MazarinLa Fronde

Une guerre civile...



La Fronde.

Cette guerre civile de 1648 à 1653, fut appelée aussi "guerre des Lorrains",
Elle toucha notre village et pour en comprendre les évènements, il faut en connaître les tenants et aboutissants.
Cette tragédie se joua en deux actes. Le premier correspond à la Fronde parlementaire, (1648-1649) et le second à celle des princes, (1651-1653).


La Fronde parlementaire (1648-1649)

Depuis 1643, le royaume de France est sous la régence d'Anne d’Autriche, épouse de feu Louis XIII et mère de Louis XIV. Son principal ministre, Jules Mazarin, son homme de confiance, est peu apprécié. Il est italien, il augmente les impôts pour financer la guerre de 30 ans, il a recours à des intendants, au pouvoir étendu pour les recouvrer. Et surtout il veut faire payer les nantis de la capitale.
Autant de motifs d'inquiétude pour la noblesse et le parlement, quant à leurs finances, prédominance et indépendance.
Le 13 mai 1648, le parlement de Paris, la Cour des aides et la Chambre des comptes décident de se rassembler pour envisager la réforme de l’État.
Ils demandent la réduction du pouvoir absolu, la suppression des intendants, et le pouvoir d'autoriser ou non la création de nouveaux impôts. Une charte de 27 articles est présentée le 10/07/1648 à la régente qui feint de l'accepter. La victoire de Lens sur les Espagnols la rassure sur la situation extérieure et surtout le retour de Turenne vers Paris.
Elle fait alors arrêter l’un des principaux conseillers du Parlement, Pierre Broussel le 26/08/1648. La population, qui apprécie Broussel pour son intégrité se révolte. C'est la "Journée des barricades". La cour doit fuir la capitale et la régente accepter le programme de réforme des parlementaires. Broussel est relâché le 28/08/1648
Mais ce n'est pas suffisant pour les princes et le peuple. Mazarin doit partir. En attendant c'est la famille royale qui doit s'enfuir, d'abord à Rueil, le 12/09/1648, puis après un bref retour à Paris, à Saint-Germain, la nuit du 5 au 6 janvier 1649.
La régente tente alors d'exiler les parlements en province, mais bourgeois et nobles lèvent une armée.
Les troupes royales commandées par le prince de Condé (le vainqueur de Rocroi) assiègent alors Paris et le parlement accepte la paix de Rueil le 11/03/1649.
Le 02/04/1649 la déclaration royale, portant amnistie générale, remettant chacun dans ses biens et honneurs, est publiée.
Le 18/08/1649 la cour revient à Paris.




La Fronde des princes (1650-1653)

Si la Fronde parlementaire fut surtout une affaire parisienne, celle des princes toucha également la province, dont notre région.

Donc après la paix de Rueil, Mazarin est toujours en place, le peuple continue à subir et la plupart des princes sont satisfaits,

Condé, lui ne l'est pas. Il attendait pour ses actions, de grands privilèges de la famille royale. Il espérait aussi prendre la place d'un Mazarin exilé. Il ne s'en cache pas, Ce qui lui vaut le 18 janvier 1650, d'être arrêté et emprisonné à Vincennes avec son frère, le prince de Conti et le duc de Longueville, son beau frère.
C'est le début de la Fronde des princes.



La Fronde dans notre région.
Sa sœur, la duchesse de Longueville après l'arrestation des princes préfère s'enfuir à Rouen le 21/01/1650 et tenter de soulever la ville. Elle part ensuite à Chantilly, puis au Havre et enfin en Hollande.
Quant aux serviteurs et amis du prince, "ils se sauvèrent dans les places où il commandait avec le plus de diligence qu'il leur fut possible" racontent les mémoires de Mme de Motteville. Parmi eux, le comte de Grandpré gouverneur de Mouzon et Beaumont
Ces places en Meuse étaient Stenay, Clermont et Damvillers.

