La communication
On ne peut imaginer un groupe d'individus n'ayant pas besoin de
communiquer.
Ce besoin de contact (aux associaux, aux ermites et autres stylites
près) a toujours existé.
Cependant la communication se bornait aux nouvelles proches. En effet,
quel intérêt pour un Lorrain de savoir ce qui se passait dans le Béarn,
dans le midi ou simplement dans le nord...
Beaucoup ne devaient même pas savoir où habitait un roi de France ou la
composition du gouvernement.
Par contre connaître la date des foires, des marchés, de la venue du
percepteur, de l'évêque pour la confirmation, du passage d'une armée,
voilà qui intéressait nos ancêtres.
En fait il y avait le village, le canton et ensuite des pays qu'on ne
fréquentait pas ou que par obligations. Et cet état d'esprit dura
jusqu'au XVIIIe. L'obstacle majeur à une communication plus élargie
était l'appartenance à une société figée et axée sur elle même, avec
ses coutumes et surtout sa propre langue, le patois.
Ce patois que la révolution tenta de faire disparaître sans grand
succès, que l'école pourchassa et qui existait encore au début du XXe,
était une langue à par entière, mais pouvait ne pas être compris d'un
village à un autre.
On pourra se référer aux travaux des linguistes Charles Bruneaux
et jean Lanher sur le parler de notre région.
Le contact oral.
Sous l'ancien régime après la messe dominicale, voire même pendant le
prêche, le curé, le bedeau lisait les nouvelles importantes concernant
la communauté ou plus largement la vie politique, les naissances
royales, les résultats des guerres, les dates de récolte etc.
C'était la meilleure manière de toucher l'ensemble de la population,
puisque chacun se devait d'assister à l'office.
Après la révolution les annonces se firent par appariteur (souvent
aussi garde-champêtre) dotés d'un
tambour ou d'une cloche. Cet appariteur payé par la commune faisait le
tour du village et déclamait les nouvelles.
A Pouilly
Louis Meunier
(1888-1969) par exemple, utilisait une cloche.
Mais le contact oral avait lieu dans bien d'autres circonstances. On
peut citer les foires et fêtes, les enterrements, les repas de famille,
le lavoir pour les femmes et la forge pour les hommes, les cabarets,
les lieux de travail collectifs comme le fauchage, le battage etc.
Le contact écrit.
En plus de l'annonce orale, pouvaient s'adjoindre une partie écrite.
C'est le cas par exemples des bans de mariage, tant sous l'ancien
régime que sous le nouveau.
Ils étaient déclamés à l'église et à la mairie, où ils étaient de plus
affichés.
Les résultats d'élections, les décisions prises en conseil, les
festivités etc. étaient soumises à la population via l'affichage.
Moins drôle, les ordres de mobilisation ou d'évacuation, accompagnés
des cloches ou du clairon.
Le support était soit le parchemin, le papier. Support coûteux que nos
ancêtres utilisaient avec parcimonie et récupéraient pour d'autres
usages.
Et bien sûr les journaux et les livres. Le plus ancien "La Gazette",
date de mai 1631, mais je doute qu'il ait été lu à Pouilly...
Ils ont été souvent politiques et de ce fait censurés.
Parfois véritables brûlots anti-religieux, anti-régime ou alors
édulcorés, insipides.
Ils étaient soumis à autorisation et parfois mis à l'index par l"église
ou le gouvernement. Anastasia guettait !
Edités sous le manteau, ils pouvaient être vendus par des colporteurs
ou introduits en contrebande.
Au XiXe les journaux circulèrent jusque dans nos campagnes.
Ils étaient lus à la cantonade.
M. de Pouilly possédait une bibliothèque conséquente, connue par
la vente de ses biens à la révolution.
L'image touchait ceux qui ne savaient lire. C'est ainsi que certaines
villes comme Épinal développèrent ce moyen de communication.
Les almanachs (Les petits livres bleus) se lisaient à la maison. On y
trouvait la date des fêtes, des foires, mais aussi des recettes de
cuisine ou des remèdes de grand-mère.
Le contact sonore
Les cloches
Elles annonçaient les évènements heureux ou malheureux au village. Les
offices religieux, les catastrophes, la mobilisation générale etc.
Le télégraphe et téléphone
Le télégraphe Chappe ou télégraphe optique, sera utilisé en France de
1794 à 1850. Mais dans
notre région il n'a pas été installé. Malgré ses inconvénients
(transmissions limitées de nuit ou par mauvais temps), le réseau
Chappe, riche de ses 1 853 km en 1805, atteint 5 000 km et relie une
trentaine de villes de France en 1845.
Il sera suivi par le télégraphe électrique qui lui a couvert toute la
France, qui possède en 1863, 28 671
km de lignes et 1 022 bureaux.
La première guerre verra des compagnies de téléphonistes. La tâche de
ces soldats étaient particulièrement ingrate et dangereuse car
installer et maintenir les liaisons par fil sous un déluge de feu,
n'était pas chose aisée.
Le pigeon fut aussi mis à contribution et la colombophilie était
surveillée de prés, car étroitement liée à l'espionnage.
Puis viendra le téléphone avec ses cabines et ses opératrices pour
finir par le portable et internet qui nous relie avec le monde entier
en quelques fractions de secondes.
A Pouilly dans les années soixante, peu de gens avaient le téléphone.
Léon Garin, charron avait le numéro 8. Actuellement pour couvrir tout
le réseau téléphonique, il nous faut 10 chiffres.
La radio et la télévision
La radio, apparue au début du XXe fut le principal moyen d'information
jusqu'à l'apparition de la télé.
