La guerre de 100 ans et plus dans notre région.
On pourrait penser que la lorraine, étant du saint Empire, a échappé à ce conflit.
Hélas, il n'en fut rien. Les bonnes relations entre Jean, duc de
Lorraine et Charles V, roi de France les amenèrent à combattre ensemble.
Le jeu des alliances, la perméabilité, le tracé approximatif des
frontières, les bandes incontrôlées firent que cette guerre nous toucha
finalement de très prés.
La lorraine entretenait au début de ce conflit d'excellents rapports avec la France.
Froissart, le chroniqueur, écrit : " c'est en bon Français et loyal
que Raoul (duc de Lorraine) répondit en 1337 à Philippe VI de Valois
lorsque le roi d'Angleterre Édouard III revendiqua l'héritage des
Capétiens."
Il faut dire que notre duc Raoul avait épousé en 1334, Marie de
Châtillon, fille
de Marguerite de Valois, sœur du roi de France Philippe VI. La mariée
avait apporté dans sa dot le comté de Guise qui se trouva réuni à la Lorraine.
Le roi de France en profita pour mettre un pied dans le duché, en
achetant au sénéchal de Champagne, Ancel de Joinville, la ville de
Vaucouleurs, qui relevait jusqu'alors de la Lorraine. Une garnison
royale y fut installée en permanence.
Ces bonnes manières entre France et Lorraine, furent à l'origine d'obligations réciproques.
L'origine du conflit qui dura en fait plus de cent ans, fut un problème de succession au trône de France.
Il fut heureusement entrecoupé de périodes de paix.
Ce
ne fut pas le plus sanglant de l'histoire, mais si la noblesse s'en
tira plutôt bien, le petit peuple de Lorraine lui en fit les frais.
Raconter l'ensemble des péripéties de cette guerre sort du cadre de ce
travail et il faudra se contenter de quelques dates clés. Ou pour approfondir, se
plonger dans la lecture d'ouvrages comme "La guerre de cent ans" de
Jean Favier chez Fayard Isbn 2-213-00898-1 ou "La Lorraine des ducs" d'Henry Bogdan, Editions Perrin Isbn 2-262-02113-9.
Les deux premiers prétendants sont
Édouard III d'Angleterre et
Charles II de Valois, dit le Mauvais.
Voici leurs liens de parenté :
Fulgence Richer raconte :
En 1339, "Édouard III roi d'Angleterre
prétendant être roi de France comme petit-fils par sa mère de Philippe
IV, entreprend de conquérir la France à la pointe de l'épée. Il
prend la qualité de roi de France et met les fleurs de lys à ses armes.
Dans les guerres funestes que les Anglais firent à la France, ils
s'étaient fait des partisans assez lâches pour les intérêts de leur
patrie. Les bons Français les avaient en horreur. Ils couraient sur eux
comme des bêtes enragées et les massacraient impitoyablement."
Le 25 janvier 1340, à Gand, Anglais et Flamands signent un traité d'alliance. Le
24 juin 1340, la bataille navale de l'Ecluse (à proximité de Bruges)
rend les Anglais maîtres de la mer. Entre le 20 et le 23 juillet 1340, a lieu le siège de Tournai par les Anglais.
Le duc de Lorraine, le comte de Bar et les évêques de Metz et Verdun, envoient aussitôt des troupes pour aider le roi de France.
Une première trêve est conclue en la
chapelle de Notre-Dame d'Esplechin, près de Tournai, le 25 septembre
1340.
Vient alors se greffer une autre guerre dite de
succession de Bretagne ou "Guerre des deux Jeanne" entre pro-français et
pro-anglais. Elle dura jusqu'en 1364
Le duc de Bretagne, Jean III, décède le 30 avril 1341 sans laisser
d'héritier direct. Le 7 septembre 1341, Philippe VI reconnaît Charles
de Blois comme successeur de Jean III (excluant du même coup Jean de
Montfort).
Raoul, duc de Lorraine est encore de la partie en Bretagne aux cotés de Charles de Blois, son beau-frère.
Le 18 août 1342, des troupes anglaises commandées par le comte de
Northampton, (lieutenant d'Édouard III en France et en Bretagne),
débarquent près de Brest. Les troupes anglaises qui assiègent Morlaix,
écrasent l'armée de Charles de Blois.
Grâce à l'intervention des légats du pape, une trêve est conclue pour trois ans à Malestroit, le 1er janvier 1343.
