L'histoire du moulin
Comme tous les villages sur un cours d'eau, Pouilly eut son moulin.
On ne sait à quelle époque il fut créé mais on peut sans grand risque
penser au XII ou XIII ème siècle.
En effet Fulgence Richer écrit pour l'année 1193 : "Amaulry
ou Aimart, souverain de Raucourt donne à l'abbaye de Mouzon la moitié
des moulins de Raucourt et Pouilly avec la moitié des vinages ou péages
et de la pescherie des dits lieux; mais on ne sait comment ces rentes
se sont évanouies."
En 1333, le vendredi après la Pentecôte, Jean Perrinet, écuyer, dit
tenir du comte de Bar, le moulin de Pouilly.
Par la suite le moulin fut propriété de plusieurs seigneurs en même
temps, Par exemple, Alexandre de Mouzay, fils de Jean avoue tenir un
quart et demi d'un vingtième
en la seigneurie de Pouilly et un demi-quart au moulin le 5 avril 1510.
( "Chantilly : les
archives, le cabinet des titres" Tome 3 par Macon Gustave).
Appartenant au(x) seigneur(s), il était affermé et les habitants
devaient passer par ce moulin banal pour moudre leurs grains.
On sait qu'en plus des céréales, on y faisait de l'huile, mais on
y sciait également du bois et on y pilait du chanvre.
L'huile était fournie par les faines, navettes, noix ou œillettes.
Le bois de construction était sans doute tiré de la forêt de Jaulnay.
Quant au chanvre, la culture en est courante. Il suffit de voir le
nombre de lieux dits baptisés "chènevières".
La pratique de la banalité peut choquer à notre époque. Mais
il faut bien penser qu' individuellement, pas un habitant n'aurait pu
créer et entretenir un moulin ou un four. Seul un riche seigneur
pouvait le faire.
La contribution demandée aux utilisateurs relevait en fait d'un service
publique comme aujourd'hui l'usage des autoroutes ou parcmètre. Le
montant demandé par contre exaspéraient les baniers et on retrouve bien
des récriminations à ce sujet dans les cahiers de doléances, comme dans
cet exemple :
"Que la banalité est une servitude insupportable, les moulins étant
loués des sommes exorbitantes ; les biens des vassaux, qui, avec
beaucoup de peine et de fatigue, peuvent subvenir aux besoins d’une
famille indigente, sont en proie à ces implacables fermiers." (
Remontrances, plaintes et doléances des habitants de Martin Église).
On ne connait pas celui de Pouilly, mais les cahiers ont pour la
plupart été fait suivant un modèle standard. Notre village a dû s'y
conformer, d'autant que les demandes étaient identiques de paroisse en
paroisse.
Le premier "fermier du moulin" connu s'appelait
Lubain Parpaitte .On le découvre le
04/02/1710, comme parrain de Marguerite, fille d'Afreqant
Billardin, masson , tailleur de pierre et de Jeanne Cruchet.
Sa femme
Marguerite Begriau
est
marraine. (AD55 1673-1722 176/276)
On ne sait d'où il provient. On trouve à Villers Cernay des familles
Parpaitte et Begriau.
Ce n'est sans doute pas le premier meunier, mais les archives ne nous
en disent rien.
On retrouve une famille Parpaite propriétaire du moulin de Carignan. La
meunerie était affaire de famille.
En 1833 ce moulin faisait tourner le moulin proprement dit, 2
fouleries, 1 laminoir, 1 fenderie et 1 scierie. André Parpaite en 1890
remplace les roues par une turbine et les meules par des cylindres. On
passe de l'artisanat à la minoterie.
Les cartes Cassini, Jaillot etc. ne sont pas assez précises pour
distinguer l'existence d'un tel moulin.
Seule celle des Naudin dressée entre 1728 et 1739, en fait état sous
forme de deux petits bâtiments sur le bras de Meuse concerné.
C'était un moulin au fil de l'eau. Il se trouvait sur la rive droite du
canal d'amenée.
Le
déversoir n'y apparait pas, mais il est fort probable qu'une digue
existait à cet usage, ne serait ce que pour assurer la traction des
bateaux.
Deux textes nous renseignent, le premier de 1760, le second de 1794
L'état des lieux du 20/06/1760
On peut voir l'original dans les photos, mais en voici la traduction :
Nous soussignés Jean Baptiste Fourié maître
charpentier, demeurant à Juvigny, Jean Gaillard
aussi maître charpentier, demeurant à Pouilly et Adrian
Limouzin, maître maçon demeurant à Luzy experts nommés
de la part de maître Jean Baptiste Noël régisseur général
des biens et seigneurie de messire Albert Louis de Pouilly
chevalier baron de Chaufour seigneur du dit lieu de
Pouilly, Quincy, Vilosnes et autres lieux, capitaine de
cavalerie au régiment de Royal demeurant en son
château du dit Pouilly et de Pierre Godet fermier,actuel des moulins et
autres usines du dit Pouilly y
demeurant, après le serment par nous prêté de bien et fidèlement
procéder à la visite et reconnaissance de
l'état actuel du dit moulin, usine, écluse et dépendance de toutes les
réparations menues et grosses qu'il convient
d'y faire et qui sont à la charge du dit Godet suivant que le tout
appert par procès verbal fait par devant
messieurs les maires et lieutenant en présence du procureur fiscal en
la haute justice de la terre et seigneurie de
Pouilly en date du jour d'hier certifions qu'étant à cet effet
transporté au dit Pouilly dés le jour d'hier et de
suite sur le dit moulin usine, écluse et dépendance nous y avons
procédé ainsi et de la manière qui suit :
Savoir
La porte d'entrée du dit moulin est en bon état étant garnie d'une
serrure de fer avec sa clef
Celle d'entrée de la cuisine est passablement bonne pendue de deux
pendoirs de fer et garni d'une serrure
aussi de fer qui est de nulle valeur et sans clef
Le plancher du bas de la dite cuisine est passablement bon à
l'exception de l'enceinte de l'âtre
du feu qui est en pierre qui est fort usé mais peut encore servir.
Les châssis du jour de la dite cuisine et sa vitre sont en bon état. Il
n'y a ni barreau ni contrevent
La porte de la petite chambre ou cellier qui est à côté de la dite
cuisine est bonne à laquelle il
s'y trouve une serrure de fersue le sieur Godet fermier actuel du dit
moulin a dit lui appartenir comme
l'ayant racheté de Jean Gaillard son devancier suivant qu'il parait par
la visite faite à son
entrée dans le dit moulin, la dite porte pendue avec deux
pendoirs de fer.
Il
s'y trouve au contrefeu de la dite cuisine une taque de fer de fonte
que le dit Godet a dit y avoir posé et fourni à ses frais n'y en ayant
point lors
de son entrée.
Au dessus de la dite cuisine et de la petite chambre ou cellier
ci-dessus mentionné est un terrier fait sur des planches qui ne sont
point gravées.
La porte du poille (poil ou poille c'est la chambre) se trouve bonne
pendue avec deux pendoirs de fer sans serrure ni autre serrure.
Les planchers du dit poille tant dessous que dessus sont en bon état.
Les châssis et sa vitre du même poille sont bons étant presque neuf.
Au dessus de l'embrasure de taque il y a deux petites arcades
auxquelles il n'y a qu'un chambranle et point de porte.
L'escalier qui conduit sur le moulage et tout ce qui concerne le dit
moulage avec les piliersqui le soutiennent sont passablement bons à
l'exception de l'arbre qui est vieux mais peut encore servir et l'arche
quoique fort vieille
peut de même servir en remettant quelques clous a quelques planches qui
sont déclouées.
