L'histoire de Prouilly et Tuncourt.
Grange de l'abbaye d'
Orval
Denain décrit les lieux :
"Beaux biens de l'abbaye d' Orval à coté de Pouilly dont les anciens
seigneurs suivant la famille de ce nom ont été les bienfaiteurs à cette
maison religieuse.
Prouilly est une ferme composée de bâtiments, terres, prés, bois et
d'une partie de la rivière de Meuse sur la rive gauche de laquelle elle
est située."
L'ouvrage de référence est celui de
Christian Grégoire
"Une grange
d'Orval en terre Meusienne". Extrait du "Bulletin des sociétés d'étude
et d'archéologie de la Meuse" Bar le Duc no 6, 1969
Ce moine a eu accès aux archives de son abbaye mais aussi à celles de l'état à Arlon.
Ses sources semblent donc sûres.Je lui emprunte une bonne partie du texte ci-dessous.
Prouilly comme
Tuncourt ont subi divers orthographes. Les noms évoluent avec le temps.
Mais les copistes écrivaient souvent "à l'oreille", ce qui explique que
dans la même année l'orthographe ait pu changer mais non évoluer.
Proiley (1144), Proilei (1160), Proulei (1174,1178,1180), Proelii
(1176), Proilly (1180), Proille (1206), Proellei (1209), Prohiliz
(1220), Prowilhy (1280) et Proly dans une note du XVIII ème. Prouilly
apparait pour la première fois dans un document de 1455.
Au passage on voit que Praouilly n'a jamais été utilisé si ce n'est sur
une carte de 1714. Donc à ma connaissance une seule fois.
Comme pour beaucoup de toponymes terminant par Y, on peut supposer que
Prouilly était à l'origine le domaine d'un gallo-romain Prolliacus.
Cette étymologie se vérifie à bien des endroits.
Quant à
Tuncourt dont il est
question plus bas, "court" vient du mot latin "Curtis", qu'on retrouve
comme composante d'une multitude de toponymes. "Tun" désignait peut
être le nom d'un propriétaire ou simplement celui de l'exploitation
d'un chef franc.
L'orthographe de Tuncourt a lui aussi varié.
Tuncurt (1156,1160,1178), Tuncort (1180), Tuncour (1180), Tuncurt (1182), Tuncourt (inventaire de 1737).
Un bail du 28/12/1747 signale un pré "à la culée Dancourt" (AEA
layette Prouilly). Or aujourd'hui le Dancourt est une noue
proche de la Meuse au nord est de la ferme de Prouilly Neuve. Cette
noue est en fait le reste d'un ancien bras de la rivière. (AD55 Pouilly 139 FI 204 Sect A F5 1828)
Sur cette photo la flèche indique cette noue.
Mais manifestement avant l'installation des moines, ces terres étaient déjà cultivées.
Prouilly en tant que cense, doit son existence à un abbé de Mouzon et quelques seigneurs
laïcs qui offrirent aux moines d'Orval la terre où ceux-ci créèrent
cette grange.
C'est en fait Rainerus de Quarnai (Cornay dans les Ardennes) qui en
1144 offrit aux moines d'Orval son alleu (terre familiale franche de
servitude) de Proiley.
Richard abbé de Mouzon remet la dîme dont cette terre était chargée envers son abbaye.
Cette double donation est confirmée par Samson des Pretz archevêque de Reims. (Cartulaire Goffinet )
En 1156 Jorannus abbé de Mouzon et Robertus curé de Poilei (Pouilly) remettent aux moines la dîme de
Tuncourt.
L'abbé Nicolas Tilliere est plus précis : "En 1156 les religieux d'Orval
rachètent, la part d'une dîme qui revenait au curé de Pouilly sur
les terres de Toncourt, vendues naguère à leur abbaye par Raoul de
Raucourt. Almaric de Raucourt fils et héritier de Raoul, cède ensuite à
Orval tous ses droits usagers sur le ban de Pouilly exprimant ainsi sa
reconnaissance pour les faveurs spirituelles reçues de l'abbaye."
La terre de Tuncourt venait d'être donnée (1156) par Lambertus seigneur de
Pouilly avec l'assentiment de son suzerain Radulphus (ou Raoul) de Raucourt. Cette
donation devait avoir une certaine importance car pendant quelques
années le domaine sera désignés par les noms joints de Prouilly et
Tuncourt. (Goffinet)
Il existe aux archives de Pouilly-Cornay une copie datée de 1689 de la
confirmation de cette donation par Guillaume de Champagne, archevêque
de Reims, confirmation datée de 1182.
En
1160 Joranus abbé de Mouzon cède à l'abbaye d'Orval la dîme de
Prouilly avec ses dépendances, pour une rente annuelle de 8 sous ,
monnaie de Châlons.(Cartulaire Goffinet page 33 )
Parmi les terres concernées, il en est une qui se nommait "corveia de Lusei" (la terre
ayant pris le nom d'une corvée que les habitants devaient accomplir)
En 1162 Louis comte de Chiny, atteste et approuve la donation ratifiée
par Almaric de Raucourt, du droit d'usage à Prouilly. Il rappelle que
cette donation a été faite par le père d'Almaric et approuvée par le
comte, son propre grand père.(Cartulaire Goffinet page 34 )
En 1174 Henri, archevêque de Reims, confirme l'accord établi entre
Adam, abbé d'Orval et ses religieux d'une part, et Pierre de Quarnai et
ses enfants, d'autre part au sujet des terres de Prouilly. (Cartulaire
Goffinet page 54 )
En 1176 Henri, abbé de Mouzon, cède au monastère d'Orval le douzième de
la corveia de Luzy, plus le droit dit "croci de Prouilly" et celui
d'usage de Luzy.