Les postes comme on les appelait était de grandes dimensions, avec
antenne extérieure, à lampes et captaient cependant en grandes,
moyennes, petites et courtes ondes. L'œil magique permettait d'affiner
la réception.
Les militaires comprirent vite l'utilité de ce moyen de communication
et la tour Eiffel transformée en antenne géante échappa ainsi à la
destruction.
Pendant la 2e guerre, la TSF fut utilisée par les réseaux communiquant
avec Londres, mais aussi par la propagande vichyssoise.
Puis l'invention du transistor a miniaturisé les appareils et
démocratisé ce média.
Les transports
A pied
C'est à pied que la plupart des gens se déplaçaient jusqu'au XXe. On
remarquera le nombre important de cordonniers dans les villages où les
chaussures, faites sur mesure étaient réparées jusqu'à la corde... Mais
souvent on allait à pieds nus. (A pi déchaut comme on dit en patois)
Le rayon d'action était forcément réduit et si on se rendait à Stenay
ou Mouzon sur la journée, il fallait démarrer tôt pour y faire ses
affaires. On comprend mieux pourquoi les mariages étaient
essentiellement locaux.
Cependant on reste médusé devant le nombre de kilomètres que les
régiments parcouraient à pied. Les campagnes de Napoléon sont sans
doute celles qui ont usé le plus grand nombre de chaussures ou sabots !
Les cordonniers furent d'ailleurs réquisitionnés pour travailler quasi
exclusivement pour l'armée.
Le bateau
La Meuse a été de tout temps navigables. Les voyageurs l'empruntaient,
car la navigation était souvent plus sûre que les routes, mais aussi
moins rapides. Les coches d'eau existaient sur toutes les rivières
navigables.
Le cheval
Ce n'était pas le mode de déplacement du menu peuple. Chez eux
les chevaux étaient destinés au travail. Les nobles par contre
entretenaient des écuries destinées aux loisirs et au déplacements.
La diligence et autres véhicules
hippomobiles
Le transport collectif hippomobile exista jusqu'à sa suppression avec
l'arrivée des trains.
De grandes lignes reliaient les principales villes de France. Il
fallait changer de chevaux aux relais On pouvait y coucher si le soir
venait, dans des conditions parfois fort précaires. Arthur Young en a
fait l'expérience et relaté ses impressions.
Sur des routes difficiles, on pouvait relier en 1715 Paris à
Strasbourg, soit 500 km en 12 jours... Une expédition !
En 1765 le même trajet demandait 4 jours et demi. En effet de grands
travaux routiers avaient été effectués. Ils n'avaient pas coûté bien
cher, puisque ce sont les paysans, astreints aux corvées royales, qui
durent s'y atteler.
La route qui relie Verdun à Sedan fut ainsi remise en état. Les
habitants de Pouilly furent réquisitionnés, puisqu'au voisinage de cet
axe.
Le vélo
Le développement de ce mode de locomotion date de la première partie du
XXe. Il fut utilisé pendant la grande guerre,; il existait des régiment
de cyclistes. Les vélos étaient pliants.
Les gendarmes l'adoptèrent également. On les appelait
"Hirondelle", marque de leurs machines.
Les congés payés de 1936 les virent fleurir sur les routes des
vacances, avec remorque attelée.
Il faut savoir qu'il existait une taxe sur les vélos et qu'une plaque
gravée était accrochée au cadre du la bicyclette.
Vinrent ensuite les motos, mobylettes et autres solex. Désormais, la
trottinette, initialement jouet d'enfant s'est électrisée et sillonne
nos villes dangereusement.
La voiture
Elle apparait à la fin du XIXe en tant que véhicule pour usagers. De
nombreux constructeurs s'engouffrent avec plus ou moins de succès, dans
cette nouvelle manière de se déplacer. Près de chez nous, à Mézières
les usines Clément-Bayard en produisent, A Pouilly, il n'existait que
peu de voitures motorisées. La famille Noël-Buchard en possédait une.
Elles étaient d'ailleurs entre les deux guerres comptabilisées car
susceptible d'être réquisitionnées comme les chariots et les chevaux.
On trouve aux AD55 ces états.
Au XXIe siècle il est courant d'avoir dans une même famille autant de
voitures que de personnes. La crise pétrolière et un sursaut
écologique, ralentira peut-être cette profusion.
Le train
Apparu au XIXe, décrié à ses débuts, puis accepté par tous, il
permettait de se rendre dans les grandes villes en s'arrêtant dans les
petits villages. Pouilly avait bien sûr sa gare sur la ligne de
Lérouville-Sedan. Il était ainsi possible de se rendre à la préfecture
de Bar-le-Duc et revenir dans la journée, soit prés de 240 km. Un
exploit.
Le train fut un acteur majeur du dépeuplement de nos campagnes. Se
rendre à Reims ou à Paris pour y chercher du travail devenait facile.
L'autobus
Successeur de la diligence, ils remplacent désormais les lignes SNCF,
désaffectées.
Un bus faisait la liaison Sedan-Verdun, mais ne passait pas par
Pouilly. Il fallait le prendre à Moulins ou Inor.
L' avion.
Apparu au début du XXe, il ne devint vraiment commercial qu'après la
grande guerre, initialement pour la poste et puis pour les voyageurs.
Quelques essais de dirigeables ont bien eu lieu, mais sans grand succès
vu l'inflammabilité des gaz employés. (Voir la catastrophe du
Hindenbourg le 06/05/1937)
Au XXIe il est de nouveau question de réutiliser ces dirigeables, mais
maintenant gonflé à l'hélium.
L'avion a maintenant aboli toutes les frontières. En une journée on
parcourt ce qui demandait des mois auparavant. Revers de la médaille,
les maladies se propagent avec les voyageurs et peuvent en 24 heures
faire le tour du globe.