Les soldats de la première guerre.
Tout d'abord ceux de Pouilly morts pour la France, inscrits sur le
monument aux morts.
Ils sont classés par ordre alphabétique et non par grade.
Baton Louis Auguste
Bourdelande Marcel
Alfred
Docquin Alexis Ulysse
Dussard Henri
Fedricq Victor
Georges Pierre Jules
Granger Léon
Guichard Irénée Elysée
Harbulot Jules Henry
Harmand Paul
Herbin Julien Emile
Lamarle Jean
Linder Louis Alfred
Pilard R
Thiebaut M
Thomas Gaston Edmond
Reconstituer la biographie de chacun n'a pas été chose aisée. Sur le
monument aux morts ne sont inscrits que les initiales de ces soldats.
Pour certains le nom est mal orthographié.
Le site gouvernemental "Mémoire des hommes" ne précise pas suffisamment
leurs origines.
Les JMO permettent de connaître les dernières actions le jour de leur
mort. Il faut s'y référer pour de plus amples renseignements.
On remarquera que plusieurs d'entre eux, certes nés à Pouilly, n'y
habitaient plus.
Et
les Américains ?
Il faut citer aussi des américains qui se distinguèrent en venant
libérer Pouilly, mais dont le sacrifice est oublié :
David Barkeley
Waldo Hatler
Harold I.
Johnston
John Oscar
Akerstrom
Mark Hanna
La liste des tués, noyés en traversant la Meuse etc. ne nous est pas
connue. Ce fut par dizaines que ces soldats y trouvèrent la mort.
Il est vraiment dommage que leur sacrifice ne soit pas associé
naturellement aux cérèmonies du 11 novembre.
Pour le centenaire, ce fut tout de même le cas.
D'autres se sont distingués sans pour autant y perdre la vie, tel :
Earl V. Wrigrit de la compagnie
K du 356 RI. " Pour son extraordinaire
héroïsme dans l'action du 10/11/1918 à Pouilly. Accompagnant le second
Lieutenant Charles R. Hanger, Wright fit trois fois le trajet sous un
déluge de feu pour retrouver trois compagnies qui s'étaient perdues
dans le brouillard dense, pendant la traversée de la Meuse et les guida
pour traverser la rivière".
Congressional medal of honor, the distinguished service cross and the
distinguished service medal issued by the War department since April 6,
1917, up to and including General orders, no. 126, War department,
November 11, 1919
Un
cas particulier.
Et un cas curieux. Celui d'un certain
Vendenheim
qui fit l'objet d'une correspondance avec Joffre. Un peu malgré lui
puisqu'il se fit tuer dans les bois de Pouilly ce fameux 27 août 1914.
Je ne sais pas ce qui liait la famille Joffre et Vendenheim.
Et une quantité d'inconnus.
Morts ou disparus dans le bois de Jaulnay.
J'en
ai trouvé quelques-uns au hasard d'autres recherches. Le 27 août fut un
jour d'hécatombe. Certains sont qualifiés de disparus car leur corps
n'a pas été retrouvé. Par jugement ils ont été déclarés morts.
Cependant le bois de Jaulnay s'étend jusque Luzy, lieu principal de la
bataille. Le bois de Jaulnay fut-il choisi comme nom générique des
disparitions ? On ne peut préciser même en consultant les JMO le lieu
exact de leur mort ou disparition. Mais à quelques centaines de mètres
près, cela ne change rien...
En allant se balader en forêt, ayons une pensée pour ceux qui y
reposent encore, dispersés, volatilisés par l'artillerie allemande.
J'avais commencé à répertotier ces soldats, mais la liste est trop
longue. De plus on peut en faire la recherche sur "Mémoire des Hommes"
et Geneanet.
Je n'ai donc conservé que ceux dont la destinée sortait un peu de
l'ordinaire.
Abgraal Francis Georges Edouard,
né le 17/07/1875 à Papeete (Tahiti) où son père était comptable des
subsistances. Il est reçu chevalier de la légion d'honneur le 11
juillet 1914.
Son parcours militaire sort un peu de l'ordinaire. Soudan, Tonkin,
Sénégal, pays Tsarza (?), Sénégal, Tonkin, Cochinchine et finalement se
faire tuer dans le bois de Jaulnay le 27/08/1914. Il était capitaine au
22e RIC. Le JO (annexes) du 30/11/1920 fait état d'une requête
présentée au procureur de la république de Brest, par le ministre des
pensions, en vue de faire prononcer la déclaration d'absence de ce
capitaine disparu au bois de Jaulnay devant Pouilly.
