Perignon Pierre Camille
En fait il n'est pas originaire de Pouilly, mais y a vécu la fin de sa
vie.
Il
est né le 04/12/1860 à Villy (08370).(AD 08 villy
1848-1870 151/267.)
Après un service militaire sans
histoire, il est caporal en 1885 et reçoit le certificat de bonne
conduite. (AD08 DMI 1880 91/103)
Il se marie et a trois filles. Une vie donc banale, si ce n'est une
condamnation à 8 jours de
prison pour coups et blessures le 15 décembre 1886.
Mais ce n'est rien à coté de ce qui l'attend en 1919.
En effet durant la première guerre, il collabore activement avec
l'occupant.(ANOM H2917)
Il est traduit devant le 1er conseil de
guerre de la 2e région militaire pour intelligence avec l'ennemi, coups
et blessures, à la peine de cinq ans de travaux forcés en vertu des
articles 64, 269, 206, 198, 267, 135 du code de justice militaire.
Le journal "Le Progrès de la Somme" s'en fait écho le 26 juin
1919, p.2/4.
"Les complices des boches
en Conseil
de guerre
Le jour même où les Allemands vaincus acceptaient de signer sans
conditions le traité de paix imposé par les Alliés, le Conseil de
guerre d Amiens, présidé par le colonel Brumm, du 72e, jugeait
quelques-uns de ces Français indignes qui, dans les pays envahis,
commirent la lâcheté de se faire non seulement les auxiliaires et les
plats serviteurs des boches mais aussi les dénonciateurs des Français
et les pourvoyeurs des geôles allemandes.
Le maçon Camille Pérignon, de Margut, arrondissement de Sedan
(Ardennes), qui comparaissait lundi devant les juges militaires, a été
un de ces lâches individus qui vont maintenant expier leur trahison.
Les Allemands l'avaient apprécié. Alors que rien ne le désignait pour
les fonctions d'administrateur communal il n'était même pas
conseiller municipal, ils le nommèrent maire de la commune.
Comme ils
savaient qu'il leur était tout dévoué, le commissaire allemand, pour
lui donner de l'autorité, le présenta ainsi un jour aux habitants de
Margut, réunis pour un appel :
"Pérignon a prêté serment à Montmédy,
il représente l'autorité allemande, tout refus d'obéissance à son égard
sera l'objet d'une punition ! "
Pérignon fit alors voir qu'il avait de l'autorité et que les Boches
avaient fait un heureux choix.
Bouffi d'orgueil, il soumit ses
compatriotes au régime le plus dur, non seulement faisant respecter
sans merci les exigences des Allemands, mais les aggravant encore de
lui-même.
Il avait coutume de narguer les habitants et on l'entendit leur dire :
" Vous n êtes plus sous l'autorité de Poincaré, mais sous celle de
l' empereur Guillaume ! " Il alla jusqu'à faire retirer à certaines
personnes qui lui déplaisaient des suppléments d'aliments, qui leur
avaient été attribués pour raison de santé.
Il renseignait les Allemands sur la situation de fortune des habitants
et les accompagnait dans leurs perquisitions. Un jour, il indiqua une
cachette qu'il avait aidé à faire chez un de ses amis du nom de
Trouslard et dans laquelle celui-ci avait dissimulé deux fusils de
chasse. M. Trouslard fut condamné à cinq ans de prison et mourut
pendant sa détention en Allemagne.
Un habitant du nom de Guillaume, ayant un jour traité Pérignon de
voleur, fut, sur sa plainte, obligé de lui demander pardon à genoux
devant les habitants rassemblés pour l'appel. Un vieillard de 70 ans,
M. Brion, lui ayant reproché sa conduite indigne, Pérignon le gifla et
lui cassa une canne sur le dos.
Enfin, les Allemands portaient sur cet homme le jugement suivant :
'Pour nous, Pérignon est un excellent serviteur. Pour ses compatriotes,
c'est un véritable bandit ! ".
Le Conseil de guerre, devant lequel de nombreux témoins ont rappelé la
conduite indigne et révoltante de Pérignon, l'a condamné à cinq ans de
travaux forcés. [...] "
Au
mariage de sa fille le 12/06/1920, il est dit : " ...sans profession,
demeurant à Caen (Calvados) au hameau de la Maladrerie, consentant pas
acte authentique...".
En fait, il est en attente de départ pour la
Guyane.
Il
est embarqué le 30/07/1921 sur "La Martinière"
pour Saint-Laurent-du-Maroni.
Il
rentre en France le 24/10/1925 sur le "Biskra , n'étant
pas astreint à la relégation.
Après avoir vécu à Charleville, il figure dans le recensement effectué
en
1946 à Pouilly.
Il y décède en 1954 et y est inhumé.