La lanterne qui est de fer le dit Godet a dit lui appartenir pour
l'avoir rachetée au dit Gaillard lors de son entrée au dit moulin.
La corde qui sert à lever la meule volante se trouve bonne.
Le petit escalier qui conduit de dessus le moulage pour aller au
grenier est bon.
La porte qui ferme les greniers au dessus des cuisines et poille et
chambre est en bon état. Il y a une serrure de fer avec sa clef que le
dit godet a dit y
avoir fait poser à ses frais attendu qu'il n'y en avait point ce qui
nous est apparu par la visite précédente.
Les planchers au dessus de l'entrée du dit moulin de même que celui qui
est alentour du moulage, il se trouve deux barreaux de cassé et ne sont
point couvert en partie que de mauvaise cottiers ou rebut.
Celui au dessus de la petite écurie à coté de la porte d'entrée n'est
couvert que d'un mauvais plancher chargé de terre. Il s'y trouve sous
le dit plancher deux barreaux de cassé. La porte d'icelle est vieille
mais peut encore
servir.
La porte d'entrés sur le devant de l'écurie de même sur celle de
la dite écurie qui prend son entrée au dedans du dit moulin sont
vieilles mais peuvent encore servir
Le beauchy, la mangeoire et le râtelier qui se trouve dans icelle sont
encore passablement bons.
Au dessus de la même écurie il ne se trouve sur les journiers que
quelques mauvais cotiers sans entre joint auprès l'une de l'autre ni en
ayant que moitié de ce qu'il en devrait avoir.
Tous les murs, tant l'extérieur qu'interieur sont bons à l'exception
d'une lézarde qui se trouve auprès de l'angle qui est sur l'eau du coté
d'aval qui parait être refaite depuis le rejointurage et cependant peut
persister et qu'il
convient rampieter.
La lairefse (l'arêtier ?) du coté des bassinages sur la longueur du
longeron qui est joignant d'icelle sur la hauteur depuis la fondation
jusqu'au dessus de l'arbalétrier (?) du dit moulin.
Les toitures tant au dessus du corps de logis du moulage et des écuries
sont en bon état à l'exception de la croupe qui est au dessus du corps
de logis qu'il serait nécessaire de rétablir en neuf pour la couverture.
De là nous sommes passés aux bâtiments où la scierie et l'huilerie sont
renfermés où nous avons reconnu en passant sur le pont lequel nous ont
trouvé que faute d'entretien il a plusieurs planches de nulle valeur
dont
la plus grande partie ne ont ni chevillée ni clouée de même que les
escaliers qui conduisent au dessus de la vanne où passent les bateaux
qui sont de nul valeur.
Etant parvenu à la dite scierie nous avons reconnu que les deux portes
d'entrée, tant du
devant que du derrière en bas sont vieilles mais peuvent encore servir
et cependant sans serrure ni verrou.
L'arbre de la pilerie et tout ce qui la concerne se trouve
passablement bon à l'exception d'un bouton qui est contre la lairefse
du coté des roues qu'il convient rechausser la roue de la dite pilerie
qui est en dehors et de nulle valeur.
La lanterne qui fait aller la dite pilerie aussi de nulle valeur.
Le rouet de la dite pille, il est nécessaire d'y
remettre
une courbe et trois planches de doublure neuf et le pot qui est aussi
de
nulle valeur xxxxx qui fait aller la scierie et huilerie avec la roue
et tout ce qui la compose est bon à l'exception de l' hérisson qui est
de nulle valeur la roue à crans étant de fer aussi de nulle valeur. Il
ne s'y trouve qu'une scie fort usée de quatre pieds de long et deux
agrafes de fer bonnes.
La corde qui est sur le tour qui sert à conduire les bois sur la
scierie est fort usée
Il se trouve à l'huilerie une pierre qui est en place et une autre à
coté non placée un essieu de fer aussi non placé de quatre pieds de
longueur. Le fourneau pour la chaufferie des grains aussi de nulle
valeur.
La cheminée se trouvant bonne.
Il y a à la dite scierie quatre fenêtres sans barreau ni volet.
Les portes d'entrée au haut de la rampe où sont entre les pièces de
bois pour scier, de même que celle du bout d'en bas où passe le
charriot de la scierie sont de nul valeur.
Le mur de l'enceinte de la même scierie sont bons à l'exception de la
lairefse du coté des roues qui parait fort vieille quoique existante et
peut encore durer quelques années.
Il se trouve dans tous les murs extérieurs tant du moulin que de la
dite scierie plusieurs endroits qu'il convient rejointurer avec mortier
de chaux et de sable.
La toiture au dessus du bâtiment des dites scierie et huilerie est
bonne à l'exception de la couverture du faîtage qui n'est point
couverte. Il convient la recouvrir.
La fermeture du jardin et passablement bonne à l'exception de quelques
palissades qui manquent et quelques autres qu'il faut rattacher avec
des clous.
Il se trouve dans les bassinages, tant du moulin de la scierie que
huilerie et passage des bateaux tant dessous que à coté plusieurs
planches qui sont emportées et les pavés de dessous enfoncés qu'il est
nécessaire de rétablir pour éviter un plus grand dépérissement.
Après avoir vu et visité la grande écluse dans toutes les circonstances
il nous est apparu que ci devant elles ont été construites avec un
pilotage en dessus et dessous garni d'un chaperon à la tête des pilots
avec des croix de saint André qui formait un grillage rempli d'un pavé
en pierre d'arête espincé comme il parait par quelques vestige ancien
qui y existe encore et que depuis la dite écluse venant à dépérir n'ont
été entretenu que en pierre brute posé les uns contre les autres en
écaille de poisson c'est ce qui parait avoir été fait et entretenu de
la même façon depuis un très longtemps.
A cet effet nous estimons que l'entretien des dites écluses ne doit
être rétabli par le dit Godet que dans la même situation dont elles
font actuellement et pour cet effet ils convient d'y réparer plusieurs
trous qui peuvent consister à environ neuf à dix toises qu'il convient
réparer incessamment.
La petite écluse qui est auprès la rampe de la scierie est composée de
même manière que la grande
L'eau passant à travers des pierres, il est nécessaire d'y mettre du
chalin à la tête et par dessus pour empêcher l'eau d'y passer c'est ce
qui pourrait à la suite
occasionner un fouillement d'eau et emporter des parties du pavé.
De tout quoi nous avons dressé la présente visite et reconnaissance
suivant notre connaissance et conscience pour servir aux parties et
valoir ce que de raison
après avoir travaillé tout le jour d'hier que aujourd'hui ce que nous
certifions véritable avec offre de l'affirmer et avons signé au dit
Pouilly aujourd'hui
vingtième juin 1760 de relevé
Après lecture faite.
Signé : Adrian Limouzin, B. Fournier Jean Gaillard
Et le 20/06/1760 les six heures de relevée, (18:00) sont comparus par
devant nous Jean Lambert, maire exerçant la haute justice
de la terre et seigneurie de Pouilly etc.etc.
La visite de ce moulin le 01/06/1794 à
fin d'évaluation.
L'an deuxième de la république française une et indivisible, le treize
prairial, en exécution à nous donnée par le directoire de Montmédy,
département de la Meuse en date du 3 prairial, nous, Nicolas Liégeois
et Jean Léger, tous les deux entrepreneur de bâtiments, commissaire
experts soussignés demeurant à Dun, et à Mont, nous nous sommes
transportés au moulin de Pouilly, construit sur la rivière de Meuse,
pour procéder à la visite et estimation du dit moulin, aisances et
dépendances.
