11e compagnie qui s'était arrêtée à Lamouilly pendant
la nuit précédente, au lieu de suivre le bataillon a une échauffourée
avec un escadron, une compagnie d'infanterie et des mitrailleurs
allemands. 70 hommes sont tués, blessés ou disparus. Les autres rentrent
avec le capitaine par le pont détruit d'Inor.
Le 27081914
Il n'y a encore aucun Allemand sur la rive gauche de la Meuse à 3:30.
Vers 4:00 le bataillon reçoit l'ordre de se replier vers la laie
forestière suivant l'axe Cesse-Pouilly, sur lequel le général
commandant la division compte se retrancher.
Le premier bataillon qui était aux avant-postes à droite du troisième,
face à Luzy, a déjà exécuté un mouvement de repli, quand le troisième
commence le sien. La 12e compagnie part la première avec mission
de s'établir à la lisière du bois, la plus voisine de Luzy, face à ce
village pour couvrir le repli du reste du bataillon. Le mouvement
s'exécute assez rapidement, quoiqu'à la file indienne, par une laie
forestière. Cependant la 12e compagnie se trouve engagée avec de
l'infanterie allemande, qui monte de Luzy vers la corne du bois: cette
infanterie devient bientôt assez nombreuse pour obliger la 12e
compagnie à se replier légèrement à l'intérieur du bois. Lorsque la
ligne allemande arrive à la lisière, le capitaine fait exécuter une
contre-attaque à la baïonnette.
La ligne allemande recule vers Luzy. Mais la 12e compagnie se sent
impuissante à résister seule devant les troupes allemandes. D'ailleurs
le capitaine a été blessé d'une balle à la jambe, le lieutenant blessé
au bras et à l'épaule. La neuvième compagnie reçoit l'ordre de venir
prolonger à droite l'action de la 12e. Cette compagnie en but au tir de
mitrailleuses allemandes qui se sont établies à la corne du bois, qu'a
dû abandonner la 12e compagnie souffre presque immédiatement de
leur feu. Le lieutenant Petit est tué, à peine le déploiement de sa
section est-il achevé.
Le lieutenant Garnier chef de la troisième section de mitrailleuses,
reçoit l'ordre de rechercher un emplacement, d'où il pourra battre
efficacement la corne du bois. Cet officier trouve rapidement une bonne
position de batterie, à environ 1300 mètres du point indiqué et ne tarde pas
à faire taire les mitrailleuses allemandes, ce qui provoque un mouvement
en avant de la ligne du troisième bataillon, qui sont venus prolonger
à droite la 10 ème compagnie (capitaine Thomas) puis une compagnie du 24e
colonial, égarée dans le bois et qui vient se placer sous les ordres du
commandant du troisième bataillon.
Le premier bataillon (Valier) attaque la partie de crête à droite du
troisième. La progression des 2 bataillons se continue pendant 1:00
environ, très lentement, gênée par le tir violent des mitrailleuses et
des fantassins allemands, puis par celui de l'artillerie allemande qui
inonde de ses projectiles tout le terrain.
On
a la sensation qu'il sera impossible de parvenir à la crête tant que
la corne du bois sera occupée par les Allemands, qui prennent en flanc
la chaîne. Cette chaîne reste sur place sans pouvoir progresser,
jusqu'au moment où la deuxième compagnie du 22 èmè, envoyée par le
bois, à droite à la lisière, commence à faire sentir l'effet de leur
feu sur
les Allemands de la corne de ce bois. Alors toute la ligne se porte en
avant, malgré les balles, malgré les obus, sans appui de notre
artillerie, qui n'a pu trouver sa position de batterie pour nous
apporter son secours. Les hommes se précipitent à la baïonnette avec un
entrain et une fougue remarquable. Toute la ligne allemande cède,
redescend à la course la pente vers Luzy, s'enfuit en désordre vers le
canal. Les deux compagnies du 22e entrent dans Luzy. À ce moment
parvient un ordre du général de division de ne pas dépasser la crête.
