Les appelés de l'an VII
Les dossiers militaires ne sont apparus qu'avec la classe 1867, c'est à dire pour les soldats nés en 1847.
Pour ceux avant cette date il n'existe pas grand chose.
On retrouve aux archives quelques documents sur la conscription
de 1798/99, c'est à dire l'an VII révolutionnaire. Ils sont hélas peu
documentés. (AD55 L 976, 977, 978)
Ce sont :
- Des listes de conscrits, avec parfois les mensurations, le métier.
Dates de naissances et métiers sur fond bleu, sont issus de l'état civil.
Jean-Baptiste Mazelot a dû tout de même échapper au service, car il
s'était marié à Elisabeth Gobert le 31/10/1798 à Inor. Il est décédé le
28/08/1800 à Pouilly, comme on le constate sur l'acte de mariage de son
fils Mathieu Mazelot.
A part Jean-Baptiste Normand, dont on ignore la destinée, ils sont tous revenus de la guerre.
- Des feuilles de route individuelles, comme celle de Jean-Baptiste
Normand qui doit se rendre à Bar-le-Duc en 6 jours, moyennant 75
centimes par jour.
-
Des feuilles de route collectives, comme celle de ce gradé, Jacques
Fauvelet, capitaine de la garde nationale à Pouilly. Il est chargé
d'emmener 13 futurs soldats.
Les conscrits sont donc regroupés à Bar-le-Duc et ensuite répartis suivant les besoins des armées.
C'est ainsi qu'une partie doit rejoindre Mayence comme écrit dans
l'ordre de route du 17/10/1798. Ils doivent passer par Saint-Mihiel,
Verdun, Etain, Longwy, Arlon et Luxembourg.
-
Des demandes d'exemptions, souvent pour cause de mariage. (De circonstance ou pas.)
La loi Jourdan-Delbrel du 05/09/1798, établit le service obligatoire
pour les célibataires de 20 à 25 ans. Elle restera en vigueur jusqu'en
1996. Elle permit surtout à Bonaparte d'alimenter ses armées jusqu'en
1815.
Cette conscription, la perspective de 5 ans de service, le risque
en cette période de guerres permanentes, on s'en doute ne faisaient pas
que des heureux.
Les mariages de complaisance permettaient d'y échapper.
Les mutilations volontaires également. On se coupe l'index de la main
droite (qui permet l'appui sur la gâchette) ou on perd les quelques
dents qui permettent de déchirer le sachet de poudre.
La désertion devient courante et les autorités s'en préoccupent.
Le 12/05/1799 le ministre de la guerre écrit au commissaire du
directoire exécutif pour l'administration centrale du département de la
Meuse :
"J'ai reçu, citoyen, la lettre que vous m'avez écrite le sept de ce
mois par laquelle en m'informant que des déserteurs armés, réunis en
peloton de six à sept passent nuitamment dans les cantons qui
avoisinent les bords de la Meuse, vous m'annoncez que vous avez requis
le commandant de la gendarmerie du département de donner l'ordre à ses
brigades de faire de fréquentes tournées dans les communes soumises à
leur surveillance. Je ne puis qu'approuver les mesures que vous avez
prises et vous remercie de l'avis que vous me donnez.
J'écris au général commandant la deuxième division de se concerter avec
vous pour les opérations ultérieures que les circonstances pourraient
nécessiter."
Signé Milet Mureau. (Son nom complet est Louis Marie Antoine Destouff de Milet de Mureau.).
Mais plus grave encore, il existait des "embauchages à l'ennemi".
Un
courrier du 27/10/1798, explique que certains tentent d'embaucher les
déserteurs dans les armées adverses. Dans le canton de Jametz, un
certain Dupuis, de la commune de Torgny (Belgique) est soupçonné
d'être l'agent embaucheur principal, mais n'est qu'un "...agent
secondaire, n'ayant aucune fonds et étant chargé d'annoncer qu'on
enrôlait à Torgny...".
Le ministre de la guerre répond le 13/11/1798, félicitant son
informateur des mesures prises "...pour prévenir l'effet de leur
embauchage...".
Le 22/11/1798, c'est le ministre de la police générale de la République qui écrit :
"J'apprends citoyens que des individus déguisés en marchands ou
colporteurs, cherchent à aigrir les esprits et à les exciter à la
révolte, en s'apitoyant sur le sort des conscrits, en exagérant les
évènements qui ont eu lieu dans les départements réunis".
On retrouvera d'autres soldats sur la page des
militaires.