Et après avoir parcouru les dits moulins et bâtiments, nous avons
reconnu ce qui suit :
Les dits moulins, scierie, huilerie, pilerie sont composés de 4
tournants, dans deux bâtiments séparés. Dans l'un est deux moulins et
le corps de logis, construit en une cuisine, un poil, une chambre haute
au dessus d'un cellier, deux écuries, une chambre servant de boutique
et les greniers au dessus de l'autre bâtiments.
Sous deux huileries, une scierie et une pillerie à chanvre.
Toutes ces usines tournant sur deux roues et environ 5 verges de jardin
potager.
Jean Baptiste Adnesse, fermier en ???? sans bail donne de rendage
douze cents livres de tout quoi nous saurions estimer les dites usines
et dépendances, à la somme de 24000 livres, vu que l'adjudicataire dit
être chargé de déversoir, passage des bateaux et ???? qui se
propose de faire et qui a été constaté dans le procès verbal de les
mise
à vendre que nous, certifions sincère et véritable, les jours, mois et
an que dessus et avons signé etc. etc.
C'est un peu long, mais ce sont les seules descriptions que nous ayons
du moulin / scierie / huilerie / pilerie.
De ces texte on peut en déduire qu'il existait deux bâtiments sur
chaque rive du canal. Qu'un pont sous lequel passaient les bateaux les
reliaient. Ce qui semble conforme aux plans que nous avons.
On ne connait pas l'origine des meules utilisées. Elles allaient par
deux, celle du dessous dite dormante ou gisante, celle du dessus
tournante ou courante.
En général faite en meulière, une roche particulièrement dure, elles
provenaient des environs de la Ferté sous Jouarre en Seine et Marne.
Mais Pouilly étant d'empire, elle pouvait aussi être de basalte
provenant de l' Eifel ou de grès rose des Vosges.
Les meules devaient être "rhabillées" régulièrement en fonction de leur
usage. Il appartenait au meunier de les retailler.
La forme des stries la plus courante était dite "de Paradis".
En 1791 une loi du 28 septembre dit que :
"Chaque moulin a son repère constitué d'une borne en relief, d'une
barre de fer ou d'une règle graduée en fonte, et les propriétaires
doivent tenir les eaux à une hauteur qui ne nuise à personne".
Le 28 ventôse an IV soit le 18/03//1796, le montant de
revenu
de ce moulin avec ses bâtiments et usine, en 1790, tel qu'il a été
constaté par les procès verbaux d'expertise ou par les actes
d'aliénation est de 1662 francs
Etaient attachés à ce moulin, un jour de terre et deux fauchées de pré.
Le 17 pluviôse an II, soit le 05/02/1794, "...Jean-Baptiste Perin
demeurant à Dannevoux déclare offrir pour le moulin et autres usines y
attenantes de Pouilly, la somme de 25 000 livres que je paierai aux
termes de la juridiction". (AD55 Q208)
Le moulin est vendu le 28 messidor an IV, soit le 16/07/1796, comme on
le voit sur l'extrait du procès verbal de vente.
En 1810 une enquête du ministère de l'intérieur demande aux préfets un
état des moulins de leur département.
"Le pain est devenu le fondement de la subsistance de l'homme et la
mouture est la plus essentielle opération de sa fabrication".
Je n'ai pas encore trouvé cette étude aux AD55. C'est donc encore une
piste de recherche.
L'activité du moulin dure encore quelques années puisque
Nicolas Joseph Adnesse à la
naissance de sa fille Marie Catherine le
23/08/1810 est dit "au service de
Jean
Adnesse, Meunier etc." (AD55
1802-1812 130/174)
Le 16/07/1826 il est toujours en activité à la naissance de son fils
Pierre. (AD55 1823-1832 34/212)
Au décès de sa fille Marie Elisabeth le 18/02/1832 son métier n'est
plus précisé.
Des travaux en 1820
Jean Adnesse propriétaire du moulin demande en 1820 l'autorisation de
faire des travaux et de ce fait arrêter la navigation.
"Jean Adnesse, propriétaire des moulins et usines de Pouilly, situés
sur la rivière de Meuse, que la vétusté de la charpente qui compose les
coursiers tant des moulins et usines que du passage des bateaux sont
totalement pourris et rendent leur rétablissement urgent et
indispensable, et qu'en conséquence il a fait disposer et préparer tous
les matériaux nécessaires pour leur reconstruction et qu'il se propose
de profiter de l'abaissement des eaux que la saison actuelle permet
pour procéder aux réparations etc."
L'ingénieur ordinaire (sic) des ponts et chaussées est dépêché sur les
lieux pour constater le bien fondé de la demande.
Il écrit : avoir "reconnu que l'universalité des bois qui composent les
coursiers des différents tournans, ainsi que celui affecté au passage
des bateaux étaient en très mauvais état, et qu'il était urgent de
pourvoir à leur rétablissement."
Il décrit ensuite le bâti : "... deux corps de bâtiments situés de
chaque coté du canal, dans l'un desquels sur la rive droite sont
établis deux moulins à blé, et dans celui opposé deux scieries
verticales. Que l'intervalle entre les deux bâtiments qui est de 1778
est fermé par un hollandage en charpente, composé de 4 sourciers pour
le placement de 4 roues à aubes et d'un grand sourcier établi à peu
prés dans le milieu de l'intervalle de 3,75 m de largeur, avec une
portière pour le passage des bateaux et le service de la navigation
etc."
Au passage on y apprend que la chute du moulin est de 97 cm "ainsi
qu'il a été reconnu en 1818, par un rapport général du 24 août, sur
tous les établissement d'usines et moulins situés sur la Meuse"
Le 26/08/1820 le préfet de la Meuse écrit : "vu une pétition par
laquelle le Sr
Jean Adnesse,
propriétaire du moulin de Pouilly, établi sur la rivière de Meuse,
expose que la charpente pour les barrages, vannes et coursiers (Talus
incliné, bétonné ou enroché, à l’aval d’un barrage, pour réduire
l’érosion.)
de ses
usines est en vétusté, et demande qu'il lui soit accordé l'autorisation
de la rétablir dans les anciennes dimensions et qu'il soit pris des
mesures afin que la navigation sur la même rivière soit suspendue
pendant 15 ou 20 jours qui luis sont nécessaires pour cette réparation.
".
"Considérant qu'il est constaté que la charpente des moulins de Pouilly
d'une construction ancienne, qui est composée de 5 coursiers dont 4
pour le service d'un pareil moulin de roues, et un grand pour le
passage des bateaux, est dans un dépérissement absolu et que la
réparation ne peut être différée.
Que dans son plan actuel, cette charpente ne présente aucun vice, ni
aucun inconvénient pour le service des bateaux, que des bateliers des
plus expérimentés ayant été consultés sur ses effets, ils ont au
contraire unanimement déclarés que le passage y est des plus faciles de
tous ceux existants sur la ligne depuis Verdun jusqu'à la limite du
département.
Que dés lors l'intérêt de ce service ne réclame aucun changement dans
le système de la nouvelle charpente etc."
Finalement Jean Adnesse est autorisé à effectuer ses travaux de
maintenance. (AD08 DDEN 436)
Le 28/03/1828
André Adnesse
fils de Jean Adnesse décède "dans la maison du moulin située au bout
du village au levant...". (AD55 1823-1832 163/212). Il était né le
02/03/1782. Sa mère était Marie Anne Lambert.
On peut penser qu'il fut le dernier meunier.
Les meuniers sont à voir sur la page
habitants
du moulin
Les moulins de meunerie ne furent plus rentables dans le milieu du XIX
ème. Les machines à vapeur, la construction de grands complexes
industriels avec des procédés de mouture moderne ont eu raison de cette
activité.
Ils furent souvent rachetés par de riches bourgeois ou industriels du
textile, voire par des meuniers eux-mêmes.
