mariage Clement guichard Pouilly   Le mariage


D'amour ou de raison ?


Le mariage, amour ou arrangement ?

Avec qui se mariait on ?

Le mariage dans la plupart des cas, était endogamique et homogamique.
On disait volontiers qu'il fallait se marier si possible dans sa maison, dans sa rue ou à défaut dans son village.
De toute façon on ne s'éloignait guère. Le trajet le plus long menait au plus à Stenay ou Mouzon. En gros ce qu'on pouvait parcourir sur une journée.

La courbe isochrone (théorique) autour de Pouilly, pour une durée de quatre heures de marche (il fallait bien revenir, donc 8 heures de trajet) nous donne une idée de la zone de "prospection" en vue du mariage.
L'arrivée du chemin de fer puis de la voiture étendra cette "zone de chalandise"


courbe isochrone Pouilly


Les alliances dans une même famille étaient fréquentes et faisaient alors l'objet de dispenses. Si le patrimoine ne s'éparpillait pas, les problèmes de consanguinité n'en était que plus présents.
Le XIX ème, mais surtout le XX ème mettront fin à ces habitudes de repli sur soi. On verra même des enfants de Pouilly se marier hors de France, ce qui devait faire jaser dans les chaumières.

Le mariage, au moins jusqu'au début du XX ème siècle, était essentiellement homogamique.
La richesse, le métier, l'appartenance à une catégorie, entretenait un clivage et cet effet de caste qu'on retrouve par exemple dans les familles de meuniers, maçons, bateliers à Pouilly.
Et même les vignerons dans les censes de l'abbaye d'Orval. On voit par exemple le 15/11/1701, se marier Jacques Hannetel et Marguerite Courtois, mais aussi Jean Hannetel et Nicole Courtois. Nicole et Jacques Courtois sont frère et sœur. Jean et Jacques Hannetel se retrouvent vignerons de la vignette de Pouilly, mais je ne sais si ils étaient frères.  Mais les quatre mariés en 1701 habitent à la vignette de Blanchampagne (paroisse de Villy) et cense d'Orval.
Le mariage a lieu le même jour et comme pour bien montrer les liens qui les attachent, le curé ne fait qu'un seul acte. (AD08 Villy 1669-1792 109/608)
Mais le mariage est surtout homogamique dans les familles nobles. On ne déroge pas. Après la révolution, nécessité faisant loi, la noblesse s'alliera avec la bourgeoisie.
Mais avant si un "seigneur" a pu avoir des bâtards avec une bergère, on la retrouve rarement au château comme première dame.
 
A ce propos il faut tordre le cou à cette vieille légende qu'est le droit de cuissage. Boucher d'Argis, (L'encyclopédie), Michelet, (La sorcière), Voltaire (Essai sur les mœurs) etc. sur fond d'exotisme féodal en ont fait un cheval de bataille contre l'ancien régime. Mais on ne trouve nulle preuve de l'existence de ce droit, même si des cas isolés ont pu exister.
Une explication de cette croyance, pourrait venir d'une des quatre dépendances personnelles dans l'ancienne France : le formariage.
Il interdisait le mariage en dehors de la seigneurie, interdiction qui pouvait être levée moyennant une compensation pécuniaire. Or cette taxe se nommait "Cullage, de Cullagium, collecte". Le littré en donne la définition : "Droit prétendu par les seigneurs sur les nouvelles mariées la première nuit de leurs noces, et qui se rachetait moyennant argent."
L'homonymie avec une certaine partie de l'individu permit sans doute ces dérapages.
(Pour information les autres dépendances personnelles sont la taille servile, la mainmorte et le droit de suite.)

A partir du XIX ème le mélange des classes est plus présent. La riche bourgeoisie "fricote" avec la noblesse désargentée. Quand un noble appauvri convole avec une riche roturière, on dit alors qu'il "fume ses terres".
Le riche fermier marie sa fille au fils du notaire, le régisseur à la fille du notable du coin etc.
On constate à Pouilly cette ascension sociale à travers la famille Buisson. Le premier Pierre Buisson est cordonnier en 1781 à Thionville. Son fils Pierre François est domestique, puis jardinier. Il décède à Inor le 20/10/1831. Il avait eu de Jeanne Archeen un fils Jean-Baptiste né à Pouilly le 13/02/1788. Celui-ci devient géomètre et se marie à Anne Marie Julie Lambert le 13/06/1809 à Pouilly. De ce mariage nait Clara Elisabeth Buisson le 25/04/1812 à Mézières (08).
Et enfin elle épouse le 02/03/1829 Jacques Courtin de Torsay, un authentique noble.
Elle n'avait certes que 16 ans et déjà enceinte de ses œuvres... Mais on constate qu'en trois générations, on est passé d'un cordonnier à un Lieutenant au 43° Régiment d'infanterie de Ligne avec particule...

A Pouilly  la présence d'une usine textile vers 1828, puis la construction du chemin de fer et du canal, apportent son lot d'étrangers au village et quantité de mariages exogamiques.

En général on se mariait dans le village de la fille.
Mais du 22/08/1798 (5 fructidor an VI) au 26/07/1800 (7 thermidor an VIII), les mariages ont lieu au chef lieu de canton, soit Inor dans notre cas.
Ainsi trouve-t-on Jacques Evrard et Catherine Ficquet le 11/10/1797, Jean-Baptiste Mazelot et Elisabeth Gobert le 31/10/1798, Dominique Bertrand et Anne Claisse le 20/12/1798, Louis Gobert et Anne Godet également le 20/12/1798, Sébastien Hutin et Marie Françoise Balland le 28/6/1799
(AD55 Inor 1792-1802 158 et suivantes)





L'âge pour se marier

L'âge légal a varié au cours de l'histoire.

Jusqu'à la Révolution, l'âge nubile est de 12 ans pour les filles et de 14 ans pour les garçons.
La législation révolutionnaire du 20 septembre 1792 fait passer cet âge à 14 ans pour les filles et 15 pour les garçons mais, dans la réalité, le mariage a lieu au XVIII siècle ventre 25 et 30 ans, le couple paysan devant s'établir (maison, terres, métier) avant de pouvoir convoler.
« Les mariages sont souvent arrêtés par la difficulté de trouver des lieux où se fixer, dans la classe des gens aisés ; les enfants de fermiers ne se marient ordinairement qu’à l’âge de 25 à 30 ans ; encore il leur faut une place vacante ; quant aux pauvres, ils suivent sans obstacle le penchant nature »

Au XIX siècle, les mariages sont plus précoces car la révolution industrielle, en créant le métier d'ouvrier, permet de s'établir plus tôt.
Il faut attendre la création du code civil  et la loi du 1er Germinal an XII (1er avril 1804), pour faire passer l'âge nubile à 15 ans pour les filles et 18 pour les garçons. Mais l'un comme l'autre doivent attendre leurs 25 ans pour convoler sans l'accord de leurs parents.
Depuis 2005 c'est 18 ans pour les filles et les garçons.

On peut estimer l'âge du premier mariage comme suit :

âge au mariage



Voici quelques cas de mariage "limite" trouvés aux archives et concernant Pouilly.

Anne Catherine Bestel n'a que 16 ans quand elle épouse Jean-Baptiste Ravignaux, qui en accuse 26. Et sans obligation connue, puisque leur premier fils nait le 12/10/1812. (AD55 1802-1812 154/174)

François Bertrand se marie à Anne Marie Lambert le 11/01/1809, mais ce mariage a fait l'objet d'un conseil de famille puisqu'il n'avait que 18 ans. On peut lire le compte rendu de ce conseil du 14/01/1809. (AD55 1813-1822 197 à 199/200)

Auguste Constant Arnould, maçon né à Pouilly, mais domicilié à Thelonne (08), épouse le 31/07/1851 Marie Adèle Penoyer qui y est née le 21/01/1835. (AD08 Thelonne 1848-1870 87/605)
Elle n'a alors que 16 ans. Elle est orpheline et c'est son grand père maternel qui est présent et consentant. Ce n'est pas à priori, par "obligation", puisque leur premier enfant Rosalie Adeline, n'arrive que le 18/10/1854. Mais on peut aussi penser à une fausse couche...

Maria Bernoville, ouvrière de fabrique, se marie à 16 ans à Jean-Baptiste Mangin, manœuvre le 03/10/1874. (AD55 1873-1882 39/177). Cette différence de 11 ans et la jeunesse de l'épouse, laisse supposer une obligation de convoler. Mais on ne sait ce qu'ils devinrent.