Gourdol Fernand Frederic né à
Toulaud (07) le 29/07/1890 du 22 ème RIC, disparu le 27/08/1914 dans
les bois de Jaulnay. Sa fiche miltaire de décès le fait naître à
Toulon. C'est une erreur. Son acte de naissance existe à Toulaud en
Ardèche.
Lafosse Joseph Eugène François,
né le
19/09/1880 à Petitquevilly (76), tué le 27/08/1914. Il était
sergent-fourrier matricule 1553. il est qualifié de brave
sous-officier, tombé
glorieusement pour la France. Croix de guerre avec étoile de bronze.
Leprastier Joseph n
2e classe, 22e RIC, 7e Cie
né à Saint-Rémy-du-Plain (Ille et Vilaine)
disparu au cours du combat livré dans la forêt de Jaulnay devant
Pouilly. Il apparait dans la liste des soldats disparus du 22
ème RIC, mais n'est pas dans la base des Mémoires des Hommes.
Orsini Tito Romalo, nè à
Bologne
en Italie le 19/04/1887 mais résidant à Nice. Il était sergent. On le
trouve sur le site "memorialgenweb" , mais pas sur "Mémoire des
hommes".
Quellen Charles Louis soldat de
1 ère classe du 22 ème RIC, disparu. Je ne l'ai pas trouvé dans la base
Mémoire des hommes.
Simon
Antoine Louis Eugène, né
le 27/07/1874 à Les-Planches-près-Arbois (39). Il est capitaine
d'infanterie de marine dans les troupes coloniales au 24e RIC. Il
est tué le 27/08/1914 dans la forêt de Jaulnay.
Il s'était marié le 08/02/1910 à Suzanne Josephine Louise Denamiel,
dont il avait eu
Claude Simon.
Ce Claude Simon né à Tananarive le 10/10/1913 et décédé à Paris le
06/07/2005, fut prix Nobel de litterature en 1985
Souri caporal au 22 ème RIC, 10
ème compagnie disparu. Son prénom n'est pas indiqué. Je ne l'ai pas
trouvé dans la base de mémoire des hommes.
Thibaut Jean François, né le
07/02/1889 dans le Var du 22 ème RIC, tué le 27. On le trouve sur le
site "memorialgenweb" , mais pas sur "Mémoire des hommes".
Et cet autre,
Antoine Gabriel Mus
disparu ce 27 dont le père entrepreneur dans le Var écrit à la mairie
tentant de le retrouver.
Son disparition est confirmée le 10/11/1920 sur les registres de
Pouilly.
Le 22ème régiment d'infanterie coloniale a été mis à rude
épreuve.
On peut lire l'historique des faits dans le JMO de ce régiment.
Pour cette journée qui vit la
bataille de Luzy et qui se déroula dans
le bois de Jaulnay, étaient engagés 50 officiers et 2781 hommes de
troupe.
Furent tués, Grammont chef de bataillon, le capitaine Fosse, le
capitaine Michel, les sous-lieutenant Vendenheim et Sastourne joseph
Marie.
Parmi la troupe, 83 tués, 490 blessés et 528 disparus.
Une belle hécatombe.
D'autres qui ne sont pas mort au
combat :
On peut citer ce
Jules Émile Brixon
né le 20/10/1872 à Mouzon. Ses parents Louis Joseph Brixon, chapelier à
Mouzon et Anne Mélanie Lambert s'étaient mariés à Pouilly le 03/03/1862.
Il est 2 ème classe au 45 ème régiment d'infanterie
territoriale et décède à Pouilly d'un "Accident en service
commandé" le 03/08/1914, au lieu dit les Tourniers.
Il a été reconnu "Mort pour la France" le 01/08/1924. (Courrier du
ministère des pensions des primes et des allocations de guerre).
Il était marié à Marie Pauline Pierson.
On trouve aussi ce
Bardaud Marcelin,
né le 27/04/1899 en Haute-Vienne et qui décède le 20/04/1919 d'un
accident en service commandé.
En fait il était sapeur et disparut dans la Meuse à Pouilly en
travaillant à la démolition d'un pont. Son corps fut retrouvé le 23 et
inhumé au cimetière du village.
Il fut sans doute relevé et repris par sa famille.
Et ceux qui sont revenus.
Il est évident que bien d'autres ont participé à cette guerre, mais
sont revenus vivants, ils n'ont pas laissé de trace dans les archives.