L'histoire de l'usine textile, puis de pâte à bois, puis électrique.
"Les moulins n'avaient d'abord servi qu'à
la mouture des grains. Ensuite, on leur fit fouler les draps, broyer
les écorces, scier les bois et les pierres. Insensiblement l'eau est
devenue le moteur le plus économiques des fabriques manufacturières"
Tarbé de Vauxclaires dans "Dictionnaire des travaux publics,civils,
militaires et maritimes" page 327
Notre moulin banal a donc subi ce sort, en se transformant en usine, la
seule industrie du village et dont on dit que s'il n'avait été séparé
de la
gare par la Meuse et par le canal, la papèterie de Stenay se
serait installée à Pouilly.
L'exigüité des terrains alentours en fut sans doute aussi le frein.
L'industrie textile.
En 1826 les sieurs Renard, nouveaux propriétaires des moulins,
demandent l'autorisation d'établir sur la tête d'eau de ces moulins,
une usine destinées au service d'une fabrique de draps et de casimirs,
en précisant qu'ils ne feront aucun changement à la ventellerie (les
vannes)
existante, qu'ils établiront une prise d'eau dans le canal supérieur
pour actionner 4 nouveaux tournants, ces machines étant placées dans un
bâtiment qu'ils se proposent de construire. (AD08 DDEN 436)
Le 31/01/1827 une ordonnance royale donnée par Charles X, roi de
France, autorise la commune de Pouilly à aliéner une portion de terrain
nécessaire à l'exécution du projet.
Une autre ordonnance autorise le 20/06/1827 les travaux.
Elle est
intéressante, car à travers le descriptif des travaux
envisagés on se rend mieux compte des bâtiments qui existaient alors. A
savoir, une scierie, une huilerie en plus du moulin. Voici les 14
premiers articles de cette
ordonnance :
Art 1 Les frères Renard sont autorisés à construire su la tête d'eau
des moulins de Pouilly... situés sur une dérivation de la Meuse, une
usine destinée à la fabrication des draps et casimirs, et à la mettre
en mouvement au moyen d'une prise d'eau de 12 mètres de largeur qui
sera fait à cet effet dans le bief supérieur, joignant la scierie au
point A du plan dressé par les ingénieurs. (Hélas on a pas ce plan)
Art 2 Il sera établi sur cette prise d'eau, au point C un
empalement composé de cinq vannes dont quatre motrices de chacune 2,16
m d'ouverture entre les potilles et la cinquième de 2 m de largeur sera
au milieu de ces vannes et servira de décharge. Deux tournants seront
placés sur la droite, dans un bâtiment de 13,5 m de large à construire
dans l'emplacement de la scierie et de l'huilerie, les deux autres
tournant sur la gauche seront placés dans un nouveau bâtiment de 16 m
de longueur sur 13 de largeur.
Art 3 Le seuil commun de cette ventellerie sera établi au niveau de
celui des moulins, c'est-à-dire à 4,1 m en contrebas de la ligne de
repères tracés sur la pierre de recouvrement de la porte du moulin
donnant sur le bief.
Art 4 Les vannes auront comme celles des moulins 1,28 m de hauteur à
partir du dessus du seuil.
Art 5 Les eaux, à la sortie de la nouvelle ventellerie, se rendront
dans le canal de fuite servant à la navigation.
Art 6 Sur le grand déversoir de 136 m de longueur qui sera la prise
d'eau principale des usiniers, il sera planté et scellé aux frais des
frères Renard trois bornes en pierre de taille de 25 cm de hauteur, sur
lesquelles sera tracée une ligne de niveau de 10 cm au-dessus de
l'arasement actuel de la partie la plus élevée de ce déversoir qui est
à 2,83 m en contrebas du repère.
Art 7 La levée depuis le déversoir jusqu'à l'usine sera arasée à
2,6 m en contrebas du repère.
Art 8 Les deux vannes de la partie gauche de l'ancienne ventellerie
ayant chacune 1,25 m d'ouverture, seront remplacées par une vanne
unique présentant aux eaux le même débouché que les deux anciennes
vannes réunies, il ne sera du reste rien changé aux longueur et
hauteurs des déversoirs et retenues d'eau actuellement existants, non
plus qu'aux largeurs et hauteurs des vannes des anciens moulins.
Art 9 Le chemin de halage continuera d'avoir lieu sur le déversoir et
la rive gauche du bief et du sous bief jusqu'au pertuis des bateaux. Il
sera pratiqué en aval aux abord de la nouvelle usine une rampe pour
communiquer du chemin de halage au canal.
Art 10 Les sieurs Renards seront tenus d'établir et d'entretenir le
canal de fuite de leur usine, de manière que sur une largeur de 8 m il
y ait au minimum 75 cm de hauteur à l'étiage.
Art 11 Ils allongeront et élargiront le petit pont en bois construit
sur ce canal, de manière à ce qu'il y ait 20 m de longueur d'une coulée
à l'autre et 5 m de largeur entre les gardes corps.
L'entretien de la partie de ce pont qu'ils auront construit sera à leur
charge, l'entretien de l'autre moitié sera comme par le passé à la
charge de la commune de Pouilly.
Art 12 Dans le temps des basses eaux, lors du passage des bateaux, les
sieurs Renard, seront tenus de fermer ou de lever les vannes des
courtières afin de retenir ou de donner l'eau nécessaire à la
navigation.
Art 13 Lors du débordement, les propriétaires devront lever toutes les
vannes afin de faciliter l'écoulement des eaux. Dans tous les cas ils
seront passibles de dommages-intérêts envers les propriétaires
riverains pour cause de dégradation et d'inondations provenant du fait
de leur usine.
Art 14 Les Sieurs renard seront en outre tenus d'avoir au bureau de
douane de Mouzon un compte ouvert où seront inscrites les matières
premières expédiées pour leur usine ainsi que les produits qu'ils
renverront à Sedan.
Suivent encore 4 articles ne présentant qu'un intérêt administratif...
Une copie de l'ordonnance a été envoyée à
Jean Baptiste Hussenet qui était
maire.
Quelques définitions :
Casimir : étoffe de laine croisée, fine et légère.
Courtière : Intervalle entre les deux murs au milieu desquels tournent
une roue hydraulique.
Empalement : Il ne s'agit pas du supplice, bien sûr, mais de l'ensemble
d'éléments
destiné à empêcher l'eau de passer dans un canal. Ce peut être
plusieurs vannes.
Pilerie : C'est tout simplement l'endroit où on pilait le chanvre ou
autre matiéres.
Potille : Pièces de bois sur lesquelles glissent des vannes dans un
moulin à eau.
Ventellerie : Ouvrage ordinairement en charpente, composé d'un certain
nombre de ventelles ou vannes destinées soit à retenir, soit à laisser
échapper des eaux, selon les besoins de la navigation ou des usines.
Donc en 1828 ce vieux moulin se transforme. La famille
Renard propriétaire
du moulin, installe sur la rive gauche du canal d'amenée, une fabrique
de drap.
En août 1828 cette fabrique devait être opérationnelle car on note la
présence d'un maître fileur Jean Joseph Bartholomé. Il déclare la
naissance de sa fille Victoire le 17/08/1828., puis de son fils Jean
Paschal Joseph le 05/06/1831. Il devait venir de Belgique où l'on
trouve un Jean-Baptiste Joseph né le 08/06/1802 à Quenast. Il avait
marié sa fille Jeanne Sophie née en 1824 à Retines (Liège Wallonie)
avec Jean Baptiste Deglaire le 19/11/1851. (AD08 Hannogne 1848-1879
90/683). A cette date, il est toujours filateur, mais est domicilié à
Hannogne-Saint-Martin.