L'arrivée des frondeurs et des troupes à Stenay.
Parmi les proscrits, Henri de la Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne, né à Sedan en 1611. Il se dirigea sous un déguisement, vers Stenay, commandé par François de Gouyon, marquis de Moussaye. Le 23/01/1650 il arriva à Inor, où il passa la nuit. Le lendemain, il recevait la visite de Nicolas Bouton, comte de Chamilly, lieutenant du roi, délégué par le gouverneur. Avec une compagnie de cavalerie, M. de Chamilly devait faire escorte au fidèle ami du prince et l'emmener à Stenay.
Simon de Mouzay, receveur-gruyer de Stenay, seigneur de Pouilly et d'Inor, eut l'honneur d'offrir l'hospitalité au maréchal.

Turenne fit alors appel à toutes les forces disponibles et favorables aux princes. Bientôt ce sont 9000 hommes qu'il fallut accueillir.
Une partie fut conduite à Beaumont dont Turenne venait de s'emparer, une autre à Villefranche qui bien que démantelée depuis 1634 possédait encore de quoi loger de la troupe.
Il fut fait défense à tous les villages de la frontière de payer au roi les tailles et subsides tant que les princes seraient emprisonnés.
La duchesse de Longueville était arrivée à Stenay le 28/03/1650, escortée de la noblesse de province.
Stenay fut alors considéré comme "le foyer de la révolte et le boulevard de la Fronde". FR


Mouzon et le comte de Grandpré janvier 1650
Pendant ce temps, La Ferté (Henri de Seneterre, maréchal duc de La Ferté) continuait à ravager le pays de Stenay, en représailles contre le comte de Grandpré, gouverneur de Mouzon, favorable aux princes.
Ce comte de Grandpré, gouverneur de Mouzon, engagea inutilement les habitants à se déclarer pour les princes et se vit contraint par là d'abandonner son gouvernement.
Voici ce qu'écrit Fulgence Richer : "...sur la fin de janvier ou au commencement de février, les gens du comte de Grandpré se présentèrent un matin aux barrières de la ville pour la faire déclarer en faveur des princes. Mais Jacques Charlet, directeur des chevaux de louage, qui était arrivé la veille au soir à Inor, voyant les équipage dudit comte de Grandpré et ayant entendu ces gens qui disaient qu'ils allaient à Mouzon pour faire déclarer la ville en faveur des princes révoltés, le dit Charlet ne perdit pas de temps, car immédiatement après souper il partit d'Inor, arrive entre minuit et une heure tira un coup de pistolet à la barrière ou un habitant s'étant présenté au qui-vive, il déclara qu'il avait quelque chose de la dernière conséquence à déclarer aux magistrats de la ville et qui intéressait le service du roi et ayant été introduit sur ce et les habitants convoqués à l'hôtel de ville, il y déclara ce qu'il venait d'apprendre à Inor.
Ce qui détermina les dits habitants à se maintenir dans l'obéissance du roi et à refuser l'entrée de leur ville aux équipages du comte de Grandpré qui se présentèrent vers le point du jour. Ceux qui accompagnaient les équipages eurent beau alléguer qu'ils appartenaient au gouverneur de ladite ville, les habitants leur répondirent qu'ils ne connaissaient d'autres seigneurs que le roi depuis que le comte de Grandpré s'était déclaré pour les princes.
A cette nouvelle quelques habitants partisans du comte luttèrent avec d'autres du parti opposé. Il y eut même du sang répandu. Monsieur le Grandpré s'imaginant que ses partisans étaient en majorité dans la ville, il voulut faire une tentative pour l'engager dans le parti des princes, et vint avec 800 cavaliers avec chacun un fantassin en croupe et s'empara de l'église du faubourg sainte Geneviève, mais les Mosonois tirèrent le canon sur ses troupes, ce qui l'obligea à une prompte fuite. Mais il voulut s'emparer de Givaudeau entouré d'un bon mur, de fossés fort larges remplis d'eau. Il y avait en ce château cinq personnes appartenant à l'admodiateur qui avait levé le pont-levis.
Le sieur de Pourru capitaine de la jeunesse bourgeoise sort de la ville avec 50 hommes et 15 soldats un officier à la tête et à la faveur des haies sur la route, ils parvinrent heureusement au château dont les gens reconnaissants le secours baissèrent le pont-levis pour le recevoir.
À peine entrés, ils firent un feu continuel sur les soldats du comte dont bon nombre resta sur le carreau. Celui-ci persuadé de l'importance du secours arrivé au château, pris le parti de battre en retraite après avoir mis le feu aux écuries. Apprenant peu après que le secours était si petit il s'écria qu'il fallait être Mosonois pour faire un coup si hardi. On délibéra ensuite de raser Givaudeau bâti par les ducs de la ville, ce qui toutefois n'eut pas lieu." FR