Ils
n'ont été démobilisés qu'en 1919 et on imagine l'état d'esprit de ces
poilus, astreints après des années de guerre à subir encore la loi
militaire.
Ils ont repris leur travaux aux villages essayant d'oublier leur
calvaire.
La
perte d'un frère, la destruction de leur maison. Et étonnés parfois du
peu de crédit qu'on accordait à leurs histoires, alors que ceux de
l'arrière tentaient de se faire oublier.
D'autres, les "gueules cassées", les amputés, les gazés ont dû
réapprendre à vivre quand ils ne se sont pas isolés, voire suicidés.
A Pouilly je n'ai pas trouvé ni connu de ces "gueules cassées". Mon
arrière grand-père
Eugène Berthelemy,
est par contre décédé en 1921,
d'avoir respiré un peu trop de gaz allemand. Il n'a pourtant pas été
reconnu mort pour la France.
Certains ont découvert leur infortune.
Car toutes les femmes n'étaient pas sans
reproches et certaines avaient "pactisé" avec l'occupant.
Il est difficile d'en parler mais les archives sont là et nous
rappellent les faits...
Du genre :
"...a mis au monde le xx/xx/1919 un enfant mort né, qui n' a pu vu les
circonstances être conçu des œuvres de son mari...
Attendu que ce fait et d'autres encore, dont la preuve a été établie,
constituant les injures graves à justifier la demande (en divorce) du
requérant etc.".
Ou
Cette Appoline Lemoine, 27 ans ayant un peu trop
apprécié l'occupant. Le rejet des secours est justifié "pour cause
d'immoralité".
Un autre rejet à l'encontre d' Augustine Marie Zietzling, 51 ans, "pour
inconduite notoire au cours des hostilités par relation avec les
soldats allemands".
Parmi ceux qui en sont revenus on peut
citer :
Berthelemy Adrien (22/12/1895-17/12/1976)
Berthelemy Alphonse (21/05/1891-27/02/1963)
Berthelemy Eugéne , mon arrière-grand-père, revenu vivant mais gazé.
Colard
René (20/10/1891à Pouilly-14/04/1971 à Charleville). Le dernier
vigneron de Pouilly.
Georges
Gabriel (03/05/1884 à Pouilly-25/06/1975 à Charleville). Prisonnier
de guerre du 18/07/1918 jusqu'en février 1919.
Harbulot Alfred Rachel (12/02/1888 Pouilly- 22/12/1959 Sedan). Il
appartenait au 166 ème RI. La liste 381 de la "Gazette des Ardennes" de
1917, nous apprend qu'il était au camp de Giessen. Son frère
Harbulot Jules Henry
figure au monument aux morts de Pouilly.
Gillet Onésime (31/01/1896-24/03/1871)
Jonet Émile (07/01/1897-25/02/1954)
Jonet
Louis (23/04/1897-10/06/1969).
Labarre Georges Henri (16/02/1895- )
Lambert Henry Arthur, originaire de Moulins mais habitant Pouilly. En
1915 il est condamné à un an de prison pour vol de munitions.
Lequy Albert (11/08/1896-04/11/1956)
Meunier
Louis (1888-1969).
Perignon Alexis, (30/05/1876- ) capitaine au 45 ème d'infanterie
territoriale. Interné à Koenigsbrueck. Supplément de la "Gazette des
Ardennes" no 63 Liste no 30.
Ravenel Séverin (27/11/1897-02/12/1978)
Robert Lucien (30/12/1882- )
Ricadat Paul qui
a écrit un livre sur cette guerre : "Petit récit d'un grand
drame". Mais il n'était plus habitant de Pouilly.
Ricard
Jean Marie Justin, (26/06/1864-03/12/1928) capitaine et trésorier du
147 ème Ri, cité page 97 dans le livre de Paul Ricadat.
Simon Valentin (02/03/1898- après 1955) blessé en 1918, prisonnier en
1940
Singlit Léon henry (23/02/1897-01/04/1951).
Tribut Émile (30/04/1894- après 1933)
Cette liste est issue de la révision des listes électorales de janvier
1919. Beaucoup de soldats étaient encore sous les drapeaux, le temps
d'être démobilisés.
Parmi ceux qui sont revenus, certains ont été prisonniers en Allemagne :
Raucourt Paulin Charles Louis (1879-1956) fait prisonnier le 28/08/1914
au bois de Murvaux, interné au camp d'Ingolstadt.et libéré en 1918
N'oublions pas
les fusillés pour
l'exemple
et d'autres, qui par simple peur ont déserté ou refusé de monter à
l'abattoir, pour satisfaire l'égo de quelques ganaches.