Charles de Blois envahit la Bretagne vers la fin février 1345. Ce
dernier est battu par les Anglais dans la lande de Cadoret, le 17 juin
1345.
Le comte de Derby, lieutenant d'Édouard III en Guyenne, débarque
à Bayonne le 25 juillet 1345 et se rend maître de Bergerac le 24 août
1345, puis bat les Français à Auberoche le 21 octobre 1345 et prend
Angoulême en décembre 1345.
Le 12 juillet 1346, Édouard III débarque dans
le Cotentin.
Le 26 août
1346. Il écrase l'armée française à
Crécy.
Raoul, duc de Lorraine y est
tué, en même temps que le roi de Bohême, Jean l'Aveugle, les Comtes de
Vaudémont et de Salm, et son beau-frère Louis de Blois. La veille par
testament, il avait confié la régence du duché de Lorraine à sa femme
Marie de Châtillon. Dom Calmet dira de Raoul que la Lorraine perdait
"...un des plus vaillants et des plus sages princes de son temps...".
(Histoire de Lorraine tome III page 348).
Raoul avait un fils Jean, né en 1346. Bien que de culture germanique, il eut avec la France des relations cordiales.
Édouard III le 04/09/1346 met le
siège devant Calais le 4 septembre 1346.
Le 20 juin 1347, Charles de Blois, duc de Bretagne, est
battu par les Anglais à la Roche-Derrien et fait prisonnier. Le 27
juillet 1347, Philippe VI tente de venir au secours de Calais et
établit son campement à proximité de la ville. Le 2 août 1347, les
Français battent en retraite. Calais se rend le 4 août 1347. Le 28
septembre 1347, les deux rois concluent une trêve.
Le 29 janvier 1349, Philippe VI se remarie avec sa cousine,
Blanche de Navarre (âgée de 17 ans). Philippe VI achète Montpellier et
le Dauphiné.
Philippe VI meurt à l'abbaye de Coulombs à Nogent-le-Roi,
près de Dreux. Jean le Bon est sacré à Reims le 26 septembre 1350,
après avoir épousé Jeanne de Boulogne.
En 1354, échec des négociations de paix en Guyenne.
Le Prince Noir (Édouard, Prince de Gales) débarque à
Bordeaux, le 10 septembre 1355. Il envahit le Languedoc et le Poitou.
"Le roi Jean est défait à la
bataille qu'on nomme de Poitiers le 19/091356. Il y est fait prisonnier
avec un de ses fils et une grande partie de sa première noblesse par le prince
de Galles et Charles duc de Normandie et le
dauphin est fait régent du royaume." FR
A cette bataille de Poitiers se trouvent Jean 1er duc de Lorraine,
Henry de Bar, les comtes de Saarbruck et de Vaudémont. Ces derniers
comme le roi de France Jean le Bon tombèrent aux mains des Anglais.
Puis en 1357, les soldats lorrains vinrent prêter main forte au dauphin Charles aux prises avec la révolte des Parisiens.
La compagnie d'Auberchicourt (le chef de la bande) envahit le
Mouzonnais qui fut affreusement ravagé en 1356. Ce fut la ruine
complète dans le pays depuis Rethel jusqu'à Montfaucon et Stenay.
"... En ce temps là, on avait 3 femmes pour un œuf, car un œuf
coûtait un gros. C'était chaque femme 4 deniers . C'était la misère et
la ruine..." Dom Calmet
En 1357, "les troubles et la confusion règnent en France." FR
Le 1er août 1358, Édouard III s'entend avec Charles II le
Mauvais (roi de Navarre, depuis 1349) pour partager avec lui le royaume
de France.
Un traité est conclu le 24 mars 1359 à Londres entre Jean le Bon et
Édouard III. Suite au rejet de ce traité par le dauphin Charles,
Édouard III passe en France en novembre 1359.
"Les Anglois font d'horribles ravages en Champagne et dans les environs de Mouzon" FR
Le 1er avril 1360, Jean le Bon donne pleins pouvoirs à son fils Charles
pour traiter avec Édouard III. Signature du traité de Brétigny le 8 mai
1360. Le roi d'Angleterre reçoit la Guyenne, le Poitou, le Limousin, le
Rouergue.
Le 8 juillet 1360, le Prince Noir conduit Jean le Bon à
Calais. Le traité de Brétigny est ratifié par les deux rois et leurs
fils aînés, le 24 octobre 1360. Édouard III renonce à la couronne de
France en échange de la souveraineté en Aquitaine.
