La vieillesse, les accidents, la maladie et la mort.
Nos ancêtres ne faisaient souvent pas de vieux os.
Les disettes, les maladies, un travail pénible, les guerres avaient
raison de leur existence, sans oublier bien sûr la mortalité infantile
qui ne diminuera qu'avec l'hygiène, une meilleure alimentation et les
progrès de la médecine (Pasteur et la vaccination)
On trouvera toujours quelques exceptions comme celles ci-dessous :
Jean Marechal décédé à Pouilly
le 24/12/1719 à l'âge de 106 ans. Il était hostelain. Il serait donc né
en 1613
(AD55 1673-1722 253/276)
Bonne Guichard une coriace ! En
effet elle décède le 09/01/1773, à l'âge
de 100 ans (environ ajoute le curé...). Elle était veuve en secondes
noces
de Jacques Stevenot. On ne sait rien d'autre la concernant. (AD55
1760-1791 137/345)
Fulgence Richer commente ce décès avec plus de détails ajoutant "âgée
de 103 ans et 4 mois, pendant toute sa vie elle n'a jamais bu que de
l'eau". Mais comment savait-il cela ?
Dans la région ce même Fulgence Richer nous apprend qu'en
1630, "...Laurion, premier jardinier du château de la Cassine, y
mourut âgé de 123 ans. Il avait épousé 7 ou 8
femmes"
Il serait donc né en 1507... Mais que penser d'un tel témoignage ? Sans
doute était-il vieux, très vieux même, mais l'absence de registre à
cette époque doit tempérer la certitude de ce record.
Fulgence toujours lui, nous dit qu'en 1679 mourut à Mouzon Catherine
Ponsardin, âgée de 112 ans. Puis en 1689, Mathieu Martin décède à 104
ans et en 1697, Roline Tempête à 103 ans.
Mais les archives ne commencent qu'en l'an VI. Ce n'est donc plus
vérifiable.
Jean Colson, laboureur à Amblimont, y mourut le 14/06/1705 âgé de 105
ans. FR (AD08 Amblimont 1651-1711 150/179)
Ce Jean Colson est le beau père de Jean Neveux, dont les parents,
Nicolas Neveux (ca 1634-1674) et Doucette Jacquelin (ca 1634-1714) sont
à l'origine des familles Percebois de Letanne, puis Gobert de Pouilly.
Edmond de Noiville, curé de Sauville y meurt le 20/10/1716 âgé de 101
ans et deux mois. FR
L'acte initial disait "...âgé de environ 95 ans." "Cent un ans et
deux mois" ont été rajouté...(AD08 Sauville 1701-1723 100/152)
Jean Dusseaux, marchand à
Beaumont y meurt à l'âge de 108 ans en 1739. FR
Pierre Prothain, garçon, meurt
à Remilly le 09/03/1769 à l'âge de 103 ans. FR
Les circonstances de la mort
On ne les connait que rarement. Certains curés dans d'autres villages
étaient plus "causants" que les nôtres.
On trouve par exemple cette
Marguerite
Pothier,
née à Pouilly le 17/10/1677, mariée à Jean Simon, bourgeois de
Carignan, qui décède le 08/12/1723 "...ayant pendant une maladie de
quatre mois reçu les saints sacrements des malades...". (AD08 Carignan
1713-1726 273/377).
A Villy (08) le 20/03/1697
Jean Rochet
décède dans sa maison "...après avoir en l'espace d'environ deux ans
(eu) des douleurs aux jambes si grandes qu'on pourrait les comparer à
celles de Job, qui ne lui laissaient point reposer ni nuit ni jour
outre d'autres incommodités de la poitrine qu'il a souffert plusieurs
années...esprit de pénitence et avec une patience admirable, content et
bénissant dans tous ses maux et veillant presque toutes les nuits
entières sans se coucher sur son lit " (AD08 Villy 1669-1792 92/609)
Richard Grincourt le 26/12/1727
"...a été tué malheureusement en sortant de Pouilly le vendredi 26
décembre...". Il est enterré le lendemain à Martincourt. On peut
supposer qu'il avait passé noël en famille à Pouilly. (AD55 Stenay
1723-1740 106/409)
A Inor, on peut lire que le 01/11/1676 décéda
Idron Genotel femme de
Claude le Maigre (en fait Claude Thomasset), par un accouchement, (sic)
munie néanmoins des sacrements hormis le saint viatique etc.". (AD55
Inor 1670-1699 42/160)
Le curé ne précise pas ce que devint l'enfant..
