Les sages-femmes à Pouilly
Dans son Instruction familière et très utile pour les accouchemens,
Mme de La Marche, maîtresse jurée sage-femme de la ville et
de l'Hôtel-Dieu de Paris, pose un certain nombre de questions
préliminaires avant d'aborder les aspects techniques de la profession.
À la première d'entre elles :
" Qu'est-ce que
sage-femme ? ", elle répond : " C'est une femme qui
doit être vertueuse et experte pour accoucher et délivrer les femmes et
pour les soulager dans le temps de leur accouchement
"
(Cité par Virginie Lemonnier-Lesage dans "La sage-femme, vertueuse et
experte")
On remarquera l'ordre des adjectifs, vertueuse, puis experte...
En général ces sages-femmes étaient choisies par les habitants
(et surtout les habitantes) du village, patronnés par M. le curé et
souvent le seigneur du coin.
On leur demandait donc en priorité d'être vertueuses, car elles étaient
sensées en cas d'urgence, ondoyer l'enfant dés sa naissance.
Pour de plus amples renseignements, on pourra se rapprocher de la page
naissance
Souvent elles avaient appris sur le "tas" et ce n'est qu'en 1750 qu'on
leur imposera une formation théorique et pratique de 2 ans avec une
maîtresse sage-femme, un jury de deux maîtres chirurgiens validant
leurs connaissances.
Dans le département, une école d'accouchement avait été créée en 1821 à
Bar-le-Duc, située dans les bâtiments de l'hospice de cette ville. En
1840 il y avait 12 élèves admises à l'école à leurs frais ou aux frais
des communes. Ce qui semble bien peu pour un département. (Annuaire du
département de la Meuse
1840
(BIBR 114) )
Voici une liste de sages-femmes. Pour certaines il est avéré qu'elles
ont exercé à Pouilly. On les trouve lors des ondoiements dans les actes
sous l'ancien régime.
Les autres n'apparaissent plus dans les actes d'état civil, leur
existence est tout de même prouvée.
Élisabeth Sperlet ( ca
1650-31/03/1721), sage femme de 1705 à 1721.
Elle ne savait pas écrire et signait d'une marque. (AD55 Pouilly
1673-1722 162/276).
1705 est la date de sa première intervention connue. Elle aurait
donc assisté aux naissances pendant 16 ans et ondoyé une quarantaine
d'enfants. Voir à la page
Naissance.
Le curé n'indique pas son âge sur l'acte de décès. (AD55 16731722
265/276). Elle avait eu
un fils Jean d'André Poulain le 25/08/1676, ce qui laisse supposer une
naissance vers 1650.
Jeanne Lecuyer (ca
1671-06/01/1743), le
06/09/1721 reprend le flambeau d'Élisabeth Sperlet en ondoyant Anne,
fille de Jean Bellard et de Marguerite Lambert. (AD55 1673-1722
267/276). Elle était sans doute la femme de Jean Bertrand, mariée le
11/01/1696.
On trouve deux signataires du nom de Bertrand sur son acte de décès.
(AD55 1723-1759 106/267).
Marie Hannier sage femme. On la
trouve pour la première fois le 28/08/1726 quand elle baptise à la
maison Louis, fils d'Antoine Stevenot et de Barbe Dian. (AD55 1723-1759
30/267). On ne sait rien d'elle si ce n'est qu'elle était
mariée. Le 06/09/1726 c'est Jeanne Lecuyer qui reprend du service.
Marguerite Louise Jacob née
vers
1694, décédée le 02/11/1761 à Pouilly est sage femme. (AD55 1760-1791
21/345).
Elle savait signer et devait être instruite car de 1744 à 1761 date de
sa mort, on ne compte que 9 ondoiements.
Elle était mariée
à Jacques Willaime (ca 1682-09/03/1765), marchand hostelin
en 1738.
Jean Gobert est chirurgien
juré. On ne sait rien de lui si ce n'est qu'il intervient la première
fois (connue) lors de l'accouchement de Marie Habran, femme de Jean
Ravigneaux le 24/12/1747. (AD55 1723-1759 149/267).