"Insuper jus quodvulgo dicitur croci de Proelii, quod spectat etc." Quel pouvait être ce droit ? (Cartulaire Goffinet page 63 )
Le 17/02/1180 le pape Alexandre III confirme de nouveau les biens de
l'abbaye d'Orval. "...possessiones curiae de Proulei et Tuncort, cum
omnibus terminis et usuarii suis; usuria de Lusei etc.".(Cartulaire
Goffinet page 76 )
Quelques autres donations s'échelonnent jusqu'au milieu du XIII ème.
Louis IV, comte de Chiny, atteste la donation faite à l'abbaye d'Orval
par Guy dit le Sénéchal, et Helwide sa femme, de Raucourt, du droit de
pêche à Prouilly. " ...in aqua sua de Poillei, scilicet ab introitu
aquae mortuae ipsorum fratrum quae vulgo dicitur Mortiers, usque ad
petram de Ynort" (Cartulaire Goffinet page 141 )
Vers 1206, 4 jours
de terre que l'abbesse de Juvigny possédait au milieu des terres de
Prouilly. Il s'agit sans doute de Hadwide II de Chiny.
En 1208 Odon, seigneur de Quarnay (Cornay dans les Ardennes) fait
connaître qu'il renonce à toutes ses prétentions à charge des religieux
d'Orval et qu'il leur reconnait la propriété de tout ce qu'il possède
actuellement notamment les terres de Prouilly. (AEA Layette Prouilly 1056)
En 1242, 6 jours de terre et 1 fauchée de prés offert par
Herbertus de Poulhi. Jean, doyen de chrétienté d'Ivois atteste cette
donation en décembre 1242. (Cartulaire Goffinet page 273 )
Aux AD54 inventaire B 436 dans la layette Orval, on trouve le "
Vidimus des lettres de Thibaut, comte de Bar,
contenant un appointement fait entre lui et les abbé et couvent d'Orval
par lequel ledit comte cède à ladite abbaye en morte-main tous les
héritages suivant qu'ils sont abbornés, dépendants de leur grange de
Villancey, terres et cens dudit lieu avec les bois dépendants de
Villancey, Buiry, Ewgny, Boalmont et ce qu'ils ont à
Prowilhy, La Venne,
La Pesche, La Carre, Moncias avec les pasturages, ce qu'ils ont èz
moulins de Mancourt, Cupigny et Saint-Léger, confirme ce qu'ils ont à
Villers-devant-Orval, de tout quoy il se retient la garde
".
Ces lettres sont du 07/08/1280.
Le 08/05/1663, Louis duc de Bourbon et prince de Condé réclame un
dénombrement des biens de l'abbaye au baillage de Stenay et une
déclaration de foi et hommage pour ces biens. Le 24/08/1663 c'est chose
faite. On peut y lire :
"Nous frère Henry de Mongon abbé d'Orval reconnaissons et avouons tenir
dans le ressort de la terre de Satenay une métairie vulgairement
appelée Prouilly consistant en quatre gagnages tenus et occupés par
quatre fermiers résidant chacun d'eux dans les manoirs de la dite
métairie etc."
Suit le descriptif de la métairie :
"Les quatre gagnages de la métairie de Prouilly consistent en 300
arpents de terre labourable, 56 arpents de prés, 48 à 50 arpents de
bois. La vigne de la Vignette consiste en 9 arpents en une pièce.
Pressoir, quelques meix et jardin pour les vignerons et 3 jours de
terre arable contiguë à la Vignette. (AEA Layette Prouilly 1059)
La règle cistercienne imposait en 1152 une distance minimale de 11 km
entre deux granges. Mais entre Blanchampagne et Prouilly, il n'y a que
6 kilomètres à vol d'oiseau.
Pourquoi cette dérogation ? Sans doute par le simple intérêt...
En 1162 les convers sont en pleine construction. Un document de Louis
de Chiny nous apprend qu'Almaricus de Raucourt, renouvèlent les
donations faites par son père. A savoir "tous les usages du ban de
Pouilly, nécessaire au bétail des frères et tous les bois dont ils
avaient besoin en leurs constructions.
C'est donc de ces années que datent les plus anciens bâtiments de Prouilly.
Ils étaient sans doute constitués comme suit:
Deux ailes orientées Nord-Sud suivant la déclivité du terrain.
Dans chaque aile, vers le nord il y avait 4 caves qui existent encore.
Dans l'une d'elle, un puits à margelle carrée percée d'un trou de 50 cm
"Une grande partie de l'aile orientale remonte au XIIe siècle ; elle
est particulièrement bien conservée du côté nord. Sa toiture repose sur
une corniche à modillons (dite corniche bourguignonne). Quelques
fenêtres étroites de plein cintre et largement ébrasées s'ouvraient sur
la façade orientale de même qu'une porte dont le linteau trilobé est
encore en place. Plusieurs de ces ouvertures ont été supprimées. Des
deux autres côtés, fenêtres et portes ont été transformées
ultérieurement.
Ce bâtiments roman constituait le logement des convers de Prouilly, ou,
si l'on veut leur petit monastère. Il comprenait le dortoir, le
réfectoire, la cuisine, le chauffoir et peut-être le cellier dans les
caves. Il devait y avoir aussi un oratoire, mais pas de chapelle
proprement dite. Aucun document ne parle de chapelle à Prouilly, même
après que l'on eut admis vers 1255, la célébration de la messe dans les
granges.
