Dumont René
Il n'est pas de Pouilly mais les Dumont ont possédé la ferme de la
Wame où il venait de temps à autres.
Cela n'empêchera pas Françoise Thomas, pigiste d'un journal local de
titrer son article :" René Dumont, le Meusien" le 20/06/2001.
J'ai eu le plaisir de discuter avec lui à la présentation de son ouvrage : "Un monde intolérable" en 1988.
Il avait alors évoqué ses séjours dans notre village.
Autographe de 1988 à Charleville.
Il est né à Cambrai d'un père instituteur, Remy, qui deviendra professeur
d'agriculture, et de Françoise Busque une des premières femmes agrégées
de mathématiques.
En 1914 il est chez son oncle à Rubecourt dans les Ardennes quand éclate la première guerre.
En 1920 il est au collège de Montargis où sa mère est directrice.
En 1922 il est à l' INA d'où il sort ingénieur.
Il part au Viet-Nam en 1929 et prend conscience du dénuement des populations rurales.
Il continue son enseignement pendant la seconde guerre mondiale, et
écrit pendant cette période des articles techniques dans "La Terre
Française" , hebdomadaire contrôlé, comme toute la presse d'alors, par
le gouvernement Pétain.
En 1945, il participe au Commissariat au Plan, puis quelques années
plus tard à la FAO, organisation des Nations-Unies pour l'alimentation
et l'agriculture.
En 1960, toujours critique contre le colonialisme, il est signataire
du Manifeste des 121, la «Déclaration sur le droit à l’insoumission dans
la guerre d’Algérie ».
Evoluant et prenant le contre-pied de certaines de ses lignes
directrices initiales sur l'agronomie, il devient l'un des premiers à
dénoncer les dégâts issus de la Révolution verte dans les pays
sous-développés et à lutter contre l'agriculture productiviste.
Il est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages, dont :
- La Culture du riz dans le Delta du Tonkin (1935, édition revue, corrigée et augmentée en 1995), où il dénonce l'exploitation coloniale,
- Le problème agricole français. Esquisse d'un plan d'orientation et d'équipement (1946), où il encore un chantre du remembrement, et de l'usage d'engrais,
- Les leçons de l'agriculture américaine (1949), où il met en exemple une agriculture mécanisée et intensive,
- Voyages en France d'un Agronome (1951), observations des
difficultés des paysans dans les campagnes hexagonales et recherche de
solutions concrètes, sur le terrain,
- Economie agricole dans le monde (1954), les notes d'un globe-trotter sur différentes populations rurales dans le monde,
- Révolutions dans les campagnes chinoises (1957), où il se
montre intéressé par la révolution agraire menée par ses anciens
camarades, avant la politique désastreuse du "grand bond en avant",
- L'Afrique noire est mal partie (1962), où il dénonce la
corruption et la bureaucratie dans les nouveaux états issus de la
décolonisation, et donne à l'agronomie une dimension politique et
morale,
- Nous allons à la famine (1966), écrit en collaboration avec Bernard Rosier,
- Cuba est-il socialiste ? (1970), très critique sur la révolution menée par Fidel Castro,
- l'utopie ou la Mort (1973), premier ouvrage vraiment écologique,
- l'agronome de la faim (1974).
- Nouveaux voyages dans les campagnes françaises (1976), écrit
avec François de Ravignan, marquant un retour sur le terrain français et
un examen sans complaisance du gaspillage des ressources naturelles et
humaines.
- Un monde intolérable : le libéralisme en question (1988)
En 1974, à l'initiative de divers groupes et personnalités, (Amis de la
Terre, Pollution Non, Jean Carlier et les Journalistes-écrivains pour
la nature et l'écologie), il devient le premier candidat écologique à
l'élection présidentielle. Cette candidature est entérinée lors du
meeting fédératif des groupes écologistes à Montargis, cette même
ville du Loiret où il avait quelques décennies plus tôt vu naître le
parti communiste chinois parmi la petite communauté étudiante issue de
ce pays.
Lors des émissions officielles de la campagne électorale à la
télévision, il se montre, vêtu d'un pull-over, avec une pomme et un
verre d'eau, pour expliquer très simplement aux téléspectateurs combien
les ressources sont précieuses.
Il les surprend également en leur prédisant la hausse du prix de
l'essence. Il expose une politique plus large que l'écologie contre la
guerre, contre le capitalisme, pour la solidarité entre les peuples et
prenant en compte le monde sous-développé.
Le résultat électoral est faible. Il ne recueille que 1,32 % des votes.
Mais sa prestation aura marqué durablement les esprits et fait prendre conscience de la précarité de notre ecosystéme.
Sources :
- Bulletin du Cercle de Généalogie et Héraldique des Ardennes, n°92, p. 15, JC Libotte, 2002
- Jean-Paul Besset, René Dumont, une vie saisie par l’écologie, Stock, Paris, 1992
- Marc Dufumier (dir.), Un agronome dans son siècle. Actualité de René
Dumont, Association pour la création de la Fondation René
Dumont/Éditions Karthala/INA P-G, coll. « Hommes et Sociétés », Paris,
2002