La présence de cette industrie à Pouilly va changer pour plusieurs
années la population et les habitudes des habitants.
En effet beaucoup abandonnent leur métier traditionnel pour le métier
d'ouvrier d'usine, fileur, laineur etc.
De nouvelles familles viennent s'installer et les registres d'état
civil ne font état que de nouveaux noms au village.
Voir les
ouvriers
de l'usine.
On verra qu'après la disparition de l'activité textile, le village
perdra ces familles exogènes.
Par contre cette activité a donné à Pouilly une ouverture sur le monde
extèrieur.
La famille Renard, possédait déjà une fabrique à Sedan et Pouilly
en devint l'annexe. L'annuaire de la Meuse de 1848 fait état à Pouilly
d'une petite filature, d'une peignerie et d'une fabrique de drap
employant 40 personnes. (Annuaire administratif, historique,
statistique et industriel de la Meuse
1848 (BIBR 114))
Le 30/04/189 le Petit Ardennais publie une étude sur l'industrie dans
les Ardennes en 1844 et cite l'usine de Pouilly : "La manufacture
Adolphe Renard, fondée à la même époque, avait un établissement à
Pouilly; elle produisait 90 000 mètres d'étoffes" (AD08 Petit Ardennais
30/04/1894)
Il possédait aussi la ferme de
Prouilly.
On connait des fabricants de draps à Sedan de ce nom. Parmi eux :
Pierre Hubert Adolphe
Renard-Bacot, (04/07/1799-07/10/1882) Chevalier de la légion d'honneur
le 11/1/1849.
Louis Hubert Édouard Renard (03/09/1800-28/08/1848).
qui vinrent investir à Pouilly.
On retrouve le nom de Renard lors du décès de Charles Armand Poussard
qui décède le 19/02/1851 à 13:00 "...dans la fabrique de Monsieur
Renard de Sedan...". A 39 ans est-ce par accident du travail ? (AD55
1843-1852 210/369)
On retrouve de nouveau son nom quand
Joseph
Marie, est cité comme directeur de la filature de M. Renard à
Pouilly. Son
épouse Marie Delpiedsente (sans doute Delpiesente) accouche de Marie
Antoinette Euphrasie
Marie, le 05/06/1864. (AD55 1853-1862 28/179)
Je n'ai trouvé ni l'origine, ni la destinée de cette famille, mais n'ai
pas cherché en Belgique.
Il avait alors 31 ans et serait donc né vers 1833.
Voici un plan simplifié de l'usine en 1860, établi lors de l'étude pour
la réalisation du canal :
En 1870 après la bataille de Beaumont, une ambulance investit l'usine
pour y soigner les blessés. "
A Pouilly, trois
hôpitaux sont préparés, l'un
dans l'église, l'autre dans
la mairie, le troisième
dans la fabrique de
draps de M.
Renard.".
"Rapport du comité évangélique auxiliaire de secours pour les soldats
blessés ou malades" rédigé par Henri Monod (1843-1911) page 153 et 171
et édité en 1875
Vers 1875 les frères Pilard achètent l'usine.
En 1877, Albert Joseph Pilard est filateur à Sedan. Les bans de son
mariage avec Louis Elodie Moulnier sont publiés à Pouilly. (AD55
1873-1882 81/177)
Au décès de Marie Suzanne Pilard, à Pouilly le 01/06/1877, on apprend
qu'elle y habitait et ce sont ses neveux, Charles, rentier à 34 ans et
Albert, filateur à 25, qui en font la déclaration. Eux aussi sont
domiciliés à Pouilly. La famille Pilard avait donc des intérêts au
village.
En 1878 la situation économique n'est pas brillante à Pouilly. Une
pétition concernant la pêche, moyen de subsistance des "pauvres" est
présentée à la chambre par un député de la Meuse. Voir cette anecdote à
l'année
1878.
(Un fils
Alfred Marie Charles René Pilard , nait le
12/04/1878 à Pouilly. On le retrouve sur le
monument
aux morts. L'acte précise qu'il habite alors au village.
On retrouvera les deux frères (Charles et
Albert
Pilard) dans les histoires du
transfert
du cimetière.)
En plus de la force hydraulique, ils installent une machine à vapeur.
Voici un plan de l'usine et du déversoir datant du 18/03/1879, dressé
quand il fut question d'établir la voie insubmersible du canal à la
gare. (AD88 8 O 589)
En 1894 il y a toujours de l'embauche dans la feutrerie. Une annonce
dans le Petit Ardennais des 14 et 15/05/1894 demande de bonnes
drousseuses à la feutrerie de Pouilly.
Le 03/04/1895 "on demande aux usines de Pouilly, un fort
débourreur et un mécanicien pour montage de machines.
Il faut s'adresser chez MM. A. Mogaret et cie, à Sedan.
Le 07/09/1895 "on demande de suite des drousseuses à la fabrique de
feutre de Pouilly. S'adresser à MM A. Mousset et cie"
Le 16/01/1896 ce sont des drousseuses et des feutreuses qui sont
demandées.
Le 06/06/1901, Biguet, de la "Société des naturalistes et archéologues
du
Nord de la Meuse" écrit après une excursion à Pouilly :
"A l'entrée du village, à droite, on remarque un important bâtiment,
atelier de feutrerie qui emploie un certain nombre d'ouvriers du
village, les autres s'occupant ou de la culture de leurs terres ou
l'entretien de leurs vignes" 1901 (T13, Part 2) page 19
Le 26/06/1904 le Petit Ardennais fait paraître une annonce demandant
des "Conducteurs de renvideurs et rattacheurs. S'adresser à la filature
de Pouilly ou Sedan, rue des Fours" (AD08 Petit Ardennais 3/4)
Le 04/09/1904 à 13:00 le mobilier de M. Pilard est vendu à Pouilly, par
Me Legendre, notaire à Stenay. Il s'agit d'une vente volontaire pour
cause de départ et de double emploi à la filature de M. Pilard. Le
Petit Ardennais du 28/08/1904 nous donne le détail de ce mobilier d'une
maison plutôt cossue. (AD08 PA 4/4)
En 1906 la filature est rachetée par M.
Georges Humbert,
qui la transforme en feutrerie. Il est cité dans une délibération du
conseil municipal du 29/02/1908, où il lui est accordé le prêt
(moyennant 25 francs)
pendant 15 jours de la pompe foulante de la commune. Ceci afin
d'éviter 15 jours de chômage à ses ouvriers. Cette pompe sera utilisée
1/4 heure par jour environ pour remplir la chaudière pendant la durée
du travail de remplacement de la grande roue.
Le 03/07/1906 le Petit Ardennais fait paraitre une annonce : "On
demande une famille ayant des drousseuses à la manufacture de feutres
de Pouilly" (AD08 PA 03/07/1906 4/4)
En 1908 c'est
Émile Saunier
qui est le directeur de l'usine. Il était né à Ottange (54), le
23/02/1877, (TD Ottange 1873-1882). Il se marie le 26/05/1906 à
Donchery à Marie-Louise Wahart (1885-1968). Il est décédé en 1958 à
Donchery. Après 1910 il avait créé une société "Saunier-laine-Sedan" et
une usine de quincaillerie à Donchery. ("Annuaire industriel.
Répertoire général de la production française" Kompass international
1935, 1938).
Mais le 23/04/1910 cette feutrerie est détruite par un incendie et 40
ouvriers se
retrouvent sur le pavé. Pouilly avait bénéficié depuis 1828 d'un apport
de sang nouveau, des fileurs, laineurs etc. Cet incendie fut un coup
d'arrêt. L'industrie textile abandonne Pouilly.
