photo cureLe curé Blanchot Henri

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Blanchot Henri


Il est né à Saint-Juvin (08) le 18/10/1677, mais selon ses lettres de tonsures, ce serait à Cierges. A Saint-Juvin on ne le trouve pas et à Cierges les registres ne commencent qu'en 1692.
D'ailleurs Émile Bauchez n'en sait pas plus, si ce n'est qu'il est ordonné le 23/12/1702 à Châlons. (AD08  1 J 128 1).
Il fut d'abord curé de Vieux-les-Avaux (ancien nom de Vieux-les-Asfeld dans les Ardennes) en août 1704.
Il obtint par ses grades (ses examens) la cure de Pouilly, paya les droits au seigneur et en prit possession le 11/08/1711.
Son premier acte est le baptême de Françoise Docq, fille de Charles Docq et Marie Anne Lecuyer le 30/10/1711.


Mais l'affaire se corse, car :

"Jean Ostance curé de Launoy (08), pareillement gradué, s'étant fait aussi pourvoir de la même cure le 08/07/1712, prétendant sur ce que M. Blanchot n'avait pas fait renouveler la notification de ses grades pendant le carême qui avait précédé la vacance, qu'il était sans qualité, qu'il était même sans titre, et ses provisions de la cure de Pouilly sans objet, l'église de Soupy étant le seul et véritable titre de la cure, vu que c'est la mère église dont Pouilly et Moulins ne sont que les annexes.
Conséquemment à ce système, M. Blanchot fut traduit au bailliage de Mouzon, mais il en déclina la juridiction et obtint un arrêt du conseil qui renvoya les parties au bailliage de Varennes.
Son compétiteur condamné dans ce tribunal le 20 mai 1714, en appela au parlement de Paris où il alla jusqu'à s'inscrire en faux contre les certificats d'étude de M. Blanchot. Mais le procureur général n'ayant pas laissé de donner des conclusions favorables à celui-ci, M. Ostance jugea à propos de se désister. Et sur son désistement M. Blanchot obtint le 20 mai 1718 un arrêt de maintenance confirmatif de la première sentence".
Petites guerres d'ecclésiastiques...
Mais ces petites guerres sur un fond "sonnant et trébuchant" touchaient les moindres détails !
Fulgence Richer nous raconte qu'en 1217 et je cite l'anecdote car elle est risible :
" Différend entre l'abbé de Mouzon et le curé de Mézières, qui fut vidé en statuant que le dit curé lorsqu'il dirait la messe, mettrait sur l'autel une boîte fermée à deux clés...  et que les offrandes qui se trouveraient dans cet espèce de tronc, seraient partagées par égales portion...".

Mais il eut aussi à se démener dans un autre procès :

Pierre Bouvier un fermier des moines de Saint-Hubert ayant enlevé la dîme de plusieurs pièces de terres novales (dîmes sur des terres récemment défrichées) il dût soutenir ce procès au bailliage de Varennes que le fermier perdit avec tous dépens malgré l'intervention de ses maîtres.
Cette affaire fut portée par appel au parlement de Paris où la sentence des premiers juges qui est du 2 juin 1729 fut vraisemblablement confirmée en 1731 quelques temps avant la vacance du parlement.
Ce jugement n'a cessé de s'exécuter pour les curés successeurs qui touchèrent la dîme de ces pièces de terres.
Elles sont énumérées mais je ne vais pas les reprendre ici. Elles sont tout de même intéressantes car nous en connaissons le nom de l'exploitant et la localisation.

Suite et fin...

Le droit aux biens dont la commune d'Autreville s'était laissée dépouiller en 1700 pour l'établissement du vicariat de Moulins, était prescrit par le laps de temps suffisant lorsqu'en 1739 elle s'avisa de revendiquer ces biens qu'elle avait imprudemment cédés et d'en demander juridiquement la restitution.
On peut voir comment cette histoire avait commencée à la page Jacques Perard.
M. Blanchot qui vit le commencement et les progrès de cette longue et fâcheuse affaire, dans laquelle il fut impliqué, ne vécut pas assez pour en voir la fin.
Il meurt en effet le 29 septembre 1744, soit après 33 ans d'exercice. (AD55 1723-1759 123/267).
Il avait le jour même baptisé Henry Mazelot fils de Jean Baptiste Mazelot, laboureur et d'Élisabeth Gilles. (AD55 1723-1759 122/267).

Il est "enterré dans le sanctuaire où est son épitaphe incrustée dans le mur du coté de l'épitre".

