L'eau et sa distribution
L'eau bienfaitrice ou tueuse.
Indispensable pour vivre, elle peut être le vecteur de bien des
maladies.
Le dernier choléra de
1854 était encore dans les mémoires quand la
municipalité envisagea de se doter d'une distribution d'eau moderne.
Voilà ce qu'écrivait le 08/02/1932 le service départemental d'hygiène
publique :
"Avant 1914, Pouilly était alimenté en eau par la source de la
Fosselette, captée sur la rive droite de la Meuse, au nord du village,
amenée dans un réservoir situé au nord du village par un aeromoteur.
Cette eau était distribuée dans la commune par 16 bornes fontaines. Il
existait en outre 5 puits publics.
L'eau de la source de la fosselette avait été reconnue bonne en 1905 et
le captage autorisé.
En 1921, la commune sans aucune raison connue, puisque sa population
avait diminuée, avait envisagé le captage des sources de la Vierge et
du
Petit Paquis (Rapport géologique du 27/07/1921), puis la source de
Pouilly (Rapport géologique du 20/11//1921).
Cette source, avant 1914, alimentait uniquement le lavoir. En octobre
1921, l'analyse l'avait fait reconnaître assez bonne.
Actuellement (1932), Pouilly est donc alimenté en eau de boisson par la
source dite de Pouilly, captée sur la rive gauche de la Meuse, dans le
bois de Pouilly. Elle franchit la rivière par des tuyaux placés sous le
pont et vient au réservoir primitif. Elle est toujours distribuée par
16 bornes fontaines. Elle trouble en cas de pluie.
Tous les puits publics sont condamnés.". (AD55 2 O 944)
Localisation des puits.
Il existait un puits communal côté ouest de la mairie. On peut
le voir sur le plan qui fut levé lors de la construction du monument
aux morts, le 09/05/1926, mais aussi en photo.
En fait Pouilly avait 3 puits principaux, comme il est écrit dans la
délibération du conseil du 18/11/1889.
"...par délibération du 12/08/1888, il a été décidé que l'on établirait
aux trois puits principaux du village, trois pompes à chapelet.
Que par une seconde délibération en date du 14/02/1889, on est convenu
d'en établir une à titre d'essai, au principal puits et que cette pompe
fonctionne d'une manière satisfaisante.
Que pour cette raison il a été autorisé à traiter de gré à gré avec Mr
Soyer Félix fabricant à Paris.".
Le marché est de 1 533 francs.
Mais à quoi ressemblait une pompe à chapelet ?
Le chapelet est chaine fermée sur elle même est garnie à intervalle
régulier de godets. Les maillons-godets sont constitués d’un corps
métallique sur lequel est monté un épais joint souple. Entrainés dans
un tube plongé dans le puits la chaine et les godets remontent l’eau
par cette conduite. Voir le croquis ci_dessous.
Une délibération du conseil municipal de 1921, parle d'un "puits
Maingot" pour lequel l'achat d'une chaîne à godets de 28 m est
nécessaire.
A la réunion du 23/04/1921, il est question du paiement du chapelet de
40mm, d'une longueur de 28 m nécessaire au puits communal, pour un
montant
de 313.15 francs et 8,35 fr de port.
La commande a été passée à la maison Soyer, rue des Pyrénées à Paris.
Il existait également celui en bas de la rue de la cure qui est
toujours visible mais rebouché. Le 13/08/1905, il avait fait l'objet de
travaux : "Nettoyage du puits. Enlèvement des échelons. Etablissement
d'une margelle de 1 mètre de haut... Les matériaux seront pris dans les
démolitions du perron de la mairie. Les
joints de la margelle seront en ciment. Pose des montants du puits de
la ruelle de la
cure avec la pose et la fourniture d'un tourniquet dont le (?) sera en
bois de chêne et neuf. Les dalles à la partie supérieure seront
ajustées avec des agrafes en fer scellées au ciment. L'orifice du puits
ayant une forma octogonale, le puits de la ruelle de la cure sera
couvert par la plaque en fonte du puits de la commune".
Celui également dans la cour intérieure du presbytère, anciennement le
château, dont on voit toujours la margelle.
D'autres domestiques, existaient comme celui de la Ruelette, celui de
la ferme de Jean Vanderesse.