Damvillers, Romagne, Clermont, Beaumont, quelques batailles.
"Le maréchal de Turenne mit d'abord une garnison à Dun, ensuite ayant comme on dit intelligence avec le chevalier de La Rochefoucauld, commandant à Damvillers pour le prince de Conti, il voulut le 18 février jeter 300 chevaux dans la ville pour fortifier le parti de M. le prince à cause qu'il se défiait de la garnison d'infanterie, une partie de laquelle était commandée d'aller à la guerre, voulant sous ce prétexte les mettre dehors, et en effet beaucoup étaient déjà hors de la ville quand ils aperçurent que quatre ou cinq escadrons de cavalerie qui venant à eux, étaient ceux que le maréchal de Turenne envoyait, tellement que les dits soldats se doutant de ce qu'il en était, rebroussèrent chemin et rentrèrent dans la ville, criant tous d'une voix vive le roi. Ils s'en allèrent droit à leurs officiers qui étaient en armes avec la cavalerie, les contraignirent de poser les armes emprisonnèrent leur chef et tous les dits cavaliers, se rendant maîtres et gouverneurs de la place jusqu'à ce que le roi leur eut envoyé le sieur de Bucherelle pour gouverneur.
Le 25/02/1650, le marquis de la Ferté défit à Romagne plusieurs compagnies de cavalerie du prince de Conti.
Le 26, Clermont qui était du gouvernement de M. le prince fit volte-face. Ceux qui commandaient dans la place ayant appris l'approche des troupes du marquis de la Ferté, se tenant sur leurs gardes et se préparant à la défensive, furent tout étonnés que les soldats crient vive le roi comme à Damvillers, se saisirent de leurs personnes, désarmèrent leurs chefs et après avoir appelé le dit marquis de la Ferté, lui mirent la place et les commandants entre ses mains, lequel les envoya à Nancy en qualité de prisonniers.
Le maréchal de Turenne avait pris le fort de saint Pierremont s'était emparé de Beaumont qu'il avait battu avec du canon. Et le sieur de Létanne et les bourgeois avaient été envoyés prisonniers à Stenay, mais les gens de guerre qu'il avait mis à Beaumont en garnison voulurent à l'approche des troupes du marquis de la Ferté retourner à Stenay et étant arrivés proche de Laneuville ils furent tous taillés en pièces par les mêmes troupes dont il redoutait si fort l'approche." FR

Traité avec l'Espagne
Le 10/04/1650 Turenne signe à Stenay un traité avec l'archiduc d'Autriche, Léopold Guillaume, représentant le roi d'Espagne Philippe IV. L'Espagne s'engage à fournir argent et troupes, troupes qui ne tardent pas à arriver dans la région. Ce sont essentiellement des Croates et des Wurtembergeois, logés dans les villages alentours.
Turenne dans ce traité se pose en défenseur de la royauté. Il accuse Mazarin d'être le fauteur de trouble et demande par écrit à la reine l'élargissement des princes. Sa lettre, en dépit des protestations d'obéissance et de respect qu'elle contenait ne produisit à la cour aucune impression favorable. Turenne se sentit alors dégagé de ses devoirs et reçut une nouvelle garnison espagnole à Stenay.