Jean le Bon est mis
en liberté, le 25 octobre 1360 en échange d'une rançon de trois
milliers d'écus.
Le 19 juillet 1362, Édouard III constitue la principauté d'Aquitaine au profit de son fils aîné le Prince Noir.
Charles de Blois qui tentait de conserver son duché de Bretagne, menacé
par le fils du comte de Montfort, soutenu par les Anglais, fait encore
appel aux Lorrains.
Le 29 septembre 1364 a lieu la
bataille d'Auray .Charles
de Blois y est tué et
Jean 1er duc de Lorraine, se retrouve prisonnier avec Du Guesclin.
En 12 ans, de 1368 à 1380, Charles V le Sage va reprendre l'avantage sur les Anglais avec
l'aide de
Du Guesclin et des nombreuses régions du Sud-Ouest soulevées
contre le Prince Noir.
Charles V le Sage, refusant d'exécuter les articles
du
traité de Brétigny, Edouard III reprend le titre de roi de
France et recommence la guerre, le 3 juin 1369.
Une trêve est conclue à Bruges, le 27 juin 1375 et sera prorogée jusqu'au 24 juin 1377, mais dés mai 1377 la guerre a repris.
Édouard III, roi d'Angleterre, duc d'Aquitaine et se disant roi de France, meurt le 21 juin 1377 après un règne de 50 ans.
En 1379, "Le roi Charles V, informé des
desseins de ses ennemis (l'empereur Charles IV particulièrement) et de
l'avantage qu'ils avaient par le moyen de la ville de Mouzon, d'entrer
dans son royaume fut conseillé de réunir à sa couronne la dite ville de
Mouzon avec Beaumont-en-Argonne que les archevêques de Reims tenaient
du roi Clovis etc." FR
D'où un échange qui fit passer Mouzon et Beaumont au royaume de France.
En 1380
Charles V le sage, roi de France meurt. Son fils
Charles VI lui succède. Il régnera jusqu'en 1422, règne où alterneront sagesse et crises de folie.
Cette année là, le roi d'Angleterre ne conserve que Calais,
Cherbourg, Brest, Bordeaux et Bayonne.
En 1385, échec d'un débarquement français en Angleterre.
Trêve de Leulinghem d'une durée d'un an (le 18 août 1388), prorogée jusqu'en 1395.
Début de la folie de Charles VI, en 1392. Début
de rivalité entre le régent Orléans et le duc de Bourgogne, en 1393.
Trêve de vingt-huit ans négociée et signée à Paris, le 9
mars 1396.
Le 04/11/1396, mariage à Calais de Richard II
d'Angleterre et d'Isabelle, fille de Charles VI.
Le 30 septembre 1399, Richard II d'Angleterre est détrôné
et remplacé par Henri de Lancastre qui saisit le trône anglais et se
proclame Henri IV d'Angleterre.
En janvier 1404, la France reprend les hostilités contre l'Angleterre. Succès en Guyenne et en Picardie.
En juin-août 1405, les Anglais débarquent dans le Cotentin.
En 1407, "Le duc de Bourgogne (Jean sans
peur) fait assassiner à Paris, Louis, duc d'Orléans, frère du roi
Charles VI et gouverneur de Mouzon la nuit du 23 au 24 novembre. Cette
mort divisa étrangement le royaume ce qui donna entrée aux
Anglais" FR
Le duc de Bourgogne avait en effet été évincé du pouvoir par le duc
d'Orlèans. Il profite alors de la colère qui monte dans le peuple
accablé d'impôts. Louis de son coté manœuvre pour empêcher le duc de
Bourgogne de réaliser une continuité territoriale entre ses possessions
en Flandre et son duché de Bourgogne en acquérant le duché de
Luxembourg.
(Cette discontinuité dans ses possessions l'obligeait pour déplacer ses
troupes ou simplement pour son commerce à passer sur la Lorraine ou le
Luxembourg, avec ou sans accord des intéressés, d'où une quantité de
sujets de discorde.)
Ces conflits d'intérêts entre la France et le duché de Bourgogne aboutissent donc à l'assassinat de Louis d'Orléans.
Et c'est le début de la
lutte entre Armagnacs et Bourguignons. Cette guerre civile favorisera les projets de l'Angleterre.
