photo cureLe curé Duhoux

Un émigré malgré lui !


Louis Duhoux  1776-1791


Il était né à Beaulieu-en-Argonne (lieu dit Courupt) le 30 décembre 1728, fils de Louis, écuyer et d'Élisabeth de Bigault.
Ses ascendants sur six générations du coté de sa mère, étaient "gentilhomme verrier". On est pas loin des Islettes et on peut supposer une famille aisée. Les verriers bénéficiaient d'un statut fort avantageux.

Ordonné prêtre le 15/06/1753 à Reims, (Émile Bauchez (AD08  1 J 128 1)), Louis Duhoux est d'abord curé de Mesnil-sous-les-Côtes (actuellement commune de Bonzée dans la Woevre ) en 1754-1775, puis curé de Pouilly depuis le 24/01/1776.
Ci-dessous la lettre de prêtrise de Duhoux (Archives Nepomuk république tchèque)

lettre de prêtreise Duhoux

Son premier acte est la sépulture de Jacques Stevenot le 26/01/1776. (AD55 1760-1791 174/345).
Il faut lui reconnaître une grande précision dans les actes. Ils sont documentés et font la joie des généalogistes.
Il est aussi le premier à consigner les publications de bans. (AD55 1760-1791 201/345).

Parfois sa précision surprend.
Ainsi en 1779, le 23 janvier nait un Jean-Baptiste Gobert fils légitime d'Antoine Gobert et de Catherine Bourgain.
Dans la foulée "...après Jean-Baptiste Gobert dont l'acte précède immédiatement celui-ci, il est née une autre enfant, Alexise, sa sœur jumelle, laquelle est aussi fille légitime d'Antoine Gobert etc."  On imagine pas qu'ils aient pu être conçus au débours de plusieurs. (AD55 1760-1791 205/345). Le 26 du même mois il les enterrait...

Les sépultures par exemple sont localisées. Au septentrion, sur le coté de la sacristie, près du chœur etc.
Il nous apprend aussi qu'il a inhumé Marguerite Rigault née à Nancy paroisse de Saint Epvre vers 1727, gouvernante des enfants de M. de Pouilly, le 22/11/1777  "... à coté du chœur dans le lieu destiné à la sépulture des étrangers...". (AD55 1760-1791 192/345).
On ne mélangeait donc pas les gens du crû et les autres...





Il donna le 26 mars 1790 aux officiers de la municipalité un état des biens, revenus et charges de sa cure.
Il y déclare "que âgé de 61 ans, il est employé au saint ministère depuis 37 ans, estropié au commencement de l'année dernière par une chute faite dans l'exercice de ses fonctions pastorales, au point de ne pouvoir plus les remplir par lui-même et sans l'aide d'un second vicaire. Il ne possède que ce bénéfice.". (Archives de l'église).
D'ailleurs lors de "l'appel au peuple" sous forme de contribution patriotique, il déclare le 23/02/1790 n'avoir que 300 livres de revenu avec lesquels il doit subvenir à l'entretien de ses églises, aux besoins de ses pauvres etc.
En conséquence "...ma contribution patriotique sera proportionnée à la quotité du revenu dont je dois jouir personnellement...".
Le dernier acte qu'il a signé est en date du 03/02/1789, baptême de Pierre Habran, fils de Pierre Habran le jeune, tonnelier et de Barbe Ponsin. (AD55 1760-1791 320/345).
Jusqu'en 1791 ce sont des remplaçants qui ont desservi la paroisse.

Louis Duhoux refusa le serment constitutionnel en janvier 1791 et se trouva obligé de quitter sa cure.
Il déposa ses meubles au château d'Albert Louis de Pouilly, se rendit à Verdun au mois de mai et y séjourna pendant plus de six mois. Le 23 novembre 1792, il obtint du directoire du district de Verdun un passeport pour se rendre dans la principauté de Liège :

 "Laissez-passer Louis Duhoux âgé de 64 ans, boiteux, taille de cinq pieds sept pouces, cheveux et sourcils châtains, grisonnants, yeux gris, nez gros, bouche moyenne, visage plein, le front haut ; prêtez-lui aide, etc."

On le trouve inscrit sur les listes d'émigrés le 5 février 1793.
Ses papiers furent emmenés par Louis Albert de Pouilly en émigration et se trouvent actuellement aux archives à Nepomuk, république de Tchéquie. On peut y voir ses lettres de tonsures, de diaconat etc. Et le calcul des dîmes qui lui étaient dues.

Le 19 floréal an deux ( 8 mai 1794), ayant appris que ces meubles déposés au château de Pouilly allaient être confisqués et vendus, il fit adresser à l'administration par son fondé de pouvoir, Robert Joachim de Clèves Desavaux, homme de loi à Stenay, diverses requêtes réclamations, les 23 décembre 1792, 2 janvier 1793, etc.
Les municipalités de Pouilly et d'Autreville donnèrent sur leur curé des renseignements hostiles, lui reprochant d'avoir quitté sa paroisse le 2 mai 1791, de s'être rendu à l'abbaye d'Orval, où il serait resté plus de quinze jours, puis de s'être retiré à Luxembourg jusqu'à l'invasion des ennemis.
Sa compromission notoire avec les de Pouilly, ne pouvait que jouer en sa défaveur.
(On pourra lire cet accord arraché aux vignerons de Pouilly quant à la date des vendanges.).