Le journal "La Croix Meusienne" du 01/05/1910, relate aussi cet
incendie en apportant quelques précisions :
"Vers 1:30 de l'après midi, le feu s'est déclaré à l'usine de feutre de
Pouilly, appartenant à M. G.Humbert, domicilié à Donchery (08)... Les
pertes sont évaluées à 300 000 francs. La feutrerie de M. Humbert
occupait une soixantaine d'ouvriers. De cette usine il ne reste plus
que des décombres.". (AD55 La Croix Meusienne 1910 36/105).
La date exacte de l'incendie est plutôt vers le 22, car le journal "Le
XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire" du 25/04/1910
parle du 23.
Le village possédait à cette époque d'une équipe de pompiers, mais leur
intervention fut sans doute insuffisante.
Electricité et pâte à bois
L'usine est alors acquise en 1911 par la société Bague et Cie.
Le 10/07/1912 cette société sollicite l'autorisation :
1 - de reconstruire en remplaçant les roues hydrauliques par des
turbines.
2 - d'établir des batardeaux pour la mise à sec du bras éclusier au
droit de l'usine.
En 1912 l'usine est remise à neuf par une société alsacienne, moderne
par son système (Drouneau ? disait Jean Guichard) dont la pose de
turbine à plat fonctionne
toujours aujourd'hui. Elle remplace donc l'ancienne usine de draps et
de
feutre, détruite par l'incendie.
En un an son revenu imposable passe de 300 francs à 3540, puis à 4035.
L'usine écrase chaque jour 30 stères de bois.
M Bague fait remblayer l'ancienne descente de l'abreuvoir, en aval de
l'usine. Il fait déplacer et reconstruire un mur de soutènement et
demande l'autorisation d'allonger l'aqueduc traversant la route, afin
que l'eau s'écoule dans le canal. Le 28/05/1913 il a l'accord de
l'agent voyer. (AD55 Plan 8 O 589)
En
1914 est créée la "société Electro Chimique Meusienne" à Nancy.
Au capital de 600.000 francs "...elle réunit dans son exploitation deux
affaires constituées par des capitalistes (sic) nancéiens : l'usine de
Pouilly (fabrique de pâte à papier et usine électrique) et l'usine de
Vilosnes (fabrication d'hydrogène...". Le conseil d'administration est
composé de MM A. Hinzelin, président, Bague, Bohin, Humblot et Lepoire.
(L' Est Républicain" du samedi 13/06/1914)
On remarquera que bien avant le changement de nom de Pouilly, en
Pouilly-sur-Meuse, qui n'interviendra qu'en 1922, la précision "sur
Meuse" était déjà usitée.
"L'immeuble et la construction dans l'est" du 05/07/1914, page 198
reprend l'information mais précise : "... à Pouilly, où la force
moyenne est de 250 HP, existent une fabrique de pâtes de bois et un
secteur électrique, déjà en fonctionnement."
On y apprend aussi que "Le directeur de la société est M. Maurice
Bague, à Pouilly."
Maurice Jean Charles Bague
était né le 12/08/1887 à La Grande Croix (42). Fils de François Bague,
ingénieur des mines et de Marie Augustine Sitaire, il est dit ingénieur
civil, sur la liste électorale de 1914-1915. Il décède le 01/07/1985 à
Pierre-Bénite (69).
Les Allemands au début du premier conflit continuent quelques temps à
produire de la pâte à bois, mais ensuite ils ne conservent à Pouilly
qu'une scierie, ayant récupéré le matériel qui a été envoyé en
Allemagne.
La scierie servait bien sûr à produire des poutres pour étançonner les
ouvrages militaires.
L'activité forestière des Allemands est d'ailleurs rappelée dans une
délibération du conseil en date du 12/06/1919. Le maire expose que
"...les bois de Pouilly sont couverts de branchages, de restes d'arbres
provenant des abattages pratiqués par les Allemands pendant
l'occupation et qu'il serait nécessaire de procéder au ramassage de ces
branchages et ces restes, qui seraient distribués aux affouagistes ou
vendus".
Le 11/11/1918 les Américains rétablissent le pont qui permet par
l'usine de passer vers la route d'Inor. Voir la page
libération de Pouilly
La "Revue générale de l'électricité" du 01/05/1920 T VII no 18 100B
nous apprend :
"Dans son assemblée extraordinaire du 15 mars courant, l'Electric de
Stenay a décidé de fusionner avec L'Electro chimique meusienne,
abandonnant à cette dernière société tout son actif et passif et
recevant en échange de son capital social de 150 000 fr 300 actions de
500 fr de l'Electro chimique meusienne.
Par suite de cette fusion, l'Electro chimique meusienne pourra
désormais disposer avec ses chutes de Pouilly et Stenay d'une
importante force hydraulique".
Le journal "La journée industrielle" du 04/05/1920 annonce, citant "La
circulaire Renauld" de Nancy, la fusion en date du 2 avril : "Cette
fusion est réalisée depuis le 2 avril pour la création d'une importante
papèterie capable de produire des grosses quantité de papier-journal et
toutes sortes de papiers"
Le "Bulletin Meusien " du 16/05/1920 relate les faits dans les mêmes
termes.
Le 19/05/1920 le conseil municipal demande au préfet l'autorisation
d'entrer en pourparlers avec la société Electro-chimique, pour la vente
d'un terrain communal. "...propriété communale contigüe à la fabrique
de pâte à papier de Pouilly, et une bande de terrain d'environ 15
mètres de largeur le long du chemin conduisant à la gare de Pouilly,
pour servir :
1 - Le premier terrain à l'agrandissement de la dite usine
2 - Le deuxième à l'établissement d'une voie de raccordement de la dite
usine à la gare.
La question d'implanter une usine de papier est donc posée :
Un courrier du 29/04/1920 semble confirmer la chose : " Nous nous
proposons d'établir une fabrique de papier à Pouilly si la chose est
possible, mais nous désirons nous entendre avec vous et votre conseil
pour l'exécution de ce projet qui reprèsenterait pour votre commune des
avantages considérables... Je me propose donc de me rendre dimanche 9
mai et je vous demanderais de convoquer votre conseil pour cette date
2:oo de l'après midi".
Une autre lettre du 03/06/1920 confirme la chose : "... nous devons
prendre dans quelques jours une décision ferme sur l'emplacement de
notre future fabrique de papier (Pouilly ou Stenay)..."
En 1920 le maire de Pouilly, Edouard Gobert y croit. Il l'évoque lors
d'une séance de conseil à propos des écoles :
"A l'usine de pâte à papier sera certainement, dans quelques semaines,
ajoutée une papèterie. Ces usines occuperont au moins une centaine
d'ouvriers qui probablement seront comme avant guerre Alsaciens. De ce
fait il y aura à Pouilly 30 à 35 familles étrangères en plus que la
population actuelle."
Il faut croire que l'examen des lieux ne permit pas cette implantation,
qui eut sans doute changé la vie du village.
Si en 1920 la "Société des papeteries de Stenay et Pouilly" est créée,
l'usine à papier sera à Laneuville.
Le "Moniteur de la papeterie française" du 01/12/1921, page 768,
nous
apprend que "...l'assemblée ordinaire, tenue récemment à Nancy, a
approuvé à l'unanimité les rapports du conseil d'administration etc. et
rappelle pour mémoire que le capital de cette affaire est de 4.350.000
francs..."
Le 16/12/1920 une délibération du conseil municipal de Pouilly, émet un
avis favorable à l'occupation de la route nationale no 64 et du chemin
vicinal de Pouilly à Inor, pour l'établissement de la ligne haute
tension Pouilly-Stenay demandée par l'Electro-chimique meusienne. Mais
cette ligne ne verra pas le jour.