Charles d'Orléans, fils de Louis assassiné, épouse en 1410 la fille de
Bernard VI d'Armagnac et forment à cette occasion avec lui une ligue
contre les Bourguignons. Y participent aussi, les ducs de Berry, Bourbon et Bretagne.
Les Armagnacs se répandent dans le Beauvaisis et la Picardie "en
mengeant le povre peuple suivant la coustume de adonc". En octobre
1411, fort d'une armée de 60000 hommes, le duc de Bourgogne entre
dans Paris et se dirige sur Bourges où le 15/07/1412 est signée la paix.
Pendant ce temps les Anglais profitent de la situation et par un traité
conclu avec les Armagnacs, récupèrent la Guyenne et la suzeraineté
d'autres territoires au sud-ouest.
En 1413, Jean sans Peur, duc de Bourgogne soutient la révolte des
cabochiens à Paris. Les massacres qui s'en suivent amènent les
Parisiens à demander secours aux Armagnacs.qui reprennent la ville en
1414.
Le 23 mai 1414, les Bourguignons s'allient aux Anglais
contre les Armagnacs (traité de Leicester). En août 1414, Henri V
d'Angleterre revendique la couronne de France et demande à Charles VI
la main de sa fille Catherine.
Jean sans peur, duc de
Bourgogne, est délogé de Soissons par
l'armée de Charles VI, roi de France.
Soissons est saccagé par les
Armagnacs.
Le 25 octobre 1415,
bataille d'Azincourt. Henri V (d'Angleterre) écrase l'armée
française. Les Bourguignons
restent neutres pour la plupart.
Embourbés, les chevaliers français ne parviennent pas à contrer les
archers anglais. Beaucoup d'entre eux seront faits prisonniers. C'est
une des batailles les plus
meurtrières de ce temps.
Cette défaite aboutira en 1420 au
traité de Troyes qui laisse la France
aux Anglais.
Aubertin V
se trouve à la funeste bataille d'Azincourt et combattit sous la
bannière du duc de Bar, Édouard II qui fut tué dans cette journée.
En 1418, "La France étant déchirée par
des guerres civiles les plus sanglantes, Charles VI (le fou)
confia la régence du royaume au dauphin son fils, qui régna depuis sous
le nom de
Charles VII " FR
En 1418, Jean sans Peur reprend Paris. Les Armagnacs sont massacrés.
Charles VII souhaite négocier avec le duc de Bourgogne, pour empêcher
une alliance anglo-bourguignonne.
Assassinat du duc de Bourgogne, Jean sans Peur, lors de
l'entrevue du Pont de Montereau le 10 septembre 1419 par les sbires du
parti des Armagnacs, qui craignent un rapprochement politique entre le
dauphin Charles VII et les Bourguignons. En fait l'instigateur de cet
assassinat est sans doute Charles VII lui même.
Le fils de Jean sans Peur, Philippe le Bon conclut
alors une alliance avec Henry V d'Angleterre le 2 décembre 1419 à Arras.
En 1420 est signé le
Traité de Troyes.
Un traité qui laisse pantois...
La propre mère de Charles VII,
Isabeau de Bavière, femme de Charles VI
(le fou) le considère comme bâtard (ce n'est bien sur pas dit dans le
traité, tout au moins explicitement. Elle aurait été la maîtresse de
Louis d'Orléans, chef du parti Armagnac ?) et préfère laisser la
couronne de France à son futur gendre Henri V roi d'Angleterre.
Le
traité stipule en effet que cet Henri V épousera la fille d' Isabeau et de
Charles VI, Catherine de Valois. Ce qui eut lieu le 02/06/1420.
Henri V fait une entrée triomphale à Paris en compagnie de Charles VI le fou et de Philippe III de Bourgogne, dit le Bon.
Charles VII, dauphin, n'est donc plus rien et règne dans sa capitale de Bourges, sur une surface d'un département ou deux.
Heureusement
Jeanne d'Arc arrive ! Une Jeanne française ou lorraine ? Vaucouleurs
appartient à la France... Mais c'est un autre débat.
Dés janvier 1421, on trouvait à Pouilly, au nord de Stenay et dans sa
prévôté, des bandes de routiers, qui en occupaient les trois maisons
fortes. (Le pays Lorrain page 120 1962)
Le 5 Avril le maire de Pouilly se fait décapiter à Stenay. Lire la page consacrée à l'affaire
Jacquet
En 1422, "Charles VI 52e roi de France et seigneur de Mouzon, meurt à Paris le 20 octobre âgé de 54 ans...