L'ancien presbytère, rue de la cure, n'en possédait pas, mais celui en
face était proche,
La grosse tour en est doté, mais privé, toujours en eau et de 16 m de
profondeur.
François Jules Tribut (1859-1922) hôtelier en possédait un. En 1906 il
demande que le caniveau de la rue qui descend vers le petit pont soit
prolongé afin que le purin ne vienne plus polluer son eau. (AD55 8 O
589)
Par un courrier du 12/11/1931, on apprend que M. Justin Lequy possédait
son propre puits, mais que l'eau en était troublée par les
infiltrations. Il demande donc à la commune de lui installer au plus
prés une borne fontaine. Le conseil du 20/11/1931 la lui accorde.
Comme points d'eau, existaient également les
lavoirs, L'ancien en
face du petit pont, puis l'actuel devant la cour du château.
Pour ce dernier, un bac servait d'abreuvoir aux bêtes.
Quant à l'éventuel château au Châtillon n'y pensons pas, la dénivelée
et les moyens de ce temps rendant sa construction improbable. Pour
l'approvisionnement de cet hypothétique oppidum il vaut mieux
rechercher
du côté des sources d'Autreville.
La ferme de
Prouilly
en était pourvue. Même si actuellement ce puits est considéré par
certains, comme le départ du souterrain reliant cette ferme à celle de
La Vignette.
Les dimensions ne permettent pas de l'envisager. Techniquement un
passage sous la Meuse n'était pas non plus dans les capacités des
moines ou
convers d'Orval.
La source du bois.
Cette source est une résurgence de la rivière souterraine passant dans
le bois de Jaulnay. Pour de plus amples renseignements voyez la page
karst.
L'adduction d'eau venant du bois alimentait l'ancien lavoir et
jusque dans les années soixante un robinet près de la gare et la gare
elle même. Cette eau provenait de la la Calissonne ou source de Pouilly.
Cette adduction était ancienne, car un démêlé entre la mairie et les
constructeurs de la voie ferrée en fait état en 1874.
Pour quelles raisons fut elle abandonnée au profit d'une source rive
gauche de la Meuse ? Peut être simplement par manque de débit ou de
qualité ?
Ou pour des raisons
stratégiques ? En effet en cas de guerre, les ponts devaient sauter et
les canalisations avec. Et le village se retrouvait à sec.
Pourtant en 1932 elle avait repris du service comme le signale le
service d'hygiène publique le 08/02/1932.
A noter qu'en 1925, M. Moulet entrepreneur à Varennes, chargé des
travaux d'adduction d'eau, avait posé une borne fontaine près de la
gare. (Conseil municipal du 29/09/1925)
Historique de l'eau courante à Pouilly.
On a donc vu qu'avant 1874 le village était alimenté par la source du
bois.
En novembre 1901, le maire Pierre La Marle et le conseil votent un
budget de 250 francs, pour l'étude par M. Guilimont, conducteur des
ponts et chaussées à Stenay, de l'adduction d'eau potable au village.
Le 09/08/1903 le président du conseil espose qu'il serait possible
d'alimenter en eau potable la commune par les eaux de la source la
Colissonne
Un géologue est demandé pour faire la visite des sources Calissone et
Fosselette.(Déliberations du conseil du 30/08/1903)
Le 18/12/1903 la somme de 65,50 fr montant des indemnités accordées à
M. Joly, préparateur de géologie à la faculté de Nancy pour examens
géologiques.
Le 24/11/1905, le conseil municipal décide :
- d'acheter la source dit la Fosselette ainsi que les terrains aux
abords.
- d'acheter un terrain pour la création du puits alimentaire et la pose
de l'appareil aéromoteur.
A
cette même séance, le conseil, "Considérant que l'appareil élévatoire
nécessaire à l'adduction d'eau potable est du système E.Lebert,
ingénieur mécanicien au Mans, qu'il importe de passer un marché de gré
à gré avec cet ingénieur pour la fourniture et la pose de ses appareils
donne pouvoir au maire etc."
Le
marché est donc passé avec M. Lebert, ingénieur civil des mines,
constructeur mécanicien, 20 rue sainte-Hélène au Mans, le 12/03/1907.