A Matton (08) décède le 06/01/1724 "
Jacques
Habay garçon âgé d'environ
18 ans après une longue maladie...". (AD08 Matton 1684-1739 162/236)
Le 09/10/1785
Bonaventure Neveux
né à Pouilly vers 1731, décède à Luzy. Le curé précise : "...et le même
jour à cause de l'infection et de la corruption de son corps, il a été
inhumé etc.". Peut-être à cause de la gangrène ?
Avec la reprise par les maires de l'état civil, ces circonstances
n'apparaîtront plus du tout, la loi s'y opposant.
Même pour des condamnations à la peine capitale, la loi a jugé qu'il ne
fallait pas à cette condamnation ajouter celle de la postérité.
Il y eut sans nul doute des suicides, mais là encore, rien de
précisé. Sous l'ancien régime, c'est normal puisque le suicide était
considéré comme un crime, et le défunt se voyait privé du repos en
terre bénite. Il était même parfois jugé, post-mortem et enterré face
contre terre à l'entrée des cimetières pour que son corps soit foulé
par les visiteurs.
Des suicides sont attestés au XX ème
siècle.
- En 1908 le 9 mars,
Jules Alfred
Herbin,
est retrouvé pendu au lieu dit "Le bois de Pouilly". Il avait 52 ans.
il était séparé de sa femme Marie Augustine Bestel, depuis 4 mois pour
mauvais traitement.
-
H. L. en 1983 à 19 ans, d'un
coup de fusil de chasse.
-
L. H. par pendaison au lieu
dit "les grandes Sarres" en 1977, à 20 ans.
On note quand même sous l'ancien régime et particulièrement en cas de
décès par noyade ou accident, les circonstances du drame.
Par exemple :
Albert de Pouilly âgé de 11
ans,
fils de Claude Albert de Pouilly et de dame Barbe Antoinette de la
Court, se noie dans l'étang de Pouilly. (AD55 Pouilly 1723-1759 64/267)
ou
Jean Brincourt. Il est de Sedan
mais périt noyé à Pouilly. Voici ce qu'écrit le curé :
"L'an 1744 le 18ème jour du mois d'avril, Jean Brincourt de Sedan, âgé
d'environ 50 ans est périt malheureusement dans les eaux sur le ban de
Pouilly, conduisant les chevaux des bateaux du sieur François Fayon,
lesquels l'ont jeté dans le précipice ainsi qu'il est prouvé par le
procès verbal qu'en ont dressé les officiers de la justice du dit
Pouilly, qui ensuite ont ordonné qu'il serait enterré dans le cimetière
du dit Pouilly où nous l'avons conduit le lendemain etc." (AD55 Pouilly
1723-1759 121/267)
Et bien d'autres encore que l'on pourra découvrir sur cette page des
noyés à
Pouilly
ou encore
Jean Baptiste Bonne, qui est
bien malgré lui dans la liste des gens sortant de l'ordinaire à Pouilly.
En effet il a été "...trouvé mort par une main étrangère..." le
20/03/1764.
Il était cordonnier et marié à Marie Mazelot.
(AD55 1760-1791 47/345) voir son acte de décès en
1764
Marguerite Rigault dit Gautier,
gouvernante des enfants des de Pouilly est frappée d'apoplexie le
22/11/1777. Elle avait 50 ans et était née à Nancy.
Valerien Oudart, "maire juge
de la justice de ce lieu... est décédé subitement le
01/12/1781, auprès du grand jardin de M. de Pouilly, revenant de
travailler aux vignes..." (AD55
1760-1791 236/345)
Jean-Baptiste Isidore Bourgerie
né à Pouilly le 11/08/1835, décède à Jametz le 22/09/1849 chez son
oncle Jean Pierre Julien. Il était orphelin. Son père Jean-Baptiste
Bourgerie était décédé avant sa naissance, et sa mère Françoise Jacob
quand il avait 12 ans. L'acte nous apprend qu'il est mort du choléra.
A voir aussi ce
Charles
Gabriel de Chilly, "mort accidentellement par suite d'apoplexie."
prés de la vignette, le 05/07/1843. (AD55 1843-1852 31/369)
Ou
Cet
Arnould Charpentier,
originaire de Milly-devant-Dun (En fait Milly-sur-Bradon) qui décède
accidentellement à la mairie, le 12/01/1914. Il avait 81 ans. Que
faisait-il à Pouilly
?