Les écuries, étables, porcheries et autres communs occupaient
vraisemblablement la partie méridionale de l'aile que nous avons
décrite, celle qui donne sur la cour centrale.
Enfin le hangar dans lequel on remisait les récoltes, la grange
proprement dite, s'élevait probablement au sud de la cour, là où se
trouve aujourd'hui l'habitation des fermiers ; la substitution a dû se
faire vers les XVII ou XVIIIe siècle, et l'ancienne partie a été
aménagée en conséquence. Nous n'avons évidemment aucune donnée sur
cette grange, mais si son implantation était celle de l'actuelle
habitation, elle était déjà assez vaste.
Tout le complexe de Prouilly est incliné vers le nord, c'est-à-dire
vers le fond de la vallée. Un bras de la Meuse, ou un canal, qui
débouchait autrefois sur le fleuve à l'ouest, court au pied de la
façade septentrionale du logement des convers, dont il n'est séparé que
par un chemin. Il a pu jadis servir de port et ne continue pas vers
l'est au-delà des bâtiments. En 1204 il était appelé "mortier",
actuellement on dit simplement "la noue". Les gens disent que les
moines en ont tiré les pierres nécessaires à leur construction, ce qui
est peu probable.
Vers le milieu du XIIIe siècle, le domaine de Prouilly avait donc
atteint son développement définitif. Il comptait surtout des cultures ;
les bois n'y occuperont jamais que très peu de place. La presque
totalité de ses terres se trouve sur la rive gauche de la Meuse, à
l'exception d'une étroite bande environ 10 ha qui longe le fleuve juste
en face. Les moines y plantèrent une vigne et construisirent un
pressoir avec ses dépendances. Ceux-ci actuellement transformées en ferme
s'appellent encore La Vignette. (
On ne sait quand la vigne a été plantée sans doute vers le XII ème.)
Un souterrain passant sous la Meuse, reliaient entre elles la grange et la vignette." Ch Grégoire..
Mais cette histoire de souterrain n'est pas sérieuse. A l'époque passer sous la Meuse était un obstacle technique insurmontable.
Par contre l'hypothèse d'un gué est plus sûre. Une carte de 1714 (SHAT
lib 535) en fait état avec sa redoute de défense.voir cette page
fortifications
De plus lors du procès entre l'abbaye et Louis Stevenot en 1736 et avec
l'accord du sgr de Pouilly, dont Louis Stevenot avait aussi le droit de
pêche, il est écrit : "...ils demeureront (les religieux d'Orval) aussi
en possession d'avoir une barque en leur maison de La Vignette, pour
communiquer avec leur fief de Prouilly..." (AEA 1065)
Contestations diverses
La vie à Prouilly fut émaillée de disputes, contestations que Goffinet relate :
Ce fut d'abord Pierre de Quarnay (Cornay dans les Ardennes) qui réclame en 1174 l' alleu que Rainerus a donné en 1144
Puis la terre de Tuncourt est demandée par Auda demi-sœur de Lambert
de Pouilly. La mère de Lambert, Emeloz avait épousé illégitimement un
prêtre d'où cette Auda dont les prétentions furent rejetées. (Voir
Goffinet L1 page 84)
Le
curé de Pouilly ensuite réclame les dîmes attachées aux terres de sa
paroisse. Mais en 1200 Thibaut du Perche, archidiacre de Reims, se
prononce en faveur de l'abbaye d'Orval, dans un procès à elle intentée
par le curé de Pouilly au sujet de la dîme de cette paroisse.
(Cartulaire Goffinet page 122 et 123 ). Le curé n'est nommé que
par " P. prebytero de Poilleio "
Christian Grégoire ne relate pas tout dans son ouvrage mais nous cite
les disputes concernant les droits de pêche (1455), d'usage (
1520,1527,1567). Les contestations de limite (1238 et 1248) , les
querelles de voisinage, garde des bois (1514, 1569) etc.
Il nous renvoie à l'inventaire de l'abbaye d'Orval série 123 visible aux archives d'état d'Arlon.
Les Censiers à travers ces contestations.
On a vu que peu à peu les convers furent remplacés par des "bras
mercenaires" et une sentence arbitraire du 24/10/1455 laisse supposer
que c'était déjà le cas à Prouilly.Il s'agit d'un litige sur "la pêche
en possession par eux
ou leurs commis..."
Cette absence des convers ne laissait pas pourtant les coudées franches
aux fermiers les remplaçant. "... le cellérier veillait sur ses
granges, même quand elles étaient devenues des censes à bail..."
En 1618, il intervient afin que soit assuré aux censiers le ministère
du curé de Pouilly. Il y avait alors dans le domaine 4 censiers, 3
vignerons, 1 trecensier, soit 55 communiants. (un trecensier ou trecenseur est celui qui tient une ferme dict. Godefroy)
Le dénombrement des
propriétaires de bétail réalisé sur l’'ensemble du bailliage de Saint-Mihiel en
1600.nous donne une idée de l' l'importance de cette cense.
Le plus ancien bail qui nous soit parvenu à propos de Prouilly date de
1663 et il nous apprend pour la première fois aussi le nom des censiers
:
Jean Husson, Louis Tribert (Trubert sans doute), Gillette Lescuyer et Gillonga Pacquesson.