François Jules Tribut, 22 ans, cultivateur se marie le 24/05/1882 à Mathilde Joséphine Jacques âgée de 16 ans. (AD55 1873-1882 171/177)
Et semble-t-il sans obligation, puisque leur premier enfant, Léon Eugène,  nait le 07/03/1883.

Paul Jean Pierre Dournelle, ouvrier de filature à Pouilly, puis à Guise, épouse le 02/07/1899 Emilie Eugènie Clémence Hubiere qui n' a que 15 ans. Lui en a 26. (AD02 Guise 1899-1899 39/102)
On peut supposer qu'il y avait obligation, mais les tables décennales de Guise 1893-1902 ne font apparaitre que deux naissances d'enfants Dournelle  en 1901 et 1902.



La loi du 21/06/1907 fixe la majorité matrimoniale à 21 ans. On peut se marier entre 18 et 21 ans mais avec l'accord des parents.
La dernière modification de l'âge nubile date du 4 avril 2006, passant à 18 ans pour les filles.

Dans la réalité donc, on se marie à Pouilly assez tard. Il n'est pas rare pour les filles, de coiffer Sainte Catherine (soit 26 ans)
A cela plusieurs raisons. L'une est économique. En effet il faut souvent attendre le décès du père pour reprendre l'exploitation. L'autre est que le mariage tardif est une méthode comme une autre de limiter les naissances.

Si quelques exceptions viennent parfois démentir ce constat, elles sont rares mais souvent criantes.
Ainsi peut on avoir des écarts d'âge énormes entre conjoints.
Ceci peut s'expliquer par de basses raisons de patrimoine à acquérir, fusse par un mariage hors norme.
Ou pour éviter quelque scandale...
Ou la crainte de la conscription qui fera se marier de très jeunes gens avec des femmes souvent veuves et déjà "mûres" et particulièrement sous le régime napoléonien. Mais on ne trouve évidemment pas la preuve de ces intentions.

Hommes âgés et femmes jeunes.

Jean-Baptiste Rouyer né le 27/03/1742 à Beaumont se marie à Pouilly le 23/09/1805 avec Jeanne Catherine Evrard née le 04/01/1779 soit lui 62 ans et elle 26. Pour lui c'était en deuxièmes noces. (AD55 1802-1812 71/174)
Il était propriétaire à Beaumont, elle ne savait pas écrire. On voit la différence sociale... Mais on comprend mieux l'affaire quand on voit Jeanne Catherine accoucher à Beaumont d'un Jean-Baptiste le 05/02/1806, soit 4 mois après son mariage. Comment un vieux barbon de 62 ans a-t-il pu abuser d'une jeune femme de 26 ? (AD08 Beaumont an VI-1847 134/619)
Ils n'en resteront d'ailleurs pas là puisque le 09/01/1808, nait un nouveau Jean-Baptiste.(Le premier est mort le 08/02/1806 AD08 Beaumont an VI-1847 166/619) puis un Jacques, le 08/11/1810, mais notre Rouyer est alors décédé du 06/11. Elle se remariera avec Mathieu Beaufort vers 1811.

François Hubert Normand du 31/06/1772 à Pouilly avec Marie Elisabeth George du 21/03/1804, mariés le 09/02/1825 soit pour lui 53 ans et elle 20.
C'était pour l'un et l'autre leur première union. Ces deux là font partie de l'ascendance des Guichard d'en bas, Wendling et Vanderesse via la famille Stevenot. Elle était la fille de Remy Gabriel George, brasseur, distillateur à Pouilly.
Tout juste veuve (il meurt le 22/10/1839) elle se trouve enceinte vers septembre 1840 d'un Jean Marie Victor qui nait donc le 05/05/1841 dont on ne sait ce qu'il est devenu.
Finalement elle se remarie avec Charles Pierrard de 12 ans son ainé le 30/11/1842.

Jean-Baptiste Antoine Bride, rentier, né le 16/10/1769 à Metz et marié à Marie Catherine Gobert née le 07/10/1799, le 18/04/1844 soit 30 ans d'écart d'âge. (AD55 1843-1852 50/369)
Henry Balland né le 19/11/1716 à Pouilly et marié le 22/05/1764 à Marie Catherine Gobert du 28/01/1740 à Pouilly  soit 24 ans d'écart.

Curiosité de l'histoire, ces deux Marie Catherine Gobert se marient avec des hommes qui auraient pu être leur père...

Philippe Daye, 52 ans épouse Anne Catherine Decloux, 28 ans, soit 24 ans d'écart le 29/07/1805 à Pouilly (AD55 1802-1812 58/174)

Jean-Baptiste Guichard et Jeanne Marie Saussette ont 22 ans d'écart, lui 51 et elle 29 ans, quand ils ont leur première fille Anne, le 01/12/1800. Elle décède le jour même mais ils auront par la suite 4 autres enfants jusqu'en 1811. (AD55 1802-1812 83/174)

Mathieu Mazelot a 54 ans quand il épouse en seconde noce, Anne Saussette, 29 ans. Ce qui ne l'empêche pas de lui faire deux enfants, le dernier quand il a 60 ans. (AD55 1802-1812 146/174)

On trouve ensuite des écarts de 21ans , 18, 17 etc.
Ainsi ce Jean Henry Noël qui épouse en secondes noces, Jeanne Banon le 22/11/1819. Il a 63 ans et elle 44. Ce qui ne les empêchera pas d'avoir Louis le 22/01/1820. (AD55 1813-1822 58/200). Elle était originaire de Vic-sur-Seille (57), née le 21/04/1775.

Antoine Hubert se remarie à Marie Catherine Adélaïde Gobert le 28/04/1862. Il a alors 62 ans et elle 39. (AD55 1853-1862 213/227)
Ils auront tout de même Paulin Charles Léon le 27/02/1864.




Femmes âgées et jeunes hommes.

Alexisse Chollet, née le 24/09/1719 à Pouilly, épouse Siméon Boizet né le 17/02/1740 à Haraucourt (08). Ils ont donc 20 ans d'écart. (AD08 Haraucourt 1753-1762 36/49)
Elle décède le 04/10/1890 et lui le 22/06/1819. Il est alors mendiant...

Marie Jean, native de Boust en Moselle, où elle est née le 16/11/1736, se mariant le 15/11/1779 à Pouilly avec Louis François Durlet né le  09/04/1752. Soit 16 ans d'écart, ce qui ne les empêchera pas d'avoir une fille Marie Anne le 02/07/1781. (AD55 1760-1791 232/345)
On peut s'interroger sur ce mariage. Elle est sans doute dans l'entourage de M. de Pouilly. Son origine mosellane incite à le penser.
Qui a pu pousser un jeune homme de 27 ans à épouser une femme de 42 ? (âge déjà avancé pour l'époque)

Anne Balland du 19/03/1723 épouse Jean-Baptiste Mazelot du 20/11/1735 le 01/07/1776 soit 12 ans de différence.
Marie Anne Pierrard et Jean Joseph Poterlot 12 ans
Marie Jeanne Balland et Jean-Baptiste Godet, 10 ans d'écart se marient le 13/08/1813. Peut être par souci de ne point partir aux armées ?
Pascal Joseph Bartholomé est fileur quand il se marie le 07/06/1838 à Marie Anne Simon. (AD55 1833-1842 141/352). Lui est né à Fleron en Belgique, elle à Pouilly. Il a 34 ans et elle 45, soit 11 ans d'écart.
Marguerite Hannetelle et Pierre Guichard se marient le 02/10/1691 avec 10 ans de différence.

On ne peut citer tout le monde, d'autant que les dates de naissance ne sont pas toujours connues avec précision, ce qui atténue la fiabilité du calcul.



Mariage entre personnes âgées.


Ainsi Richard Jacquet, 76 ans qui convole avec Catherine Pouillon, 53 ans le 14/06/1678. (AD55 1673-1722 31/276)
Veuve, elle se remarie avec Jean Habran le 30/06/1693. Elle a alors 68 ans. (AD55 1673-1722 127/276)

Michel Ponsin (1739-1828) et Jeanne Marie Richy (1734-1806) qui convolent le 26/06/1786, lui a 47 ans et elle, 52. (AD55 1760-1791 291/345)
Il avait été marié précédemment à Marie Anne Hussenet.