Les transcriptions de décès quand il s'agit de militaires sont plus
précises.
Cette précision est parfois très médicale. Voir par exemple
Docquin Alexis Ulysse, mort pour la France en 1916.
Voir aussi ce
Guichard Pierre mort au Mexique de dysenterie ou ces
soldats morts de blessures reçues lors de la bataille de Beaumont en
1870.
Les dossiers militaires nous informent parfois sur la santé du
soldat et de ce fait, des causes de sa mort.
Ainsi
Émile Alfred Percebois
est-il réformé le 08/04/1891, pour une
tuberculose pulmonaire dont il décèdera sans nul doute le 03/01/1892.
C'est parfois une condamnation, comme ce "...François Florimont,
cavalier au régiment de Chelles, en garnison en cette ville (Stenay)
condamné et passé par les armes ce jourd'hui vingt neuvième
(janvier 1732) ...et ce pour cause de désertion...". (AD55 Stenay
1723-1740 214/410)
Parfois les circonstances d'un décès sont troublantes. Ainsi
Pierre Toussaint Rolin né à Dugny le
02/07/1799, vannier ambulant, décède à Pouilly le 22/03/1836 vers 3:00.
Son épouse
Marie Jeanne Denis,
née en 1797, est retrouvée morte à Stenay en bordure de Meuse (sans
doute noyée), le même jour à 11:00. Suicide de l'épouse ? Hasard ?
Ils avaient 36 et 39 ans.
Quand arrivent de grandes épidémie comme celle la peste de
1636 ou le
choléra de
1854,
la profusion de décès aux mêmes dates ne laisse planer que peu de doute
sur la cause de la mort.
Quand au sein d'une même famille, décèdent plusieurs personnes on peut
sans risque, supposer un problème de contagion.
Quand une mère disparait quelques jours après un accouchement, comment
ne pas établir un lien de causalité ?
Ainsi Alexisse Graincourt, femme de Bonnaventure Romangin, accouche le
14/01/1719 et décède le 15 du même mois. C'est manifestement dû à
l'accouchement. Elle avait 29 ans. (AD55 1673-1722 245/276)
En ce qui concerne la mort des jeunes enfants, les causes sont bien
souvent l'hygiène déplorable, la malnutrition, les épidémies de fièvres
diverses, les transports à fin de baptême et autres accidents
domestiques.
Voir ces pages
Maladie
et
mortalité infantile
Certains décès comme ceux à l'asile laissent présumer un état de santé
psychique et/ou physique dégradé.
Quant aux autres...On ne peut rien affirmer.
Les gazettes et autres journaux relatent parfois dans les faits divers
les circonstances d'un accident.
Ainsi le Petit Ardennais du 14/03/1901 nous parle de la mort de M.
Grattepin (Il s'agit d'Auguste
1822-1901 :
"Hier 10 mars vers 3 heurs du soir, M. Grattepin, rentier à Pouilly,
ancien marchand de bestiaux, se rendait à Inor en voiture.
Arrivé à la sortie du village de Pouilly, à l'endroit où la Meuse longe
le chemin, le cheval s'étant cabré, M. Grattepin lui donna un coup de
fouet, qui le fit cabrer d'avantage et reculer dans la Meuse.
Deux personnes témoins de l'accident se portèrent au secours de M.
Grattepin, elles parvinrent à le retirer de l'eau presque aussitôt,
mais les soins pour le ramener à la vie furent inutiles. M. Grattepin
avait succombé à une congestion occasionnée par le froid.
Le cheval fut aussi noyé"
Parfois, et c'est une chance pour l'historien, un curé s'applique à
relater les circonstances de la mort.
Sonia Landgrebe a
fait une étude du village de Saunay en Indre-et-Loire ,sur la période
1769-1785. Le curé qui y officiait a relevé les causes des décès de ses
ouailles
Certes nous ne sommes plus en Meuse, mais les pathologies responsables
de la mort de nos ancêtres devaient se ressembler d'une région à une
autre. Je lui emprunte donc avec son accord, ses statistiques qu'elle a
fait paraître sur le site "histoire-genealogie.com" ,
Le nom de ces maladies semble parfois nébuleux. Mais nous sommes à la
fin du XVIIIe et les connaissances en matière médicale sont limitées.
Pourquoi ce curé s'est-il intéressé aux causes de la mort ? L'auteure
de l'étude ne le sait pas. Peut-être avait-il raté sa vocation ?