Nivelle serait maintenant traduit en cour martiale à la place de ces
pauvres bougres qui se révoltèrent à Craonne ou ailleurs.
Mais pour l'armée "Penser c'était déjà désobéir".
Et que penser de ceux qui furent désignés pour exécuter ces soldats ?
Paul Arnoud écrit : "L'émotion était tellement forte chez moi que je
n'ai pu manger de la journée. Ce n'était pas leur mort qui me faisait
mal, puisque j'en voyais tous les jours aux tranchées, mais c'était la
chose d'avoir tiré dessus, tiré sur les pauvres copains que je
connaissais depuis deux ans que je suis du bataillon. Il y en a qui
sont tombés fous aussitôt qu'ils ont tiré. Crois tu que ce n'est pas
triste de voir des choses pareilles. C'est honteux" (Exécution de
Charles Vally et Louis Flourac le 20/06/1917. Libre pensée ariégeoise)
Le plus proche fusillé était de Messincourt,
Pierre Lucien Bertrand,
soldat au 120 ème RI, matricule 795 au recrutement de Mézières.
Il
était né le 07/06/1892 et fut passé par les armes le 10/11/1914 à
La Placardelle, commune de Vienne-le-Château, dans la Marne. Il avait
été
condamné par le "conseil de guerre spécial" du 120 ème RI, pour abandon
de poste, en présence de l'ennemi. Les JMO du 120 ème n'en font pas
état.
Un déserteur nous est connu,
via un journal de l'époque.
Il s'appelait
Olivier Bonnefoy.
Le journal "Le Temps" du 18/10/1914 nous l'apprend :
"Le troisième conseil de guerre a jugé hier un soldat de l'infanterie
coloniale, coupable de désertion devant l'ennemi.
Olivier Bonnefoy avait déserte le 27 aout, dans l'Argonne à
Pouilly-sur-Meuse. Il déroba des effets civils et s'enfuit en
abandonnant son
uniforme. Il fut arrêté quelques temps après chez son père et
aujourd'hui il avoue qu'il a eu peur et qu'il a perdu la tête.
Bonnefoy qui était défendu par Me Émile Michon, a été condamné pour
désertion et vol à 10 ans de détention et dix ans d'interdiction de
séjour".
Cet Olivier Pierre Bonnefoy était né le 25/10/1895 à Peroy-les-Gambries
dans l'Oise. (AD60 Peroy-les-Gambries 1894-1899 48/163 acte 14)
Il est garçon de magasin en 1913 quand il est incorporé au 4e RIC.
Sa condamnation ne l'empêchera pas de participer à la première guerre
où il se distingue au point de recevoir la croix de guerre étoile de
bronze. (Seine-et-Oise Bureau: 1er bureau, Matricule: 3680)
Il est décédé le 03/02/1969 à Paris 10.
Le journal "L"Excelsior" du 17/10/1914 page 6, dit que "Pour sa
défense, Bonnefoy a déclaré qu'il était venu à Paris pour embrasser une
dernère fois ses vieux parents."
Jean-Baptiste Lequy, né le
07/06/1876 à Pouilly, accomplit son service militaire sans histoire. Il
participe
au conflit du 02/08/1914 au 30/12/1918, sauf pour la période du
17/11/1916 au 28/11/1916, où son dossier militaire, (matricule 1315
Mézières), nous apprend qu'il est en absence illégale. Mais 11 jours
d'absence, n'en fait pas un déserteur...
On ne connait pas la suite donnée à cette absence.
Les planqués
Certains sont revenus car n'ayant pas participé directement au conflit.
Ceux qui faisaient la
chasse aux déserteurs, embusqués, paniqués ou désespérés.
Les gendarmes, grands pourvoyeurs de
fusillés.
Il eut été normal qu'ils connaissent les risques du front avant de se
commettre en justicier.
Ils n'ont fait que balayer à l'arrière. Jamais en première ligne,
proche de la vie civile et ignorant volontairement ou non ce que
vivaient les poilus.
On retrouve d'ailleurs la même haine pour cette engeance dans
l'armée allemande, tant pour la première guerre que pour la seconde,
avec ceux qu'ils appelaient les demi-lunes.
Que penser de tout cela ?
Comment donner un avis un siècle après ?
Comme pour la deuxième guerre, qu'aurions nous fait ? Passif,
héros, collabo, résistant ?