Ou Pierre Lambert qui a 58 ans convole avec Marie Françoise Lambert de 49 ans. Ils avaient déjà convolé l'un et l'autre en premières noces. (AD55 1802-1812 38/174)

Egalement ce Jean-Baptiste Simon de 65 ans qui épouse Marie Antoinette Chatillon de 57 ans. Si lui avait déjà été marié, elle était célibataire. (AD55 1802-1812 103/174)

Mais aussi Lambert Rigobert 61 ans qui épouse Marie Elisabeth Lambert, 62 ans , le 27/11/1873. (AD55 1873-1882 24/177)

Les mariages tardifs ne sont pas pour autant stériles. Ainsi cette Marie Jeanne Balland, née en 1803 épouse Jean-Baptiste Godet en 1845 et accouche à 47 ans de Jules Godet le 25/03/1850 (AD55 1843-1852 174/369)

Parfois le maire était amené à célébrer le mariage à domicile, si un des contractants était à l'article de la mort, et suite à un certificat du médecin. On trouve alors la mention marginale "In extremis". Je n'en ai pas trouvé à Pouilly.
On pourra voir le mariage de Joseph François Calmels et Marie Nathalie Lapana le 18/06/1821 à Paris 15e pour s'en convaincre. "nous nous sommes transportés au numéro 57 de la rue Dombasle sur le vu d'un certificat médical de M Routier docteur en médecine pour procéder au mariage etc."
Il est même noté que les portes de la maison ont été ouvertes comme doivent être celles de la mairie.
Ou celui de Marie Virginie Renault le 26/04/1881 à Sedan qui épouse Henry Chalon qui est hospitalisé  à l'hospice civil de Sedan.  Elle était née le 25/11/1845 à Pouilly. L'époux  a 19 ans de plus qu'elle. (AD08 Sedan 1879-1881 248/320 acte 44)


La demande en mariage

Si maintenant la demande en mariage se fait directement entre les personnes concernées, ce ne fut pas toujours le cas.
On faisait auparavant appel à des entremetteurs ou entremetteuses, bien au fait des affaires du village et des situations financières et familiales.
Car on ne donne pas sa fille ou son fils à n’importe qui ! On s’informe, on enquête pour traiter l’affaire.
Les négociateurs prennent, à la place des intéressés, le risque d’essuyer un refus. Ils jouent donc un rôle diplomatique entre deux familles.
Les curés jouaient aussi ce rôle. Au fait de tout ce qui se passait dans le village et entre autre par la confession, leur position et leur autorité permettait de gommer les conflits entre familles et favoriser tel ou tel mariage.


Les fiançailles

Sur les registres paroissiaux de Pouilly il n'en est pas fait état, jusqu'à l'arrivée du curé Duhoux.
Ensuite il débute tous les actes de mariage par "...l'an de grâce xxxx après la cérémonie des fiançailles et la publications de trois bans etc."
Est ce à dire qu'auparavant la cérémonie n'existait pas ? Non bien sûr, mais le curé à Pouilly ne la notait pas...
Dans l'Ancien Régime, les fiançailles étaient toujours considérées comme un contrat et le fiancé abandonné pouvait prétendre à des dommages.

En plus du contrat moral et financier, c'était un engagement religieux, et défaire des fiançailles faisaient l'objet d'une sentence rendue par un juge ecclésiastique délégué par un évêque et appelé Official
Ainsi lors du mariage de Pierre Godet, meunier à Authe (08) en 1749 avec Catherine De La Vaux le curé écrit-il :
"vu aussi la sentence de M. l'official, en date du 9 avril de la même année, qui résout les fiançailles que le dit Pierre Godet avait auparavant contracté avec Marguerite Robin..." (AD08 Authe 1736-1756 70/107)
Ce Pierre Godet habite Pouilly en 1763 où il est dit bourgeois.

Dans les registres paroissiaux, à Pouilly, le premier acte stipulant bien le terme fiançailles date du 24/04/1784. Il concerne Jean-Baptiste Durlet et Anne Maufrois.
"...nous soussigné Louis Duhoux, avons reçu en face de la sainte église les promesses de mariage que se sont faites mutuellement etc." (AD55 1760-1791 262/345)
Mais il y avait urgence car leur première fille Marie nait le 21/09/1784, soit 5 mois plus tard...D'ailleurs ils se marient le 11/05/1784

Puis on trouve Antoine Pelletier et Marie Anne Durlet, le 15/05/1784 (AD55 1760-1791 264/345). Ils se marient le 25.
Le 09/06/1784, c'est Henri Raulin et Marie Anne Simon qui se fiancent.
Le 19/06 c'est Pierre Dupront et Marie Catherine Gobert.
Le 16/10 Jean François Habran et Marie Lambert.
Le 30/10 Robert Martin et Catherine Bertrand sont fiancés par Jean-Baptiste Nitoz prêtre capucin de la maison de Mouzon.
Comme signataire de ces fiançailles, on trouve le parrain de Robert Martin qui signe "Simonnet dit la terreur"...(AD55 1760-1791 270/345)
Le 15/05/1785 Jean Nivoix et Marguerite Maljean. (AD55 1760-1791 279/345)


Effet de mode ? Ou nouvelle obligation de consigner les fiançailles dans les registres ?
Dans les faits, le mariage offre pour le curé l’occasion d’une rémunération importante, d’où son zèle à enrichir l'acte de nombreux éléments. Parmi ceux-ci figure la cérémonie des fiançailles (qui a place entière au sein des registres paroissiaux). Les deux époux font promesse de se marier devant témoins dans un délai de quarante jours durant lesquels sont publiés les trois bans.



Publication des bans

Il était d'usage de publier les bans 3 semaines avant le mariage dans les villages respectifs si les futurs mariés n'étaient pas de la même paroisse.
Cette publication permettait de s'assurer qu'il n'existait aucun empêchement.
Mais il était possible de réduire ce nombre moyennant finance, quand la "situation urgeait", ou quand arrivait une période "interdite", comme le carême.
La première publication connue dans les archives paroissiales de Pouilly date de 1778, les premiers, huit et onze novembre. Ils concernent François Pognon de Pouilly et Marie Gobert de la paroisse de Lombut. (AD55 1760-1791 201/345)
C'est au curé Duhoux que nous devons cette innovation.

La première publication de bans, quand les registres auront été repris par la municipalité, sera faite par Gobert Jean-Baptiste. On apprend qu'il est adjoint, élu le 29 brumaire an IV soit le 20/11/1795, lorsqu'il signale le futur mariage  de Jean-Baptiste Guichard et Marie Saussette. (AD55 1796-1807 6/135)
Les mairies n'ont pas toujours conservé les documents concernant les bans. On en trouve à Pouilly dans le  registre de 1843 à 1852.

La publication des bans ne signifiait pas toujours mariage... Ainsi à Pouilly, Jean-Baptiste Thomas, né à Inor le 26/02/1790 et Anne Marie Husson, née à Brouennes le 02/02/1802 mais travaillant comme domestique à la ferme de La Vignette, publient leurs bans à Inor et Pouilly le 26/03/1837. Mais le mariage n'aura jamais lieu. La raison nous est inconnue.
Jean-Baptiste Thomas se marie le 07/12/1837 à Marguerite Clause à Inor (AD55 Inor 1833-1842 124/243) et Anne Marie Hiusson le 20/07/1843 à Inor avec Irénée Wiblet.(AD55 Inor 1843-1852 30/245)

L'enterrement de la vie de garçon

Avant de se marier il était d'usage que le futur époux invite ses amis à une soirée de libations. Il enterrait alors sa vie de garçon et quittait la jeunesse en se rangeant. Cette coutume existe encore et s'est étendue aux filles.

Quand se mariait on ?

Comme on le constate sur le graphique, les mariages avaient plutôt lieu en janvier, février et novembre, avec une petite pointe en mai, mois pourtant consacré à la vierge Marie...
Comment expliquer cela ?

Nos villages étaient essentiellement agricoles. On évitait donc les mariages en périodes de grands travaux champêtres, moissons, vendanges etc. Un dicton lorrain disait : "Ceux qui se marient en août, ne ramassent point de sous".
On évitait aussi les périodes de fêtes religieuses :
Le carême entre février et mars (du mercredi des cendres au dimanche de Quasimodo, soit 46 jours avant Pâques.
L'avent (entre le dimanche le plus proche de la Saint-André le 30 novembre et l’Épiphanie le 6 janvier.

