pretre revolutionGobert Brice.

Un passeur sous la révolution...



Gobert Brice


Ce personnage, un de mes ancêtres s'est semble-t-il distingué sous la révolution en faisant passer des prêtres réfractaires.

Un texte de Paul Ricadat, descendant également de ce Gobert Brice, raconte son histoire :

"Lorsque le promeneur quitte la mairie de Pouilly en direction d'Inor, son attention est attirée, sur sa gauche par le lavoir où les coups de battoirs et les conversations parfois bruyantes des laveuses donnent à cette petite annexe communale la note pittoresque et amusante de tous les lavoirs de campagne.
Sur sa droite, la cour du château, avec le presbytère, derniers vestiges de l'ancien château des comtes de Pouilly construit vers 1412.
Laissant la route bifurquer à droite dans une descente brutale vers les deux bras de la Meuse et le canal, pour remonter et longer ensuite la forêt de Jaulnay, le promeneur continue tout droit et la route d'Inor sur laquelle il s'engage et débute par un dos d'âne d'où il découvre les petits bras de la Meuse et le petit pont. La route est protégée à droite par un garde-fou car elle surplombe les derniers maisons en contrebas du village. À gauche un alignement de maisons contiguës dont une grange, située à l'endroit où le dos-d'âne infléchit sa descente vers la rivière.

C'est le fait historique de cette grange que je me permets d'évoquer pour la petite histoire.
Pendant la révolution en 1793-1794, vivait à Pouilly la famille de Jean-Baptiste Gobert, marié à Marie Dupuy, nés tous deux en 1748. Parmi leurs enfants, l'un d'eux Brice (1778-1884) avait alors 16 ans.
C'était une famille chrétienne. Or la constitution civile du clergé qui soumettait celui-ci aux exigences de la convention, avait abouti à une scission entre prêtres assermentés et prêtres réfractaires.
Ces derniers n'avaient pas le choix; pour eux c'était l'exil ou la mort.
La plupart des prêtres réfractaires se cachaient un certain temps puis finirent par s'exiler.
À Pouilly, la frontière n'était pas loin. Les prêtres de la région passèrent en Belgique. Mais l'exercice du culte n'existait plus.

C'est alors que des chrétiens agissants décidèrent de ramener clandestinement des prêtres pour célébrer la messe et les reconduire ensuite à la frontière.
Brice Gobert, 16 ans, fut un de ces volontaires. Il assura le passage à travers bois et permit ainsi aux habitants de Pouilly d'assister à la messe qui était célébrée la nuit dans la grange en question.
Grâce à lui plusieurs célébrations eurent lieu à la grande satisfaction de la population.
Il fallait du courage car le risque était grand, tant pour le prêtre que pour le guide, et c'est tout à l'honneur d'un jeune homme de 16 ans d'avoir osé le courir. Brice Gobert fut mon arrière-arrière-grand-père et je suis honoré d'être un de ses descendants.
La révolution terminée, le pays ayant retrouvé sa stabilité, Brice épousa Marguerite Lambert. Ils eurent six enfants. Il mourut en 1864.
Il fut inhumé avec son épouse dans le petit cimetière autour de l'église de Pouilly, juste derrière le transept. Je me souviens avoir prié plusieurs fois sur leur tombe mais leurs restes furent relevés après la guerre de 1939-45, lors de la réfection de l'église.
Je tiens ces renseignements de ma cousine Palmyre Gobert, de vénérée mémoire. Elle les tenait de son père Ambroise Gobert, fils de Brice.
Puisse ce modeste récit d'histoire locale satisfaire la curiosité de ceux qui restent attachés à leur terroir et en conservent pieusement les souvenirs et les traditions.


Comme on peut le voir sur le tableau ci-dessous, Brice Gobert fut pour Paul Ricadat et moi même un ancêtre commun.
Il faut bien sûr y associer toute les familles Guichard de Pouilly...


parenté gobert brice ricadat

On notera aussi que le curé de Luzy, Pierre Glavet (1767-1838) exerça clandestinement son sacerdoce pendant la révolution.
Ce Brice Gobert lui servait-il de guide ?