"...Il s'engage à fournir et à monter à Pouilly au dessus du
puits alimentaire dont l'établissement pour l'élévation d'eau potable
est projeté, une turbine éolienne No 3, système Bollée, avec
accessoires
etc. La turbine dont le diamètre sera de 5 mètres devra fonctionner
sous les vitesses diverses des vents. Elle actionnera une pompe à 3
pistons devant refouler l'eau au réservoir de la commune.
La hauteur d'élévation de l'eau sera au minimum de 24m.68, non compris
la perte de charge évaluée à 0,70 dans la conduite de refoulement de
0,080 m de diamètre sur 290 m de longueur... Le dessus des maçonneries
dans
lesquels sera fixé le pylône quadrangulaire de 21 mètres sera arasé à
4m.00 au dessus des poutrelles etc."
Cet Édouard Émile Lebert depuis 1898 était un successeur d'Ernest
Sylvain Bollée, inventeur du concept de la turbine à vent, brevet
déposé en 1868.
Le choix d'une éolienne Bollée se justifiait par la notoriété que cette
entreprise avait acquise dans le domaine du pompage par moteur éolien.
On estime à 350 le nombre de ces éoliennes construites en France.
Actuellement certaines sont encore debout et ont été classée au
patrimoine industriel.
Il existait 4 modèles d'éolienne Bollée. La numéro 3 dont la première
vente date de 1874, a les caractéristiques suivantes :
Nombre de pales du stator = 44
Nombre de pales du rotor = 32
Diamètre du rotor 5 m
Capacité d'élévation d'eau pour un vent constant de 6 m/s et une
hauteur de 25 m = 3,6 m3/h
En Meuse celle de Souilly, parfaitement conservée, nous donne une idée
de la taille de cet appareil.
En 1907, le conseil décide de poursuivre le projet d'adduction d'eau.
Le maire donne lecture d'une lettre de M. l'ingénieur Casselle de
Verdun en date du 03/12/1906, proposant d'attendre la belle saison pour
commencer les travaux et de faire les adjudications au mois d'avril,
après approbation ministérielle et obtention d'une subvention.
D'après cette lettre, le conseil décide de reprendre la liberté de
confier les travaux à qui bon lui semblera si les adjudications
n'étaient pas passées pour le 01/05/1907.
Le 01/07/1907, le conseil propose pour faire face à la dépense totale
du
travail d'adduction d'eau qui se monte à 44 700 francs, d'après les
devis du service hydrauliques, d'utiliser les fonds disponibles déposés
au trésor (8000 francs), et le surplus provenant de la vente des rentes
de la commune.
En mai 1908 les marchés sont confiés à l'entreprise Sabaterie de
Chalons sur Marne. Les travaux commencent.
Ce même mois de mai 1908, le conseil décide de voter une somme
supplémentaire de 3620
francs, pour substituer les tuyaux de fonte aux tuyaux en grès dans la
conduite d'amenée aux conditions présentées par M. Sabaterie dans sa
soumission.
Mais cette entreprise Sabaterie s'avère vite défaillante et se retrouve
en liquidation.
Au point que le conseil charge en juillet 1909, M. Goujon, avoué à
Montmédy, d'assister M. le maire dans la défense des intérêts de la
commune.
Le 04/09/1910, le conducteur des Ponts et Chaussées, subdivision de
Stenay avertit le sous-préfet de Montmédy, que l'entreprise Sabaterie a
acheté en 1909 des cartouches de dynamite chez Druy et Goffinet à
Sedan, cartouches destinées à l'approfondissement d'un puits fait dans
un terrain rocheux. Mais elle ne les a pas payées. En fait l'entreprise
s'en serait servi pour extraire des pierres dans une carrière lui
appartenant et non pour le creusement du puits.
M. Pierre La Marle décède le 22/09/1910 et c'est M. Camille Vivier qui
le remplace.
Le conseil le 05/10/1910, décide le remboursement des frais de voyage
de M. le Maire à Bar-le-Duc, pour la défense devant le conseil de
préfecture des intérêts de la commune contre Sabaterie.
"Après les plaidoieries l'affaire a été mise en délibéré et le conseil
rendra son jugement ultérieurement" (AD08 PA 10/12/1910 2/4)
Le 15/10/1910, le maire expose au conseil que pour terminer au plus tôt
les travaux d'adduction d'eau, il est nécessaire devant le refus de M.