On pouvait toujours demander une dispense, moyennant finance bien sûr.
On rencontre quelques cas :
Jean-Baptiste Durlet  et Marie Anne Lambert le 25/02/1749. Ils ont une dispense de deux bans et du temps de carême. Il faut dire que l'affaire était urgente puisque leur fille Maire Anne nait le 18/05/1749.
Jean-François Gobert et Marie Elisabeth Henry le 09/03/1778. (AD55 1760-1791 194/345)
Le curé Duhoux écrit "...vu la dispense du temps prohibé accordé par M. l'abbé (?) vicaire général de Mgr l'archevêque de Reims etc."

Ces interdits religieux disparaissent peu à peu au XIX ème et plus encore à notre époque.

Détail pratique : on tuait le cochon en période froide...Et il était invité au mariage.


mariages par mois

Ce graphique est issu du dépouillement des mariages à Pouilly de 1673 à 1890.
Certains dont la date est imprécise, n'ont pas été pris en compte.
Quoiqu'il en soit la tendance est suffisamment explicite pour oublier ces quelques manques.

Quant au jour dans la semaine, sous l'ancien régime, on ne se mariait pas le dimanche, le curé ayant assez de messes à dire. (Encore qu'on en trouve 17 entre 1673 et 1699 )
Les samedis, les jours qui précèdent une fête religieuse, les jours de fêtes étaient aussi déconseillés.
On évitait aussi le vendredi, jour de la crucifixion et jour maigre. Le jeudi était peu prisé, car les agapes risquaient de déborder sur le vendredi.
Restaient donc les premiers jours de la semaine et on constate que le mardi était privilégié.

Les graphiques suivants sont également issus du dépouillement des actes de mariage à Pouilly. Seuls les actes avec une date dûment connue ont été pris en compte.

jour de semaine mariage 17 ème

jour de semaine mariage 18 ème

jour de semaine mariage 19 ème


Les témoins

Sur les actes de mariage, on trouve les témoins. Ce sont généralement, les frères, les oncles, les grands parents et au nombre de deux, parfois de quatre.
Quand les parents sont décédés, des proches s'y substituent.
Un cas intéressant a lieu à Inor le 18/01/1752. Margueritte Pierron est assistée par "...Jacques Lambert créé tuteur et Nicolas Gonzail curateur par les voix de justice..." car son père Benoît Pierron, cordonnier n'a pas donné signe de vie depuis 5 ans. (AD55 Inor 1750-1769 13/129)
La première femme témoin à Pouilly est Marie Justine Ricard, négociante, au mariage de sa sœur Marie Euphrasie avec Henri Désiré Millet le 05/04/1899. (AD55 1893-1902 120/130)

Désormais ce sont souvent les frères ou des amis qui tiennent le rôle de témoins.



Empêchements et consanguinité.


Un des empêchements est le refus des parents de voir leurs enfants convoler.
Les raisons sont multiples. Différence de niveau social, rancunes familiales, mauvaises mœurs avérées ou supposées etc.
Quand les parents refusaient à un enfant majeur de se marier, celui-ci pouvait et devant notaire adresser une "sommation respectueuse" à ceux-ci. Jusqu'en 1896 il fallait trois sommations pour passer outre leur interdiction.
Ainsi, Léonie Uranie Grattepin, née à Inor Le 06/04/1651, envoie-t-elle 3 actes respectueux les 22/05, 26/06 et 27/07/1872 par Maître Henon de Stenay, à ses parents, Auguste Grattepin (1822-1901) et Marie Thérèse Falala (1818-1902) habitants de Pouilly. Elle souhaite en effet se marier à Isidore Auguste Maillot. Et c'est bien ce qui se passera le 21/09/1872 à Sedan. (AD08 Sedan 610/648 acte 126)
On ignore le pourquoi du refus des parents. Le marié était originaire de Pouilly, son père était menuisier, puis voiturier, sa mère, vigneronne, puis cultivatrice, en fait une situation financière sans histoire. Peut-être de vieilles histoires de famille, de mœurs... On ne saura pas.

La loi du 21/06/1907, remplaça cette procédure par une simple notification de projet de mariage. Et le 02/02/1933 une nouvelle loi fit disparaitre cette obligation.
C'est dire si on tenait compte de l'avis parental.
Il n'est donc pas rare de rencontrer des actes passés devant notaire où les parents ne pouvant se déplacer, donnent leur accord de manière officielle.
En voici un exemple qui concerne Pierre Fradcourt et Marie Stevenot en 1827.

accord de mariage devant notaire


Au mariage d'Antoine Stevenot et de Barbe Dian, à Juvigny-sur-Loison, le 06/11/1725, le curé écrit : "...après les soumissions respectueuses faites etc...". A-t-il confondu Soumission et Sommations ?  On note en effet que le père de la mariée, Pierre Dian, maire et juge de Nepvant ne signe pas l'acte... (AD55 Juvigny 1720-1729 52/85)

L'âge pouvait aussi être un empêchement. Là encore une dérogation était possible.
L'émancipation pouvait autoriser le mariage. Ainsi voit-on Jean-Baptiste Lambert à l'âge de 23 ans, épouser Anne Gobert. Il est écrit " ...garçon maréchal ferrant émancipé..." (AD55 1723-1757 204/267)

La différence de religion pouvait aussi être un obstacle au mariage. A Pouilly, je n'ai pas trouvé de mariage mixte. Par contre Jacques Fauvelet (1758-1814) se marie à une luthérienne, Marie Madeleine Rosselet le 17/12/1788 à Roches-lés-Blamont dans le Doubs. (AD25 Roches-lès-Blamont 1780-1790 125/159) Que faisait-il si loin de Pouilly ? Sans doute était-il à l'armée ?

Si on remonte le temps, on trouve un empêchement dû à la condition des futurs époux. En effet un serf ne pouvait se marier sans l'accord de son seigneur. De plus le mariage hors la seigneurie était quasiment impossible. Mais il faut remonter bien loin et de toute façon, il n'existe pas d'archives.





Mais des empêchements, le plus courant, demeure tout de même la consanguinité.

Dans une société ou le mariage est essentiellement endogamique, les risques sont avérés.
Pour cette raison l'église a vite instauré des règles draconiennes.
Tout en admettant que moyennant finances et pour des raisons précises, on puisse obtenir dérogation.
Voici les tarifs en 1852.

tarif des dispenses

C'était souvent le cas pour une grossesse, mais parfois aussi lorsque l'éventail de personnes mariables était trop réduit dans les petits villages. Un âge avancé fournissait aussi une bonne raison à ces dispenses.

En voici quelques exemples trouvés à la bibliothèque diocésaine de Verdun :

Nicolas Cochard, fils de Louis Cochard et d'Anne Maquet et Marie Eugénie Guichard fille de Félix Guichard et d'Anne Maquet, sont parents du 3ème degré au 3ème simple et égal. Ils souhaitent se marier car "ils habitent l'un et l'autre un petit endroit, parce qu'ils sont sans fortune, parce que depuis longtemps ils se fréquentent".
La suppliante doit reconnaître "...qu'elle ne connait pas d'autre empêchement à son mariage, qu'elle est pauvre, qu'elle n'a été ni ravie, ni forcée, ni violentée, et que c'est de son plein gré qu'elle consent à ce mariage."
Des témoins parents et non parents doivent confirmer tout cela. Les non parents déclarent "...n'être parents, ni alliés, ni domestiques des suppliants..."
Demande du 05/11/1852.

Georges Colinet et Anne Marie Stevenot tous deux ouvriers de fabrique à Pouilly. La raison canonique de leur demande est que "...la jeune personne se trouve dans une situation qui exige impérativement le mariage...", mais ils sont consanguins du 3ème au 3ème simple et égal. Demande du 14/09/1852.

Jean François Malot de Cesse et Anne Thérèse Ravigneaux de Pouilly le 14/10/1852, parce que "...ils habitent l'un et l'autre de petites localités et que la suppliante a 26 ans..."