... son fils Charles VII dit le victorieux, lui succède et au
commencement de novembre il se fait couronner à Poitiers, où il s'était
retiré avec son parlement, la ville de Reims étant alors au pouvoir des
Anglais, ses ennemis, auxquels elle avait été livrée avec la ville de
Paris et six autres considérables par le duc de Bourgogne qui faisait
la guerre au roi de France Henri VI, fils d' Henri V roi d'Angleterre
et de Catherine de France " FR
En 1423, "Le comte de Salisbury, gouverneur de Champagne s'empare de Sedan pour le roi d'Angleterre" FR
En 1424, "Evrard de la Marck, 3e du nom, achète les seigneuries de Florenville, Sedan et Mouzon" FR
Les troupes anglaises mettent le siège devant le Mont-Saint-Michel et Orléans le 12 octobre 1428.
"Les Anglais s'étant emparé de
Paris et de la plus grande partie de la France, Henri VI roi
d'Angleterre se dit roi de France et d'Angleterre" FR
"La fameuse pucelle d'Orléans
nommée Jeanne d'Arc, après avoir fait lever le siège d'Orléans aux
anglais le 12 mai, conduit le roi Charles VII à Reims, qui était occupé
par les Anglais. La ville ouvre ses portes et le roi y est sacré le 14
juillet " FR
Jeanne d'Arc entre à Compiègne le 13 mai 1430 mais est
faite prisonnière par les Bourguignons le 24 mai 1430, puis
vendue aux Anglais et amenée à Rouen.
Elle est jugée le 21 février 1431 puis brûlée
à Rouen, le 30 mai de la même année.
Une trêve de six ans est conclue le 13
décembre 1431 entre Charles VII et le duc de Bourgogne.
Henry VI
d'Angleterre est sacré roi de France dans la cathédrale de Paris, le 17
décembre 1431.
Et vient se greffer une guerre de succession de Lorraine...
En 1431
Charles II, duc de Lorraine décède et n'a pas d'héritiers. Une de ses filles Isabelle a épousé
René I d'Anjou. De ce mariage nait Jean, héritier futur du duché.
Mais
Antoine de Vaudémont, (ca
1400-1458), neveu de Charles II, se considère comme successeur, bien
que la loi salique ne s'appliquât pas en Lorraine. Charles II avait
déjà tenté devant ses prétentions, de le raisonner en paroles, puis en
actes de guerre dés 1425, mais en vain.
S'en suit donc une guerre de succession lorraine qui est, en somme,
un épisode de la guerre de Cent Ans.
Le comte de Vaudémont,
Antoine renie la politique de son père
Ferry I (1393-1415) mort à Azincourt
et se met au service du roi d'Angleterre. Il se lie aussi avec la Bourgogne.
Le duc René I d'Anjou (1409-1480), successeur de
son beau-père Charles II, décédé le 25/01/1431, somme son
cousin et rival, Antoine de Vaudémont, de lui faire hommage et devant son refus, engage
les hostilités. Il assiège le 01/06/1431 la forteresse de Vaudémont et saccage les terres alentours.
La
bataille de Bulgnéville en sera l'épilogue le 02/07/1431.
Antoine reçoit d'importants secours des Bourguignons et
des Anglais, tandis que René d'Anjou est aidé par les contingents du roi de France.
La chevalerie lorraine se fait battre par l'armée
d'Antoine, mieux ordonnée, mieux armée, pourvue d'excellents archers
picards et anglais et de couleuvrines.
Enguerrand
de Monstrelet (ca 1400-1453), a décrit cette bataille. Ces écrits ont été réédités en
1875 dans "Chroniques de Monstrelet (France, Angleterre, Bourgogne) de
1400 à 1444" livre II, pages 649 et suivantes. On peut les
consulter à la BNF.
Les Lorrains déplorèrent 2 500 morts selon Enguerrand de Monstrelet.
René est fait prisonnier par Philippe le Bon, duc de Bourgogne, et emmené en captivité
au palais ducal de Dijon, dans la tour qui a conservé le nom de tour de
Bar. (voir Denain tome 1 page 176)
Guillaume de Pouilly gouverneur de Stenay commanda les troupes de la châtellenie à cette bataille de Bulgnéville le 02/07/1431, où il
s'illustra brillamment, ainsi qu'aux sièges de Pont-à-Mousson en 1432,
et de Commercy en 1433.