Sabaterie de constater les travaux de son entreprise, de déléguer par
voie de référé un expert qui constatera les travaux exécutés, ceux
restant et les malfaçons qui peuvent exister.
Le 27/10/1910, M. Charles Pethe, sous-ingénieur des ponts-et-chaussées
de Sedan, nommé expert dans l'affaire Sabaterie, vient à Pouilly
constater les vices de forme des travaux. Le rapport de 4 pages est
accablant pour l'entreprise Sabaterie. Malfaçons, non conformité,
défaut d'évacuation des déblais, tout y est.
Le 19/03/1911 la mairie acquiert auprès de Gustave Damery un terrain de
3 a 80 ca pour 200 francs, terrain destiné à l'installation du puits
alimentaire et de l'éolienne.
Le 17/12/1911, l'éolienne est inaugurée avec préfet, sous-préfet,
député, musique du 18e bataillon de chasseurs à pied et bal. Le Petit
Ardennais cite MM. Catusso, sous-préfet, Lefebvre, député et Humbert
sénateur, mais parle du 31/12/1911 pour l'inauguration. (AD08 PA
28/12/21911 2/4)
Le Petit Journal du 26/12/1911, annonce les festivités : "A Pouilly, de
grandes fêtes auront lieu dimanche prochain 31 décembre, pour
l'inauguration des eaux potables (sic) "
Le 06/01/1912, le "Journal de Montmedy" relate par le menu
l'inauguration du service des eaux du village.
Le
ton et le style sont de l'époque, emphasé, républicain...
"Un des bienfaits de la république, -- bienfaits qu'on a jusqu'ici trop
laissé dans l'oubli -- c'est la propagation des méthodes d'hygiène. Une
de ses formes les plus heureuses est l'adduction d'eau dans les
localités rurales.
C'est pour fêter une entreprise de ce genre qu'eut lieu, dimanche
dernier, une belle cérémonie patriotique et républicaine.
Patriotique, parce que la présence de la fanfare du 18 ème bataillon de
chasseurs et du commandant Gaucher, de Stenay, a donné à cette fête une
note militaire !
Patriotique également, parce que les orateurs qui ont prononcé des
paroles mémorables ont fait allusion au geste historique, à la belle
démarche faite par M. Lefebure, à la tribune de la chambre, au nom des
représentants lorrains !
La nature s'est mise de la partie et a voulu participer à la fête en
éloignant tous les nuages pour permettre au soleil d'illuminer cette
radieuse journée.
Les trains de 10 heures venant de Stenay et Verdun amènent les invités
du dehors, qui sont reçus à la gare par MM. Vivier, maire et Saunier,
adjoint. C'était la fête des eaux; aussi la Meuse couvrait la prairie
et inondait la chaussée; ce fut un incident pittoresque que
d'assister au passage en voitures de tous les voyageurs venant du train.
A l'écluse attendent le conseil municipal, les sapeurs-pompiers, dont
nous avons admiré la belle tenue, avec leur chef dévoué, le lieutenant
Fernand Gobert, la fanfare du 18 ème, qui exécute la Marseillaise, puis
le Chant du Départ.
Le cortège se forme et se dirige vers la mairie, entrainé par les
accents saccadés de la fanfare et jeunes et vieux font l'ascension des
rues en pente conduisant à la mairie.
La fanfare exécute de pied ferme un morceau, puis se dirige vers le
moulin à vent, situé sur la route d'Inor, en face l'usine.
La visite des 2 réservoirs de 150 m3 chacun, situé au haut du village,
a lieu ensuite.
A midi c'est le banquet d'une soixantaine de couverts. Ce sont surtout
les maires d'autres communes et bien sûr sous-préfet, commandant du 18
ème etc.
"L'air vif du matin a aiguisé les appétits, aussi fait-on le plus large
honneur au succulent menu confectionné de main de maître par le Vatel
de l'hôtel du Coq Hardi de Verdun.
Hors-d'œuvre variés, vol-au-vent financière, saumon du Rhin sauce
Robert, cuissot de sanglier grand veneur, poularde du Mans en broche,
desserts, fruits etc.
Et surtout arrosé d'un Mercurey 1884... champagne, café, liqueurs.