Louis Gobert, 49 ans, veuf et Adèle Augustine Percebois, 36 ans parce que "...la petitesse du lieu qu'ils habitent, leur âge réciproque etc. militent  dans ce cas en faveur de cette dispense".
Mais les lois de l'église ne leur permettant pas de se marier, à cause de l'empêchement dirimant de consanguinité du 3eme au 4eme degré qui est entre eux etc.
Ils sont à l'origine des familles Guichard du bas, Vanderesse, Wendling etc.
Le curé dessine un arbre généalogique sur 4 générations et soumet le tout à son évêque. Demande du 30/12/1852.


exemple de consanguinité


A Letanne dans les registres paroissiaux, on trouve la dispense obtenue auprès du pape pour le mariage de Nicolas Fiquet et Anne Marie Colson le 01/07/1759. Ils sont en effet parents du 2e au 2e degré mais aussi spirituellement car elle est la marraine d'un enfant de Nicolas Fiquet et Marguerite Gonel (sa première femme)
Comme pénitence (indépendamment de l'inévitable participation financière) "leur avons imposé pour pénitence de réciter séparément à genoux et à voix basse dans leur église avant ou après l'office savoir, le dit Fiquet les sept psaumes de la pénitence et la dite Colson le chapelet du rosaire pendant trois dimanche  à commencer dimanche prochain..."
Ce Fiquet est un de mes sosa (AD08 Letanne 1740-1769 81/126)

Il y en eut d'autres mais dont on ne trouve plus la trace. Les registres paroissiaux en font état.
Ainsi le 06/02/1714, sont mariés Louis Stevenot et Jeanne Pierrard, après dispense parce qu'ils étaient parents au 4ème degré.
Sans doute du coté de Jeanne Stevenot, marraine de Jeanne mariée à Pierre Tribut le parrain.
Ce couple est à l'origine des Stevenot dont la descendante Marie Joséphine, épousera Jules Édouard Gobert.
(AD55 1673/1722 206/276).

Le 02/07/1866, Pierre Emile Rossignol épouse à Reims Stèphanie Dozin. Il étaient cousins germains (AD51 Reims 1866 188/409 acte 229)

Mais le plus curieux est celui de Jean-Baptiste Berlet qui épouse la fille de son propre frère, donc sa nièce, en 1852.
Jean-Baptiste Berlet, est né le 22/06/1798, de Jean-Baptiste Berlet et de Marie Marguerite Normand. Il s'engage le 30/03/1820. Il mesure 1.64 m, cheveux et sourcils bruns. (Acte d'engagement no 22 AC Stenay).
Le 17/04/1852, il épouse Marguerite Adèle Berlet, sa propre nièce, à Reims. (AD51 Reims 1852 94 à 96/427). Ils ont alors 26 ans d'écart. Le père de Marguerite Adèle s'appelle aussi Jean-Baptiste Berlet. Il n'assiste pas au mariage de son frère et de sa propre fille puisqu'il décède le 13/09/1850.
L'acte stipule : "...Lesquels futurs, oncle et nièce, et par conséquent parents à un degré où le mariage est prohibé par la loi, nous ont déclaré qu'ils sont dans l'intention de contracter mariage ensemble, en vertu de lettre patente portant dispense de parenté...".
Ils présentent donc cette lettre-dispense du président de la république, Napoléon III.
"...lettre patente accordée au dit futur à l'effet de contracter le présent mariage, par M. le président de la république française, le douze mars dernier; laquelle lettre patente, levant la prohibition portée en l'article 163 du code civil etc."
La veuve Berlet, "...mère de la future épouse, était ici présente et accompagnait la dite future. Elle nous a déclaré formellement consentir au présent mariage et l'avoir pour agréable".
Je ne sais pas si ils ont obtenu cette même dispense auprès des autorités religieuses...
Le marié décède à Reims, le 15/03/1856, capitaine en retraite, non sans avoir eu de sa nièce un enfant, Edmond, né à Reims le 23/09/1853. Son acte de mariage le dit chevalier de la légion d'honneur et de l'ordre de Pie IX. Mais on ne le trouve pas dans la base Léonore.
La veuve se remarie à François Victor Berat le 30/01/1861 à Mareuil-le-Port. Il décède le 05/08/1868 à Pais 11e. Il était alors comptable.
Elle décède le 05/05/1898 à Reims.

Un autre cas est intéressant. C'est celui d'Irma Saussette. Elle est née le 28/05/1853 à Pouilly. Elle est fille naturelle de Marie Anne Saussette qui ne la reconnait pas. En 1871 elle est journalière à Paris, 70 rue saint Maur chez son tuteur. Elle épouse le 31/01/1871 Louis Émile Célestin Wattremez qui est bijoutier. Ils en profitent pour reconnaître une fille Louise Hortense, née le 19 janvier de la même année. Elle a alors 17 ans.
Son mari décède le 24/05/1876. Irma épouse alors son beau-frère Albert Henry Wattremez, bijoutier, le 15/09/1877. L'acte de mariage dit qu'elle est atteinte d'une maladie grave, si bien que le maire vient les marier à domicile, 42 rue du repos au 2e étage de la maison. Pour cela il a fallu une dispense : "...Les futurs étant beau-frère et belle-sœur, la prohibition établie par l'article 162 du code civil est levée en ce qui les concerne, par décret du président de la république en date du 18 juillet dernier..." (AD75020 Paris 319/464 acte 606)
Mais sa maladie ne l'empêche pas après le décès du second Wattremez d'épouser à Paris, Paul Eugène Constant Girard le 26/08/1887, puis le 30/04/1892 Clément Baptiste Lelong.
Elle décède le 07/02/1903 à Paris, 4 rue de la chine à l'hôpital Tenon. (AD75020 Paris 70/698 acte 524)

Un autre cas est celui de Eugénie Octavie Labbé née en 1857 et qui des origines à Pouilly par sa mère Marie Josephine Boulanger. elle se marie à Dominique Joseph Dumont le 22/05/1884 à Pouru-saint-Remy où il décédé en 1895. elle se remarie alors avec Élisée Charles Dumont son beau-frère le 30/08/1897 à Rubécourt (08) Il fallut une dispense du président de la république.




On ne connait pas le pourcentage de refus de dispense.






Sur le tableau ci-dessous est expliqué comment calculer le degré de parenté, qui d'ailleurs n'est pas le même pour l'église ou la mairie.


degré de parenté


Dans les actes on retrouve des termes concernant le degré de parenté. Le tableau ci-dessous les explique :


nom des liens de parenté


Autre empêchement, la parenté spirituelle. Parrain et marraine ne pouvaient convoler sauf si au baptême, ils étaient déjà promis.
Car en effet ils étaient censés se substituer aux parents en cas de malheur dans l'éducation de l'enfant.
On imagine sans peine, les problèmes pour trouver le "compère et la commère" n'ayant pas d'intérêt dans un futur mariage.

La différence de religion fut longtemps un obstacle au mariage.

Comme autres empêchements, mais temporaires,  il faut noter les interdits religieux, tels les fêtes, le carême, l'avent etc.

Et malgré toutes ces précautions, si il advenait qu'un couple se marie et qu'on découvre par la suite un empêchement, il fallait une deuxième cérémonie dite réhabilitation du mariage, après les dispenses (et dépenses) habituelles. Je n'en ai pas trouvé à Pouilly.
A Malandry, le 12/03/1720 Jacques Hannetel épouse Catherine Oudart. (AD08 Malandry 1671-1791 101/241)
Ce Jacques était veuf de Marguerite Grandjean. Or Marguerite Grandjean et Catherine Oudart était parentes au 4e degré. D'où la réhabilitation du mariage à Olizy le 06/04/1720. (AD55 Olizy 1713-1761 50/243)
De même à Baalon, Barbe Deflandre épouse Jean Baalon le 28/07/1721, mais il se découvre un empêchement. Ils repassent donc devant le curé le 04/12/1721 pour une réhabilitation. (AD55 Baalon 1675-1743 209 et 210).

Le problème de la consanguinité, cachait parfois d'autres raisons moins avouables.
C'est ainsi que Nicolas Habran se voit refuser par son propre père le mariage prévu avec Françoise Mathieu.
Le curé explique la situation : "... sans qu'il y ait eu aucune opposition ou empêchement sinon au verbal de la part de Jean Habran père du dit Nicolas Habran, lequel vint au logis du curé pour lui déclarer qu'il croyait que le dit Nicolas Habran son fils était parent de la dite Françoise Mathieu; pourquoi le dit sieur curé aurait fait faire une sommation de la part de la dite Françoise Mathieu .. ."
Finalement le curé ajoute : "...qu'il n'aurait formé et allégué son opposition que parce qu'il aurait oui dire  qu'ils étaient parents sans néanmoins le savoir à fond etc."
Manifestement le père employait cet argument pour s'opposer au mariage.
L'ambiance à la noce devait être intéressante ! Le père n'est pas parmi les signataires de l'acte de mariage. (AD55 Stenay 1673-1694 302/396)
Ce Nicolas Habran est marchand à Pouilly en 1692 et dit bourgeois de Pouilly en 1696.