Ceux qui reçurent des décorations pour ce travail de basse police les
ont pourtant portées sans vergogne...
Encore quelques soldats
Après la guerre, la France occupa la Ruhr jusque 1930.
Des soldats y vécurent donc mais y finirent aussi leur vie.
A Pouilly on connait :
Jean Fernand Marchal, "cavalier
de 2 ème classe, 19 ème régiment de dragons, premier escadron, no
matricule 1163, né le 19/04/1908 à Vouziers (08), domicilié à Pouilly,
décédé à Mayence le 15/07/1928 des suites de maladies contractées au
service".
Et un espion ?
Une drôle d'histoire que relate le
chanoine
Vigneron, mais comme souvent sans citer ses sources :
En 1917, " le père
Gustave Cesselin
des missions étrangères de Paris fut
déposé nuitamment par le célèbre aviateur Vedrines sur la côte du
Châtillon et vint s'installer à Stenay. Accueilli pendant 8 jours à la
table du prince impérial au château des tilleuls, sous une fausse
identité d'officier allemand. Enquêtant sur le moral et l'état des
troupes cantonnées dans la région, il termina sa randonnée près de
Murvaux où il se fit reprendre par un monoplan français. Ce fut une
belle action d'espionnage digne de nos James Bond".
Cette "belle aventure" demande quand même à être vérifiée.
En effet atterrir sur
le châtillon, de nuit de surcroit, semble assez peu réalisable. Il
suffit pour s'en convaincre de voir les pierres qui en jonchaient le
sommet et le relief assez tourmenté du plateau.
Cependant Vedrines est un aviateur hors pair. Il se spécialise dans des
missions difficiles, voire impossibles, comme aller déposer des espions
français derrière les lignes allemandes, puis venir les récupérer. Le
19
janvier 1919, il se pose à bord d'un « Caudron G III » sur le
toit des galeries Lafayette, boulevard Haussmann, malgré
l'interdiction de la préfecture de Paris. Cela donne une idée du
personnage !
Que ce Gustave Cesselin ait joué les "barbouzes", c'est possible.
En effet son dossier militaire, (AD08 R 1893, mat 2471, page 82 et
83/117), nous dit qu'il fut affecté au
titre du ministère des affaires étrangères, au service confidentiel du
chiffre, à Paris, mais à partir seulement du 06/06/1918. D'autre part
si il était "espion", ce ne pouvait être inscrit en clair dans son
dossier.
Auparavant il était infirmier, fonction que sa qualité d'élève
ecclésiastique lui imposait moralement.
Etre accueilli à la table du Kronprinz, pourquoi pas. Mais demeurer 8
jours et berner les Allemands semble peu vraisemblable.
Que le prince impérial ne soit pas une lumière, c'est une affaire
entendue, mais il était entouré de personnes compétentes.
Jean-Baptiste Gustave Cesselin était né le 29/04/1873 à
Mont-devant-Sassey.
Les archives des missions étrangères de Paris notent dans son dossier
qu'il fut "admis au Séminaire de ces missions le 24 septembre 1898,
ordonné
prêtre le 23 septembre 1899. Il partit le 15 novembre de la même année
pour Tokyo.
Il étudia la langue à Kanazawa, puis fut nommé chef du district de
Matsumoto, dans la province de Nagano. Mobilisé en 1914, il fut
incorporé dans une section d'infirmiers. De retour au Japon en 1919, il
retrouva sa paroisse de Matsumoto. Il fut rappelé à Tokyo en 1928, puis
nommé curé de Tsukiji en 1930. Il mourut à Tokyo le 25 mars 1944."
Gustave Cesselin est l'auteur d'un dictionnaire japonais-français.
J'ai contacté M.
Jean-Louis Michelet,
historien ardennais et spécialiste des actions d'espionnage de la
guerre 1914-1918 qui vient de publier en juillet 2021 un ouvrage "Les
agents des missions spéciales 1914-1918" (Cahier d'études
ardennaises no 24)
Il n'a pas connaissance de cet exploit de Vedrines et n'a pas trouvé
trace de ce Cesselin. Il est bien dommage que les archives du chanoine
Vigneron ne soient toujours pas accessibles.
Et malheureusement un collabo.
Il n'était pas de Pouilly, mais de Margut. Par contre il a fini sa vie
dans notre village et y est inhumé.
Il s'agit de
Pierre
Camille Perignon (1860-1954) Ce Perignon avait été
nommé maire de Margut par les troupes allemandes. Mais il en abusa et
devint un collaborateur actif de l'ennemi.