La Marle Pierre Joseph
Il est né le 08/07/1896 à Mézières de Pierre Joseph Eugène La Marle
(1864-1910) et de Marie Jenny Gabrielle Jodin (1868-1951)
Il avait combattu à la première guerre.
Son dossier militaire aux AD08 matricule 918 de la classe 1916, nous
renseigne sur sa personne. (AD08 1R 294 1916 8/148).
Il avait un surnom "Machefer", mesurait 1,68 m, cheveux châtains
foncés, yeux de même, visage ovale, front moyen et nez "sinueux".
Il était agriculteur à Chatelaillon, canton de la Rochelle en
Charentes-Maritimes.
Il est engagé volontaire pour 4 ans le 12/10/1914 à la mairie
d'Angoulême et affecté au détachement télégraphique du 32 ème CA le
10/05/1915. Il passe caporal, puis sergent et se retrouve civil le
13/08/1919.
Il se retire alors à Charleville 50 rue de Tivoli.
Entre temps il a reçu la croix de guerre pour ces faits :
"Le 20/05/1916, est allé sous un violent bombardement réparer des
lignes téléphoniques importantes et avec un sang froid parfait a
poursuivi sa mission jusqu'à son complet achèvement. S'est toujours
montré très dévoué et très calme dans le danger".
On le retrouve ensuite le 21/05/1921 à Martincourt près de Toul en
Meurthe-et-Moselle au château de Pierrefort. C'est un ancien château
médiéval, classé possédant un corps de ferme. On peut donc supposer
qu'il y était agriculteur.
On apprend aussi qu'il a été condamné par le tribunal correctionnel de
Sedan à 50 jours d'amende pour infraction au code du travail commis
courant août 1938. Mais on n'en connait pas la raison.
Il était alors depuis le 22/06/1932 propriétaire de la ferme de
saint Remy.
Le 24/09/1938 il est rappelé et "renvoyé dans ses foyers" le 04/10 de
la même année.
Il est de nouveau appelé le 27/08/1939 et participe à "la drôle de
guerre" comme agriculteur sur le dépôt agricole de Soissons. Il est
détaché temporairement aux travaux agricoles pour une durée de deux
mois automatiquement renouvelables à Mouzon, (Cad chez lui à la ferme
de
saint Remy) à compter du 01/03/1940.
Il est finalement démobilisé le 27/08/1940.
Mais sa ferme est occupée.
Il revient alors à La Vignette aider sa belle-sœur Hélène Chotin
(1901-1992)
dont le mari
Jacques La Marle (futur maire de Pouilly) était
alors
prisonnier en Allemagne à l' Oflag VI A.
Il loge dans un petit bâtiment de deux pièces qui avait servi d'habitat
de gardien.
Les causes de son arrestation
Les raisons de son arrestation ne sont pas certaines. Beaucoup
d'habitants de Pouilly, pensent que c'est suite à un acte de sabotage
ferroviaire, suivi d'une perquisition dans tout le village et bien sûr
La Vignette.
En mars 1944, les Allemands utilisaient la voie ferrée Verdun-Sedan,
celle de Verdun-Montmedy étant impraticable.
Ayant appris qu'un train allemand devait passer, deux "résistants"
du village déboulonnèrent les rails en face de la ferme de la Vignette.
Le train (en fait un train nullement stratégique) dérailla.
Les Allemands auraient alors perquisitionné la ferme et
trouvé un fusil dont Pierre La Marle se servait pour chasser. (La
détention d'arme était alors interdite par l'occupant)
La famille La Marle penche pour une fusillade qui aurait eu lieu sur la
route d'Inor. Mails les opèrations des FFI du secteur IV Nord-Meuse
Groupement IV, ne commencèrent qu'après le débarquement. Peut-on penser
à une action isolée ?
Quoiqu'il en soit, il fut emmené le 27/01/1944 pour détention d'arme.
Conduit à Stenay, il est transféré le lendemain à la prison militaire
allemande de Verdun, rue du Rû, puis un mois plus tard à Bar-le-Duc où
il séjourne quinze jours environ.
Il est ensuite transféré à Paris à la prison du Cherche-Midi.
On trouve en effet un Pierre
Joseph La Marle qui part par le convoi du 23/03/1944 de la gare de
l'Est, à destination du camp de Natzviller-Struthof (67).
Il est enregistré dans ce camp le 24/03/1944 comme on le constate sur
sa fiche "Fragebogen für häftlinge" (Questionnaire pour les détenus)
Les Allemands, connaissant pourtant le sort réservés à leurs
prisonniers, ne pouvaient s'empêcher de tenir des registres à jour.
