Henry Faron ca1582-1622
Il est né à Stenay et devint curé de
Pouilly vers 1582. On peut donc supposer qu'il naquit vers 1550/1560
mais les archives ne nous l'apprendront pas.
Le 01/08/1617 ce curé avait été "dédommagé" par l'abbé d'Orval, Bernard
de Montgaillard, des services spirituels qu'il rendait aux censiers de
Prouilly et de
la vignette.
"... en considération de ce que Messire Henri Le Faron prêtre curé de
Pouilly depuis 35 ans en ça (?) s'est très bien acquitté de sa charge
envers leurs censiers, vignerons et toutes leurs familles, lui ont
accordé pour lui et ses successeurs un septier de froment
à la mesure de Stenay, par vigneron trois francs Barrois, et autant
pour le receveur de l'abbaye et le garde forestier ...".
On verra par la suite les démêlés que le curé Duhoux aura avec ces censiers.
Il érigea en 1613 la croix de pierre qui est derrière les jardins de Pouilly, vis à vis le chemin de Mouzon.
C'est le chemin qui passe par la
ferme saint Remy.
Actuellement il n'y a que le socle qui soit en pierre.
Il avait fondé pour lui un anniversaire au 5 février, pour lequel il
avait donné à la
fabrique un calice d'argent doré avec la patène, un
écrin couvert de soie et garni de fil d'argent doré, la boîte aux pains
de même parure et une chasuble de damas rouge.
Il avait fait construire la remise et les écuries du presbytère en
1584
Une inscription sur une pierre au milieu et vers le haut du pignon de la remise du presbytère,
"Henri le Faron curé de Pouilly, Autreville et Moulin m'a fait faire en l'an 1584"
La remise a dû être remaniée et on ne sait maintenant où cette pierre se trouve.
L'assassinat du curé
Faron. Quand un seigneur se fait justice lui même...
Pour s'être moqué de Jacques de Pouilly, seigneur du lieu, Henry
Faron se fit tuer d'un coup de pistolet le 04/02/1622.
Ce "saigneur" dut demander rémission pour cet acte auprès d'Henry II
duc
de Lorraine.(AD54 B95 Fol 176).
Grace pour le sr Jacques de P
Henry (0) a tous qui verront les presentes lectres
Nostre cher et bienaymé le s Jacques de Pouilly
Nous a fait tres humblement remonstre que
Quil son seigneur dudit lieu auquel partant
Debvai estre porte quelque respect à sa convenable
Qualité il a l'aucthorité quil y a neantmoins
Feu henry le faron vivant curé de Pouilly
Laurois sans aucune consideration grandement
travaillé par procés depuis quinze ans en ce
Dont il l'en auroit rendu incommodé et de
Plus lauroit osfencé en diverses manieres luy
Ayant dit quil estoit autant seigneur que luy
Quille seroit quand bon luy sembleroit lauroit
Aussi menacé de luy faire humer un potage
Par le moien d'un coup de pistolet que pourra
Faire illuy cousterois cinq cens escus mais qu'il
Ne sen souciois qu'il luy feroit ravaller ses
Moustaches n'auroit ledit le feron se contente
d'user encor et belles (telles ?) et autres parolles osfencantes
envers ledit remettant (?) mais venir jusques a ce point ·
et le frapper et luy imposer qu'il avoit
esté changé a la nourice de maniere que continuant
toute occurrence de mendeur de luy icelle
travailler par procés comme dit est laurois
tellement irrité quil ne scauroit peu abstenir
qui rencontrant en campagne ledit Le faron
qu'il ne luy ait porté un coup de pistolet dont
il mourut sur le champ vous supliant
tres humblement quayant esgard aux menaces
excés et autres susdits injurieux déportement dudit
desfunt envers luy il et la juste douleur quil
ne pourroit entrenoit il nen pleut luy faire
grand et pardon dudit cas de mort mesme attendu
le long temps que ce fait est arrive y ayant
deux ans ou environ quil en est poursuivy par nous
jour de st Michel dont il nous plaira faire
arrester et mestre à néant la procedure en satisfaisant
la partie civile quil ayt faict rechercher a
cest esfect a laquelle supplication ayant bien voulu
jncliner benignement tant pour le considerer
susdit larest generalement ?? bonne qui nous ont
este representés sur ce sujet scavoir faisons
que nous avons de notre plain pouvoir grace
speciale et aucthorité souveraine quicté remis et
pardonne quictons remestons et pardonnons
par ceste au supliant le fait et cas de mort
susdit a charge neantmoins quil sera tenu aller
servir lempereur en guerre pour la desfense
protection ?? de leglise catholicque apostolicque et
romaine lespace de quattre ans moiennant
quoy nous luy avons aussi remis toute autre
peine et amende criminelle corporelle ou
civille que pour ? dudit fait il pourroit
avoir encouru envers nous et luy ce recognant
et mestant au neant tous actes de ladite procedure
et autres poursuites faictes contre luy et le
restituant en ses jouissances et droicts
et en ses biens a charge pareillement satisfaire
a partie civille et aux frais raisonnables de
justice et de faire entheriné les presentes ainsi quil
est accoustumé ayant en ont imposé et imposons
a cest esgard silence
perpetuel. . .