De quoi donner "une voix timbrée" au maire qui démarre le premier
discours. Il rappelle l'historique du projet, les difficultés
rencontrées, le travail fait par ses prédécesseurs.
"L'adjudication eut lieu le 08/06/1908. Depuis cette date, messieurs,
nous avons (sic) passé par bien des vicissitudes et jusqu'au
dernier moment, bien des personnes ne croyaient pas à la terminaison
des travaux.
Il nous a fallu compter avec les difficultés résultant d'un
entrepreneur qui, quelques mois après l'adjudication, ne disposait plus
de moyens suffisants pour l'exécution du projet, avec celles créées par
la nature des terrains rencontrés dans le puits alimentaire et de
l'immense nappe souterraine que tous nos efforts ne parvenaient pas à
épuiser...."
Il explique ensuite comment M. Primard, conducteur des travaux, a pris
les choses en main pour faire aboutir le projet. Il remercie le
secrétaire de mairie, les conseillers et particulièrement l'adjoint
"...qui mit à notre disposition l'outillage et les bâtiments de
l'usine."
Il termine en félicitant M. Lefebure, député, pour sa déclaration, au
nom de la députation républicaine lorraine, du haut de la tribune
française.
Il en profite pour rappeler : "...dans notre commune, Messieurs, nous
avons encore et nous aurons toujours le souvenir douloureux des
évènements de 1870. Nous vous rappelons l'envahissement de ces
cavaliers allemands qui, après la bataille de Beaumont, se sont rués
sur notre village comme de véritables brigands. Ce n'étaient pas
Messieurs des soldats civilisés. Non c'était une horde de bandits qui
pillèrent nos demeures et cherchèrent à accumuler des misères, dont ils
espéraient ne pas nous voir relever".
Le discours de M. Lefebure, si il se veut pacifiste, laisse tout de
mêmes sous-entendre que la France ne reculerait pas devant un
conflit... (On est en période revancharde).
Pour clôturer la fête, la fanfare se fend d'un concert sur la place
dont voici le programme :
Toujours chasseur (Meline)
Souvenir de Pouilly, mazurka (Normand)
Nuage de dentelle, valse (Klein)
La Fraternelle, fantaisie (Bleger)
Sélection sur Faust (Gounod)
Alsace-Lorraine.
Puis fut donné un grand bal dans la salle du banquet, tandis que vers 5
heure, les invités regagnaient la gare.
Après la fête les déboires.
Le conseil municipal du 28/05/1912, vote une indemnité de 200 francs à
l'ouvrier chargé de l'entretien de l'appareil aero-moteur pour l'année.
Mais ce même jour, 28/05/1912, des fuites importantes sont constatées
dans la
conduite de distribution des eaux. L'eau manque deux jours par semaine
aux bornes fontaines.
Le conseil de préfecture dans son jugement du 17/12/1913 fixe les
sommes dues aux intervenants des travaux d'adduction d'eau.
M. Sabaterie, 21976,60 francs, M. Lefebre, expert, 514,55 francs, M.
Ludinart, 285,37 francs et M. Sarrazin 302,25.
Le 21/04/1913, le conseil municipal nomme Pierre Pognon adjudicataire
pour la construction d'un mur de clôture aux abords du réservoir
d'eau. Mur à construire en moellons ordinaires, avec mortier de chaux,
sur 1,5 mètre de haut en moyenne et 0,55 en épaisseur. Non compris deux
portes à ménager dans ce mur. La construction sera faite suivant les
indications données par M. Primard.". Édouard Gobert est caution de
Pierre Pognon. Le prix est de 7 francs au mètre pour des moellons
neufs ou 3,50 avec des moellons de démolition.
Et puis arrive la guerre.
Le 12 octobre 1919, le conseil, après avoir délibéré, expose qu'en
1912-1913, la commune de Pouilly a fait procéder à des travaux très
importants d'adduction d'eau potable. Un réservoir, d'une contenance
suffisante pour assurer à la population l'eau nécessaire, était
alimenté par des pompes mues par une éolienne.
Ce système ne donnant pas entière satisfaction, l'eau manquant souvent,
son abandon avait été envisagé et serait chose faite sans l'invasion.