Les exigences civiles.
Le maire exigeait aussi l'acte de naissance des futurs époux. Mais parfois celui-ci était introuvable. C'est la mésaventure qui arriva à Pierre Claisse, né le 06/07/1799 à Pouilly et qui souhaitait se marier à Marie Madeleine Lorson.
Pourquoi ne fut-il pas inscrit dans les registres ? On ne sait. Toujours est-il qu'il fallut établir un acte de notoriété, établissant qu'il était bien le fils de Jean-Baptiste Claisse et Anne Godet. Sept témoins vinrent confirmer ce fait. (AD55 1833-1842 22, 23 /352)

Il fallait également justifier d'un domicile pour se marier.
Charles Romangin, descendant de la famille Romangin de Pouilly, en fit les frais à Paris en 1790. Il était marin et cabotait dans les îles et ne pouvait donc justifier d'un domicile fixe.



Les obligations militaires
La situation militaire de l'époux, constituait aussi un embarras pour se marier. En effet il fallait l'autorisation de sa hiérarchie pour convoler.
Voyons l'exemple de Jean Pierre Marteaux. Il est voltigeur au 9 ème léger, classe 1845.
Il est "...autorisé à contracter mariage en vertu d'un acte de Monsieur le général de brigade commandant la subdivision des Ardennes...".
Il épouse donc Madeleine Brasseur, ouvrière de fabrique le 09/11/1852. (AD55 1843-1852 230/369) et (AD55 1843-1852 369/369)
En fait on ne connait pas le nombre de mariages refusés, ne figurant sur les actes que ceux qui ont été acceptés...
On trouve aussi :
Albert Claisse qui était fusilier au 33 ème régiment de ligne, appelé de la classe 1853 et libérable du service actif le 31/12/1860, ayant reçu une autorisation de mariage. En effet il épouse le 04/05/1859, Marie Celinie Colinet. (AD55 1853-1862 156/227).
Jean-Baptiste Ambroise Lambert, charpentier se marie le 27/06/1865 à Marie Louise Amélie Lefer. Il est à cette date caporal du génie, domicilié à Sedan et reçoit l'autorisation du général de brigade pour convoler. (AD55 1863-1872 47/179)
Charles Mangin, domestique dans le civil, est soldat au 66 ème RI, classe 1861. Le général commandant la 2ème division militaire l'autorise à se marier à Anne Marie Bigot le 30/06/1868. (AD55 1863-1872 97/179)




Le contrat de mariage

Puisque le mariage de deux individus représente, pendant des siècles, l’union de deux familles, il est important, pour chaque époux, de définir exactement quelles sont les conventions pécuniaires qui vont régir leur vie commune. Il faut pour cela déterminer l’apport de chacun et le sort de leurs biens de leur vivant ou après leur mort. Jusqu’au XVe siècle environ, les époux sont unis sous le régime dotal, ce qui suppose la séparation des biens. Après cette date, certains couples pourront choisir le régime de la communauté conjugale, s’il est plus favorable à leur situation professionnelle.

La rédaction d’un contrat de mariage, pratique de moins en moins répandue de nos jours, était fréquente mais à Pouilly on en constate fort peu.

En milieu rural, le notaire se déplaçait au domicile de la fiancée où l’on procédait à la signature.



Mésaventures maritales et Charivaris

Les charivaris étaient des manifestations bruyantes pour stigmatiser des unions qualifiées de "contre nature".
Ainsi un jeune homme avec une vieille femme, un étranger avec une fille du crû ou inversement, mais aussi les secondes noces.
Le couple devenait la risée du village et devait souvent payer son écot en boissons pour se faire oublier.

Mais parfois ces chahuts étaient excessifs. A Mouzon le conseiller du roi en 1735, doit légiférer pour en arrêter les excès.
"Faisons défense à toutes personnes de faire des assemblées scandaleuses et tumultueuses appelées charivaris lors des secondes noces, à peine de 20 livres d'amende, dont les pères et mères, maîtres et maîtresses seront responsables pour leurs enfants et domestiques". FR


Quand on faisait courir le baudet.
L'homme devait être maître en son logis. Et si d'aventure il dérogeait il devenait la risée du village.
Dameras nous raconte :
"... Grande cérémonie. On a couru le Baudet au rapport d'un homme qui s'est laissé battre par sa femme et sa belle mère. Il s'y a trouvé aux environs de 2000 personnes tant à pied qu'à baudet et à Cheval ... C'était le 17/01/1819 à Hannogne (08).
Alors courir le baudet ?
Quand un homme s'était laissé battre par sa femme, les habitants du village se rassemblaient un jour convenu, et enlevait le couple qui était hissé de force sur un baudet. Placés dos à dos à califourchon, les époux étaient promenés dans le village, au bruit des poêles à frire, marmites etc.
On peut sans peine imaginer ce que cette humiliation devait engendrer comme ressentiments entre les intéressés.
On constate qu'au village tout était l'affaire de tous.


Pâques avant les Rameaux ou la charrue avant les bœufs...

On trouve dans les registres paroissiaux bon nombre de mariages suivis dans la foulée d'une naissance dans les semaines qui suivent.

Jean-Baptiste Berlet est employé des fermes du roi et domicilié à Pouilly.
Il est né le 19/11/1754 à Thénorgues (08) et décédé le 13/01/1814 à Pouilly.
Les fiançailles avec Marie Marguerite Normand ont lieu le 10/11/1785 (AD55 1760-1791 283/345)  et ils se marient le 22/11/1785.
Il n'était que temps car cette dernière accouche le 01/12/1785 d'un Vincent Marie soit 9 jours après. L'enfant décède le même jour.
Le 09/12/1786, elle accouche de nouveau de Marie Madeleine, soit un an et une semaine après.

Nicolas Guichard 1767-1819) épouse Marie Durlet (1770-1791) le 10/01/1791. Il est grand temps car arrive une Marguerite le 23/03/1791. La mère et l'enfant se portent assez mal puisque Marguerite meurt le même jour et Marie le 28.
Nicolas ne se remariera pas.

Jean Louis Gobert et Marie Marguerite Saussette ont un Louis Gobert hors mariage le 17/05/1804. il décède le 01/06/1804 (AD55 1802-1812 44/174)

Claude Philippe, jardinier de M. de Pouilly se marie à Elisabeth Tribut le 08/01/1774 (AD55 1760-1791 149/345) et elle accouche de Jean Claude Philippe le 23/05/1774. Dix autres enfants suivront dont 7 mourront jeunes ou adolescents.

Mais parfois même en reconnaissant l'enfant il faut attendre  pour régulariser.
C'est le cas de Jean Émile Le Duc, âgé de 17 ans et 8 mois, tisseur, garçon domicilié à Pouilly, qui reconnait être le père d' Antoinette le 27/03/1829. Il l'a eue de Mademoiselle Catherine Lambert, couturière âgée de 18 ans et fille de défunt Jean François Lambert et de Marie Thomasset. Ils finiront par se marier le 21/01/1834 et reconnaître leur fille Antoinette.
Lui était né à Paris, 18 rue de Clichy dans le 18 ème, enfant naturel de Julie Le Duc, dont il dit ignorer le destin.
Il existe bien une Julie Le Duc née le 29/01/1772 à La Fere en Picardie et décédée à Paris le 14/01/1873. Mais cette Julie était dame d'honneur de la duchesse de Berry et mariée à Jacques Law de Lauriston, maréchal de France.

François Victore Dejardin, fileur épouse Marie Joseph Claudot, vigneronne, le 26/06/1838, laquelle accouche d'un Auguste Ipolite dés le 10/12 de la même année. (AD55 1833-1842 138/352)



Combien de fois se mariait on ?

Le record à Pouilly est de 5 mariages, même si ils n'ont pas tous été célébrés au village.