Un débat sur le droit de pêche en 1719 cite
Jean Henry
comme censier. "...pour l'affaire Jean Henry contre les pêcheurs de
Pouilly; comme Monsieur l'abbé d'Orval ne peut se parer de prendre les
faits et causes de Henry, je vous envoie cet exprès pour vous prier mon
révérend père de me faire apporter vos titres pour justifier votre
droit de pêche dans la rivière de Pouilly, avec une procuration pour
intervenir pour le dit Henry.". Stenay le 12/08/1719 et c'est signé
Gilles. (AEA Layette Prouilly 1057)
Dans ce même courrier du 12 août, il est question de terres mises en
embanie le 23 juillet par les fermiers de Prouilly et qu'un certain
François Person a enfreint le ban. Ce Person disant que ce sont les
fermiers de Prouilly qui ont rompus les premiers leurs embanies...
Gilles conclue : "au reste comme on ne conteste pas à vos fermier le
droit de faire des embanies, il ne sera plus nécessaire mon révérend
père d'intervenir pour eux, à moins que vous ne vouliez contester aux
habitants de Pouilly les droits de vaines pâture sur le ban de Prouilly
ainsi que vos fermiers le prétendent mais je vous avoue franchement
qu'ils y sont mal fondés à moins qu'on ne fasse voir que Prouilly est
un fief et qu'on ne ferme de murailles, haies ou fossés ..." (AEA Layette Prouilly 1057)
(Embanir une terre c'est y interdire pour un temps la vaine pâture, c'est à dire en défendre le parcours des bêtes.)
Le nom de Jean Gobert revient plusieurs fois dans un procès de 1727.
Avec lui, entre dans l'histoire de Prouilly un nom qu'il illustrera
jusqu'à la révolution. Dans le même procès, il est question d'une terre
appelé "le sart Gobert", qui ne paraît pas avoir été récemment défrichée.
Sur le cadastre napoléonien le Sart Gobert est un bois sur la commune de Luzy (AD55 139 FI 155 f1 1827)
Jean Gobert n'est sans doute pas le premier Gobert qui ait vécu à
Prouilly.
Le bail de la cense nous ramène en 1747 dans la famille Gobert ; les censiers sont : Henri Claude, Guillaume, les Gobert.
On les cite avec plus de précision dans un bail de 1774 : Claude Gobert
et Catherine Thomas, son épouse, Henri Paulin et Gillette Grosyeux, sa
femme enfin, Jean-Baptiste Gobert, fils du premier. Avec eux habite une
veuve Jean Gobert. Un acte de visite des fermes, datant de cette époque
fait part de leurs réclamations. La veuve Gobert demande "qu'on répare
la toiture, car ses foins sont toujours affectés. La toiture de la
bergerie joignante la grange mitoyenne… Les murailles refectionnées
parce qu'elles sont fort vieilles. Elle souhaiterait qu'on lui ferait
faire une autre bergerie contre la ferme et qu'on abandonne celle-là.
Claude Gobert déclare que la toiture du four a été emportée par l'orage
dernier. La toiture du logis doit être faite : 6000 ardoises."
Dans un état général des biens on peut lire les mêmes noms de censiers.
Les derniers documents d'Orval à les citer sont les livres de comptes :
celui de 1791, à la date du 15 octobre et celui de 1792 au 29 avril.
Prouilly à sa fondation appartenait au comté de Chiny.
A ce propos on peut se demander qui y exerçait la justice. Dans le cas
de Blanchampagne autre grange d'Orval, ce sont les moines eux mêmes qui
en avait la charge.
Louis IV de Chiny en 1204 inféode son comté à celui de Bar et Prouilly
suit alors les destinées du Barrois, dans la prévôté de Stenay dont il
fait partie.
Mais au traité de Bruges en
1301,
le Barrois situé sur la rive gauche de la Meuse devient "mouvant",
passe sous la suzeraineté française mais reste attaché au comté de Bar.
Cette mouvance obligeant les comtes puis les ducs de Bar et de Lorraine
à rendre foi et hommage au roi de France, sera la source de mésententes
franco-lorraine, particulièrement sous Charles IV de Lorraine.
Prouilly situé sur la rive gauche mais aussi sur la droite pour La Vignette est donc soumis aux deux juridictions...
Orval se trouvant en terre Luxembourgeoise, on comprend
aisément les tracas que subirent moines et convers pour rapatrier leurs
récoltes à la "maison mère".
Charles Grégoire nous dit que les écrits concernant Prouilly durant le XVII ème sont rares.
Dés le début la Lorraine est au premières loges en ce qui concerne les guerres de religion.
Les moines d'Orval en 1605 donne déjà un tableau pessimiste des possessions de leur monastère :
"... la plupart des rentes et des revenus ne se paient pas
présentement, il a fallu les relaisser à plus vil prix, à raison des
ruines des villages, paucité des habitants et aussi pour restaurer et
orner tant l'église ou villages où nous prenons les dîmes ou portions
d'icelles que pour réparer ou réédifier les censes brûlées ou abattues
par les gens de guerre..." (Tilliere "histoire de l'abbaye
d'Orval" 1897 p 391)
La
guerre de 30 ans (1618-1648) qui finira en fait, par le traité des Pyrénées en
1659, vient ajouter son lot de misères.