Cette table de marbre noir au dessus de la porte de la sacristie porte l'inscription suivante :

Blanchet henri













"Ci-bas git le corps
de Messire Henry Blancho
natif de St Juvin, prêtre et
curé de Pouilly, lequel
a gouverné cette paroiss
avec édification pendant
33 ans a fait plusieurs
legs aux églises
et aux pauvres
de ses paroisses 
et est décédé le
22 septembre 1744
âgé de 66 ans.
Priez dieu pour son
âme requiescat in
pace





























Il serait né en 1678 si on en croit la plaque.
Mais les registres paroissiaux lui donnent 74 ans ou environ. Il aurait donc pu naître en fait en 1670

deces blanchet henri

Il avait enterré le 16/11/1712 "... Anne Le Doux vivante femme de François Blanchot bourgeois de Saint-Juvin étant âgée de soixante et dix ans...". Est-ce sa mère ?  L'âge pourrait  correspondre.  (AD55  1673-1722 194/276).
A noter aussi qu'il enterre le 06/10/1737 "...damoiselle Marguerite le Doux, fille de défunt Henry le Doux vivant marchand demeurant à Romagne et de défunte Magdeleine Blanchot ses père et mère, étant âgée de 45 ans etc.". (AD55 1723-1759 64/267).

Il est remplacé par Henry Durand prêtre et vicaire de Pouilly le 14/04/1717 et ne reprend son service que le 21/07/1717 (maladie ?).

Le 20 septembre 1744, Il avait fait un testament olographe par lequel entre autres legs pieux, il donna à la fabrique de Pouilly :

1 - Un demi cent de pré à la Corberelle, quarante verges à la Grand-mère, onze verges de vignes à Belair, à charge d'un anniversaire perpétuel pour le jour de son décès.
2 -  La maison d'école à condition que le maître enseignera gratuitement de pauvres enfants dont le choix et le nombre est laissé à la disposition des curés ses successeurs et qu'il payera à la fabrique le surplus de location.

M. Blanchot ayant encore ordonné par son testament qu'il fut pendant un mois à Pouilly, à Autreville et à Moulins une mission de quatre prêtres qui seraient défrayés aux dépens de sa succession et qui distribueraient 400 (?) soit en livres soit en charité.
Cette mission fut remplie au mois de janvier de l'année suivante par MM Bolle, curé de Bazeilles, Pillas, curé de Douzy, Demange, vicaire de Balan et Poly prêtre de la mission.




On trouve dans les registres paroissiaux une note intéressante sur les habitudes de ce Blanchot. (AD55 1723-1754 124/267).
Il lui est reproché de tenir les registres de manière fort légère.
Voici quelques actes qui le prouvent :
"L'an mil sept cent et douze le .... jour du mois de septembre est décédé en cette paroisse Henry Sisselet tisserand en toille étant âgé d'environ .... ans et a été enterré etc.". Et ce n'est pas signé. (AD55 Pouilly 173-1722 192/276)
Le 06/04/1719 il baptise Jacques Guichard, fils de Pierre Guichard vigneron de la cense de la Vignette et de Nicolle Courtois. Sauf que c'est Marguerite Hannetelle la mère.  (AD55 1673-1722 249/276)
"L'an 1720 le 20 octobre est décédée en cette paroisse la fille de Jean Godet marchand et de .... ses pères et mères de la paroisse de Mouzon étant âgée d'environ .... et a été inhumée etc." (AD55 Pouilly 173-1722 260/276)
Le 13/11/1720 décède le fils d'Estienne Graincourt et de Claude courtois. Sauf qu'il s'agit d'une fille Marie Elisabeth. (AD55 1673-1722 260/276)
Tout cela fait un peu désordre.

Pour mémoire, la "grosse" et la "minute" étaient tenues par le curé.
L'un des exemplaires, dit "grosse" devait être conservée par le greffe du bailliage.
Voici ce qu'écrit un responsable du greffe à un successeur de Blanchot :

"Vous n'êtes pas responsable du désordre qui se trouve dans les registres de la paroisse de Pouilly et je ne vois pas que l'on puisse le rectifier puisque le curé est mort. Il faut donc les recevoir en l'état qu'ils sont, c'est la faute du curé de n'avoir pas signé et des parties de n'avoir pas donné leur attention à cette formalité. Vous pouvez seulement faire mention dans l'acte de dépôt sur le registre que vous rendrez, qu'il y a quantité d'actes qui ne sont pas signés par le sieur Blanchot, ci-devant curé du dit Pouilly : alegeant des missionnaires ou desservants, cela regarde l'archevêque de Reims. Et le nouveau curé pourrait faire signer ceux qui n'ont pas signé, s'ils sont encore vivants. Je vous donne le bonjour".

Pour répondre à cette note, les missionnaires cités ci-dessus, écrivent dans le registre page 125 :

"Nous soussignés prêtres du diocèse de Reims, employés dans une mission qui se fait actuellement dans la paroisse de Pouilly, certifient que le présent registre est digne de foy quoiqu'il s'y trouve plusieurs actes qui n'ont pas été signés par feu Monsieur Henri Blanchot curé de la susdite paroisse. Ce jour d'huy troisième de l'an 1745".