geographie   Un peu de Géographie


    Savoir au moins où est Pouilly.

Un peu de géographie.

Pouilly-sur-Meuse se trouve très exactement,  tout au moins le haut du clocher de la mairie à :

49° 32' 24 " de latitude nord.
06' 33 " de longitude est.

Officiellement voici les coordonnées :
En décimales 49.5403° de latitude et 5.10861° de longitude.
En sexagésimales latitude nord 49° 32' 25''et longitude est 5° 6' 31''
En projection Lambert 93 852668 Y : 6939928
En projection Lambert II étendu X : 800761 Y : 2508323

Et en gros à 170 mètres au dessus du niveau de la mer. Son point culminant est au Châtillon où existe une borne géodésique.

l'opposé de Pouillypouilly

Si on admet que la terre est parfaitement sphérique, le point opposé se trouve à une encablure de la nouvelle Zélande, en gros à 900 kilomètres de Wellington sa capitale.


Voici les coordonnées de ce point du Pacifique :

 49° 32' 24" de latitude sud
174°53' 27" de longitude ouest et donc en plein océan... On a pied à 700 mètres ou environ.


Sinon plus sérieusement, Pouilly se trouve dans le nord de la Meuse.
C'est même le dernier village de la Meuse situé sur le fleuve éponyme. Juste après nous entrons dans les Ardennes avec Letanne.
Son code postal est 55700 et son code Insee 55408.
Pouilly a le statut de commune, fait partie du canton de Stenay, arrondissement de Verdun, département de la Meuse, région Lorraine.

Cependant Pouilly a bien failli être rattaché aux Ardennes. Le Journal de Paris du 11/03/1821 relate les débats de la chambre des députés lors de la séance du 10 mars. Un projet de loi, le cinquième dans son article unique exposait : "La commune de Cesse est distraite du département des Ardennes, et réunie au canton de Stenay... Les autorités des Ardennes "...en reconnaissant que cette commune devait appartenir au département de la Meuse, dans lequel elle est enclavée, ont demandé un équivalent en compensation de cette cession. Ces autorités ont en conséquence réclamé les trois communes de Moulin, Autrecourt (en fait Autreville) et Pouilly, limitrophes de leur département.... Les délibérations des conseils municipaux de ces trois communes ont demandé qu'elles restassent réunies au département de la Meuse".
La "Gazette nationale ou le moniteur universel" du 11/03/1821 page 330 relate les mêmes choses en donnant plus de détails sur les motifs avancés par les diverses autorités du département des Ardennes :
- L'affaiblissement successif de leur territoire par la perte du duché de Bouillon et de la presque totalité de l'arrondissement de Rocroy.
- La situation topographique de ces trois communes, qui forment un angle saillant dans le département des Ardennes.
- Le délimitation plus régulière qui résulterait de cette réunion ; elles se prévalent en outrede ce que le territoire de Moulins et Autreville confine à celui de Mouzon, qui renferme plusieurs fermes de leur dépendance; elles ajoutent enfin que l'éloignement de Mézières est moindre de moitié que celui qui existe entre ces communes et leur chef-lieu actuel

L'affaire n'eut pas de suite, sauf pour l'intégration de Cesse à la Meuse.

On notera qu'à ce jour (2022)  Pouilly ne s'est pas doté d'un blason. Cette manie d'inventer des armoiries à un village, en tentant d'expliquer laborieusement par des élucubrations  héraldiques l'origine, les mœurs ou dieu sait quoi, sévit depuis quelques années. Certains en ont fait un fond de commerce. Il est à craindre que si un jour la municipalité par une quelconque vanité, voulait se doter d'un blason, ce serait celui des De Pouilly, ce qui constituerait une usurpation manifeste.

Jusqu'en 1922, Pouilly ne portait pas le complément de "sur Meuse".
L'ambiguïté avec le village de Pouilly en Haute-Marne et de Souilly en Meuse, quand l'adresse était mal orthographiée, nous a affligée de ce complément de nom.
On peut lire par exemple dans le Petit Ardennais du 14/03/1908 que Paul Benoit Jolly, vétérinaire, maire et conseiller général à Pouilly est nommé commandeur du mérite agricole. Sauf qu'il habitait à Souilly...
Cependant le "sur Meuse" était parfois utilisé. Quand Thomas Balland se marie à Sainte-Menehould le 09/05/1757 avec Marie Jeanne Laurent, il est dit "...de la paroisse de Pouilly sur Meuse..." (AD51 Sainte-Menehould 38/191)

A l'écart de toute grande route, Pouilly a cependant  bien des accès. On les retrouve avec détails sur les cartes de Naudin.