Sonia Landgrebe ajoute :
"Les autres causes de décès, qui
n’apparaissent qu’une seule fois, sont les suivantes (pêle-mêle) :
abcès au bas-ventre, cessation des fonctions de l’estomac, chagrin,
coqueluche, couches avant terme, épilepsie, épuisement, « a
fini », fièvre pourprée, chute négligée, flux de sang, gale, haut
mal, hydropisie, inflammation à la gorge, mal caduc, mauvais lait (pour
un petit enfant), abcès aux poumons suite à une fausse pleurésie,
pourpre rentré, rhume de poitrine, teigne, enfant prématuré.
N’ayant aucune formation médicale, j’ai
tendance à classer ces causes de décès en trois catégories
différentes :
- Maladies qui résonnent de manière
familière, même sans les connaître de près : asthme, coqueluche,
fièvre, abcès, apoplexie, mal de gorge, suite de couches, gale,
épilepsie, pleurésie, phtisie, hydropisie …
- D’autres qui m’étaient totalement
inconnues : vérette rentrée (il s’agit de la varicelle, peut-être
« rentrée » car sans éruption ?), pourpre rentré (taches
pourpres apparaissant sur la peau en raison d’un épanchement de sang
dans le derme, de même pourquoi rentré ?), suppression (je n’ai
rien trouvé quant à ce terme) …
- Et, par ailleurs, des motifs
de décès qui ne sont pas des maladies : notamment vieillesse et
retour d’âge, ce dernier point m’ayant particulièrement étonnée. Sans
parler de la mystérieuse mention « a
fini », qui caractérise une
femme sexagénaire « de
faible complexion » ;
ou encore « épuisée de
travail », pour une femme de
57 ans"
Où mourrait on ?
En général chez soi, ou chez des parents proches. Jusqu'au dernier
quart du XXe les vieux restaient chez leurs enfants. On ne les mettait
pas en Ehpad (Établissement d'hébergement pour personnes âgées
dépendantes) version édulcorée des mouroir d'antan
Les hôpitaux en nos campagnes (Stenay et Mouzon) n'étaient
fréquentés que par les sans-domicile fixe, les très pauvres, quelques
femmes obligées d'accoucher hors
du village...
L'acte de décès de
Lambert Bureau
d'Inor le 15/03/1839, nous renseigne
sur la qualité des services qu'on pouvait y attendre. En effet les
témoins cités sur l'acte ont 76 et 69 ans et y sont infirmiers ! (AD55
1843-1852 350/369)
En 1906 Marie
Catherine Josse
âgée de 77 ans, meurt le 2 septembre à
l'asile des petites sœurs des pauvres à Glaire-et-Villette. Elle était
sans profession et célibataire, donc sans ressource.
Jeanne Catherine Meyers décède
le 27/01/1911 à l'hospice de Stenay, place Jean Amel. Elle avait 84 ans.
Le 21/06/1912 un certain
Jean Louis
Bigaré,
né à Pont-à-Mousson le
17/11/1881, manœuvre à Pouilly, décède à l'hospice de Stenay. Il était
célibataire. En 1906 il était valet de chambre à Nancy, 61 rue
Stanislas. Comment et pourquoi avait il atterri au village ?
L'asile d'aliénés de Fains-les-Sources a reçu également quelques uns de
nos villageois.
Parfois et par accident ou malchance on mourrait au village voisin ou
tout près du village mais seul.
Marie-Louise Fay, veuve de
Saintain Launay (1879-1945), décède le 25/09/1959, "...sur la route à
proximité de son domicile..." vers 2:00 du matin. Elle allait sans
doute demander du secours chez la famille Garin toute proche...
Claude Pottier demeurant à
Damvillers, laboureur, décède à Pouilly le 07/02/1712 à l'âge de 55
ans. Il existait des Pottier à Pouilly, ce qui expliquerait sa présence
dans notre village. On trouve à Peuvillers (55) un Claude Pottier qui
se marie à Jeanne Didier le 13/02/1691. Il a alors 35 ans ce qui le
ferait naître en 1656.