Il était chevalier, sire de Pouilly, seigneur de Quincy, Baälons, Luzy,
Cervisy, Cesse, gouverneur et prévôt de Stenay en 1422 (après son
père).
Le 6 avril 1432, René d'Anjou obtint sa remise en liberté à
titre provisoire. Il promit alors de venir se constituer à nouveau
prisonnier le 1er mai 1435. Ses deux fils Louis et Jean restèrent à
Dijon comme otages à sa place. Il s'engagea à livrer, en gage, ses forteresses de
Clermont-en-Argonne, Bourmont, Charmes et Châtillon-sur-Saône.
Mais finalement tout s'arrangea par le mariage de
Yolande d'Anjou, fille de René I, avec
Ferry II, fils d'Antoine de Vaudémont (1458-1470) .
Leur fils
René II (1451-1508),
après le décès en 1473 de son cousin Nicolas d'Anjou, duc de Lorraine
et le désistement en sa faveur de Yolande d'Anjou, sa mère, devient
comte de Vaudémont, duc de Lorraine et de Bar.
Un traité de paix est conclu le 21 septembre 1435 à Arras
entre le roi de France Charles VII et le duc de Bourgogne, Philippe le
Bon. Ce traité reconnait l'indépendance de la Bourgogne.
Charles VII a les mains libres pour reprendre aux Anglais leurs possessions continentales.
En 1436, "Les Français chassent les Anglais de Paris" FR
En 1439, "Charles VII, par lettres patentes confirme les privilèges de
la ville de Mouzon dont il prend la qualité de seigneur" FR
Le 19 mai 1440
Charles le Téméraire
se marie à Catherine de France, fille de Charles VII, mais celle-ci
décède à 18 ans. Il en a alors 13. C'était un mariage de convenance qui
ne fut jamais consommé.
Un traité de paix est signé le 28 mai 1444 à Tours entre
Henry VI et Charles VII. Ce traité de paix donne en mariage à Henry VI,
Marguerite d'Anjou (fille du roi René, duc de Lorraine) et établit une
trêve de deux ans.
En 1445, "Vers cette année
Evrard de la Marck, 3eme du nom, seigneur de
Sedan et de Florenville, acquiert le gouvernement de Bouillon" FR
En 1446, "Evrard de la Marck 3eme du nom, fait commencer la forteresse de Sedan que nous nommons aujourd'hui le château" FR
Reprise des hostilités le 24 mars 1449. Les Anglais
s'emparent de Fougères. Début juillet 1449, reconquête de la Normandie
par les troupes françaises. Les Anglais regroupent leurs forces à Caen
et à Rouen.
En 1450, victoires françaises à Formigny, Reprise
de Caen et de Cherbourg.
En 1451, prise
de Bordeaux puis de Bayonne, ainsi qu'une
grande partie de la Guyenne.
"Les Anglais perdent presque toutes les places qu'ils possédaient en France" note Fulgence Richer.
Le 22 octobre 1452, Les Anglais entrent à Bordeaux mais ne parviennent pas à reconquérir la Guyenne.
Bordeaux se rend aux Français, le 19 octobre 1453, ce qui entraîne le départ des Anglais qui n'ont plus que Calais.
C'est la fin de la guerre dite de Cent Ans.
La paix ne sera pourtant signée qu'en 1475 au traité de Picquigny.
Notons qu'il faut être prudent sur la notion Anglais, Français.
A
cette époque cela ne représente pas grand chose. La cour anglaise
parle français et ses rois sont tous apparentés aux rois de France.
C'est donc plus une histoire de famille qu'une histoire de peuple.
François
Reynaert dans son livre "Nos ancêtres les Gaulois et autre
fadaises" en donne une explication fort intéressante. Cet ouvrage
décapant sur notre passé est paru chez Fayard (Isbn 9 782213 655
154) et devrait être lu par tous les réfractaires à
l'histoire.
Le traité de Troyes de 1420, bien que déclaré nul, n'empêcha pas les rois d'Angleterre de conserver
officiellement le titre de roi de France jusqu'en 1802, c'est à dire
jusqu'à la paix d'Amiens.
Il faut aussi se souvenir que Jeanne d'Arc, si elle fut brûlée par les Anglais,
fut surtout mise en accusation par un "Français", Pierre Cauchon, né à
Reims en 1371 et évêque de Beauvais.