Même après la fin officielle des hostilités, il règne toujours un
climat d'insécurité qu'un certificat délivré le 04/01/1683 ou 1685 à
Blanchampagne à la demande du cellérier d'Orval, laisse entrevoir. (Une
malencontreuse tache ne permet pas d'être affirmatif quant à l'année)
C'est une attestation faite
Gilles Roncart (ca 1640-1694) et
François Balan (ca 1642-1700), maîtres
-charpentiers à Cesse, prévôté de Mouzon, qui attestent qu'en 1674-1675 le roi a ordonné de
faire marquer quantité de pilotis :
"... pour piloter tous les guaitz de la rivière de Meuse, afin de
conferner toute les frontières de la dite rivière de la course des
ennemis..." Ils ont marqué et abattu 450 chênes de 4 à 7 pieds tant pour
les dits pilotis entre les dits Villefranche et Pouilly, que pour la
construction de la tour de Cervisy". En fait ces arbres ont été pris sur les terres de Prouilly.
Jean Fauvelet (ca 1620-1692) et
Pierre Regnier
(ca 1645-entre 1699 et 1708), censiers des dits religieux d'Orval à
Prouilly qui comme témoins oculaires de ladite quantité des chênes
employés aux ouvrages que dessus sont aussi prêts d'affirmer par devant
qui il appartiendra etc. Je ne sais pas si Orval a eu gain de cause.
(AEA 1057 layette Prouilly)
Louis XIV avait l'intention de récupérer l'ancien comté de Chiny comme
biens héréditaires. Il constitua la chambre royale de Metz pour
s'informer de leur étendue. Orval effectua donc le dénombrement de ses
biens. Dans l'acte du 27/07/1682, la situation de Prouilly est exposée
en détail (Dénombrement de l'abbaye d'Orval et de toutes ses
dépendances" 1682 original aux AEA Layette Prouilly)
En
1697 Louis XIV à la paix de Ryswyck renonce au projet, mais Prouilly
reste en terre française. Ses bois figurent sur la carte des forêts
dressée en 1772 (AN Paris)
Une nouvelle déclaration des biens de l'abbaye en France est établie le
23/09/1783. Le gouvernement a besoin de finances est tente d'en
trouver...
Après la révolution.
Le 02/11/1789 les biens du clergé sont mis à la disposition de la Nation et dés le 14 mais suivant on en commence la vente.
Mais Orval continuera de jouir de sa grange de Prouilly jusqu'en 1792,
date de la dernière mention de cette cense sur les livres de comptes de
l'abbaye.
Les censiers en ont continué l'exploitation pour le compte de la république.
Le 29/09/1795 Jean François Gobert traite avec les représentants de la
république des réparations à faire à la toiture de la grange de
Prouilly. (AD55 Q820)
Le domaine est vendu le 11/08/1796 comme bien national à Pierre La
Marle, ingénieur en chef des ponts et chaussées du département des
Ardennes, demeurant à Mézières pour 30000 francs en assignat.
On constate que l'acquisition de biens, soustraits aux religieux, n'a pas posé de cas de conscience à la nouvelle bourgeoisie.
L'acte de vente nous apprend que le
domaine est affermé par bail qui a commencé le 23/04/1783, aux citoyens
Jean Baptiste Gobert, Jeanne Gobert sa femme, Henry Raulin, Jean
Baptiste Gobert et sa femme Marie Françoise Dupuis et Marie Jeanne
Habseaux veuve de Jean Gobert. (Ne serait ce pas plutôt Marie Jeanne
Habran ?)
Le bail est confirmé devant Lefebvre et Delahaut, notaire à Yvoy-Carignan le 28/04
Une dame de La Ferté aurait acquis une partie du haut de la ferme et l'aurait revendue peu de temps après. (???)
En 1817, le propriétaire est
Jean Baptiste Dewatte, rentier à Stenay. Un différend avec Pierre La Marle (1756-1842), concernant un droit de passage nous l'apprend. (AD55 8 O 589)
Ce Dewatte était né à Stenay en 1770. Il se marie le 31/07/1792 à Marie
Jeanne Destenay à Bazeilles-sur-Othain. Il est décédé le 01/02/1844 à
Stenay. Il est qualifié de rentier propriétaire.
Le 11/09/1846 l'acte de naissance de François Auguste Brasseur, nous apprend que son père
Charles Louis Joseph Brasseur, marié à Marie Françoise Lefevre, est "...garde particulier de M.
Nonnon
de Sedan, âgé de 29 ans domicilié à Prouilly, commune de Pouilly..."
(AD55 1843-1852 91/369).
Il l'est encore en 1848 à la naissance de
Marie Catherine Hermence Brasseur sa fille le 27 janvier. (AD55
1843-1852 133/369), puis en 1849 quand nait Catherine Augustine. (AD55
1843-1852 153/369)
Pour avoir un garde particulier sur place, il
fallait y avoir des intérêts.
Parmi les industriels textiles on trouve Michel Félix Nonnon
(1814-1897) fabricant de draps à Mouzon, mais aussi ses frères Joseph
Hippolyte, Jules également à Sedan.
Après 1849 on ne trouve plus trace de ce Brasseur à Pouilly.
Sa fille Louise Eugénie Brasseur nait à Mouzon le 27/04/1851. (AD08
Mouzon 1848-1855 178/414). Il est alors ouvrier de fabrique, demeurant
au faubourg de Mouzon. Son épouse est journalière.
Il décède à Sedan, 37 rue du rivage le 08/06/1866. Il est alors laineur. (AD08 Sedan 1865-1869 159/542)
Grandeur et décadence.
A-t-il abandonné sa place ? Le sieur Nonnon de Sedan a-t-il revendu la ferme ? L'a-t-on remercié ?