Jean Baptiste Thiebault, ancien
curé de Vraux (51) habitant Wiseppe où il est né le 04/08/1709, vient
mourir à Pouilly Son corps est découvert le 18/02/1766. Il avait 57
ans. Que venait il y faire ? Il y est enterré "en vertu de l'ordonnance
rendue par Valérien Oudart maire juge en la haute justice de Pouilly"
Jeanne Marie Lesieur décède le
07/06/1767. Elle était née à Viel-Saint-Remy (08) le 08/12/1750 (AD08
Viel 1741-1750 172/174) de Ponce Lesieur, laboureur et de Marguerite
Arnoulet. On ne connait pas les causes de sa mort, mais les officiers
de la justice de Pouilly dressent un procès verbal. Elle avait alors 17
ans mais le curé dit qu'elle "a peu âgée d'environ 20 ans..". Elle
habitait alors à Puiseux (08). Que faisait-elle à Pouilly ?
Jean Alexis Aubry, cordonnier à
Stenay, natif de Pouilly, meurt à
Brouennes le 16/02/1817, "dans un champ joignant le chemin venant de
Baalon et environ à quatre cent pas du village, mort d'apoplexie".
(AD55 Brouennes 1813-1822 98 et 99/196)
Jacques Evrard, né le
15/09/1783 à Pouilly est retrouvé mort à Amblimont le 19/02/1854. Il
est dit célibataire, indigent et sans domicile fixe. (AD08 Amblimont
1848-1870 43/235 acte 8)
Parfois de par son métier, ou pour avoir suivi sa famille, ou pour les
femmes échapper à l'opprobre, on meurt loin de chez soi.
Marie Gobert, née à Pouilly le
05/08/1727, fille de Pierre Gobert et de Anne Desforges, décède à Reims
à l'hôtel Dieu le 20/04/1755. Elle est célibataire et l'acte dit "En
l'absence de tous parents et amis et en présence d'Antoine Bournon
clerc
du dit hôtel". (AD51 1751-1755 209/236)
Ou ce
Jean-Baptiste Gouverneur,
cordonnier ambulant, né à Pouilly le 19/02/1811 va mourir à Behonne le
16/03/1869. "...est décédé en cette commune, au domicile du sieur
Emard, un homme dont l'état civil nous est inconnu et qu'un passeport
trouvé sur lui a désigné sous le nom de Gouverneur Jean-Baptiste, âgé
de 55 ans, cordonnier ambulant, né à Pouilly et demeurant à Mouzon..."
(AD55 Behonne 1863-1872 148/188)
Parfois certains disparaissent totalement, comme
Martin Pierre auguste Lukas,
né à Pouilly le 22/06/1839. Il se marie à Elizabeth Miet le 26/09/1861
et a quatre enfants. A la mort de son épouse il disparait et sur les
actes de mariage de ses filles il est dit sans domicile connu. On ne
sait où il est décédé...
Le 12/04/1908, c'est
Dominique Lecerf,
62 ans, domicilié à Stenay qui
meurt chez François Jules Tribut, aubergiste. On ne connait pas les
causes de la mort.
Pareil pour
Nicolas Jules Monlibert,
50 ans, vigneron à Inor, retrouvé mort chez Henri Désiré Millet de
Pouilly, le 12/04/1910.
Pour d'autres on peut supposer qu'ils vécurent leur dernier jour dans
une famille éloignée.
Ainsi
Marguerite Robinet qui
décède à Amblimont le 09/03/1680, mais dont le corps est ramené à
Pouilly, signe de l'importance de cette dame. (AD55 1673-1722 43/276)
Nicole Tissier, décède à
Pouilly le 09/01/1685. Elle est inhumée à Villy (08) où elle s'était
mariée à Jean Hanetelle le 18/11/1684. (AD08 Villy 1669-1792 39/607)
Les guerres, la pauvreté, les maladies ont souvent fait fuir les gens
vers d'autres régions plus hospitalières. Il y ont parfois continué
leur vie. Mais certains y son décédés.
Le curé de Villy (08) note "...est décédé Damien Lambert pauvre homme
des environs de Siné (?) qui à cause des ravages de la guerre s'était
réfugié ici dans notre maison paroissiale pendant sa maladie de
laquelle il est mort..." le 30/09/1693 (AD08 Villy 1689-1792 81/609)
Plus prés de nous les exodes de la première et deuxième guerre ont
amené leur lot de décès loin de Pouilly.
Pour les
militaires
à défaut du champ de bataille, c'était souvent dans un hôpital et sans
gloire qu'ils finirent leurs jours.
Quelques condamnés ont terminé au bagne, comme cet
Alfred Colinet ou ce
Jean
Baptiste Édouard Saussette.