de barrois et a ses substituts presents et advenir
sy mandont a nos... et feu...
ils ont devant nos cours ? sommerent ?
et a tous autres non C.) et C.) qui! apartient
de lesfet et este non ... et generallement
et pardon quil facent ...
supliant plainement et paisiblement sans luy mectre
donner ny permestre luy estre mis
a nous ? ny troubles ny empeschement
nous plaise en foy de quoy nous avons a ces
presentes signee de notre main fait mestre et
appendre notre grand scel donnee en notre
ville de Nancy le vingt quatrieme jour de
novembre mil six cent vingt trois ainsi
signe henry et sur le repli est escrit par
son altesse le sr comte de Tournelle
grand maitre en l'hostel et surintendant des finances ?
de fresnel bailly et gouverneur de Clermont
et Selocourt (Sibecourt) disle capitaine des gardes voillon
secretaire d'estat pestor maître des requestes ordianires
Benoit savjn parises aussi secrétaire d'estat
Presents contre signée
Quand on lit cet acte de rémission, il faut être grand clerc
pour comprendre les griefs exacts de ces deux personnes.
Manifestement le curé devait être du genre retors et le seigneur excédé.
En 1902 dans les "Annales de l'Est" page 176 et suivantes, est parue la
suite de "Etude sur la criminalité en Lorraine d'après les lettres de
rémission (1473-1737)" de Raymond Des Godins de Souhesmes. On peut y lire :
"Le château et le presbytère étaient parfois brouillés, et ces haines
de village, excitées par de quotidiennes rencontres, prenaient
rapidement un caractère tragique. Entre seigneur et curé, il y avait
lutte d'influence. L'un était fier de ses privilèges et l'autre ne se
résignait pas toujours au rôle effacé de chapelain. Aussi
rencontrerons-nous, dans le cours de cette étude, plusieurs exemples de
meurtres, d'assassinats n'ayant pas d'autres causes. En 1623, Jacques de
Pouilly, seigneur dudit lieu, était en procès depuis 15 ans avec son
curé messire Henri le Faron. Celui-ci était un homme violent et
professant des opinions avancées, car il se disait autant seigneur que
le sieur de Pouilly. Il alla même jusqu'à le menacer de lui faire
servir un potage par le moyen d'un coup de pistolet, ajoutant qu'il lui
ferait ravaler ses moustaches et qu'il avait été échangé à la nourrice.
Pouilly fatigué de ces insolences, abattit le curé d'un coup de
pistolet. Poursuivi devant la cour des grands jours à Saint-Mihiel, il
fut gracié par Henri II, le 24 novembre 1623, sous la condition qu'il
irait servir l'empereur es guerre pour la défense et tuition de
l'église catholique, apostolique et romaine, l'espace de quatre ans.".
R de Souhesmes nous donne ces précisions :
Jacques de Pouilly était fils d'
Aubertin (X)
et de Marguerite de Gratinot. Il naquit en 1570, épousa le 4 avril
1631, Catherine ou Christine de La Fontaine d'Harnoncourt et aurait
fait la guerre aux Turcs durant 40 ans. (On a sans doute ajouté un zéro
au chiffre réel de ses années de service.).
Jacques de Pouilly serait mort seulement en 1674, âgée de 104 ans, et
ayant eu 11 enfants. (Généalogie de Pouilly, manuscrit de la
bibliothèque de Verdun. J. Vennerus.).
Quelques explications :
La tuition ou tuission signifiait la garde, la défense, la protection. (dict. Godefroy).
"il avait été échangé à la nourrice". Il n'était donc pas un fils légitime.
Quant à servir un potage, il s'agit en fait du fameux bouillon de onze heure.
D'après un document retrouvé aux archives de Bar le Duc, il aurait
été assassiné du coté de Vilosnes :
"A gauche du chemin qui conduit de Fontaine à Sivry sur Meuse, dans un
vallon entre le bois de Sivry et celui de Sartelle, à la base d'une
ancienne croix de pierre, avec la figure d'un ecclésiastique en bas
relief est cette inscription :
"Le 4 février 1622, Me Henri le Faron,
natif de Sathenai, prêtre et curé de Pouilly a été meurtri et assassiné
ici"
Il existe bien sur la carte de Cassini un lieu dit "Croix le Prêtre" ?
Mais elle n'apparait pas sur les cartes de Naudin, ni les cartes
d'état-major du début
du 20ème siècle, ni sur le cadastre napoléonien.
Les coordonnées de cette croix sont
en longitude : 5° 13'
et en latitude 49° 20' d'après Geoportail (IGN sur Cassini).
Je suis allé sur place en mai 2011. J'ai rencontré le maire de Vilosnes
Mr Vaudois et contacté le responsable de l'ONF Mr Piesvaux, mais hélas
sans résultat.
GPS en main, petite ballade en forêt mais je n'ai rien trouvé.
Mais si on en croit le commentaire ci-dessus, ce pourrait être dans cette zone.