Vient ensuite
Charles Auguste Goulden, né le 09/03/1830 à
Bisschwiller et décédé à Sedan le 26/05/1912.
Il est Pasteur de l’église réformée et président du consistoire de
l’église réformée de Sedan. Fondateur d’un orphelinat au Fond-de-Givonne .
Il est chevalier de la Légion d’honneur (dossier cote LH/1176/70) et de plusieurs ordres étrangers (1875, 1887).
Le Pasteur Charles Goulden, sans enfant, confie les intérêts de sa
femme Anne Élisabeth Heidsieck dans la maison de champagne du même nom, en 1886, à
son frère,
Jacques Ernest Goulden.
Celui-ci est né vers 1843, et décédé le 03/04/1909 à Valescure
dans le Var. Il est agriculteur à la ferme de Prouilly, marié à
Jeanne Marie Marthe Henriette Renous à Bordeaux en novembre 1875.
Ce Goulden n'a pas dû trop cultiver la terre, puisque sa biographie le
dit "Agriculteur à Prouilly (1875), associé négociant (1884),
négociant en vins de Champagne (1886), propriétaire (1887), négociant
en vins de Champagne, associé de la maison Walbaum
, Luling, Goulden et Cie, successeurs de Heidsieck
et Cie
(1905), chevalier du Mérite agricole, président, puis président
honoraire de l’ Association viticole champenoise, ancien maire de Gueux
(1909)"
Il déclare la naissance de son fils
Auguste Jean Ernest le 23/01/1877.
Il est dit "...fermier aux fermes de Prouilly..." (AD55 1873-1882
77/177). Un Auguste Goulden, rentier habitant Pouilly âgé de 70 ans est
présent.
Auguste Jean Ernest devient négociant en vins de Champagne
"Walbaum Goulden Lüling et Cie" (1907-23). Il décède le 12/06/1958 à
Vienne-le-Château (08).
A son décès la ferme est vendue. Le journal "Le Constitutionnel" du 14/12/1859 page 4/4 l'annonce :
"Propriété de Prouilly et maison à vendre à l'amiable par suite de décès.
1 - La propriété de Prouilly, commune de Pouilly, à 27 kilom. de Sedan
Elle consiste en 220 ha, dont 142 ha terre, clos et jardin, 46 ha prés,
et 32 ha bois, futaie et taillis, le tout de première qualité.
Vastes bâtiment d'habitation et d'exploitation.
2 - Une belle et vaste maison, sise à Sedan etc."
C'est sans doute après le décès de
Frédéric Bacot le 08/11/1858
Fut-elle vendue ou louée ? On peut douter car la ferme est de nouveau en vente en 1867, soit un bail de 9 ans.
L'annonce parait dans le journal "Le Temps" des 16 et 23/08/1867" page 4/4 :
"Adjudication même sur une enchère en l'étude de Me Ninin notaire à
Sedan le 05/10/1867 à 14:00 du Domaine de Prouilly, appartenant aux
héritiers de M. Frédéric Bacot, et consistant en :
Vastes bâtiments d'habitation et d'exploitation, et 220 ha de terres,
clos, jardins, prés et bois, d'un seul tenant... Revenu net 12 400 fr.
Mise à prix 300 000 fr. Facilités pour payer"
On verra que
Léon Raymond Monod exploitant aussi de la ferme, se marie
le 07/11/1877 à Bordeaux avec
Hélène Renous (11/07/1859
Paris-07/01/1933). Or Marie et Hélène sont deux sœurs...
De plus la famille Monod comptait nombre de pasteurs avec une grande propension à se marier en famille !
On trouve ensuite M.
Davanne notaire à Carignan, M. Benoit-Davanne, M.
Benoit-Sadoul. La famille Benoit a possédé les deux fermes de Prouilly
dans l'indivision depuis 1896.
En 1874 l'aménagement du canal transforme alors le bas du domaine. La noue
(le Moltron) devient un étang allongé et fermé de toute part.
Le 18/04/1886 Me Benoist, notaire à Carignan met en adjudication en 1
ou 2 lots à la mairie de Carignan les deux belles fermes de Prouilly,
contenant d'un seul tenant 204 ha. Bâtiments neufs. Bail récent et
long. Revenu net 13 200 fr. Mise à prix 340 000 francs. (Petit
Ardennais du 07/03/1886)
Ce même journal le 10/03/1886 donne plus de détails sur la composition du domaine de Prouilly.
Le 08/04/1894 à 14:00 les bestiaux de la ferme de Prouilly doivent être
vendus. Deux forts chevaux de charretier de bateau, avec harnais seront
également de la vente (Sans pour autant que l'on sache si ils faisaient
partie de la ferme)
(AD08 Petit Ardennais 07/04/4894)
Pour le 23/04/1894 la ferme est à louer. (101 ha de terres et prés
d'excellente qualité, dont 21 ha de prés de Meuse. Vastes bâtiments).
C'est encore Me Benoist de Carignan qui se charge de la location.
(Petit
Ardennais du26/03/1893)
Elle l'est de nouveau le 02/03/1902 pour le 23/04/1903 (Petit
Ardennais du 02/03/1902) L'annonce parait plus d'une vingtaine de fois
jusqu'au 07/10/1902, ce qui laisse penser que la transaction n'était
pas facile.