Courses, vols et incendies divers...
Fulgence Richer raconte :
"Le 12 mars, des troupes auxiliaires de Bourgogne au nombre de quatre ou cinq cents chevaux vont du côté de Marville, au Grand et Petit Failly, Rupt et autre lieux où ils violent, brûlent et pillent tout.
Le 24 mars un jeudi les troupes auxiliaires de Bourgogne qui étaient logées à Mouzay, prennent leur route vers Douzy et autres lieux de la terre de Sedan. Ils forcent Douzy et Francheval, tuent plusieurs bourgeois, violent, rançonnent les femmes, se rendent maîtres du fort et font d'autres  hostilités.
Le 9 avril ceux des garnisons de Mouzon et Jametz commencent à commettre des hostilités sur le gouvernement de Stenay. Ceux de Mouzon enlèvent plusieurs bestiaux à Nepvant en représailles du comte de Grandpré qui depuis peu de jours avait fait beaucoup d'incursions dans les vallées de Bourg et ramené le butin à Stenay où il était retiré et quelques jours auparavant, il avait été forcé le château de Givaudeau (à coté de Mouzon) où il avait fait butin.
C'est dans ce temps-là qu'on fortifia de nouveau Dun et Villefranche où on mit en garnison des troupes auxiliaires octroyées par le roi d'Espagne au maréchal de Turenne. Et tandis qu'on travaillait aux fortifications de ces deux villes, ceux des garnisons de Dun, Villefranche, Barricourt et Nouart, avec ceux de Stenay tant des Bourguignons que des Français firent plusieurs courses, enlevèrent les vaches de Verdun et autres lieux et contraignirent le monde a contribuer.
Le 9 mai, déclaration contre la duchesse de Longueville, les ducs de Bouillon, maréchal de Turenne et prince de Marsillac, vérifiée le 30 du dit mois.
Le 9 août, le prince de Chimay, gouverneur de Luxembourg, avec 300 chevaux pille le village de Saint Juvin et l'église où étaient les titres et les meubles même, emmènent les chevaux et les vaches et brûlent plusieurs maisons et granges pleines. La valeur du pillage se monte à plus de 50 000 livres et le 16 novembre quatre régiments lorrains y logent jusqu'aux 20 où ils font un grand butin qui se monte à plus de 30 000 livres.
Le 24 août le Vicomte de Busy Lametz,  conduisant cinq à 600 chevaux pour le roi, venant secourir Nouart, Barricourt et autres lieux fut défait entièrement à Fossé, lui prisonnier et conduit à Montmédy, ce qui fut cause que ceux de Buzancy, Quatrechamps et autres châteaux où il y avait garnison du roi se rendirent et furent pillés.
Le roi récompense les bons services de M. de Fabert, gouverneur de Sedan, du titre de marquis, ayant érigé l'une de ses terres en marquisat sous le nom de Fabert.
Le 25 septembre les ennemis investirent Mouzon, au nombre de 1000 chevaux et pareil nombre de fantassins commandés par le marquis de Morlinguen,  qui les fit d'abord poster sur les deux côtés de la Meuse, de quoi le sieur Mason, gouverneur de la place n'eut pas plutôt eu l'alarme; qu'il fit grand feu tant de son canon que de sa mousqueterie, rompre le pont de la porte de France, travailler aux réparations des murailles, des canons et autres choses nécessaires, après avoir fait retirer les habitants des faubourgs dans les tenailles voisines de ces portes.
Le 27 les assiégés abandonnèrent ces tenailles pour le peu d'hommes de défense qui étaient dans la ville et le peu d'importance qu'on trouvait à les garder.
Les ennemis depuis leur arrivée ne cessèrent de se fortifier à toutes les avenues des faubourgs et firent des redoutes et tranchées qu'ils relevèrent jusqu'à la hauteur d'une pique pendant toute la durée du siège.
Le 3 octobre, les assiégeants firent un pont sur la Meuse du côté de Villemontry par où ils firent défiler les bagages avec grand nombre de cavaleries et d'infanterie. Les Espagnols se campèrent près de la lisière du bois des fermes de Valmonterme et Bellefontaine et près le village de Vaux où était le quartier général.". Fulgence Richer.

Enfin le 05/05/1650, le marquis de la Moussaye quitte Stenay, accompagné d'une grande partie de la noblesse et de la garnison, et rejoint l'armée de l'archiduc en Flandre.
Le 30/04/1650, Turenne avec le comte de Grandpré tente de s'emparer de Mouzon, mais en vain.
Le 09/05/1650, il est convaincu de crime de lèse-majesté, tout comme le duc de Bouillon son frère, la duchesse de Longueville et tous leurs complices.
En réponse, il se met en route pour Vincennes à la tête de son armée et celle de l'archiduc Léopold.
 