Certains militaires démobilisés ont préféré ne pas regagner leurs
villages d'origine et ont sans doute fondé leur famille loin de leurs
origines. Il en est sans doute de même pour certains qui prisonniers
ont préféré passer "à l'ennemi" et rester dans le pays adopté.
Mais il est certain que la plupart de nos aïeux sont morts dans leur
lit, entourés de leur famille, voisins, maires, notaires et curés, car
la mort
était un acte publique.
On veillait le trépassé jour et nuit. C'était souvent l'occasion d'en
faire
le procès ou l'éloge. La mort effaçait ou accentuait les défauts. Cette
coutume eut lieu jusqu'au milieu du XXe.
Après la deuxième guerre, avec l'évolution de la médecine, les malades
seront souvent
dirigés vers les hôpitaux de Verdun, Sedan, Charleville, voire Reims,
Nancy ou Paris.
Les "vieux" seront parfois délocalisés vers des maisons de retraite,
Stenay, Verdun, Varennes... Sorte de mouroirs médicalisés anonymes et
reviendront
sans connaître la dernière veillée mortuaire.
Les nouvelles lois, l'emprise des pompes funèbres, la crémation ont
détruit ce dernier lien avec le défunt.
La tâche des futurs généalogistes n'en sera que plus ardue, même si la
loi fait obligation d'inscrire en mention marginale, le lieu et la date
des décès.
Les
noyés.
La rivière fut aussi pour certains leur dernier lit. Sur la page
noyades
on trouvera une liste de ces infortunés.
Leur décès est trouvé dans les registres paroissiaux, mais aussi dans
les journaux.
L'extrême onction et les dernières volontés.
Avant de passer, il
était bon de recevoir l'extrême onction et le viatique par le curé.
Dans les obligations du desservant existait aussi la visite aux malades.
Prêtre et enfants de chœur se rendaient donc au chevet du mourant avec
les saintes huiles.
Une dernière confession et communion remettaient le futur défunt en
accord avec son créateur.
Parfois le curé note que le mort est parti sans les sacrements. La
décès était sans doute inattendu. C'est le cas de
Gérard Lescuyer le
04/08/1691 (AD55 Pouilly 1673-1722 113/276)
Ou parfois c'est une partie des sacrements qui est administrée. A Villy
(08)
Jeanne Godefrin
meurt "...d'une apoplexie qui a fait qu'on a su lui administrer que le
sacrement de l'extrême onction après l'absolution qu'on lui a donné
après le signe qu'elle a donné de son repentir" (AD08 Villy
1669-1792 92/609)
Pour
certains, il n'est rien précisé d'autre ou simplement "enterré au
cimetière de
Pouilly...". Ainsi cette Jeanne de la Creuse le 13/07/1676 ou ce
Michel Huard de
Rémoiville le premier septembre de la même année.
Autre visite ante-mortem, celle du notaire.
Il n'était pas rare même parmi les plus "humbles" d'avoir recours à ce
personnage qui se déplaçait alors au domicile et enregistrait les
dernières volontés.
On trouve aux archives quantité de testaments. Ce sont des documents
intéressants, au même titre que les inventaires.
On y retrouve en effet tout l'environnement du trépassé. Ses objets,
ses outils, ses terres, ses vêtements etc.
Mais aussi ses héritiers ou ses déshérités...
On faisait aussi des dons à l'église, en terre, en revenus ou en
fondation de messes. Ces offrandes ante-mortem étaient
encouragées par le curé qui y trouvait son compte.
Ainsi Jean Grincourt le 16/01/1725, fonde en l'église de Pouilly, une
messe haute, un salut etc. moyennant 15 livres de rente sur sa maison
et sur 28 verges et demi de vignes. La
fabrique
sera payée tous les ans. Rappelons que la fabrique était le bras
logistique de l'église. (Inventaire-sommaire des Archives
départementales antérieures à 1790: Marne)
Jean Delhôtel, curé d'Avioth en 1640 raconte dans "Bref recueil de
l'état de l'église Notre Dame d'Avioth" (AD55 16 G 23) les mésaventures
d'un de ses paroissiens Jean Harauchamp.
Celui-ci lui avait dit être disposé à faire un don à l'église,Mais il
tomba malade et perdit l'usage de la parole "sans avoir eu le temps
d'arranger ses affaires tant spirituelles que corporelles"
Le curé pria donc Notre Dame "pour redonner l'usage de la parole et
pour qu'il retrouve la possibilité de se confesser... et de retrouver
assez de lucidité pour lui inspirer la volonté de faire au profit de
l'église, la donation prévue avant sa maladie".