Anne Lecuyer sage femme jurée
née vers 1692 et décédée le 29/10/1767. Elle était la femme de Martin
Sauvage.
Marie Hannie est sage femme en
1728 quand elle ondoie Louis Stevenot
Jeanne Marie Sauvage le
30/06/1768 fait
les fonctions de sage femme au baptême du fils de Louis Stevenot
manouvrier et de Geneviève Chollet auquel né
d'aujourd'hui et ondoyé à la maison. (AD55 1760-1791 96/345).
Cette Jeanne Marie fille de Martin Sauvage et d'Anne Lecuyer, née vers
1735 eut 13 enfants de Jacques Williaime (X 27/11/1758 Pouilly) dont 9
décédèrent en très bas âge.
On voit qu'en 1781 elle est sage femme jurée. (AD55 1760-1791 232/345).
Marguerite Falala
(03/06/1709-24/10/1771), veuve de Thierry Bigot faisant les fonctions
de
sage femme ondoie Jeanne Marie Durlet le 16/07/1769. (AD55 1760-1791
104/345).
Elle est la fille de Martin Falala chirurgien que nous avons déjà
rencontré.
Marguerite Lambert le
25/03/1797 est sage femme. Elle aide à la naissance de Jeanne
Sarrey, fille de Elisabeth Fauvelet qui n'est pas mariée. (AD55
1796-1807 11/135).
Jeanne Marie Saussette est sage
femme.
Elle déclare Claude Alexis Evrard dont on ignore le géniteur le
09/07/1816. (AD55 1813-1822 74/200). Elle a alors 46 ans et serait donc
en fait cette Jeanne Marie, née le 12/10/1770 de Nicolas Saussette et
Marguerite Docq. Elle est l'épouse de Jean Baptiste Guichard
(1748-1831). Elle décède le 12/01/1849.
Marguerite Octavie Gagny née à
Treveray (55) le 18/01/1824. A son mariage le 12/02/1844 avec Edoire
Ferdinand Lambert, elle habite Pouilly. A partir de 1875 elle demeure à
Stenay.
Marguerite Juppin est née à
Brandeville le 23/06/1830. Elle se marie à Pouilly le 12/01/1869. Elle
exerce au moins jusque 1872. Elle décède à Fains-les-Sources le
19/03/1898
Sa fille
Catherine Augustine Mathieu est
aussi sage-femme. Elle est née à Pouilly le 25/01/1860 et décède à
Bréheville le 15/06/1932. Mais a-t-elle exercé à Pouilly ?
Marie Thérèse Joséphine Mortehan
est née le 08/12/1847 à Ecurey dans la Meuse. Elle est sage femme de
2ème classe à Pouilly. Elle a passé son certificat d'aptitude à Nancy
le 18/09/1868. (Liste des personnes autorisées à exercer l'art de
guérir 1920)
Le 02/08/1871 elle se marie à François Augustin Stevenot de Pouilly.
Elle vivait encore en 1920
Marie Victorine Zélia Palmira Bridoux
née à Pouilly le 14/01/1853, a suivi les cours de l'école de sage
femmes de Bar-le- Duc du 15/11/1879 au 27/08/1880 comme l'atteste un
courrier du professeur de l'école, un certain Micault.
Le 25/01/1890 elle se marie à Sains-Richaumont (02) avec Honoré Gabriel
Rougery. (AD02 Sains Richaumont 1890-1892 10/189). Après le décés de
son mari avant 1918, elle revient à Pouilly, mais je ne sais si elle y
a exercé.
Elle était la fille de
Guillaume
Bridoux (1812-1892), maréchal et de
Justine Gueulin (1813-1892)
Ismérie Lucie Debart est née à
Belleville-et-Châtillon-sur-Bar dans les Ardennes le 17/12/1872. Elle
est recensée en 1931 et 1946 à Pouilly. Elle décède à Rethel le
15/11/1963.
Cette profession existe toujours bien sûr, mais plus dans les villages,
où l'habitude est maintenant d'accoucher dans les maternités de Sedan
ou Verdun