En 1922 en même temps que la reconstruction du pont Humbert (le petit
pont), ce fut aussi la remise en route des turbines. Pour cela le bras
de Meuse du moulin a été mis à sec, par deux barrages, un au dessus des
grilles de l'usine et l'autre au dessous du petit pont.
A cet effet, le 09/07/1922 M. Bague, administrateur de l'usine de
Pouilly, demande à la commune l'autorisation d'extraire, sur un terrain
communal 100 M3 de terre destinés à construire un barrage en amont de
l'usine, afin de procéder au curage du canal".
La société "Entreprise Léon Ballot" vient en 1922 avec du matériel
important pour l'époque,
deux locomotives "Decauville, deux pompes locomobiles à vapeur
pour assécher le
bief.
Un état des "usines hydrauliques de plus de 200 kw en service ou en
construction au 01/01/1922", émanant des Ponts et Chaussées de la Meuse
du 26/07/1922 et signé Martinot fait part de ces travaux :
En 1923, cette même entreprise installe les turbines hydrauliques à
Pouilly et en 1925 construit la papeterie de Stenay.
(Pour information l'entreprise Léon Ballot a participé à la
construction de nombreux barrages et une partie de la ligne Maginot.
Elle est maintenant fondue dans le groupe Eiffage).
Les affaires doivent tourner, car le "Moniteur de la papeterie
française" de 1923 page 549, nous apprend :
" Papeteries de Stenay et Pouilly.
Une assemblée extraordinaire tenue récemment a autorisé le conseil à
porter le capital de 5 à 8 millions, par émission de 6000 actions de
500 francs."
Le 03/03/1922 le maire "...émet un avis favorable à l'établissement sur
le territoire de Pouilly d'une ligne de transport d'énergie électrique
de 15000 volts triphasés de pouilly à Stenay".
En 1923, la ligne électrique entre Pouilly et Stenay est installée.
Elle traversait la prairie, devant la gare, et le bois de Jaulnay. Elle
n'existe plus maintenant.
Un courrier des "Papèteries de Stenay et Pouilly" du 04/05/1923 signale
au maire : "...nous vous prions de bien vouloir considérer qu'à partir
de ce jour, notre ligne de transfert de force...se trouve sous tension.
Il y aurait donc danger de mort pour toute personne venant à toucher
etc..."
Le 24/05/1924 M. Martinot ingénieur des P et C de Verdun note :
"Poursuivant la visite que j'ai entreprise des emplacements d'usines
hydrauliques à établir ou déjà établies sur la Meuse en amont de
Mouzon, j'ai eu l'occasion hier de faire une visite rapide de l'usine
de Pouilly.
On continue la mise au point de l'appareillage électrique des nouvelles
turbines. Pour le moment, une seule turbine est en marche, ce qui
explique que son fonctionnement n' pas encore pu avoir, sur la tenue du
plan d'eau d'amont, une influence gênante pour la navigation. Il n'en
sera sûrement pas de même lorsque les deux autres turbines seront mises
en marche.
Quoiqu'il en soit la consistance de la nouvelle usine, soit 3 turbines
de 150 CV chacune, parait plus raisonnable que celle de l'usine de
Stenay. (3x300 CV)
J'ai remarqué qu'à Pouilly les pertuis de décharge étaient fermés par
des poutrelles, dont la manœuvre en temps de crue, est pour ainsi dire
impossible. Aussi lors des dernières crues, n'ont-elles pas été
enlevées. Les deux pertuis de décharge ont fonctionné en déversoir,
comme le barrage fixe qui commande la retenue. Il y a donc lieu de
presser le plus possible la nouvelle réglementation de cette usine,
et d'inviter même la société des papèteries à placer, au cours de
cet été, les vannes mobiles qui doivent constituer la partie
essentielle des ouvrages de décharge etc.". (AD08 DDEN 436)
Les deux centrales de Pouilly et Stenay entrent en service en 1924 et
fournissent par le réseau "Est Electrique", la papèterie installée prés
de la gare de Stenay.
Pouilly a 3 turbines de 178 chevaux chacune.
Le Petit Ardennais du 21/05/1924 annonce : "Pouilly-- Industrie-- Les
centrales hydroélectriques, apparteant aux Papèteries de Stenay,
viennent de rouvrir leur établissement." (AD08 PA 21/05/1924 3/4)
En 1925,
Édouard Gobert,
maire de Pouilly, signe avec le directeur de la papèterie, un contrat
de fourniture de courant depuis la centrale du village. Ce contrat
prendra fin en 1962. Voir la page
électrification.
Le "Moniteur de la papeterie française" du 01/04/1925 page 166 nous
apprend :
"L'assemblée ordinaire du 25 mars,présidée par M. Albert Hinzelin, a
décidé de porter le capital de 6.790.000 francs à 12 millions en une ou
plusieurs tranches.
La centrale hydro-électrique de Stenay (300 HP) a été mise en marche au
début de cette année, concurremment avec celle de Pouilly d'environ 500
HP"
Un document du 26/02/1927 intitulé "Fiches destinées à dénombrer les
établissements ayant un moteur hydraulique" présente l'usine
électrique de Pouilly comme abandonnée :
Etait elle réellement à l'abandon ou simplement en restructuration
?.Pouilly fut il alors alimenté par la centrale de Stenay ?
On voit que la chute maxi était de 1,60 mètre, la
puissance installée de 400 kw, avec une puissance disponible de 300kw.
Ce document est dressé par l'ingénieur ordinaire du Canal Est branche
nord. (AD08 DDE)
Il n'empêche que l'exercice 1927 pour les papeteries de Stenay et
Pouilly, est bénéficiaire de 54.057 francs. ("Moniteur de la papeterie
française" 01/06/1928 page 263)
Ci-dessous quelques renseignements sur la santé économique de la
société, relevés dans la revue le "Moniteur de la papeterie française"
soit pour plus de facilité MPF
Le MPF du 01/02/1927, page 70 avait annoncé la régularisation de
l'augmentation de capital porté de 6 790.000 francs à 9 millions par
l'émission de 4420 actions privilégiées de 500 francs.
Les comptes de l''exercice 1930 ont été approuvés par l'assemblée
ordinaire qui a voté un un la répartition d'un dividende de 20
francs par action ordianire et de 30 par action
privilégiée, payable le 2 août. (MPF 15/08//1931 page 382)
Le MPF du 01/081931 annonce page 358, que "...la société procède à
l'émission de 6000 obligations 5% de 1000 francs, amortissables au pair
en 25 ans, à compter du 10 juillet 1931."
L'exercice 1931 des Papèteries de Stenay et Pouilly, laisse un solde
disponible de 837.999 francs. (MPF 01/08/1932 page 359)
Celui de 1932 s'est soldé par un bénéfice de 28.531 francs qui ont été
affectés aux amortissements. (MPF 01/07/1933 page 311)
On remarque donc que la santé de cette entreprise est plutôt bonne, au
moins jusqu'à la guerre.
On ignore par contre si des habitants de Pouilly se sont portés
actionnaires lors des augmentation de capital.
Le régime de l'usine électrique.
En 1934 la DDE souhaite donner à l'usine électrique de Pouilly une
réglementation en adéquation avec sa production et l'utilisation de son
énergie. (En effet elle fournit l'usine de Stenay, mais aussi le
village de Pouilly.)