Pendant la guerre, les Allemands ayant reconnu les défectuosités de ce
système établirent un moteur actionnant les pompes d'alimentation.
L'éolienne rendue libre par la suppression de l'arbre de transmission a
pendant près de cinq ans, tourné à vide, souvent à très grande vitesse,
ce qui a occasionné son usure presque totale.
Les bornes-fontaines furent détruites et les conduites principales et
secondaires endommagées.
Des réparations importantes sur l'éolienne, le remplacement de
bornes-fontaines, la réfection des conduites sont inévitables.
A l'armistice, deux puits seulement donnaient insuffisamment l'eau
nécessaire à l'alimentation de la population (Les puits particuliers
ayant été contaminés, voire même transformés en fosses d'aisance, les
pompes de famille enlevées) la municipalité fit procéder au curage et à
la désinfection de deux puits communaux abandonnés à la suite des
travaux précités et toutes les précautions furent prises pour
éviter la contamination. Malgré cela la quantité d'eau reste
insuffisante et sa qualité douteuse.
Le 27 août nous avons signalé par lettre cette situation intolérable au
service du génie rural à Montmédy, en le priant de vouloir bien
remédier
à cet état de chose.
Ne recevant aucune réponse et voulant atténuer les misères des
habitants, nous avons demandé à la maison Lebert, au Mans, fournisseur
de l'éolienne, d'établir un devis des réparations à faire à l'appareil.
L'examen de celui-ci donne comme conclusion que des sommes très élevées
seront nécessaires à sa remise en marche. A cette dépense s'ajouteront
celles occasionnées par le remplacement des bornes fontaines et la
réfection des conduites. Dépense trop lourde pour notre modeste budget.
De plus elles ne nous donneront encore qu'une satisfaction éphémère,
attendu que rien ne sera changé dans le système du bassin principal.
En octobre 1920, le conseil après délibérations, demande au
préfet l'autorisation de confier les travaux d'adduction d'eau au
chef du service due Génie rural, M. Giboux de Stenay.
L'idée de réparer l'éolienne est abandonnée. "...sa réparation
demandant des sommes très importantes qu'il serait inutile d'engager,
cet appareil n'ayant donné qu'une satisfaction aléatoire jusqu'au
moment de la mobilisation, que d'autre part un puits communal et deux
pompes servent à l'alimentation de la majeure partie des habitants, il
serait absolument indispensable d'abandonner l'éolienne et d'amener par
un autre moyen l'eau potable dans la commune..."
Entre temps une réclamation est déposée chez le sous-préfet par Filliat
et Parmentier, mécaniciens à Stenay. Ceux-ci prétendent avoir commandé
des pièces pour la réparation de l'éolienne. Édouard Gobert, maire,
doit répondre le 17/02/1921 qu'aucune réparation n'a été faite à
l'éolienne, qu'aucune pièce n'a été livrée dans ce but, à la commune de
Pouilly.
Le 09/01/1921 il précisait déjà : "Un devis de réparation est venu en
mairie, mais il n'a pas eu de suite et aucune commande n'a été passée
par nous".
Le 06/12/1921 le préfet déboute Filliat et Parmentier.
Le 05/05/1921 en session extraordinaire, le maire Édouard Gobert "
expose la situation
défavorable dans laquelle se trouve la commune sous le rapport eau
potable.
Il indique que la commune peut avoir recours pour faire disparaître
cette situation à l'une des deux sources suivantes :
1- L'une de ces sources donnant naissance au ruisseau de la Vierge, au
lieu dit les marchés, commune de Moulins, à 4,7 km de l'agglomération.
2- La source du Fond de Valline située sur la commune d'Autreville à 3
km environ de Pouilly."
L'étude géologique est confiée à M. Joly, chargé de cours de géologie à
la faculté des sciences de Nancy. Ses frais s'élèvent le 25/11/1921 à
92,40 francs.
Le Dr Mace est chargé des analyses biologiques et touche 90 francs pour
chacune des deux sources.
Le 16 juin 1921, lettre de M. le préfet concernant les sommes dues par
la commune à la succession de M. Sabaterie, entrepreneur des travaux
d'adduction d'eau, exécutés avant la guerre et qui ont été mis à la
charge de ladite localité par un arrêté du conseil de préfecture.
