La baignade
La Meuse est un fleuve tranquille, mais n'est cependant pas sans
danger.
Crues, noyades sont là pour le rappeler. Voir cette page
Dégats des eaux.
Mais nos ancêtres savaient-ils nager ? Rien ne permet de l'affirmer.
Certains sans doute par nécessité professionnelle, d'autres peut-être
par plaisir ? On en sait rien. Les dossiers militaires en font parfois
état, mais discrètement.
Philippon de la Madeleine indiquait en 1783 dans "Vues patriotiques sur
l'éducation du peuple tant des villes que des campagnes" que l'enfant
doit être accoutumé à nager.
La Révolution a elle aussi tenté d'inculquer à la jeunesse le goût du
sport.
Saint Just préconise pour les enfants la traversée d'un fleuve à la
nage, le jour de la fête de la jeunesse. (La vie quotidienne au temps
de la Révolution, Corbeil, impr. Crété, 1939, pp 91 et suivantes)
Le 26/10/1793 la Convention décide que "Pour acquérir de
l'agilité, de l'adresse et de la force, les enfants se livreront aux
marches, aux exercices militaires et à la natation"
Mais on ne sait pas quels furent les résultats de ces bonnes
intentions.
Certains villages comme Autreville, Moulins n'étaient pas traversés par
une rivière.
Au XX ème, l'apprentissage de la natation est devenu réalité et
particulièrement après la deuxième guerre.
Pour les enfants savoir nager était indispensable pour profiter de la
rivière. Les
adultes d'ailleurs entretenaient une légende destinée à dissuader les
plus téméraires.
Elle disait qu'une "bête à crochet" était tapie au fond de l'eau
et attrapait avec le dit crochet les enfants ne sachant pas nager.
Les plus petits y croyaient sans doute.
Pour les autres, dés 6 ou 7 ans, l'apprentissage commençait. Les bouées
plastiques n'existant pas, on en confectionnait avec des bottes de
joncs, joncs qui proliféraient avant la pollution. On apprenait sur le
déversoir ou à la petite plage.
La méthode était artisanale, empirique mais portait ses fruits.
Quand une certaine aisance donnait assez de courage au futur nageur, le
test de la passerelle s'imposait...
Il s'agissait simplement de sauter depuis la passerelle du halage
et se faire récupérer par des plus grands. Une barque assurait la
sécurité de surface.
On pourra contester cet "apprentissage musclé" mais force est de
reconnaître qu'il fonctionnait plutôt bien et que les adultes ne s'en
offusquaient
pas.
Il n'existait pas de diplôme, mais l'attestation des plus grands
servait de sésame aux activités aquatiques.
Il était alors permis d'aller à la pêche, de grimper dans une barque ou
de se
promener sur le halage quand la maréchaussée n'était pas dans le
secteur. (Le halage était en effet interdit).
La baignade était donc une institution et tout l'été un lieu de
rencontre. On attendait scrupuleusement trois heures après avoir mangé.
Elle durait alors jusque la fin de l'après midi.
Elle avait lieu dans le "parc du Julot" (Julien Lambert) entre le
déversoir et le grand pont.
Mais il arrivait qu'on dépayse cette baignade en descendant la Meuse
jusque Létanne, où nous avions des copains et copines. Par sécurisé,
une barque suivait le groupe de nageurs.
Les périssoires, canoës, engins flottants faisaient partie du quotidien
aquatique, avec parfois des essais plus ou moins heureux, comme cette
vieille barque, récupérée et réparée qui nous servit de "voilier" à
Patrick Simon et moi-même.
Les plus petits, se contentaient de "la petite plage", avec
interdiction de dépasser la ligne de joncs, aujourd'hui disparue après
les travaux de l'
Epama.
Cette tradition s'est perdue quand la pollution a rendu la Meuse
"infréquentable".
Aujourd'hui l'amélioration de la qualité de l'eau relance un peu cette
saine activité, bien qu'interdite par arrêté.
La petite plage.
Dans le parc du Julot (Julien Lambert).
De gauche à droite, Dominique Vanderesse, Marie Christine Simon (se
recoiffant), Maurice Clesse, Simone Vanderesse.