Stenay reste alors sous la garde de la duchesse de Longueville. Celle-ci, bien que vigilante ne put empêcher le maréchal de La Ferté de s'emparer le 2 août de Dun sur Meuse, puis de Villefranche le 8.
Le 24 août le vicomte de Bussy à la tête de 5 à 600 cavaliers, secourant les soldats cantonnés à Nouart, Barricourt et autres villages fut fait prisonnier par les Frondeurs.
On voit que pendant l'absence de Turenne, l'activité guerrière se porte bien...

Le 28/08/1650, Turenne est aux portes de Vincennes, mais les princes prisonniers ont entre temps été transférés (le 29) au château de Montagu à  Marcoussis (91). Le 15/11/1650. ils seront cette fois envoyés au Havre.
Le maréchal revient alors mettre le siège devant Mouzon le 25 septembre qui ne se rendit que le 5 novembre avec les honneurs de la guerre.
Fulgence Richer consacre plusieurs pages à cette glorieuse conduite des gens de Mouzon.

Après la prise de Mouzon, l'archiduc regagne les Flandres.
Turenne quant à lui, à la tête de 18000 hommes et muni de 6 pièces de canon envahit Brieulles, Dannevoux, Montfaucon où ses troupes commirent les plus grands excès. Brieulles fut occupé début décembre et pendant plus de 20 jours par 1500 cavaliers.

Puis devant le risque que Rethel tombe aux mains de Du Pessis-Praslin, qui venait de s'emparer de Château-Porcien (08) il part à la tête de son armée au secours de cette place, mais arrive trop tard, Rethel ayant capitulé. Il s'ensuivit tout de même une bataille le 15/12/1650 à Sommepy (51) et non à Rethel. Turenne fut défait et dut se réfugier à Montmédy.
Fulgence Richer ne s'étend pas sur cette bataille : "Le 13 décembre, la bataille de Rethel, dite de Somepy où l'armée lorraine et espagnole fut mise en déroute, on mena au Luxembourg et Pays Bas le reste du débris de l'armée espagnole sous la conduite du comte de Grandpré."




Libération des princes ?
Et Turenne, après sa défaite, pourtant "consolé" en argent et en troupes par l'Espagne, n'en profita pas. En effet ayant appris que les princes allaient être libérés, le traité avec l'Espagne n'avait plus toute sa raison d'être.
C'est qu'à Paris on s'agitait en faveur de cette libération. Le 30/12/1650 et le 20/01/1651 le parlement fait remontrance au roi en faveur des princes frondeurs.
Le 13/02/1651 en dépit de l'opposition de Mazarin et de la régente, les princes sont libres et le 16 font une entrée triomphale à Paris où le parlement les amnistie le 17.
Le 06/03/1651 Turenne se réconcilie avec la cour. Louis XIV lui pardonne.
Le 19/05/1651 une déclaration royale proclame l'innocence des princes qui sont rétablis dans leurs honneurs, charges et dignités.

Le principal perdant est le cardinal Mazarin qui doit s'exiler, dans un premier temps à Doullens, puis Bouillon, domaine du prince évêque de Liège, et enfin le 11/04/1651 à Brülh, dans l'électorat de Cologne.



Stenay perd un peu de son caractère frondeur...
Turenne demanda et obtint qu'une conférence de paix franco-espagnole se tint à Stenay. La France y délégua le sieur de Crussy, conseiller au parlement, et l'Espagne le sieur Friquet. Il y fut décidé que la France abandonnait toutes prétentions sur la Catalogne et ne s'occuperait plus des affaires du Portugal. Il fut convenu aussi que le duc d'Orléans conclurait la paix pourvu que l'archiduc soit présent. Mais Philippe IV refusa de souscrire à cette condition. Turenne l'ayant vainement sollicité durant deux mois se crut suffisamment dégagé de ses obligations.
La duchesse de Longueville quitta Stenay le 08/03/1651 pour Paris et Turenne le 10/05/1651. Il obtint confirmation de l'échange de Sedan contre les seigneuries de Château-Thierry et d'Albret, en faveur de son frère, le duc de Bouillon.