La même lettre prie le conseil municipal de décider le plus tôt
possible de la création des ressources nécessaires au paiement des
sommes réclamées par l'intéressé.
Mais la situation financière est telle que les recettes inscrites au
budget couvrent tout juste les dépenses permettant de quoi faire face
aux obligations communales.
Il est impossible d'inscrire au budget de cette année les sommes
réclamées par les successeurs de M. Sabaterie.
Le 25/06/1921, Édouard Gobert, maire répond à une
enquête sur l'état du
village et aux observations qui pourraient intéresser la commune,
déclare : "Ce qui intéresse la commune actuellement est son adduction
d'eau. Le système adopté avant la guerre (éolienne) ne donnant pas
satisfaction, et l'éolienne étant presque hors d'usage, la commune
essaie d'obtenir l'eau d'une source. Elle compte qu'elle sera secourue
dans cette œuvre indispensable et de premier ordre; les puits étant
mauvais et les puits particuliers en partie contaminés ayant été
transformés en fosses d'aisance par l'ennemi."
Le 24 novembre 1921, examen géologique des terrains avoisinant les
sources d'Autreville et Moulins que la commune souhaite capter.
En novembre 1921 la commune lance un emprunt de 22000 francs pour
solder l'affaire Sabaterie. Cet emprunt à 6 % maximum sera remboursable
dans un délai maximum de 22 ans. Les sommes dues sont fixées par le
jugement du conseil de préfecture du 17/12/1913. (cf plus haut). Le
conseil signale que toutes les pièces administratives et de
comptabilité, relatives à l'affaire Sabaterie ont été détruites par la
guerre.
Mais le 04/12/1921, cet emprunt n'ayant pas eu de succès, le conseil
décide de s'adresser au crédit foncier pour un emprunt de 20000 francs
remboursable sur 15 ans au taux de 8,1 %. Le 29/01/1922, l'affaire est
conclue mais les impôts augmentent. Le centime additionnel passe à
50,14 francs et sera revoté sur plusieurs exercices.
Le 29 janvier 1922, autorisation par arrêté préfectoral en date du 10
décembre 1921, relative au paiement des sommes dues à la succession de
M. Sabaterie.
Cette affaire est enfin close en août 1922. Les 20000 francs sont
versés à M. Pierre Rouyer, 28 rue saint Ambroise à Melun, liquidateur
de la succession Sabaterie.
Ce Sabaterie, entrepreneur de travaux publics, directeur du journal
"L'Indicateur de l'Est", candidat aux élections cantonales du 3 août
1913 pour le canton de Châlons-sur-Marne, avait été accusé d'avoir
corrompu le chef du service général de la ville de Châlons, (AN
1913-1916 51 BL 5027). Je n'ai pas recherché la suite de cette affaire.
Le 29 janvier 1922, examen géologique des terrains traversés par les
eaux de la source de Pouilly.
Le 22 juillet 1923, la population est mal alimentée en eau. Il
faut envisager la remise en état et l'extension de la distribution.
Le 20 septembre 1923, un projet d'adduction d'eau, avec des appareils
de
fontainerie et mise en place de tuyaux soit en fonte soit en acier.
Le journal "La journée industrielle" du 18/07/1924 page 8/9 annonce
l'adjudication pour l'adduction d'eau à Pouilly en mairie le 12/08/1924
à 11:15. Les renseignements sont à prendre en mairie ou auprès de M.
Féraud, ingénieur à Nancy, 19 rue saint Georges.
Le 23/09/1924 le préfet de la Meuse approuve l'adjudication des travaux
d'adduction d'eau. Le devis s'élève à 97176,65 francs. Le conseil
décide de payer à M. Feraud, ingénieur hydrologue chargé des dits
travaux la première tranche de ses honoraires, soit 1943,53 francs.
Le 27 novembre 1924, un mémoire a été présenté au conseil pour la
remise en état de l'adduction d'eau.
En 1925, "...M. Moulet, entrepreneur des travaux d'adduction d'eau dans
la commune de Pouilly, demande un second acompte pour ses
travaux...",
soit 20000 francs. (réunion du conseil du 15/01/1925)
Le montant des travaux déjà exécutés s'élèvent alors à 86866,20 francs
et il reste une somme de 70127,08 à payer. Le montant devait donc
avoisiner les 157000 francs.