Taille, poids, religion, nombre d'enfants etc. Sans oublier de vérifier
si le détenu avait des dents en or. (Gebiss : lückenhaft ohne Gold)
Ce dossier est conservé aux archives de Bad Arolsen, en Allemagne, sous
forme de plusieurs fiches dont voici un exemple. On y remarque en haut
et tapé à la machine "NN Frz. 8634". Soit Nacht und Nebel, Franzôsich
no 8634
On le retrouve dans le "Livre
Mémorial des Déportés de France" de la F.M.D. Tome 2 Page 321
Brg : Brzeg en polonais. Prison située près de Breslau, en Silésie.
Elle a notamment reçu des déportés "NN" devant être jugés au tribunal
de Breslau.
Guillaume Quesnée sur le site dédié à "La Mémoire de la Déportation"
écrit ce qui suit concernant le transport du 23/03/1944 :
"Le treizième transport "NN" à destination du KL Natzweiler part le
jeudi 23 mars 1944 de la gare de l’Est à Paris. Il est composé de 66
Français et d’un Polonais jusque-là internés dans les prisons de
Fresnes et du Cherche-Midi. Empruntant le même trajet que les
précédents, ces déportés sont enfermés dans un wagon cellulaire en
queue du train Paris-Berlin. Arrivé à la gare de Strasbourg, le wagon
est décroché et mis sur une voie de garage en attendant qu’un autre
train le raccroche pour se rendre à la gare de Rothau, en Alsace. Là,
les prisonniers descendent pour être embarqués dans des camions qui les
conduisent à l’entrée du KL Natzweiler.
Le seul point commun de ces hommes réunis dans le
même wagon, est le fait qu’ils soient tous soumis à la procédure "Nacht
und Nebel", déportés pour être jugés. Du point de vue des motifs
d’arrestation, il n’y a pas d’homogénéité : à côté des personnes
arrêtées individuellement, soit après avoir commis un acte de
résistance isolée, soit après avoir été dénoncées pour "détention
illégale d’armes" ou pour un délit de droit commun, se trouvent des
groupes de résistants...
...Alors que le tribunal spécial de Breslau, mis en
place pour le jugement des affaires "NN" venant de France, est de plus
en plus encombré, les transferts vers les prisons à proximité de cette
ville se poursuivent au départ du KL Natzweiler. 40 déportés traversent
ainsi le Reich pour la Silésie et la prison de Brieg. Sur ces 40
personnes, 9 seulement sont jugées. Les autres, à cause du retard pris
dans la procédure et du fait de l’abandon de la procédure à l’été 1944,
ne sont pas jugées. A partir du moment où la procédure n’est plus
appliquée, les déportés "NN" sont remis dans des camps de
concentration, jugés ou non. Ceux se trouvant en Silésie sont envoyés
au camp de Gross Rosen. 32 déportés de ce transport entrent au camp de
Gross Rosen à la fin de l’année 1944...
Durant l’hiver 1944, la majorité des survivants de
ce transport sont à Gross Rosen (Gross Rosen en Polonais Rogosnica est
aux confins de la Pologne à 60 km de Wroclaw ou Breslau) et à Dachau.
Beaucoup de décès ont lieu au cours de cet hiver, liés aux conditions
difficiles et à l’épuisement consécutif aux nombreux transferts. Entre
la fin de l’hiver et la libération, en mai 1945, les rescapés
connaissent d’autres transferts vers les camps de Bergen-Belsen, de
Dora et de Mauthausen. C’est après avoir connu, en moyenne, cinq lieux
de déportation différents et souvent éloignés géographiquement les uns
des autres, que les déportés sont libérés, à bout de force et
irrémédiablement marqués par leur expérience.".
Mais Pierre Joseph La Marle ne fut pas de ceux là.
Il était fin janvier au block 9 du camp de Gross Rosen, bloc
principal des NN où s'entassaient dans chaque aile près de 500
personnes.
Il fut dirigé sur l'infirmerie pour dysenterie. Entrer au lazaret d'un
camp était l'assurance de n'en pas sortir vivant. On perd alors sa
trace.
Gross Rosen fut évacué fin janvier devant l'approche des armées russes.
Seuls les malades sélectionnés dés le 06/02/1945 restèrent sur place.
"L’un d’eux, Franciscus de Baer, survit par miracle à la liquidation
des malades et déposant devant la Commission Générale d’enquête sur les
crimes nazis en Pologne, relate la fin atroce de ces malades dont
certains sont jetés vivants dans les fosses avec les morts, puis brulés
à la chaux vive par les derniers SS." (Bulletin de la fondation pour la
mémoire de la déportation. Dossier Grossrosen No 46 juin 2005).
Il est déclaré judiciairement décédé le 15/02/1945 soit 2 jours après
la libération du camp par l'armée soviétique.
La transcription de sa mort date du 22/01/1948 sur les registres de
Pouilly.
Le JO no 253 du 30/10/2011 page 18356, en fait état, sans apporter
d'autres renseignements.
Il avait deux frères morts pour la France :
Jean La Marle
(1890-1914)
Joseph La Marle
(1903-1940)