Jean Albert Servais était alors le fermier sortant. Il vend son train
de culture par l'intermédiaire de M. Bonnemaison greffier de pais à
Stenay, le 06/03/1904, comme l'annonce le Petit Ardennais du
28/02/1904. il a alors : 6 juments de 4 à 8 ans dont plusieurs pleines,
2 poulains, 2 vaches prêtes à vêler, 7 génisses pleines, 5 godins, 3
chariots Marlborough, 1 tombereau etc."
Le 28/05/1905 la ferme est remise en location pour avril 1906. Il faut
s'adresser à M. Benoist, place Turenne à Sedan (AD08 PA 28/05/1905 4/4)
Le 16/12/1906 par l'intermédiaire de M. Bonnemaison greffier de paix à
Stenay, sont vendus pour cause de départ à la ferme de Prouilly, par M.
Fortier, fermier sortant, les chevaux et attirail de culture lui
appartenant. (AD08 PA 13/12/1906 4/4)
Le 03/03/1912, vente aux enchères de 29 bêtes à cornes à la ferme de
Prouilly par suite de fin de bail. La vente st organisée par Me Lambret
de Stenay. Pour attirer le chaland, il est dit qu'une buvette y sera
installé ! (AD08 PA 25/02/1912 5/6)
En 1920
Berthe Gobert (1874-1945) épouse de
Marcel Noël (1869-1921), acquiert les deux fermes de Prouilly.
Puis à
sa mort en 1945, Prouilly-Neuve passe à sa fille
Marguerite Noël (1903-1998) épouse de
William Buchard (1895-1987), tandis que Prouilly revient à son fils
Georges Noël (1911-1985)
Les produits de la grange
On sait peu de choses sur le rendement de cette grange.
En 1605 la cense de Prouilly est tenue par 4 métayers, qui rendent annuellement le tiers de leur récolte, soit pour chacun :
8 muids à la mesure de Stenay, moitié froment et avoine.
Le vignoble couvre 9 journaux mais ne rapporte rien.
(Déclaration des cens,dîmes et revenus de l'église et monastère d'Orvaux" Nicolas Tilliere 1897 page 391)
En 1663 Les 4 fermiers paient un trecens (loyer, prix d'un bail à ferme) annuel de :
8 grands muids, moitié froment et avoine. Chacun est tenu à la même
charge et doit y ajouter 2 pots de beurre à la mesure du vin et à
l'ancienne mesure de Stenay. (Bail de la cense de Prouilly IN 123/28 AEA
layette Prouilly)
En 1682, un dénombrement ordonné par la chambre royale de Metz, ne dit
rien de la production, mais donne l'étendue des terres et bois.
Il n'y a plus que 3 censiers à Prouilly. (AEA Layette Prouilly)
En 1742 un bail daté du 6 juin précise que les censiers doivent rendre
le tiers de leur grains, quelle qu'en soit la nature. (AEA Layette
Prouilly 1062) Ce bail concerne Henry, Claude et Guillaume
Gobert. Ils sont frères.
En 1745 chacun des trois censiers doit rendre annuellement 200 quartels
de froment, 100 quartels d'avoine, 50 quartels d'orge et 6 quartels de
pois à la mesure de Stenay.
En 1747 un bail du 28 décembre fait obligation à chaque fermier de
rendre annuellement 280 quartels de froment, 100 quartels d'avoine, 50
quartels d'orge et 6 quartels de pois en bons grains sec et net, à la
mesure d'Yvois qui vaut une fois et demi celle de Stenay. La livraison
doit se faire par chacun à la saint Martin d'hiver (11 novembre) à ses
risques et périls. (AEA Layette Prouilly 1062)
En 1772 une carte du bois de Jaulnay nous apprend que Prouilly
possède deux bois, Le grand et le petit Bouilli, numérotés en 25
sections. Ils comptent ensemble 105 arpents, 40 perches. (AN Paris)
En 1783 la superficie de culture n'a pas changé, mais bien celle des bois qui est de 50 arpents.
Il y a 3 censiers à Prouilly qui rendent globalement 651 quartels de froment, 150 d'orge à la mesure d'Yvoix.
Le froment est à 4 livres 15 sols, l'avoine à 1 livre 10 sols, l'orge à 2 livres 16 sols.
(Déclaration des possessions de l'abbaye en France dressée par Dom Menne Nagel. Abbaye d'Orval )
Le 30/04/1788 une "Déclaration des biens" et un état général énumère le rendage suivant :
633 quartels de froment, 18 d'avoine, 150 d'orge, 150 d'avoine, 9 livres de cire, 30 livres de beurre etc.
La cense rapporte aux moines 1997 florins et si deniers.
Les 15/10/1791 et 29/04/1792 les livres de comptes de l'abbaye, ne nous renseignent pas sur la production de la ferme.
A
la suite de toutes ces données, Charles Grégoire dresse un tableau du
rendement de Prouilly, après avoir fait les conversions d'unité qui
s'imposent.
Entre les mesures de Stenay, d'Yvoix , les muids, les fauchées etc.
Il arrive à ces résultats :
1605,19 tonnes de grains, 1663 ,78 tonnes, 1745, 55 tonnes, 1747, 85 tonnes, 1783, 88 tonnes et 1788, 73 tonnes.
On voit que le rendement est assez inégal.
Prouilly possédait environ 150 hectare, mais pratiquant
l'assolement triennal, seuls 100 étaient exploités à l'année.
L'assolement triennal consistait à faire tourner les cultures sur
chaque parcelle en en laissant une en repos.Blés d'hiver, (froment)
puis blé de printemps, (avoine et orge), puis jachères.