Je n'ai pas retrouvé le marché passé entre la commune et ce M. Moulet,
pas plus que les plans de cette adduction d'eau. Ils sont peut être à
rechercher en mairie.
Le 12/03/1926, a lieu le réception des travaux. Il n'y a aucune
réserve. Le cautionnement de M. Moulet peut lui être remboursé.
En mai 1926, ce même M. Moulet établit une prise d'eau avec robinet
pour
un groupe de ménage habitant le lieu dit l'usine. La dépense
occasionnée est de 997,10 francs.
Le 22/08/1929, se pose un problème : "La démolition totale du pont
établi sur la Meuse par le Génie en
1919, nécessite le déplacement de la canalisation d'eau potable
nécessaire à la population toute entière. Le travail de démolition,
doit d'après l'entrepreneur qui en est chargé, être effectué dans un
délai trop court, 15 jours au plus..."
Le conseil considérant qu'il serait regrettable de priver tout un
village d'eau potable etc. demande au préfet que les travaux de
démolition du pont soient reportés à une date plus éloignée.
Le conseil se demande également qui paiera la démolition de la
canalisation...
Lors du conseil du 25/11/1930, le maire expose que l'eau potable dont
se servent les habitants
se trouble fortement à chaque pluie qui tombe et qu'il serait urgent
d'apporter pour remédier à cet inconvénient des changements dans les
travaux précédemment effectués et de revenir à la source ancienne dite
de la Fosselette. Le puits établi en 1910-1911 existe toujours, les
pompes de refoulement d'eau dans les réservoirs et les canalisations
primitives également. Il s'agirait de rechercher s'il ne serait pas
possible d'utiliser les premiers travaux.
Le conseil désigne donc M. Martinot, sous-ingénieur des
Ponts-et-Chaussées à Stenay, pour faire l'essai des anciennes pompes,
la
vérification des conduites de refoulement et l'établissement d'un devis
des travaux à exécuter, la passation des marchés etc.
Le 09/03/1932, le maire soumet à l'examen du conseil le devis relatif à
l'installation d'un moteur électrique avec flotteur pour alimenter le
réservoir. Le devis est accepté.
Le 18/10/1932, le maire fait part au conseil des nombreuses demande de
concession d'eau des habitants de Pouilly.
L'eau est donc arrivée sur l'évier. Plus saine et plus facilement
contrôlable.
Cependant de nombreuses bornes-fontaines ont continué à fonctionner
jusque dans les années cinquante.
Maintenant l'éolienne, les bornes, les pompes, les puits ont disparus.
(L'éolienne fut démontée par Laurent Jacob d'Inor)
La mairie s'est mise aux normes "sans plomb".
L'adduction depuis la Vignette est sans doute d'époque et devra faire
l'objet d'une remise en état.
Les compteurs en extérieur des propriétés sont maintenant accessibles
aux relevés.
L'eau n' a jamais manqué à Pouilly, sauf en 2017.
Voici ce qu'écrit l' Est Républicain du 29/08/2017 :
"Le village s'est réveillé ce mardi avec un manque d'eau d'ampleur.
Daniel Guichard, le maire, par ailleurs président de la Codecom Pays de
Stenay-Val dunois, explique :
" La source de la Vignette ne donne plus. Il n'y a pas d'autre source
au village. L'adduction date de 1904. C'est une première ! La réserve
de 400 m3
est vide. Il a fallu pallier le manque d'eau par un ravitaillement au
moyen de deux camions-citernes alimentaires. Les camions viennent de
chez Bel de Cléry. Ils rechargent en eau à Martincourt et Stenay toute
la journée.".
Pour le village, qui comptait 191 habitants au recensement de 2014, le
besoin est de 65 m3 d'eau chaque jour, et la production à la source
n'est que de 40 m3.
" Nous sommes obligés de compenser, mais cette noria de camions a un
coût et il va faire exploser notre budget. Il va falloir trouver des
solutions financières. Dans ce sens, Daniel Guichard va prendre contact
avec la préfecture pour voir de quelles aides pourra disposer la
commune.".
La réparation d'une petite fuite, mais surtout le rechargement de la
nappe phréatique, commencé en octobre 2017 à redonné de l'eau à la
source.