Année 1792
Sur
ordre du procureur du département, saisie des biens des émigrés. Le 7
avril, 3 saisies, suivies le 10 par 10 saisies sur les biens
immobiliers appartenant au sieur de Pouilly et qui se trouvent entre
les mains de plusieurs laboureurs de Pouilly sur les moulins et usines
du même lieu. (En effet ces biens étaient loués).
Le seigneur de Pouilly
Albert Louis de pouilly, après avoir émigré avec les
princes, revient dans le village quelques heures le 28 septembre.
Lire cet
épisode
En septembre et octobre, le village est occupé par l'ennemi, qui vit au crochet des habitants.
Une estimation des pertes subies nous renseigne sur l'étendue des dégâts. Voir cette page
Dommages en 1792
Le 24/12/1792, distribution "...aux habitants dudit Pouilly une portion
des grains pris sur les greniers dudit émigré. Par délibération du
Directoire sur une requête présentée par la municipalité dudit lieu..."
Depuis mars la région supporte le passage de troupes destinées à
l'armée de La Fayette qui se concentre dans la région de
Sedan-Charleville.
Pouilly à l'écart de l'axe Verdun-Sedan n'est pas directement traversé,
mais sans aucun doute mis à contribution pour le fourrage,
l'alimentation, voire le logement.
Ces mouvements de troupe ont été collationnés par le chanoine Vigneron
aux AD55 et repris par Jean Mourroux. (Bulletin SHAM no 15 1978)
Le 28 juillet, l'armée austro-prussienne, sous les ordres du duc de Brunswick, se met en marche vers la frontière.
Ce sont 15 000 autrichiens et 2 500 chevaux qui vont opérer dans la région, sous les ordres du général Clerfayt
Quant aux émigrés, ils sont sous les ordres du comte d'Artois, frère de Louis XVI et futur roi Charles X.
Le 2 septembre Verdun est pris par les coalisés.
Le 20 Avril, la guerre est
déclarée à l'Autriche. Elle était prévisible depuis plusieurs mois,
après l'entrevue de Pillnitz en juillet 1791 et la signature du traité
de Berlin le 07/02/1792.
Un décret du 11 juillet déclare la patrie en danger. En effet l'armée prussienne s'est avancée vers la Lorraine.
La levée des troupes s'accélèrent.
Le manifeste dit de Brunswick, publié le 1er août par le Moniteur,
menace Paris d'une exécution militaire et d'une subversion totale si le
roi et sa famille subissent la moindre violence ou outrage. Les menaces
qu'il contient soulève la France contre l'étranger. Ce manifeste est en
fait dû aux émigrés et inspiré par Axel de Fersen (soupçonné d'être
l'amant de Marie Antoinette).
Paris se soulève et envahit les Tuileries le 10/08/1792.
Ce même 10 août Louis XVI se réfugie à l'assemblée législative qui
décrète sa suspension. Il est emprisonné au Temple. La monarchie
n'existe plus.
Le 23 août La Fayette s'enfuie et passe la frontière.
La loi du 26 Août 1792, a laissé quinze jours aux prêtres réfractaires et
aux prêtres jureurs qui ont émis des réserves ou qui ont rétracté leur
serment, pour quitter le pays, sous peine d’être déportés en Guyane.
Une étude a estimé à 200 le nombre de ceux qui ont émigré entre
l’automne 1792 et le printemps 1793.
Le 30 août Stenay est pris par les Autrichiens.
Début septembre, commencent les massacres dans les prisons. Ce sont
essentiellement les prêtres réfractaires et les aristocrates qui en
font les frais, mais on y trouve aussi des condamnés de droit commun,
des prostituées etc.
Le 20 septembre,
Valmy
une pseudo bataille. Les de Pouilly y
assistent de loin. Les coalisés ne font pas confiance à ceux qu'ils considèrent comme des traitres à leur pays.
Une convention passée entre Brunswick et Dumouriez permet aux armées
des coalisés de se retirer sans être inquiétées. Ils prendront
d'ailleurs leur temps puisque ce n'est que le 24 octobre que la France
est enfin évacuée.
Les émigrés quant à eux repliés sur les Grandes Armoises (08) en sont
chassés. Les princes français, dont le comte d'Artois, manque d'être
capturés au château de Sy, où leurs équipages sont pillés en partie,
avant d'avoir pu gagner Laneuville et Stenay. Entre temps ils se seront
distingués à Voncq (08) où ils brûlent 200 maisons et massacrent
quelques habitants. Ils ont du mal à admettre la perte de leur rêve de
reconquête...
Le 20 septembre 1792, la Convention tire une conséquence pratique de sa
lutte contre le clergé réfractaire. L'état civil sera désormais tenu
par les corps municipaux. La décision est d'importance pour la
laïcisation de la société française.
"... 22 septembre, La république Française commence aujourd'hui. Nous sommes dans un nouveau régime...
..on a nommé un officier publique pour tenir les registres des états
civils. Ce n'est plus les curés. On a plus confiance en eux...
... la guerre va toujours. On avance dans les pays étrangers.
L'entretien de tout le monde est de parler de la guerre. Cela cause une
grande cherté en blé, vin, cidre étoffe, souliers...". Dameras
Le 22/09/1792 entre en vigueur le calendrier républicain. Il sera utilisé jusqu'en 1806 (an XIV)
Ce calendrier dû à Fabre d'Eglantine est en fait destiné à supprimer les dimanches et les saints.
La déchristianisation est en marche et se terminera par la déportation des religieux à Rochefort ou l'échafaud.
Voici ce qu'en écrivait le curé de Grenant (52) :
"Notice historique sur le calendrier républicain.
Dans la dernière année du 18me siècle, quand, en france, on
voulut rompre tout alliance avec les idées religieuses, et s'isoler
de la foi pour n'adorer que la matière , on a tout revolutionné.
la république par un décret du 5 octobre 1793 voulut se créer une
ère spéciale sous les noms de l'
an 1er ... l'an 2 de la république
Cette ère dut commencer le 22 septembre 1792, époque de la fondation
de la république française une et indivisible.
Les mois reçurent d'autres noms qui certainement étoient préférables
aux anciennes
dénominations; car
ils caractérisoient la période de l'année où ils se trouvoient.
Les semaines subirent une emblable métamorphose
et furent soumises aux règles du système décimal . Elle
étoient de 10 jours. Le jour de repos ou dimanche n'étoit
que tous les 10 jours , on l'appeloit Décadé.
Les noms de jours de la semaine étoient simplement
numcratifs. Toutefois le changement n'étoit pas irra-
tionnel, voici les noms des jours de chaque semaine .
primidi, dicadi, tridi, quartidi, quintidi, sextidi, septidi,
octidi, nonidi, décadi. Puis on recommençoit pour chaque
autre semaine jusqu'à la fin de l'année.
Dans ce nouveau calendrier républicain, les noms des
saints étoient remplacés par les noms des bêtes, des plantes,
des instruments aratoires.
Ce calendrier se traîna péniblement jusqu'en l'an
14 ; et
rendit son dernier soupir le 1r janv. 1806. requiescat in pace". (AD51 Grenant 1794-1800 114/116 )