Le rendement des terres n'a presque pas varié du XIII ème au XIX ème sauf en temps de guerre ou de mauvaises météo.
La superficie de la grange de Prouilly n' a pas non plus varié.
On peut donc estimer que la moyenne, si on exclue l'année 1605, particulièrement calamiteuse, est de 66 tonnes par an.
(La courbe de tendance est la moyenne mobile)
Mais la grange avait d'autres revenus :
Les bois de petit et grand Bouilli fournissait chauffage et charpentes.
Les vignes car la Vignette dépendait de Prouilly.
La pêche qui était un privilège, était aussi pratiquée "avec toutes
sortes de filets, harnais et verviers..." le long du domaine depuis
"... l'issue des eaux mortes des frères dite Mortiers jusqu'à la pierre
d'Ynort..." (Donation de Guy le Sénéchal, Goffinet)
Dans cette partie du fleuve il existait une vanne, sorte de barrage en forme de V dans lequel on forçait le poisson à entrer.
On ne sait rien de ce que rapportait la pêche en Meuse pas plus que
celle pratiquée dans "la laye du Mortron qui passe en dessous de la
maison de Prouilly".
La grange de Prouilly est inscrite aux monuments historiques depuis le 16/07/1991 No notice : PA00106699
Ce n'est que le 20/12/1957 que la ferme sera enfin électrifiée.
Les archives à Arlon
Voici ce qu'on peut trouver aux archives d'Arlon (Belgique) concernant Prouilly et La Vignette.
- 138 Visite des fermes de Blagny, Sachy, Prouilly,
Linay et Vigneul : état des réfections à entreprendre. [XVIIIe siècle].
- 268 Notification par les " wardeurs du scel " de
Marville de l'obtention par dom Gilles, procureur de l'abbaye, du
vidimus de trois titres, de 1509 et 1514, relatifs aux privilèges
attribués aux gagnages de Villancy, La Caure, Les Convers, Prouwilly
[Prouilly]. 7 novembre 1514.
- 1056 Copie de la renonciation donnée en 1208 par
Odon de Quarnay aux prétentions qu'il avait sur les terres de Prouilly.
[XVIe siècle].
- 1057 Pièces relatives aux droits de l'abbaye,
notamment les droits de pêche, de vaine pâture et les dîmes ; copies de
titres justifiant ces droits, dont des copies de lettres de
confirmation données par l'archevêque de Reims en 1144, 1156, 1174 et
1182 ; copie d'une patente donnée en 1162 par Louis, comte de Chiny.
[XVIe-XVIIIe siècle].
- 1058 Note concernant le paiement des droits de sortie de grains des cens de Puilly. 16 octobre 1647.
- 1059 Mandement imprimé du 8 mai 1663 de Louis, duc
de Bourbon et prince de Condé, réclamant un dénombrement des biens de
l'abbaye au baillage de Stenay, et une déclaration de foi et hommage
pour ces biens ; déclaration des biens des terres labourables, prés,
bois ainsi que des vignes de la Vignette appartenant à l'abbaye. 10 mai
1663 - 28 août 1663.
- 1060 Extrait d'une visite des cens de Prouilly et
de la vigne dite la Vignette appartenant à l'abbaye. [XVIIe siècle].
- 1061 Bail de location de la Vignette appartenant à
l'abbaye, au profit de Pierre Guichard, Pierre Hannetel et Jacques
Guichard, vignerons. 1er septembre 1734.
- 1062 Bail de location des fermes appartenant à
l'abbaye au profit d'Henry Gobert, Claude Gobert et Guillaume Gobert,
les 15 juin 1742 et 28 décembre 1747 ; expédition du bail de location
des dites fermes au profit de Claude Gobert et Catherine Thomas, son
épouse, Henry Paulin et Gillette Grosieux, son épouse, Jean-Baptiste
Gobert, leur fils, et Marie-Jeanne Habran, veuve de Jean Gobert, le 26
septembre 1774 ; expédition de la reconnaissance de dettes donnée
le 26 septembre 1774 par Claude Gobert, Catherine Thomas, Henry Paulin
et Gillette Grosieux, et Marie Jeanne Habran, pour arrérages dus
sur des baux précédents. 15 juin 1742 - [27 septembre 1774].
- 1063 Accord, passé par l'abbaye avec les seigneurs
et habitants de Puilly, à propos des droits d'usages, notamment de
pâturage, des censiers de l'abbaye ; exploit de Jacques de Milly,
sergent du bailli de Saint-Mihiel. 18 juin 1567 - 21 juin 1567.
- 1064 Expédition d'un accord, passé entre l'abbaye
et Louis Stevenot, pour régler un contentieux lié au droit de pêche que
l'abbaye avait donné en location au second ; pièces justificatives.
[1736 - 1er mars 1737].
- 1065 Expédition d'une transaction passée le 8
janvier 1751 entre l'abbaye et Louis Joseph de Pouilly, seigneur de
Pouilly, à propos du droit de pêche, et de sa ratification. [10
septembre 1751].
- 1066 Expédition d'un bail de location du droit de
pêche appartenant à l'abbaye, passé le 17 décembre 1753 au profit de
Gobert Normand, maître pêcheur. [17 décembre 1753].
- 1302 Copie d'une patente de Thibaut II, comte de
Bar, du 7 août 1280, amortissant les droits et biens de l'abbaye en
Lorraine, notamment à Villancy, Prouilly, La Caure, Moncel, Eugny, Les
Convers, Buré et Boémont. [XVIIe siècle].