L'intervention fut couronnée de succès, il eut le temps de faire son
testament et Delhôtel ajoute : "De ces dispositions charitables, notre
église a retiré en quelque façon avantage".
Et si Jean Harauchamp avait été sans ressource et sans volonté d'un don
?
On peut se demander si il n'existait pas au moment ultime, une part de
chantage orchestrée par le clergé...
Un exemple de testament.
Voici
le testament de Jean-Baptiste Habran, chirurgien dont on sait qu'il est
intervenu à Pouilly pour deux naissances en 1749 et 1750.
Il habitait Mouzon, mais avait des attaches à Pouilly.
"Au nom du père du fils et du Saint-Esprit ainsi soit il.
Ce jourd'hui seizième novembre mil sept cent
soixante six les neuf heures du matin"
"Jean-Baptiste Habran chirurgien juré demeurant
à Mouzon lequel gisant au lit malade dans
une chambre dépendant de sa maison qui prend jour
sur la cour vers le levant sain néanmoins
de corps, d'esprit, d'entendement, mémoire et jugement
ainsi qu'il est apparu a nous notaire royal"
"... veut et ordonne qu'après son décès il soit dit
pour le repos de son âme cinquante messes dont l'argent
sera déboursé au révérend père capucin de cette (paroisse) pour
trente messes et à Mr l'abbé Lallement régent du collège
de Mouzon pour les vingt autres"
On y apprend également qu'il nomme Marie Charlotte Herbin, sa nièce,
légataire universelle, tout en reconnaissant le don mutuel le la
jouissance de ses biens à Catherine Fleury son épouse.
Il n'oublie pas non plus sa servante à qui il doit ses gages augmentés
d'un emprunt (?) , et les enfants d'Élisabeth Nepveux, veuve Balland
demeurant à Laneuville devant Stenay, de qui il détient 3000
livres. (AD08 3E8/43 M° Legrand à Mouzon)
La mort et l'enterrement
Et puis arrive le décès.
On prévient donc le curé, le maire, la famille.
Le
menuisier (si cercueil il y a) a depuis longtemps préparé le "dernier
costume" du mort. L'expression "sentir le sapin" vient de ce préparatif.
Le fossoyeur quant à lui creuse la dernière demeure. C'est un homme du
village. Cette fonction perdurera jusque dans les années 1960/70. Ses
prestations sont votées et tarifées par les autorités communales. Les
dimensions des tombes sont "normalisées".
On
sonne le glas qu'on appelle aussi les "laisses" et dont le nombre de
sonneries est codifié. Neuf coups pour un homme, sept pour une femme et
cinq pour un enfant, suivis d'une suite de coups espacés régulièrement
dont le nombre correspond à l'âge du défunt.
Parfois le curé interdit cette sonnerie si le défunt n'en est pas
digne... Ou même n'accorde aucune cérémonie comme pour ce Pierre Watez
le 25/07/1709 à Coulommes-et-Marqueny (08). "...qui a été tué à Attigny
environ une heure après minuit et ensuite enterré sur les cinq heures
après midi dans un coin du cimetière où il a été descendu par ses
parents sans solennité ecclésiastique pour ne s'être pas présenté aux
sacrements etc." (AD08 Coulommes 1693-1729 58/140)
Tout un cérémonial accompagne les quelques heures précédant les
funérailles.
On arrête les horloges de la maison, on vide les bassines d'eau, on
ferme les volets, parfois on prévient le cheptel de la mort du maître
de maison... Par cheptel entendons aussi les mouches à miel, "insectes
pointilleux", dont on gratifie la ruche d'un linge noir.
Ensuite tout va très vite. Le cercueil est emmené à bras ou sur un
corbillard.
Celui de Pouilly, sorte de chariot à roue, attend une remise en service
(?) en bas du
nouveau clocher.
Il est maintenant remplacé par les véhicules des pompes funèbres.
Les cercueils ne sont plus fait sur mesure, mais normalisés,
matelassés. Seule
subsiste l'obligation de poser des scellés sur cette dernière demeure
si
le corps doit être déplacé.
L'ultime adieu au cimetière ou au crématorium a parfois lieu plusieurs
jours après le décès.
Et bien sûr la cérémonie n'est plus qu'une simple absoute, souvent dite
par des laïcs, faute de trouver un curé.
Avant on enterrait le matin les morts de la nuit et l'après midi ceux
du matin, jusqu'à ce qu'un délai de 24 heures fut imposé.