Aussi toutes ses réclamations ayant été repoussées, le directoire du district de Montmédy fit inventorier et estimer ses meubles les 14 janvier, 30 septembre et le 10 octobre 1793.
La vente publique eut lieu les 13 et 14 octobre en 203 articles, dont le produit se leva à 1875 livres 12 sols.
(Archives de la Meuse, série Q, dossier Duhoux.).

Au retour de l'émigration, Louis Duhoux et son frère Bernard vinrent se fixer au village du Claon (village à coté des Islettes) et c'est là qu'ils moururent, Bernard, le 22 décembre 1803 et  Louis, le 10 février 1804.
Il avait été radié définitivement de la liste des émigrés le 25/01/1796.



Ci-dessous ses actes de naissance et décès. AD55 Beaulieu en Argonne et Le Claon.

acte naissance duhoux
acte naissance duhoux


acte deces louis duoux

Il avait un  frère puiné, Bernard Duhoux, (03/02/1740-22/12/1802). Docteur en Sorbonne, curé de Foucaucourt-sur-Thabas  et Brizeaux (canton de Seuil-en-Argonne) du 14/06/1768 au 01/04/1791, émigré à Cologne en 1791, puis rentré en France.

Il avait un autre frère Louis Mathias, né dans le diocèse de Reims vers 1743, et qui fut ordonné le 4 avril 1767. Il avait obtenu à Paris sa licence en théologie. À Noël 1768, il était employé comme vicaire à Dun, puis à Saint-Jacques de Reims.
Le 3 août 1771 il succédait à Roch Prévost dans la cure de Rocroi. Enfin, le 9 avril 1788, il occupait la prébende de défunt François Motté, chanoine de Notre-Dame.
Il était encore chapelain de la cathédrale de Langres. Cependant, sa situation n'était point brillante car, en 1789 il déclare "ne jouir encore d'aucuns revenus et s'impose un don patriotique de 30 livres".
Duhoux partit en émigration, et à ce sujet, des commissaires sont allés, le 23 ventôse an II, interroger au séminaire de Reims où elle était détenue, Catherine Rose Duhoux  "...demeurant avec son cousin Duhoux ci-devant  chanoine, soupçonné de détenir des effets ayant appartenu à son parent et au chanoine Dunan, tous deux émigrés, et de plus, cherchant à cacher son attachement pour la prêtraille.".
Le nom du chanoine Duhoux, déjà inscrit sur la liste officielle de 1794, était encore sur une liste du 27 fructidor an X. Le 13 janvier 1806, il est devenu curé d'Ay, où il est mort, chanoine honoraire de Meaux, le 21 mai 1809.
"Le clergé du pays rémois pendant la révolution"  Lucien Monge imprimeur de l'académie 1913.

Un autre frère avait choisi la carrière militaire. Il s'agit de Louis Benoit Duhoux né le 14/11/1738 à Courupt et décédé le 03/12/1830 à Sainte-Menehould. Il s'était marié à Marie Magdeleine de Bonnay le 23/04/1777 à Trois Fontaines dans la Meuse.
Puis après 1783 à dame Barbe Reine Françoise Lhuillier dont il eut une fille Louise Caroline née à Cesse le 17/10/1788 et décédée à Pouilly le 27/09/1789. (AD55 1760-1791 324/345).
Ils habitaient alors à Cesse.
Ce Louis Benoit était chevalier de l'ordre royal et militaire de saint Louis et ancien capitaine d'infanterie.
Il est cité dans la liste des membres de l'ordre de la noblesse, convoqués pour la nomination des députés aux états généraux de Versailles.  " Les trois ordres de la province des évêchés et du Clermontois". Rousseau-Pallez Metz 1863 page 49.

On notera que cette famille a émigré en masse. On ne compte pas moins de 18  émigrés :
Anne Victoire Catherine de Le Claon (55)
Bernard curé de Foucaucourt (actuellement Foucaucourt-sur-Thabas 55)
Claude, verrier à de Bellefontaine, commune actuelle de Brabant-le-Roi
Claude Alexandre, ancien curé de Spada (actuellement Lamorville 55)
Elisabeth, soeur d'Anne Victoire Catherine de Le Claon (55)
Jean, verrier, frère de Claude ci-dessus, de Bellefontaine, commune actuelle de Brabant-le-Roi
Jean Louis, verrier à Le Neufour (55)
Jean Pierre, verrier à Lochères, commune d'Aubreville (55)
Louis Benoît, ancien capitaine d'infanterie au régiment de Mandres, frère de Bernard.
Louis Mathias, frère du précèdent, chanoine de Reims
Louis Nicolas François dit le Garde, verrier,
Pélagie Gabrielle, sœur d'Anne Victoire Catherine.
Simon, de Bellefontaine (55)
François Louis, Duhoux de Grandcourt, verrier à Lochères
Joseph Duhoux de Grandcourt, verrier à Les Sènades, commune des Islettes (55)
Louis Élie, verrier frère du précèdent, à Les Sènades
Duhoux de Labrière, ancien curé de Neufour
Charles François Louis Du Houx de Montigny, officier au régiment de la marine, de Les Sènades.

La situation des ces Du Houx, explique sans doute le caractère de notre curé.
Les verriers bénéficiaient d'un statut particulier et s'occuper d'une population paysanne n'était peut être pas ce qu'il avait espéré.