Origine des
seigneurs de Pouilly. Ce qui est vraisemblable.
A en croire la légende, cette maison remonterait au Xe, par un certain
Victor de Polliaco.
Cette ancienneté ne tient pas la route et il sera intéressant de
vérifier cela
ICI
Mais alors d'où sort cette famille de
Pouill
y ?
Si on écoute
Jeantin
:
"Les anciens Pouilly, sous la dépendance de Radulphe de Raucourt,
représentaient, à la fois Chiny, Bar et la Champagne par le comté de
Grandpré. Cette maison… fractionnée, d'abord en Pouilly-sur-Saône
(branche aînée), et en Pouilly-sur-Meuse (branche cadette…) avait été
électrice du château bas ; aussi les anciens Pouilly restèrent-ils le
tronc le plus vigoureux de la féodalité du pays. ".
Que penser de tout cela ?
Jeantin nous a habitué à élucubrer comme nous avons pu le voir sur la
page qui lui est consacrée.
Comment expliquer les origines des seigneurs de Pouilly en y associant
Pouilly-sur-Saône qui est tout de même assez éloigné !
On peut lire également dans l'ouvrage de Louis Lainé intitulé
" Archives généalogiques et historiques de
la noblesse de France ..." édité en 1839, dans le volume six
page 78 ce qui suit :
"de Pouilly, originaire de Lorraine, seigneur de Pouilly, de Cornay, de
Fléville, de Lançon etc.
Cette famille est d'ancienne chevalerie. Elle a pris son nom d'un
château situé à une lieue et demi de Metz, sur une hauteur au pied de
laquelle coule la rivière Seille. Tels sont les faits qui résultent de
la preuve de 1670. Mais aujourd'hui cette famille ne s'en tient plus à
cette excellente et incontestable origine. Elle prétend descendre
d'Aubert d'Ardennes (supposé fils de Godefroid l'ancien, duc de
Lothier) époux de Mathilde, dame de Pouilly-sur-Saône, supposée fille de
Landri, comte de Nevers, dont on fait descendre Landry I et Landry II,
de Pouilly-sur-Saône le dernier père de Hugues de Pouilly-sur-Saône, et
celui d'Étienne d'Ardennes, seigneur de Pouilly-sur-Saône, qui, dit-on
fit bâtir le château de Pouilly-sur-Meuse, et un autre appelé Pouilly-Le-fort, près de la ville de Melun.
Quand une famille met en
évidence de pareilles prétentions, elle provoque elle-même le doute et
jette l'incertitude la plus fâcheuse sur les titres réels qui fondent
sa possession d'état.".
Effectivement quand on a lu cela, on peut légitimement se demander, quel est cet
amalgame de Pouilly !
Pouilly en Moselle
Pouilly-sur-Saône
Pouilly-le-Fort en Seine-et-Marne
Pouilly-sur-Meuse
Si on ajoute qu'une rivière nommée la Seille existe à la fois du coté
de Metz et en Saône-et-Loire... Cherchons la confusion.
Et si il ne faut pas penser comme M. Lainé que tout cela frise
l'usurpation ou à défaut l'invention d'origine...
Raisonnablement, je pense qu'on peut remonter la généalogie de la
famille de Pouilly-sur-Meuse aux premiers Aubertin,
et particulièrement Aubertin III.
Remonter plus avant tient de l'utopie généalogique...
En cherchant aux archives de Nepomuk en république tchèque, qui
conservent les archives d'Albert Louis de Pouilly, parti en émigration,
j'ai retrouvé quatre pages, fragments de sa généalogie, pas de la même
graphie que celles conservées aux AD08, et sous un autre format.
Celles des AD08 sont postérieures puisqu'elles font état des Mensdorff
Celles de Nepomuk sont donc plus fiables. On peut en effet supposer
que ce baron de Pouilly est parti avec ce qu'il pensait être le plus
précieux : ses origines. Mais où sont les autres feuillets ? Ces
archives de Nepomuk sont en vrac dans quelques cartons. Ai je eu accès
à tous ? Faire des recherches aux archives de la république tchèque
n'est pas chose aisée !
Voici deux extraits concernant notre Albert Louis de Pouilly :
Cette première photo provient des AD08
Et celle-ci des archives tchèques .
Ce document a été écrit entre 1776 et 1792
On remarquera que la numérotation aux AD08 tout comme à Nepomuk ne relève pas de la norme Sosa, laquelle date pourtant de 1676
Et les "pilleurs modernes" ne se sont pas donné la peine de normaliser cette généalogie.
Ces mêmes archives tchèques conservent l'état des pièces qui
fut demandé quand "not'monsieur" se maria en secondes noces à Mme de Custine.
C'était sérieux et tricher sur son ascendance était impensable.
L'archiviste d' Orval a confirmé l'ancienneté de cette famille, mais
sans aller plus loin que le XIIIe siècle, ce qui n'est pas si mal.
Donc pas de Victor de Poliaco ou alors quelques traces empreintes de doutes : " Quelques généalogistes ont cru
que la maison de Pouilly avait pour auteur Aubert d'Ardennes..."
(Archives Nepomuk)
C'eût
été pourtant l'occasion de montrer son ascendance jusqu"au Xe ! Notre
de Pouilly ne devait donc pas trop y croire ! La demande de Dom Brial
concernant cette "Chronique de Mézières" avait dû le faire réfléchir,
puisqu'à ma connaissance il n'y eut pas de réponse.