Condé mécontent et accusé.
Quant à Condé, si il a accepté les conditions de sa libération, il ne s'empresse guère de les remplir.
Gondi et la régente complote contre lui. (entrevue du 31/05/1651).
On le soupçonne de traiter secrètement avec l'ennemi. On lui reproche sa morgue vis à vis de la famille royale et le maintien de la garnison espagnole à Stenay. Il perd beaucoup de ses amis, dont Turenne et le 10/08/1651, la reine fait assembler le parlement et y fait lire ses doléances contre Condé. Il est accusé d'intelligence avec l'ennemi, et ce qui est avéré, d'avoir permis l'accès à la Meuse aux Espagnols, qui depuis le passage de Dun ravagent la Champagne. On l'accuse également d'avoir réuni ses troupes dans "on ne sait quel dessein."
Condé se défend mais ne convainc pas.



Et le conflit redémarre.
La France devient un champ de bataille.
 
Le 13/09/1651 Condé part pour le Berry.
Le roi déclaré majeur le 07/09/1651 a levé une armée pour mettre fin aux troubles.
Le 17/09/1651 l'armée royale part combattre celle de Condé en Guyenne.
Le 09/10/1651 Condé, son frère et sa sœur sont convaincus de crime de lèse-majesté.
Le 06/11/1651 Condé signe un traité avec les Espagnols.
Le 28/01/1652 Mazarin est de retour à la cour.
Le 22/02/1652 Turenne prend la tête de l'armée royale.

Quelques combats : Miradoux, le canal de Briare, Bléneau, Etampes,

Et quelques uns dans notre région :
Richer Fulgence raconte :
Le 20 août, le comte de Grandpré après avoir été fort malade, changea de parti quittant celui de M. le Prince et s'en vint avec 200 chevaux et 200 hommes d'infanterie se poster à Beaumont pour réprimer les courses tant des ennemis Espagnols qui étaient à Mouzon que de ceux qui étaient restés à Stenay, et qui ne voulaient pas rentrer sous l'obéissance de Sa Majesté.
De quoi étant averti dom Estevan de Gamarra, espagnol, il vint avec son camp volant de 2000 hommes bourguignons et lorrains assiéger le dit comte de Grandpré dans Beaumont où il était entré du secours des garnisons voisines comme de Jametz, Donchery, Thionville et Longwy et non pas de celle de M. le prince.
Estevan ayant commencé la batterie le 4 septembre, la brèche faite  mais non pas encore considérable, l'assaut se donna mais comme ils étaient quasiment aussi forts dedans que dehors, les assiégeants furent repoussés avec perte de plus de 120 hommes parmi lesquels il y avait nombre de gens de marque, ce qui fut cause que le 10, dom Estevan de Gamarra retira ses troupes, levant le siège, reconduisit son canon à Mouzon et s'en alla camper à Vaux, Sailly, Villy et lieux circonvoisins le six du dit mois de septembre.
Cette vaillance du comte de Grandpré d'avoir osé attendre et soutenir dans une méchante bicoque l'attaque d'une armée espagnole et lorraine, le mit en grand estime et leva le soupçon qu'on avait encore de lui d'avoir intelligence avec M. le prince. Sa réputation fit que beaucoup de monde se joignirent à lui de sorte qu'en peu de jours il se vit commander une troupe de sept à 800 hommes avec lesquels il faisait des courses continuelles, harcelant l'armée de dom Estevan, étant incité de faire toujours d'autant mieux pour le service du roi, que sa Majesté lui envoya et le gratifia alors d'un bâton de maréchal de camp.
Vers le milieu de septembre, il y eut au gué de Villefranche une escarmouche entre les princiers et les royalistes auxquels s'était joint le comte de Grandpré avec 600 hommes. Le petit nombre des morts fut égal de part et d'autre, les princiers étant venus camper entre Stenay et Cervizy qu'ils ruinèrent et les royalistes à Halle, Beauclair et autre lieux.
Sur la fin de septembre le prince de Condé prit les armes ouvertement pour commencer la guerre civile.
Le 8 octobre le roi déclara les princes de Condé et Conti, les duchesses de Longueville, de Nemours et de La Rochefoucauld et ceux qui les avaient assistés, criminels de lèse-majesté.
Le 12, le marquis de la Ferté Seneterre pour le roi avec une armée de trois à 4000 hommes, vint aux environs de Stenay où se voyant sans obstacle reprit les tours de Dun, Vilosnes, Sassey, Villefranche, Consenvoye, Martincourt, Inor, Pouilly et autres y mettant garnison de sa part et ceux de Jametz à Dun.
Le 13, le comte de Grandpré avec 400 chevaux enleva le bétail de Montmédy, Grand Verneuil et autres lieux, ayant peu auparavant pris ceux de Virton et Marville, contraignant tout le pays, même les gouverneurs de Stenay, Damvillers et autres qui tenaient pour les princes, à lui contribuer de grosses sommes d'argent.
Les gouverneurs de Jametz et autres en faisaient de même à son imitation, en sorte que c'était une grande confusion pour les dols et les concussions que l'on faisait souffrir aux pauvres gens qui étaient pillés et ravagés de toute part et de tout côté.
Le 24, un appelés Saint-Louis, commandant à Dun pour le comte de Grandpré exécuta la commission qu'il avait d'enlever les vaches de Juvigny faute d'avoir satisfait à dix chars de foin et 16 septiers d'avoine. FR
Le 03/01/1652 le comte de Chamilly, gouverneur de Stenay, à la tête de 300 hommes reprend les tours de Villefranche et de Sassey, occupées par les royalistes depuis le 12 octobre." FR