Records tenus par :
Pierre Dupront, (08/12/1738-11/01/1805) laboureur qui se maria successivement à :
- Catherine Dehollier (1738-1784) à Glaire vers 1775
- Marie Catherine Gobert (1754-1787) le 29/06/1784 à Pouilly
- Geneviève Ponsin (1733-1792) à Inor le 06/11/1787
- Marie Jeanne Guichard (1765-1795) à Autreville le 16/09/1793
- Marguerite Fourrier (1751-1803) à Brouennes le 05/05/1796 (AD55 Brouennes 1792-1802 90 à 92 /188). Elle était veuve de  Berthelemy Vaudois

Simon Vuiblet ou Wiblet (1730-après 1792) domicilié à Autreville qui convola avec :
- Suzanne Dupront (ca 1730-11/10/1765 à Autreville)  le 13/06/1752 à Autreville et dont il eut 5 enfants de 1755 à 1760
- Françoise Ballon (ca 1729-06/10/1767 à Autreville) qui décède suite à un accouchement (AD55 Autreville 1751-1791 71/176)
- Anne Volier (avant 1768-18/01/1777 à Autreville) dont il eut 4 enfants de 1769 à 1776
- Jeanne Hupin ou Hupain (avant 1768-avant 1779) dont il eut au moins un enfant mort né le 16/04/1779
- Anne Pilard (ca 1734-09/05/1792 à Autreville) mariés à Pouilly le 10/01/1780 (AD55 1760-1791 215/345)

Fulgence Richer signale aussi à Mouzon : "Nicolas Crouchet, pêcheur de profession, mourut le 16/09/1738, après avoir eu 5 femmes et 32 enfants des 4 dernières".


Mais se marier deux à trois fois était monnaie courante. Indépendamment du manque d'affection, venaient se greffer les problèmes d'éducation des enfants, de la tenue de la maison, de l'atelier ou de la ferme.
Je ne sais pas si le délai de viduité était vraiment respecté. Une étude à ce sujet serait intéressante.



Les familles recomposées

Elles étaient au moins aussi nombreuses que de nos jours.
Mais si aujourd'hui des familles se recomposent au hasard des divorces, remariages, concubinages, c'est le décès aux siècles derniers qui en était à l'origine.
Ce remodelage de la famille amenait à des situations assez inextricables.
Les enfants de plusieurs lits cohabitaient avec l'épouse ou l'époux du moment et en plus ou moins bonne intelligence.

En voici trois exemples sous forme de tableau.
Le premier est basé sur Charles Pierrard et met "en cause" pas moins de 7 personnes.


famille recomposée



Le second basé sur Jean-Baptiste Savignac touche 6 personnes. Il est au moins aussi complexe que le précédent.

famille recomposée 1



Et ce dernier concernant Nicolas Thomas mais bien d'autres personnes !

famille recomposée 3

Citons aussi le cas de ce Guichard Antoine (1716-1788) , qui se marie 3 fois et a au total 20 enfants de 1746 à 1778



Les vieilles filles

A moins d'être vouée à la religion ou fort désavantagée par la nature, il était mal vu de ne pas convoler.

Restif de la Bretonne dans "La vie de mon père" dit :
"... Tout célibataire est égoïste. Il l'est par nécessité. Qui ne tient à personne suppose que personne ne tient à lui. Il faut de la vertu au delà des termes ordinaires, pour qu'un célibataire ait de la vertu comme certain curé etc."

Mais l'église veillait au grain et rappelait qu'il fallait "croître et multiplier". C'était l'assurance pour la communauté, d'une population renouvelée et pour le clergé, d'ouailles justifiant leur sacerdoce.

On trouve cependant des cas de célibat dont on ne connaîtra jamais la raison.

Parmi eux le cas de deux sœurs qui décèdent à quelques jours d'intervalle.
Rose Romangin âgée de 76 ans, fille de défunt Bonnaventure Romangin et de défunte Gillette Messin le 10/12/1761 et Françoise Romangin de 74 ans le 16 du même mois. (AD55 1760-1791 22/345)
Leur décès s'explique par leur âge et sans doute par une maladie contagieuse. Sans doute vivaient-elles sous le même toit.

Le 12/04/1762 décède Françoise Ravigneaux, fille de Jean Ravigneaux et de défunte Jeanne Pierrard à 71 ans. Elle était née le 27/05/1691.
Le 05/07/1762 décède Catherine Mazelot, fille de défunt Pierre Mazelot et de défunte Catherine Tribut, âgée de 86 ans environ. (AD55 1760-1791 30/345)
Le 04/09/1765 Marie Graincourt décède à 84 ans (AD55 1760-1791 64/345)
Le 03/01/1771 Catherine Bertrand décède à 42 ans (AD55 1760-1791 120/345)
Le 04/01/1771 Catherine Nagnan décède à 67 ans, suivie le 6 du même mois par Marguerite Poulain, âgée de 75 ans. (AD55 1760-1791 121/345)
Le 29/04/1772 Jeanne Chollet décède à 58 ans (AD55 1760-1791 132/345)
Le 12/11/1772 Elisabeth Docq décède à 52 ans (AD55 1760-1791 135/345)
Le 26/07/1783 Marie Jeanne Neveux née le 12/06/1721 donc 62 ans (AD55 1760-1791 255/345)
Le 27/12/1790 Marie Anne Launay née le 26/07/1706 donc 84 ans (AD55 1760-1791 334/345)
Le 21/02/1791 Françoise D'Orlodot née le 28/11/1725 à Futeau (55) accusant 65 ans (AD55 1760-1791 338/345)
Le 25/02/1802 Jeanne Aubry "...fille célibataire âgée de 81 ans née à Sommauthe..." (AD55 1796-1807 64/135)
Le 14/10//1802 c'est encore une Marie Jeanne Aubry qu'on enterre à 39 ans et vieille fille. (AD55 1802-1812 24/174)
Le 13/05/1804 c'est Marie Anne Balland qu'on enterre à 44 ans.(AD55 1802-1812 44/174)
Le 19/02/1806 Marguerite Guichard décède à 80 ans et vieille fille. (AD55 1802-1812 75/174)
Le 17/02/1812, c'est Elisabeth Bigot qui a 84 ans lors de son décès est qualifiée de fille (AD55 1802-1812 171/174)
Le 03/01/1813 Gillette Fauvelet fille âgée de 53 ans. (AD55 1813-1822 26/200)
Le 31/01/1813 Anne Meunier, fille de 66 ans. (AD55 1813-1822 27/200)
Le 11/12/1815 Marguerite Perinet "...fille âgée de 69 ans..." (AD55 1813-1822 69/200). On ne sait d'où elle venait...
Le 03/05/1824 Jeanne Nicole Neveux 63 ans. (AD55 1823-1832 149/212)
Le 28/03/1828 Marie Anne Lambert, "...fille âgée de 86 ans..." (AD55 1823-1832 163/212)
Le 30/03/1830 Marie Anne Pernot, célibataire âgée de 62 ans etc. (AD55 1823-1832 172/212)
Le 20/04/1831 Nicolle Stevenot 69 ans, célibataire et vigneronne. (AD55 1823-1832 178/212)
Le 28/04 dans la foulée, c'est Marie Guichard vigneronne, puis Marie Anne Monlibert, couturière de 49 ans, le 16/05.
Le 20/06 Marguerite Neveux vigneronne de 77 ans. Une hécatombe de vieilles filles !
Le 26/04/1835 Marie Jeanne Lequyer accuse 85 ans de célibat  à son décès.
Le 30/03/1840 Marie Françoise Bourgerie s'éteint célibataire à 75 ans. D'après le maire Charles Pognon, elle était "triquoteuse". (AD55 1833-1842 184/352)
Sa sœur Marguerite Bourgerie la suit le 04/04/1840, âgée de 63 ans est "célibatresse" inscrit le maire. (AD55 1833-1842 185/352)
Le 26/01/1848 Marie Anne Gobert décède à 85 ans, fille. (AD55 1843-1852 145/369)
Le 13/07/1851 Elisabeth Rosalie Adnesse meurt célibataire à 62 ans. (AD55 1843-1852 211/369)
Le 09/07/1871 Marie Anne Godet, 63 ans  décède célibataire. (AD55 1863-1872 147/179)
Le 15/08/1894 Elisabeth Pognon s'éteint à 86 ans. (AD55 1893-1902 9/148)
Le 01/12/1894 c'est Anne marie Gobert qui décède à 86 ans. (AD55 1893-1902 10/148)
Le 04/03/1896 Anne Marie Adélaïde Gobert 81 ans. (AD55 1893-1902 18/148)

On en trouve donc au fil des actes. Je ne vais pas toutes les citer.