-  Au nord la route qui rejoint Mouzon, via les fermes de saint Remy.
-  Au nord-est, celle qui rejoint Autreville et Moulins.
-  Un autre chemin par  le Châtillon, parfois appelé le Chemin des Romains et qui rejoint la route Stenay-Mouzon à coté de Soiry. Sur le cadastre de 1828, il est baptisé : "ancien chemin de Beaumont à Luxembourg".
-  La route dite d'Inor.
-  Celle de Luzy via la gare et le chemin vers Stenay via le bois.
-  Et celles de la Wame au sud-est, rejoignant la chaussée de Laneuville à Beaumont. La route sous le bois est récente (début du XX ème), car auparavant le chemin de la Wame passait par la prairie, avec tous ses ennuis en période de crue. Il est aussi parfois baptisé Chemin de Belval.
Il existait tout de même sur le cadastre de 1828 un "chemin sous le bois".
-  Une dernière à l'ouest, qui longeait le contre halage et franchissait le ruisseau de la Wame au niveau de l'embouchure, par une petite passerelle.

On peut encore citer les gués devant Letanne.




Mais au fait comment doit on appeler les habitants de Pouilly ?

La réponse est classique, des Pouilleux... Qui n'a pas subi cette plaisanterie facile en indiquant son village d'origine ?
Le site officiel de la mairie ne précise pas notre gentilé, donc laissons dire les facétieux.
Pouilly, aurait pour origine le domaine d'un gallo-romain du nom de Pauliacus,
C'est en tout cas ce qu'assure Auguste Longnon dans "Dans "Les noms de lieu de la France : leur origine, leur signification, leurs transformations etc." édité en 1923, page 8. Il signale d'autre part que dans le sud de la France le suffixe AC s'est conservé, comme dans Pauillac, alors que dans le nord le AC s'est transformé en Y.
Cette étymologie me ferait donc opter pour Poliaciens, ou Pauliaciens comme se nomment les habitants de  Pouilly-sur-Serre dans l'Aisne.
Même si Pouilly dans l'Oise, a choisi Pauléen, Pouilly-sur-Loire, Pouillysois, Pouilly-les-Fleurs, comme Pouilly-les-Nonains et Pouilly-sous-Charlieu, Pouillerots.
A Pouilly-en-Auxois, ce sont des Poliens, comme à Pouilly-le-Monial.




Ceux qui parlèrent de Pouilly

La "Société des amateurs naturalistes du Nord de la Meuse" , (Mémoires de cette société,1892  tome 4  page 170), parle de notre village :
"Nous arrivons à la gare de Pouilly, d'où nous admirons le joli panorama que présente de ce point le village, adossé à la côte et baignant ses pieds dans la Meuse, réduite pour le moment à sa plus simple expression".

Puis elle organise une excursion le 06/06/1901, relatée dans ses Mémoires  1901  tome 3  page 19 et suivantes :

"Les membres avaient été invités à une excursion à Pouilly et Inor.
Aussi le 06/06/1901, quelques fervents excursionnistes arrivent à Pouilly par le premier train... Chacun fait ses réflexions sur la beauté du site, digne de tenter un paysagiste.
A Pouilly, la vallée de la Meuse se resserre et n'atteint pas plus de 500 mètres. Le côté sud, en pente assez  douce, est couronné par la forêt de Jaunet. Le côté opposé en pente plus rude, est garni de vignes.
Le village agréablement situé sur cette pente, est ainsi décrit par M. Alfred Pierrot :
Pouilly, a quelque allure avec ses bras de rivière, son canal, ses trois ponts ou passerelles, ses écluses, ses maisons étalées en amphithéâtre d'où jaillissent le clocheton d'un hôtel de ville monumental et la flèche de son église rustique. Sa situation sur la voie ferrée et la Meuse et la beauté de son site le désignent comme un lieu de villégiature aux amateurs de pêche, aux bourgeois de Sedan et de Verdun, voire même de Paris, en quête de repos, de cure d'air et de la vie des champs; cela est visible, d'ailleurs aux espèces de villas qu'on y voit et qui s'animent à l'époque des vacances. (Alfred Pierrot  dans le "Journal de Montmédy, no 40 du 20/05/1901).
A l'ouest du village, la vallée s'élargit et forme un immense tapis de verdure que contourne la ligne de chemin de fer. A l'est, les vignes et vergers montent jusqu'au sommet de la côte appelée Châtillon et se continuent sans interruptions notables, jusqu'à Inor, situé à 5 kilomètres.
A l'entrée du village, à droite, on remarque un important bâtiment, atelier de feutrerie qui emploie un certain nombre d'ouvriers du village, les autres s'occupant ou de la culture de leurs terres ou de l'entretien de leurs vignes.
Les membres de la société gravissent la route qui conduit à la mairie. M. Jupin, instituteur, sert de cicérone pour la visite des ruines de l'ancien château.
Cette visite permet de songer à l'importance que devait avoir cette forteresse.
Situé au sommet du village, au nord-est, dans le quartier de la Tour, en face l'ancien jardin seigneurial, entouré de murs, le château dominait la vallée. Ce qui reste de ses murs a une épaisseur de 3 mètres. Les pierres qui entrent dans la construction sont alliées à un mortier tellement dur qu'il est presque impossible de les en arracher. La tour qui faisait partie de l'habitation et qui a donné son nom à ce quartier, nous dit M. Jupin, a été brûlée en 1793, comme le rapporte la tradition.
Ce castel qui fut l'habitation des de Pouilly pendant plus de 8 siècles, avait pour dépendances la partie basse du village, où l'on remarque encore quelques ailes d'anciens bâtiment dont l'une est occupée par le presbytère, d'autres par des bâtiments de culture."