Fin de la Fronde
Turenne qui commande l'armée du roi affronte le 02/07/1652, Condé aux portes de Paris. Condé vainqueur grâce à l'aide de la "grande Mademoiselle", la propre cousine du roi, (elle a fait tirer au canon sur la troupe royale), pénètre dans la capitale qui sombre alors dans l'anarchie. Les émeutiers de Condé massacrent à l'hôtel de ville de Paris des bourgeois royalistes.
Les Parisiens finissent par renverser Condé et négocient avec le pouvoir royal. Ils exigent le départ de Mazarin qui s'exile de nouveau le 18/08/1652 pour faciliter le retour à la paix publique.
Le 13/10/1652 Condé se sentant menacé s'enfuit de Paris vers Bruxelles.
Le 21/10/1652, Louis XIV peut réintégrer la capitale et... Mazarin revenir quatre mois plus tard, le 03/02/1653.
Les frondeurs sont amnistiés, sauf Condé.
Le 31/07/1653 la paix est proclamée à Bordeaux.

La Fronde est finie officiellement.

Mais dans notre région les escarmouches et autres pillages continuent. Fulgence Richer nous en fait part.
Sainte-Menehould tenue encore par les frondeurs se rend le 27/11/1653


Et Condé dans tout cela ?
Condé, passé en Flandre, combattit côté espagnol et prit part en 1658 à la bataille des Dunes, où Turenne triompha de son armée.
Sa ville de Stenay est prise après un long siège en 1654 par Fabert et en présence de Louis XIV.
Le traité des Pyrénées de 1659 lui assura le pardon royal. Rentré dans le rang, il est aux armées pour le roi et finit sa vie au château de Chantilly, ayant récupéré le Clermontois dont Stenay.


Les conséquences.
On ne peut évaluer ce que la Fronde coûta tant en hommes qu'en argent.
Elle ne fut pas en tout cas à l'honneur de la noblesse. On ne connait pas la position de nos seigneurs de Pouilly...
Il est certain que nos ancêtres en pâtirent. Fulgence Richer dit en 1652, parlant de la région de Mouzon et alentours :
"En cette année et en la précédente on a jamais vu ce pays-ci avec des maisons plus ruinées et abandonnées d'hommes à cause de la guerre du prince de Condé."
 
Cette guerre civile aura marqué le roi Louis XIV. Il renforcera le pouvoir absolu, n'aura plus de ministre et tiendra dans sa main la noblesse à Versailles.

Une guerre civile pour rien.