Voici le résultat des recherches effectuées par l'archiviste d'Orval Gabriel Seignitz :
1156 Charte de Samson archevêque de Reims où Lambert de Pouilly le jeune et Lambert l'ainé sont rappelés.
1182 Sentence d'Étienne et Philippe officiaux de l'archevêque de Reims
dans la cause contre l'abbaye d'Orval et Aude fille d'Emelot
1182 Confirmation de la sentence susdite par Wilheme archevêque de Reims.
1206 Deux chirographes de Wilheme grand doyen et archidiacre de Trêves
par lesquels d'attester (sic) que Richard de Pouilly a légué à l'abbaye
d'Orval une rente en métillon (blé mélangé de seigle ou méteil)à
percevoir sur son moulin de Moiry.
? Un titre contemporain sans date
par lequel Geoffroi seigneur d'Apremont atteste que Willerme de
Chatillon, sa femme et autres ont cédé à l'abbaye d'Orval tous leurs
droits qui leur compètait (sic) dans le patronage de l'église de
Montmèdy, auquel titre Richer et Richard de Pouilly sont intervenu
comme témoin.
1231 Charte d'Arnould comte de Los et de Chiny par lequel Richer fils
de Richard de Pouilly donne à l'abbaye d'Orval un demi muid de métillon
à prendre sur la dîme d'Avioth.
1455 Accord avec les seigneurs de Pouilly pour la pêche dans la rivière de Meuse
1463 Lettres de maintenance de René duc de Bar pour la pêche en la
Meuse, avec la relation du sergent que personne des seigneurs de
Pouiily ne s'est opposé.
1527 Deux accords en date du 21 mai avec les seigneurs et habitants de Pouilly au sujet de la vaine pâture sur leur ban.
1567 Sentence rendue en la prévôté de Montmédy dans la cause entre
François de Pouilly, seigneur d'Inor et l'abbaye d'Orval pour la
possession de 24 franchards de métillon sur la huitième part que le dit
seigneur d'Inor a dans la dîme d'Avioth.
De Pouilly a eu ces titres en main puisque l'archiviste d'Orval dans le bordereau ci-dessus du 18/05/1785 termine par :
"Je vous prie, Monsieur de bien vouloir recommander ces titres et leurs
sceaux aux personnes qui les manieront ; vous êtes intéressé autant que
nous à ce qu'ils soient bien conservés, ce sont des monuments précieux
pour votre famille dont je me fais gloire d'être le dépositaire et
d'avoir en quelque façon l'honneur d'être votre archiviste etc."
L'archiviste a retrouvé aussi "un titre qui rappelle un Ponzart de
Pouilly dont il n'était pas parlé dans ceux dont j'avais cy-devant fait
des copies... Ce Ponzart était père de Richard , qui par ce titre de
1206 assigna une rente d'un demi muid de froment memois à percevoir sur
son moulin de Moiry."
L'archiviste explique que ce titre est en fait un chirographe et
que les deux parties sont en sa possession. Il en est étonné puisque le
principe d'un Chirographum est justement de donner aux deux intéressés
la moitié du titre et si besoin est, par juxtaposition recomposer le
mot Chirographum, preuve irréfutable de l'authenticité de l'acte.
Ce titre ou chirographe de l'an 1206 est de cette nature, et la partie
à laquelle est attachée le scel dOrval devait appartenir à Richard de
Pouilly; mais par quel hasard est-elle restée, ou revenue dans les archives d'Orval, c'est ce que j'ignore.
Peut être que Richard de Pouilly et sa femme étant morts, enterrés en
l'abbaye d'Orval et insérés en son nécrologue, et par là les
engagements de la duite abbaye étant tout à fait remplis, leurs enfants
lui auront remis ce chirographe, de même qu'on remet une lettre
d'obligation àa celui qui paye sa dette etc."
Dans ce même courrier, l'archiviste joint l'extrait d'un manuscrit concernant un curé
Philippe François de Pouilly, qu'il soupçonne être parent avec notre baron.
Il joint également des copies certifiées des titres.
Et il termine par ces mots :
"Je ne connais aucune maison, qui puisse trouver dans nos
archives tant et de si anciens titres que la vôtre. Je me fais gloire
et ressens la plus vive satisfaction d'être le gardien et conservateur
de ces chartes respectables qui vous intéressent ; toutes et quantes
fois que vous en voudrez des copies, je vous supplie, Monsieur de ne
pas m'épargner. Je vous aurai les plus grandes obligations, si vous me
mettez à même de vous être bon à quelque chose, d'autant que je ne
désire rien de plus que de vous donner des marques de dévouement trés
respectueux avec lequel j'ai l'honneur d'être votre très humble et
obéissant serviteur"
Ce n'est pas de l'obséquiosité mais ça y ressemble...
Tout cela permet d'établir une ascendance sur laquelle on peut s'appuyer sans trop se tromper.
Il est vraiment désagréable de voir une quantité de "généalogistes" se
plagier mutuellement et colporter les mêmes idioties. La multiplication
d'erreurs volontaires ou non, ne fait pas une vérité !
Certains n'hésitent pas à nommer des seigneurs : "de
Pouilly-sur-Meuse". Ce sont souvent les mêmes qui retrouvent une
ascendance jusqu'aux premiers siècles de notre ère.
Ce serait risible si l'histoire ne s'en trouvait pas ridiculisée.
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