Cette présentation du village est suivie de la généalogie des de Pouilly,  reprise chez Jeantin, erreurs comprises.
On peut parmi elles, citer ce Victor de Polliaco.

"Quittant la localité et suivant le faîte de la colline, nous rencontrons le Châtillon, ainsi nommé dit M. A. Pierrot, d'un ancien camp romain dont la circonvallation apparait encore tés nettement. Quelques membres émules de saint-Thomas, ne remarquent pas suffisamment de vestiges de ce camp, disent qu'il faut apporter beaucoup de bonne volonté pour voir là des traces romaines. Pourtant la tradition conserve toujours un fond de vérité et il est possible qu'un camp romain ait existé au Châtillon.
D'ailleurs la voie antique de Verdun à Mouzon traverse non loin du Châtillon, le lieu dit les Grandes Cotes, où on la désigne sous le nom de Chemin des Romains.
Les abords de cette route ont quelque fois restitué des monnaies antiques. Il a été recueilli, en 1883, une obole en bronze du règne de Constantin 1er, portant d'un côté une tête casquée et en légende le mot Constantinopolis. Puis au revers, un insigne militaire ou labarum placé entre deux gardes et en légende : Gloria Exercitus. On y avait trouvé, en 1880, une monnaie d'or qui fut immédiatement vendue à un orfèvre. (Liénard Archéologie de la Meuse, Tome III Verdun 1885) ".

"...chemin vicinal de Pouilly à Inor. D'un côté, les pentes rapides couvertes de vignes où l'on remarque quantité de beaux raisins qui laissent prévoir une excellente et abondante récolte. De l'autre côté, la Meuse qui coule très lentement, forme une intéressante bordure à cet étroit chemin.".

La "société des naturalistes et archéologues du nord de la Meuse" réorganise une sortie d'Inor à Pouilly le 23/06/1912. C'est E. Lehuraux qui en donne le compte rendu, mais il est surtout question de botanique.

A défaut d'en parler un certain M. Clarin aurait exposé au salon de Charleville le 25/06/1905 un tableau de Pouilly. C'est le Petit Ardennais du 24/06/1905 qui en fait état : "Hercule combattant la reine des morts est un fort vigoureux tableau de M. Clarin. Son hercule est superbement campé... et en opposition, son frais paysage de Pouilly, un village de la Meuse"
Qui était ce peintre ? Il s'agit de Paul Clarin, né à Sedan le 10/06/1879 et décédé dans cette même ville le 30/07/1923.
J'ai recherché si ce tableau existait encore, mais M. Paul Clarin en avait fait don au musée de Sedan en 1906. Malheureusement ce musée fut détruit à 90 % le 13/05/1940.
Le musée de Sedan m'a confirmé ne plus posséder cette toile.


Le Petit Ardennais du 05/12/1929 parle de l'exposition de Marcel Poussart de Sedan, peintre d'une certaine renommée.
Parmi les tableaux, "Un coin de Pouilly", avec ses laveuses et son clocher pointu. (AD08 PA 05/12/1929 2/6)
Jean-Marie Marcel Poussart était né à Sedan le 14/08/1891 et décéda le 23/12/1972 à Palluau (85)
Comme pour Clarin, je n'ai pas retrouvé ce tableau.

Le 14/06/1931 la Société d'histoire naturelle des Ardennes organise une sortie à Létanne, Pouilly puis Inor. La forêt de Jaulnay fait l'objet d'une cueillette de plusieurs sortes de végétaux. (AD08 PA 10/06/1931 3/6)
Cette excursion est relatée dans le bulletin de la société en 1931 page 26 et suivantes.
"A Pouilly, le restaurant de la Marine nous offre l'omelette, la bière et le café ; les sacs à provisions se vident et l'entrain, qui était tombé bien bas, renait. Au dessert, des chansons, douces et romantiques à souhait ; l'artiste est repérée ; elle a promis de nous charmer encore.
De Pouilly à Inor, nous suivons le canal etc."







Et l'inévitable  comtesse de Sabran, qui bénéficie d'une page particulière.




Pouilly est bien sûr environné d'autres villages et sur la carte ci-dessous on jugera de leur proximité et de là le rôle qu'ils ont pu jouer sur  Pouilly.
Sans approfondir l'histoire de ces villages, une page sera consacrée aux plus marquants.
Il suffit de "cliquer" sur le village correspondant et vous y êtes...



carte_region.jpg Letanne Beaumont Mouzon Moulins Malandry Autreville Villemontry Olizy Inor Martincourt Luzy Cesse Cervizy Laneuville Stenay


J'ai ajouté, bien que ce ne soit pas un village, Orval, abbaye en Belgique.
Les liens avec cette abbaye sont tels qu'il était difficile de ne pas en parler.