Le monument aux morts
Les monuments aux morts ne sont pas apparus suite à la première guerre.
Il en existait auparavant qui ont plus ou moins survécu au temps. Les
premiers datent de
1870 et sont nombreux dans notre région.(Beaumont,
Villemontry, Bazeilles etc.)
Une stèle dans l'ancien cimetière de Pouilly disparut lors de la
réfection du clocher et de l'église. Certes elle ne concernait pas des
habitants de Pouilly puisqu'il n'y eut que quelques
blessés, mais de pauvres bougres tués lors de la
bataille de
Beaumont.
Après la première guerre et devant l'ampleur du désastre démographique
qu'elle engendra, la solidarité des anciens des tranchées, la
découverte des horreurs de cette guerre, le devoir tardif de ceux qui
n'avaient pas ou peu approché le front, sensibilisa nos politiques au
besoin du souvenir de ceux qui y avaient laissé leur vie.
Une circulaire de M. le préfet de la Meuse relative aux subventions de
l'état pour l'érection d'un monument est lue au conseil municipal le
09/11/1924, lequel vote une somme de 10 000 francs et
demande une subvention de 1 300.
Le calcul de cette subvention est assez curieux. Il dépend du nombre
d'habitants, du nombre de tués, de la valeur du centime communal en
1924 rapporté à la population en pourcentage d'habitants...
C'est finalement une subvention de 1 400 francs qui est accordée à la
commune. (Courrier du 15/06/1926)
C'est ainsi que ces monuments "fleurirent" nos communes.
A Pouilly il existait bien déjà une plaque commémorative dans l'église.
Elle disparut après la deuxième guerre...
Historiquement elle n'apporte rien de plus que l'actuel monument. Si ce
n'est tout de même un aperçu du chemin de croix qui disparut lui
aussi. On notera le "Pro Deo Pro Patria", appropriation peut-être
abusive du sacrifice de ces soldats...
Le conseil municipal
du 28/04/1926 vote pour l'érection d'un monument aux morts.
Le marché du monument actuel avait été passé entre M. Bodart
Alphonse, marbrier à Carignan et la municipalité, le 09/05/1926 et
approuvé par le préfet de la Meuse le 03/06/
1926
Le 05/10/1926 la somme de 14 914 Fr est donc votée au profit de M.
Bodart. Elle se décompose comme suit :
10 000,00 Fr votés par délibèration du 06/11/1924
3 514,70 Fr de souscription publique.
1 400,00 Fr de subvention de l'état.
Les travaux suite au devis de M. Bodart s'élevant à 17 000 francs
(1927)
ne traînèrent pas puisque approuvé par le préfet en juin 1926, la
réception définitive, eut lieu le 25/01/1927 par Aimé Percebois maire
du village, accompagné de MM Granger, Garin et Guichard conseillers
municipaux.
L'inauguration qui suivit le 14/08/1927 fut l'occasion d'agapes dont
nous conservons le détail.
Le Petit Ardennais du 18/08/1927 s'en fait écho et note "La visite aux
tombes des soldats tués en 1870 et à celles des héros de la dernière
guerre, fut très suivie..."
(AD08 PA 18/08/1927 3/4)
Le sénateur Georges Lecourtier fit le déplacement flanqué de M Didry
député, du sous préfet et autres huiles...
Le maire était alors Aimé Percebois.
La "Stenaisienne" fanfare de Stenay se déplaça et les enfants des
écoles déposèrent des gerbes de fleurs
( Ce Lecourtier ne prit pas part au vote sur le projet
de loi constitutionnelle tendant à donner les pleins pouvoirs au
maréchal Pétain le 10 juillet 1940 . Est-ce lié à son décès qui survint
le 26/07 ? )
Quant à ceux pour qui on leva le verre, on trouvera leur histoire sur
la page
militaires de 14/18
A remarquer les erreurs dans le nom de Pillard R, en fait
Pilard, de Dussart H qui s' orthographie
Dussard et Fedrico au lieu de Fedricq
La deuxième guerre a fauché trois soldats dont quelques renseignements
sont sur cette page
Morts
de la deuxième guerre.
Enfin celle de "décolonisation" ou "maintien de l'ordre", en a
tué deux.
Morts d'Algérie
Pouilly a de plus reçu la croix de
guerre et a été cité à l'ordre de l'armée en 1921 pour avoir subi
l'occupation allemande et de nombreuses destructions
Journal officiel du 11/02/1921 page 1866
En mars 1926 l'association des anciens combattants demande l'achat
d'un drapeau. Le conseil vote la somme de 500 francs pour cet achat le
10/03/1926.
Le livre d'or
Une loi du 25/10/1919 demanda à chaque commune d'établir un livre d'or
des soldats tués pendant le premier conflit mondial.
Pouilly en établit un, mais seuls apparaissent :
Marcel Alfred Bourdelande
Edmond Henri Dussard
Pierre Jules Georges
Irénée Elisée Guichard
Jean La Marle
Les autres n'y sont pas cités, car le courrier du 02/10/1929 du
ministère des pensions stipule "...militaires qui sont nés dans cette
commune ou qui y résidaient à la mobilisation."
Et les soldats américains ?
Il est dommage que dans cet hommage aux morts de Pouilly, ne soient pas
associés ceux de l'armée américaine qui du 10 au 11 novembre
délivrèrent notre village.
Il serait encore temps de les citer quand chaque année on se réunit en
commémoration, et de l'armistice et de la
libération du village.
J'avais exprimé ce souhait auprès du maire, Daniel Guichard. Le
centenaire 2018 a vu mon vœux réalisé.
Concernant les monuments aux morts, on pourra lire l'ouvrage de Pierre
Lemaître "Au revoir là-haut" Albin Michel 2013 Isbn "9 782226
249678". Il décrit le commerce qui accompagna l'édification de ces
monuments, mais aussi les conditions de rapatriement des corps des
poilus. C'est un roman, certes mais tout à fait réaliste.
Il est d'ailleurs complété par l'étude de Béatrix Pau dans "Le ballet
des morts" Vuibert Janvier 2016 Isbn "9 782311 100068"
Elle y démontre la responsabilité des entreprises de pompes funèbres,
qu'elle baptise les "mercanti ide la mort". Des individus qui ont fait
fortune sur le dos des tués de la grande guerre, de leur famille et de
l'état qui les a protégés.
On notera aussi que le conseil vote le 23/12/1928 une subvention de 100
Fr pour l'ossuaire de Douaumont.
En 2024, les abords du monument ont été réaménagés. Les grilles ont
disparues.