Mais on trouve aussi de vieux Garçons.

Pourquoi ne se sont ils pas mariés ? On ne sait.
Ils n'étaient pas forcément indigents. Peut être étaient ils simplement désavantagés physiquement ou psychologiquement ?
Ou simplement peu portés à créer une famille.

Ainsi ce Pierre Bellard, né le 27/02/1710 et qui décède à 77 ans le 09/12/1787 sans avoir convolé.  (AD55 1760-1791 306/345)
Sa sœur Marie était décédée 3 jours avant le 06/12

Et Vincent Tressée "garçon célibataire" qui décède à 60 ans. Il était le fils de Jean François Tressée, cuisinier au château de Pouilly. (AD55 1802-1812 26/174)
Jean-Baptiste Meunier "...soixante ans cinq mois domicilié au dit Pouilly, garçon est décédé ..." le 27/05/1805
Evrard Breux "...garçon âgé de 69 ans, né à Cervizy, manœuvre etc..." est décédé le 01/04/1809 à Pouilly.
Jean Yves Lambert, "...garçon, âgé de 66 ans..." est présent sur l'acte de naissance de Adélaïde Béatrice Jonio.(AD55 1802-1812 129/174)
Jean Ravignaux "...âgé de 55 ans, propriétaire, garçon..." (AD55 1802-1812 155/174)
Jean Yves Lambert "...âgé de 76 ans, garçon..."  (AD55 1813-1822 154/200)
Jean François Neveux "...âgé de 68 ans, garçon..."  (AD55 1823-1832 147/212)
Pierre Gilbert 86 ans célibataire. (AD55 1823-1832 179/212)
Martin Lecuyer 88 ans (AD55 1833-1842 59/352).
Jean Ballant 72 ans, domestique. (AD55 1843-1852 189/369)


Concubinage

Jusqu'en 1838, je n'ai pas trouvé de concubinage "notoire". Non qu'il n'en existât pas, mais simplement, parce qu'il n'en était pas fait état.
Le premier officiellement reconnu concerne Jean Louis Pierrard, meunier "domicilié dans le moment au dit lieu" et Françoise Le Franc "...habitant ensemble sans être mariés...". On le constate sur l'acte de mariage de leur fille Adélaïde Constance née à Sy (08) en 1818 avec Jacques Guichard le 29/08/1838. (AD55 1833-1842 143/352).
Ce Pierrard et cette demoiselle Le Franc avaient un fils Nicolas Sincère Pierrard qui se marie le 27/04/1846 à Raucourt, avec Claire Gadan. Ce qui est surprenant c'est que le père est consentant et la mère ne l'est pas !
"...fils naturel de Jean Louis Pierrard, meunier...ici présent et consentant et de demoiselle Lefranc, sans profession... non consentante ainsi qu'il est constaté par la déclaration faite, par le dit Jean Louis Pierrard, père du futur..." (AD08 Raucourt et Flaba 1843-1847 36/59)


Divorces


On en trouve assez peu, sauf au XX ème et XXI ème où la pratique se généralise. Le divorce n'est plus freiné par les sentiments religieux ou la peur du "qu'en dira-t-on "

Le 30/08/1792 l'assemblée législative déclare que le mariage peut être dissous par divorce.
Il est interdit sous Louis XVIII (loi du 08/05/1816) et ne sera rétabli que le 27/07/1884.

A Luzy Evrard Baldéric Goffard, se marie le 02/03/0802 à Anne Gillet. Le 03/01/1803 ils font la demande divorce, qui est prononcé le 17/03/1803. La demande est mutuelle, mais on en ignore les raisons.
Félix Ferdinand Gobert, cultivateur à Pouilly et Anna Louise Champenois se marient à Martincourt le 27/01/1885 et divorcent le 29/08/1895.
Ils étaient séparés depuis le 16/12/1891.
Le divorce est prononcé au profit de la femme. (AD55 Martincourt 1893-1902 39 et 40/131)

Le 23/04/1907, Clotilde Raimond et Eugène Lamotte divorcent. Ils étaient mariés depuis le 26/10/1895 à Pouilly. (AD55 1893-1902 107/130)
Les torts vont exclusivement à l'épouse. La garde des enfants est confiée au père, ce qui est rare à cette époque.

Abandon de domicile


Sans être divorcé il peut y avoir abandon du domicile conjugal.
Ainsi quand Clotilde Cohidon, fille de Marguerite Lambert, décède le 22/04/1844, l'acte précise qu'on ne connait pas l'adresse du père, Joseph Auguste Cohidon. (AD55 1843-1852 54/369)
En fait il est décédé le 16/10/1868 à Fouqueville (27). L'acte (no 27) le dit célibataire. Il est déclaré sans domicile fixe. Il devait y vivre depuis quelques temps puisque un des déclarant est dit ami du défunt. (AD27 Fouqueville 1861-1902 101/540 acte 27)
ou
Lors du mariage de Jean Isidore Maillier, domestique à Pouilly, avec Victoire Pelletier,  Maurice Maillier, son père, vannier de son état, 53 ans, est dit "...autrefois domicilié à Halles, mais aujourd'hui sans domicile fixe connu...". Sa femme par contre Marguerite Thierion est toujours domiciliée à Halles. (AD55 1843-1852 156/369)
Il est ajouté sur l'acte de mariage que ce père "...a disparu depuis 11 ans...et que depuis cette époque il n'a pas reparu dans le pays et  n'a donné aucune de ses nouvelles etc."

Pourquoi ces abandons de domiciles ? Peut être pour courir le guilledou mais c'est peu probable.
Plutôt pour avoir cherché du travail un peu plus loin, puis encore plus loin, au point de perdre ses repères familiaux et refaire sa vie.
Ou être décédé dans un lieu lointain où le curé ou le maire n'a pas jugé utile ou n'a pas pu faute de renseignements prévenir la famille.
On peut aussi envisager le bannissement suite à une action juridique, le coup de folie qui fait prendre la route sans but.
Les maladies comme Alzheimer existaient déjà...


Mariage le même jour

Assez peu. On note tout de même Louis Balland qui épouse Marguerite Victorine Gobert le 14/10/1840, et ce même jour André Victor Gobert s'unit à Anne Sophie Boulanger. (AD55 1833-1842 178 et suivantes /352)


Curiosités


Louis Bertrand dit François, épouse le 25/08/1883, Louise Appoline Lequy. (AD551883-1892 91,92/185)
Louis Bertrand dit Victor, épouse le 27/10/1883, Anne Josèphine Lequy. (AD551883-1892 92,93/185)
En fait il s'agit de deux frères qui épousent deux sœurs.

Cette Anne Josephine Lequy devait se marier à Adolphe Jean-Baptiste Saucourt, comme les bans des 9 et 16 juillet 1882 le prouvent. (AD55 Pouilly 1873-1882 169/177).
Mais il semble bien que ce mariage n'ait jamais eu lieu.
En effet ce Saucourt se marie avec Marie Elvire Marchand le 11/5/1889, qui lui donne une fille le 14/03/1890. (AD08 Noyers Pont-Maugis 1887-1900 72/293)

A signaler les noces de diamant de Julien Seniquette (1840-1933) et Catherine Thiry (ca 1851-  ) le 20/08/1927, soit 60 ans de mariage.  (AD08 Petit Ardennais 23/08/1927 4/6)



Pour les statistiques, voir cette page Statistiques mariages.

On pourra lire l'ouvrage de Jean Louis Flandrin : "Les amours paysannes (XVIe-XIXe siècles)". Collection Archives 1981

Et pour finir quelques photos de mariage, photos de groupe, où sont identifiées les personnes dont on a pu retrouver le nom.
Marie Louise Guichard, épouse Vanderesse m'a bien aidé dans cette tâche.
J'ai d'autres photos, mais ignorant les réactions de certaines personnes encore en vie, je m'abstiens de les mettre sur ce site.

  1. Jean Vanderesse X Marie-Louise Guichard 1937
  2. André Guichard X Thérèse Forestier 1946
  3. Charles Henrion X Marie Thérèse Berthelemy/Gobert 1920