Statistiquement, il est vraisemblable que des "défunts" furent enterrés
vivants. En effet il était malaisé de faire la distinction entre la
mort et un état comateux ou cataleptique. Ceci explique l'importance de
la veillée funèbre qui permettait de vérifier que le mort ne se
réveillait pas subitement. Zola a écrit à ce propos une nouvelle,
"La Mort d’Olivier
Bécaille".
L'affaire était donc vite expédiée.
Et comme le disent les actes "... son corps a été inhumé dans le
cimetière de cette église où il a été conduit avec les cérémonies
ordinaires etc."
Habituellement on enterrait après 24 heures mais les risques de
contagion obligeaenit parfois à expèdier l'affaire au plus vite.
Marguerite Petit, née à Pouilly le 04/08/1714 décède à Marville le
17/03/1785. Le curé écrit sur l'acte :
"...son corps a été inhumé à st Hilaire cimetière de cette paroisse
avant les 24 heures révolues vu le certificat du sieur Guioth maître en
chirurgie demeurant en cette ville, vu par M le prévôt de cette ville,
attestant qu'il serait prudent de le faire le plus tôt possible..."
J'ai trouvé cependant deux cas curieux :
Celui de
Pierre Goulet, mari
de
Catherine Stevenot,
qui décède le 13/03/1724 et n'est inhumé que le 5 avril, soit 23 jours
plus tard. Le texte de l'acte est parfaitement lisible et sans
ambiguïté. Mais pourquoi un tel délai ? Peut être une erreur du curé
Blanchot, qui tenait ses registres approximativement, ou la découverte
tardive du corps ? (AD55 Pouilly 1723-1759 13/267)
Celui de
Thomas Lambert, fils
de François Lambert et de Geneviève Damery. Il décède le 11/08/1762 et
n'est inhumé que le 17. Le 11 août étant en 1762 un mercredi, rien
n'empêchait l'enterrement le lendemain. C'est le curé Nonnon qui
l'écrit, or ces actes sont généralement bien tenus. (AD55 Pouilly
1760-1791 32/345)
Faut il en conclure que nos ancêtres étaient insensibles devant la mort
? Certainement pas.
Mais
on ne pouvait conserver un corps, souvent sans cercueil autre qu'un
drap cousu, le linceul. Ce drap qu'on avait conservé précieusement
toute une vie dans ce seul but.
S'ajoutaient les risques de contagion si la mort était due à la maladie.
Et puis la terre, le métier, les bêtes, attendaient...
Il fut un temps où quelques privilégiés trouvaient leur dernière
demeure dans l'église
même, mais cette pratique fut interdite pour de simples raisons
d'hygiène.
On en connait quelques uns qu'on retrouvera à cette page :
Église 1715
Et après ?
Le deuil et sa stricte observance commençait alors avec une durée
variable, selon le degré de parenté avec le défunt.
Souvent on commençait un deuil pour se plonger dans un suivant, puis
dans un autre etc. Et finalement on passait sa vie habillé en noir.
(Encore que le noir ne fut pas toujours la couleur du deuil. Il
remplaça le blanc.)
Jusqu'au XX ème, l'observance du deuil était de mise. Pas de
couleur
vive, pas de fête, pas de bal, pas de signes ostentatoires de gaité. On
portait un brassard
noir.
Mais il fallait bien continuer...
Le veuf, si il avait des enfants en bas âge recherchait une nouvelle
femme.
La veuve un nouveau mari car elle ne pouvait reprendre la ferme ou
l'atelier seule.
C'est ce qui explique que nos ancêtres se remariaient très vite.
Parfois quelques semaines seulement après le décès du conjoint.
On ne se souciait pas du délai de viduité.
Pour les statistiques, voir cette page
Statistiques
décès.
A noter que les actes de décés sont souvent les plus mal
renseignés. Les curés ne prenaient pas forcément la peine de les noter
tous, en particulier ceux des enfants en bas âge.
L'âge donné au défunt est souvent approximatif : "âgé de 70 ans ou
environ...". En effet le curé ne s'astreignait pas à une recherche dans
ses propres registres et à fortiori si le mort était issu d'une autre
paroisse.
De plus si le défunt atteignait un âge avancé, il n'y avait souvent
plus d'enfants, de conjoint, voire de petits-enfants pour attester de
l'âge de l'intéressé. Et puis cet acte étant le dernier, son intérêt
était donc moindre.