Cet ordre est mal interprété. La plupart des sections privées de leur
chef se désagrègent, ramassent des trophées de toute nature et les
hommes reviennent bien tranquillement dans la direction du chemin d'où
sont parties les attaques, absolument insouciants du danger. Comme les
deuxièmes compagnies du 22e font un mouvement de retraite de Luzy vers
la
crête, les Allemands font une contre-offensive que ne peut arrêter le
feu d'une chaîne très mince, restée sur la crête. Comprenant le danger,
le commandant du troisième bataillon fait avancer là 11e compagnie
momentanément réservée et la porte sur la crête pour former repli. Mais
cette compagnie est tout à fait en l'air, n'ayant que de faibles
fractions à sa droite, qui ne tiennent pas devant la poussée allemande.
Bientôt un mouvement de retraite générale se produit, après un succès
incontestable et cela par suite du manque de coordination, dans les
efforts, du manque de liaison dans les attaques.
Le troisième bataillon a subi de très grosses pertes :
3 lieutenants tués, 4 officiers blessés
420 hommes de troupe tués, blessés ou disparus.
Le troisième bataillon va se reformer à la ferme de la Belle Tour (4 km
au sud-ouest de Beaumont) où il arrive à la tombée de la nuit.
Le 28/08/1914
Les Allemands ont repassé la Meuse en face de Luzy et de Martincourt.
Le régiment occupe une position défensive, face au nord est ayant pour
centre la ferme de Belle Tour. Le deuxième bataillon avec les médecins,
les infirmiers et les brancardiers retournent sur le champ de bataille
pour recueillir les blessés qu'on a pu relever la veille. Vers 17:00,
ordre de se porter à l'ouest de Beaumont pour coopérer à l'attaque de
la ligne Yoncq-ferme de la Belle épine. Marche de nuit dissimulée
autant que possible. Vers 22:00 nous atteignons la ferme de la Thibaudîne
à 2 km ouest de Beaumont, où nous bivouaquons dans une prairie.
Puis c'est la retraite...
Il y avait d'autres régiments sur place comme on peut le constater sur
les cartes de M. Cesarini, mais ce sont ces trois unités qui ont le plus
souffert.
On peut citer le 7e RIC avec 85 blessés et 99 disparus, le 9e BCP, 50 blessés, 21 disparus,
Le 120e.a 3 tués et 17 blessés. le 42e RAC, 3 tués, 28 blessés, le 87e RI, 8 tués, 36 blessés, 24 disparus.
Paul Ricadat dans son livre "Petits récits d'un grand drame" parle de
cette journée. Mais il était au 147e et ne prit pas part directement à cette
bataille.
Pour information :
Armée : 100 000 à 200 000 h
Corps d'armée : 40 000 h
Division : 15 000 h
Brigade : 7 000 h
Régiment : 3 300 h
Bataillon : 1 000 h
Compagnie : 240 h
Section : 60 h
1/2 section : 30 h
Escouade : 15 h
Les rapports journaliers
du préfet de la Meuse à la Direction de la Sûreté Générale nous
apprennent d'autres nouvelles régionales. (Archives nationales, salle des
inventaires virtuels)
Le 25/08/1914
"... l'armée se replie dans un ordre parfait. Le moral des troupes ne
paraît pas mauvais mais il est manifeste que l'enthousiasme des débuts
a absolument disparu...
...j'ai été frappé par un spectacle très impressionnant et en même
temps très démoralisant pour les habitants du Sud de la Meuse, celui de
l'exode des populations qui fuient les régions dévastées par
l'occupation allemande où il n'est que vol, pillage et incendie.
Il paraît nécessaire que le gouvernement veuille bien déterminer d'une
façon précise dans quelle direction devra être canalisées les
migrations des populations des villages de Meurthe-et-Moselle et de la
Meuse."
