Orval
Je ne veux pas refaire l'histoire d'Orval mais cette abbaye eut de
telles relations avec Pouilly par ses censes de
Prouilly et
La
Vignette que quelques mots ne sont pas superflus.
Les ouvrages sur l'abbaye sont nombreux :
"L'abbaye d'Orval au fil des siècles" de Paul Christian Grégoire aux éditions Serpenoise 2002.
"Orval 9 siècles d'histoire" ouvrage collectif 1970.
"Histoire de l'abbaye d'Orval" de Nicolas Tilliere imprimerie Duculot à
Gembloux 5ème édition 1948. Mais pour plus de détails on préférera la
version originale de 1897 imprimée chez Delvaux à Namur et consultable
entre autres à la bibliothèque de Sedan.
Parmi ces ouvrages, on peut citer ceux concernant la fameuse (fumeuse
?) prophétie d'Orval. Tirée d'un ouvrage imprimé en 1544, mais dont on
ne trouve trace nul part, ces "prophéties" ont été rééditées en 1840.
Elle serait dues aux élucubrations d'un curé quelque peu mythomane ou
farceur. Parmi les 48 prophéties, on trouve ces quelques lignes (mais
les autres sont du même tonneau) :
"Le vieux sang des siècles terminera encore de longues divisions: lors un seul Pasteur sera vu dans la Celte-Gaule.
L'homme puissant par Dieu s'assoyera bien;
moult sages règlements appelleront la paix. Dieu sera cru avec lui, tant
prudent et sage sera le rejeton de la Cape.
Grâces au Père de la miséricorde, la sainte Sion rechante dans ses temples un seul Dieu grand etc."
On voit le crédit qu'on peut accorder à cet ouvrage...
Quelques dates pour se situer :
Orval est fondée en 1070 par des moines bénédictins venus de Calabre.
Elle devient cistercienne en 1131. La règle les oblige au travail manuel et commence alors la constitution du domaine.
Domaine qui se trouve éparpillé au gré des donations.
Domaine tellement éparpillé d'ailleurs, que les moines astreints au suivi des
offices ne pouvaient l'exploiter sans l'aide des frères convers ou frères
lais. Ces derniers n'étaient pas moines, mais engagés tout de même par
des vœux de religion.
Si les débuts furent modestes, ces ensembles agricoles se développèrent,
mais faute de donations suffisantes les moines achetèrent des terrains
parfois éloignés.
On peut voir sur cette lettre de sauvegarde accordée en 1729 l'étendue de leurs biens.
Les granges n'étaient pas de petits monastères mais simplement des fermes.
Tenues par des frères convers ou frères lais, ces établissements jouissaient d'une certaine autonomie.
Au point que ces convers confièrent bientôt l'exploitation de leur grange à des "bras mercenaires".
Et peu à peu les granges furent cédées à cens.
Parmi ces granges on peut citer :
Blanchampagne sur la commune de Sailly dés 1132, "Sur le puits",
commune de Brandeville en 1138, Boemont commune de Vittarville vers
1145, Villancy près de Longuyon, Conques près d'Herbeumont sur la
Semois 1153-1167 , Ugny en Meurthe-et-Moselle et bien sûr
Prouilly et
La
Vignette.
En plus des granges les moines s'étaient aménagé des "refuges" à Montmedy, Marville, Huy en Belgique etc.
Il ne faut pas perdre de vue que ces "bons moines" étaient aussi hommes
d'affaire. Ils avaient des prérogatives seigneuriales telles que
la basse, moyenne et haute justice. L'abbaye possédait d'ailleurs sa
propre prison !
Nicolas Tilliere dans sa version de 1897 page 330 note : "... Qui était
le bourreau attaché à la justice d'Orval ? Nous l'ignorons. Mais quel
terrible personnage que cet homme chargé d'arracher l'honneur et la vie
à ses semblables...".
En 1206, Guillaume, doyen et archidiacre de Trèves, fait savoir que
Richard de Pouilly a donné à l' église d'Orval une rente de deux muids
de froment sur le moulin de Moiry et a obtenu en retour, le droit de
sépulture dans cette église pour lui et sa femme, et une mémoire
spéciale de ses père et mère, le jour de leur anniversaire. (chartes
inédites de l'abbaye d'Orval" A. Delescluze 1896.)
En 1243 les abbés de Trois-Fontaine, Moutier en Argonne et d'Orval
attestent que Nicolas, curé de Pouilly a fait un leg à l'abbaye
d'Orval. "Cartulaire de l'abbaye d'Orval" page 275 Goffinet.
1637 " L'abbaye d'Orval fut réduite en cendres par les troupes du maréchal de
Châtillon. Ce fut le deux août que quelques maraudeurs y entrèrent
confusément et il commencèrent à piller la basse-cour, puis pénétrant
dans les cloîtres, ils coururent à la sacristie et à l'église, en
chassèrent les religieux à coups d'épée, rompirent le tabernacle,
emportèrent le saint ciboire, plusieurs calices et presque tous les
ornements, foulèrent au pied le saint-chrême, profanèrent les autels et
brisèrent les images.
L'abbé en avertit le maréchal mais il ne remédia pas au désordre. Et le
11e jour du même mois, le feu fut mis aux quatre coins de l'abbaye qui
fut entièrement consumée par les flammes avec l'église, le chœur et la
sacristie... ". FR
Le 23/06/1793 des troupes révolutionnaires détruisent l'abbaye.
Tout est saccagé, pillé. Le général Loison, originaire de Damvillers,
en
est le responsable. Il fut même soupçonné de détourner une partie des
biens de l'abbaye à son profit. Les AD55 conservent plusieurs lettres dénonçant ce Loison et son père pour détournement de
biens destinés à la nation. (AD55 L400)
Et pour finir il la fit canonner sous le prétexte que des soldats
Autrichiens s'y étaient retranchés. Ce bombardement y mit le feu et
elle fut entièrement détruite.
On reprochait à Orval d'être un refuge des émigrés.
Le 09/03/1927, les premiers moines reviennent à Orval. L'abbaye retrouve vie.
Les ruines sont conservées et deviendront un site touristique
Orval c'est aussi le souvenir de vacances quand la jeunesse de Pouilly
allait passer une semaine dans les annexes de l'abbaye sous la houlette du
père Alain.
Le déplacement Pouilly-Orval se faisait à pied... Autres temps, autres mœurs.
Ce père Alain était notre "correspondant". C'est avec lui que nous
avons découvert tous les recoins du monastère, même les plus
interdits, comme les sous-terrains, l'enceinte monastique etc. Ce qui lui valut quelques réprimandes de ses supérieurs.
De ces vacances, est née sous le pinceau de
Michel Lisembard, cette
fresque iconoclaste de deux mètres sur trois et baptisée "Le gaulage
des moines".
Ces vacances n'étaient pas que pieuses. Et ce n'est pas le compère aubergiste qui s'en plaignait !