Romangin Charles
Il n'est pas né à Pouilly, mais à Milly-sur-Bradon le
26/05/1751 mais son parcours est suffisamment atypique pour qu'une page
de ce site lui soit consacré.
Ses parents Claude Romangin, maître d'école et Jeanne Nicolle Simon
étaient bien de Pouilly ainsi que son ascendance, comme on le constate
sur l'arbre ci-dessous.
Il a sans doute bénéficié d'une bonne éducation, puisque son père était instituteur ainsi que son grand-père maternel.
D'ailleurs sa signature est plutôt bien tournée. On remarquera les deux traits parallèles et au milieu 3 points.
A partir de la seconde moitié du XVIII ème siècle, on trouve
régulièrement ces signatures ponctuées de trois points alignés entre deux
traits. Cette mode se développera de façon presque abusive à la période
révolutionnaire et sous l'Empire.
Beaucoup de personnes y voient une appartenance à
la franc-maçonnerie, mais pour l'historien Maurice Agulhon (Pénitents et
Francs-Maçons, Fayard, 1968), c'est peu probable, la mode
des trois points était trop répandue et banalisée à la fin de l'Ancien
Régime, bien avant le développement des loges.
Pour les auteurs du Dictionnaire de la franc-maçonnerie<
(PUF 2004), l'origine de ce signe ne peut se trouver "ni dans la
Compagnie du Saint Sacrement, ni chez les Rose-Croix, ni dans les sociétés de
bâtisseurs". L'attention doit être attirée vers les congrégations, le plus
souvent créées et animées par les Jésuites, au moment de la Contre-Réforme, et
particulièrement des congrégations mariales. Dans ces communautés religieuses, les deux traits symbolisent
l'Ancien et le Nouveau Testament, et les trois points
la Sainte Trinité, alors que pour les francs-maçons ils signifient
le passé, le présent et l'avenir.
En résumé on ne sait pas si il appartint à une loge maçonnique...
Ses frères Jean et Nicolas Xavier sont aussi instituteurs.
Mais lui ne l'est pas. En fait il va toucher à tout.
A 23 ans il se marie à Mézières (08) à
Marie Martine Fortant le 25/04/1775. On ignore alors son métier. (AD08 Mézières Chapelle Sainte-Barbe 1770-1779 79/142)
Il demeure dans cette ville au moins jusqu'au décès de son épouse le 20/06/1783. (AD08 Mézières 1780-1792 53/179)
On ne sait pas si ils eurent des enfants.
Ensuite on le retrouve marin, marchand, écrivain, homme de loi. On
connait un peu son parcours par les démêlés qu'il eut, d'abord pour se
remarier, ensuite par son engagement militaire enfin devant un tribunal
révolutionnaire,
En
1790 il souhaite se remarier à
Jeanne Dovissat, couturière demeurant à
Paris, rue du Bacq, paroisse de Saint-Sulpice. La rue d'ailleurs où il
demeure.
Le 04/08/1790, il fait une requête auprès de l'archevêque, car avant
d'arriver à Paris, vers mai 1790, il était encore marin et donc sans
domicile fixe, ce qui constituait un empêchement au mariage.
Il explique dans celle-ci qu'étant marin il "...faisait le cabotage
dans les îles, n'ayant aucun domicile fixe que principalement depuis
deux ans il a été au Cap François, au Port-au-Prince, Saint Marc, Saint
Domingue, la Guadeloupe, Sainte Lucie, La Dominique et la Trinité
espagnole..."
Les archives du fonds Andriveau - Mariages à Paris (1613-1805) les disent mariés le 10/08/1790.
En 1791 il s'engage dans la garde nationale au 8 ème bataillon Jacobins Saint-Dominique.
En 1792 il a pris du grade puisqu'on le retrouve commissaire chargé du
recensement des chevaux et voitures. Cette fonction lui attire
d'ailleurs quelques ennuis.
Il est traduit devant Fouquier-Tinville, de sinistre mémoire.
"Procédure instruite contre le sieur Charles Romangin, écrivain,
prévenu d'abus de confiance et de vexations, en qualité de commissaire
chargé du recensement des chevaux et voitures dans la section de la
Fontaine-de-Grenelle, avec liste des chevaux se trouvant dans cette
section, déclarations et protestations des propriétaires, ordre du
commandant général et de l'état-major général de la garde nationale et
de la section de la Fontaine-de-Grenelle, portant réquisition de
chevaux et chariots, pièces d'où il résulte que le citoyen Romangin ne
s'est pas approprié de chevaux ni de voitures dans l'exercice de son
mandat, et est mis en liberté." (Répertoire général des sources
manuscrites de l'histoire de Paris pendant la révolution française
Affaire 1175 page 197)
Mais il est blanchi le 29/11/1792 comme on le constate sur le
"Rapport par lequel Charles Romangin accusé de s'être approprié des
chevaux et des voitures, est déchargé d'accusation."
On ne sait pas ce qu'il devint par la suite.
On ne le
trouve pas parmi les guillotinés de la terreur, pas plus que dans la
base Léonore. Une recherche chez les Mormons n'a pas fourni d'autres
renseignements.
Je dois la découverte de ce personnage hors-normes à
Madeleine Guillaume, généalogiste.
Il avait un neveu, Jean-Baptiste, fils de son frère Jean, né à
Remilly-Aillicourt le 31/07/1774, qui fut tué à la bataille de la
Moskowa le 07/09/1812. Il était commandant d'artillerie.