Le 26/08/1914
"Provisoirement, la question du ravitaillement de la région nord et
nord-ouest du département qui est occupé par l'ennemi, demeure
ajournée. Il en est de même de certains autres points pour lesquels le
transport doivent emprunter le chemin de fer et le canal de l' Est dont
le trafic est interrompu."
Le 27/08/1914
"Mr le général commandant la 6e région m'a fait connaître
aujourd'hui que l'exode des populations apportait une gêne considérable
pour les mouvements de troupe et qu'il convenait d'inviter les
autorités locales à empêcher cet exode par tous les moyens possibles.
Ayant reçu confirmation de ces instructions, j'ai prié la gendarmerie
de demander aux maires et fonctionnaires d'user de toute leur influence
sur ces populations pour qu'elles restent dans leur village, en
agissant autant que possible par persuasion et en démontrant aux
intéressés les dangers auxquels leur exode pouvait les exposer.
La ville de Montmédy a été complètement abandonnée par tous les fonctionnaires des services publics qui s'y trouvaient.
La citadelle même serait abandonnée.
Dans la partie de l'arrondissement située sur la rive droite de la
Meuse, et le long de la ligne de chemin de fer de Lérouville à Sedan,
de nombreuses patrouilles allemandes me sont signalées, ainsi que des
colonnes ennemies se dirigeant vers Dun."
Le 28/08/1914
"...bien que depuis 3 jours les combats sérieux aient à peu prés
complètement cessé au nord et à l'est de Verdun où se sont passés les
engagements des jours précédents.". (C'est ignorer ce qui se passait dans le coin de Luzy-Pouilly).
Le 29/08/1914
"...Le général commandant la 3è armée, m'a avisé ce matin par message
express, qu'il y avait lieu de prescrire le repliement des services
publics des arrondissements de Verdun et Montmédy sur sainte
Menehould..."
(C'était peut être dans le cas de Montmédy un peu tardif.)
Le 30/08/1914
"L'annonce d'un échec des Allemands, qui ayant traversé la Meuse et
pénétré jusqu'à Buzancy, ont été repoussés au delà de cette rivière dans
la direction de Montmedy a causé une réelle satisfaction à l'opinion
publique qui dans le département se montre énervée par les évènement de
la guerre et par l'envahissement d'une partie de notre région.
La population demeure très calme, mais n'a plus l'enthousiasme des
premiers jours. Elle fait preuve cependant du sang froid nécessaire.
Le moral des troupes est excellent.".
(Il n'était manifestement pas trop au courant de l'état du front.)
Luzy a particulièrement souffert de cette bataille.
Deux monuments rappellent ces évènements.
Je remercie
Alain Cesarini qui a fait une étude très détaillée, voire
exhaustive de cette bataille et qui m'a permis d'utiliser ses cartes
pour illustrer cette page. Voici son courriel.
"Bonjour,
Tout d'abord merci ! d'avoir assisté à ma conférence. Il est vrai que
le temps qui m'était imparti ne m'a pas permis de développer ces
combats qui sont complexes.
Pas de problème pour vous envoyer mes cartes des combats de Cesse et Luzy-Saint-Martin.
Je vous demande seulement d'en faire un usage strictement privé c'est à dire pas de publication ni de diffusion.
Le fond de carte lui-même est de ma composition.
Je suis preneur de tout ce qui peut enrichir mes connaissances sur ces combats, y compris pour ce qui concerne Pouilly.
Nous parlerons bientôt de Meuse-Argonne et de la traversée de la Meuse dans le secteur de Pouilly.
Bonne lecture.
Cordialement,
Alain CESARINI
Membre du comité du Souvenir Français de Dun-sur-Meuse "
Et surtout il faut visiter son site : http://stenay-14-18.com/chronologie-des-batailles/1914-2/bataille-de-la-meuse/