Les archives de la DDE 08 déposées maintenant aux AD08, conservent un
dossier interessant sur cette question. (AD08 DDEN 436)
Le 26/02/1934 l'ingénieur des ponts et chaussées de Verdun rappelle les
origines de l'usine électrique : "Les anciens moulins de Pouilly,
semblent avoir appartenu à d'anciens émigrés et vendus comme tels au
département de la Meuse....Depuis l'époque révolutionnaire la
consistance des moulins a été notablement augmentée,.. A la suite de
nombreuses réclamations, consécutives à l'augmentation de puissance, un
règlement est intervenu le 20/06/1827.
Les moulins ont brûlé en 1910. En 1912 les nouveaux propriétaires, la
ste Bague et cie ont sollicité l'autorisation de transformer les
moulins.
L'instruction de la révision de la réglementation était en cours au
moment de la déclaration de guerre et n'a pas été poursuivie.
A l'heure actuelle, la société des papèteries de Stenay et Pouilly,
nouveau propriétaire a installé une puissance de 425 K VA. Il est
nécessaire d'entreprendre d'urgence la réglementation de l'usine
actuelle". Il demande donc que l'usine soit mise sous le régime de la
concession, loi du 16/10/1919.
Il réclame également par courrier le 27/02/1934 les origines de la
propriété du moulin. La direction des papèterie répond le 01/03/1934 :
"Je n'ai aucun renseignement sur cette usine les archives ayant été
détruites pendant la guerre. J'avais un moment donné fait des
recherches dans une étude de Sedan, mais je n'avais malheureusement pu
trouver de renseignements bien certains. Dans ces conditions nous avons
utilisé cette usine après guerre telle que nous l'avons trouvée nous
n'avons donc pas comme vous le dites modifié à nouveau les
installations. Nous avons mis un alternateur actionné par turbine
puisque les appareils existants étaient détruits.".
Suivent dans ce dossier, quelques courriers où les P et C mettent en
demeure les papèteries de prouver les origines de l'usine.
Le directeur des papèterie répond : "j'estime que l'usine de
Pouilly a une consistance légale, du fait qu'elle a été vendue comme
bien national le 28 messidor an IV, (16/07/1796), l'acte de vente
d'ailleurs n'ayant pas précisé la puissance de l'usine, laisse
supposer, étant donné l'état des lieux, que toute l'eau était employée
par le moulin existant à cette époque.
Il y avait d'ailleurs plusieurs moulins et également une scie, ainsi
qu'une huilerie".
A la suite de ces échanges, le 02/05/1936, il est demandé aux archives
de Bar le Duc de faire des recherches sur les origines de ce moulin et
dont voici les résultats :
En 1795 Jean Adnesse adresse un courrier au receveur des domaines
nationaux.
Expose, Jean Adnesse, fermier au moulin de Pouilly, qu'il existe en ce
moment des dégradations au déversoir du dit moulin qui donnent à
craindre par les dégradations plus conséquentes une ouverture qui
nuirait non seulement à l'usine, mais à la navigation.
Qu'au lieu dit La Hacqemine il s'est formé il y a environ 6 ans une
ouverture, qui sans les promptes réparations qu'on y a apportées,
aurait donné un passage au cours des eaux de la Meuse. En ce moment les
dégradations sont tellement augmentées qu'elles présentent les mêmes
craintes, attendu que les réparations ont été trop légèrement faites et
il résulterait d'un retard trop long à réparer la brèche qui tous les
jours augmente, l'accident le plus grand, qui en nuisant absolument aux
propriétés environnantes, interromprait entièrement la navigation.
L'exposant demande qu'il fut envoyé une personne de l'art à l'effet
d'examiner les dégradations dont il s'agit pour qu'elles soient
réparées avant l'hiver etc."
L'affaire semble sérieuse puisque le 06/10/1795, Leroux, receveur des
domaines, invite le citoyen Despinoir, ancien conducteur principal des
P et C, à se rendre à Pouilly pour estimer les travaux.
Le 07/10/1795 Il se rend donc à Pouilly et écrit :
"Ce jourd'hui 15 vendémiaire an IV...nous sommes transproté au moulin
de Pouilly en étant accompagnés du citoyen François Ficquet, maire et
Louis Lambert, agent, avons été reconnaître les dégradations tant du
déversoir que du lit de la rivière au lieu appelé le pré de la
Hacquemine qui consistepour le déversoir par une largeur de 30 pieds et
une longueur de 18 pieds réduits de pavés à établir à neuf lequel doit
avoir 10 pouces d'épaisseur.
De là nous sommes tous transportés au lieu appelé la Hacquemine qui
dans ce moment éxisge un rehaussement empierré muni de pieux pour
soutenir le lit de la rivière. Lequel exhaussement ou jetée doit être
de 80 pieds de longueur sur 18 pieds de largeur réduits et 2 pieds de
hauteur réduits."
Le 12/10/1795 est établi un devis de réparation pour 4783,93 francs.
"Inor ce 5 prairial an IV (24/05/1796)
Par votre lettre du 28 floréal an IV dernier no 213, nous vous avons
marqué citoyen, que malgré les nouvelles affiches que nous avions fait
mettre pour procéder à l'adjudication des réparations à faire aux
moulins nationaux de Pouilly personne n'avait voulu les entreprendre.
Depuis cette époque, aucun amateur ne s'étant présenté nous avons après
de nouvelles affiches adjugé par procès verbal de ce aujourd'hui les
réparations dont il s'agit moyennant la somme de 9800 livres etc."
C'est donc
Jean Baptiste Lambert le
jeune,
maréchal ferrant à Pouilly, qui est déclaré adjudicataire pour 9800
livres. Il a donné pour caution, le citoyen Louis François Durlet (Mais
lequel ?)
"Et à l'instant il a été observé par le citoyen Jean Adnesse présent et
fermier du moulin dont il s'agit, qu'outre les réparations qui viennent
d'être adjugées il en est survenu de nouvelles par les inondations de
l'hiver dernier qu'il est urgent de réparer etc.". (AD05 DDEN 436)
En 1935 les échos divers du moniteur nous apprennent que le fils du
directeur des papeteries de Pouilly et Stenay se marie. Ce directeur
était André Pèthe. (15/10/1935 page 480)
Les comptes de l'exercice 1937 se soldent après 2.658.181 fr
d'amortissements, par un bénéfice de 695.870 francs. (MPF 15/06/1938
page 191)
En 1939 c'est la naissance d'un certain Philippe Renard, petit fils
d'Albert Renard, ingénieur des arts et manufactures, directeur général
des papeteries de Pouilly et Stenay. (MPF 15/05/1939 page 170). Cet
Albert Renard avait écrit un ouvrage " Traité pratique d'organisation
industrielle en papeterie"
Le 24/06/1938 Les papèteries de Stenay et Pouilly demandent aux P et C
l'autorisation de dragage en amont et aval de la centrale hydraulique
de Pouilly. Le 9 juillet l'ingénieur écrit : "Ces canaux, qu'employait
autrefois la batellerie pour franchir le pertuis aménagé dans l'usine,
appartient bien à l'état. Mais il était de coutume de laisser à
l'usinier le soin de faucarder et curer ce bras usinier. Rien ne
s'oppose donc à ce que la société soit autorisée à effectuer le dragage
etc.". L'autorisation est envoyée le 16/07/1928. (AD08 DDEN 436)
En 1940 l'adresse du siège est 2 rue de Vienne à Paris. (MPF
01/06/1940 page 164)
Le 15/09/1981, la SA papeterie Sibille vend les deux centrales de
Pouilly et Stenay à "Ermacora & cie", dont les actionnaires sont MM
Ermacora, Brocard et Colonego.
Elles passent ensuite à M.Jacques Henry, président du CA de la "SA
Centrales Hydroélectriques Henry". mais aussi gérant de la "Sté en
commandite simple Ermacora et Cie", par arrêté prefectoral no 95-219 du
02/02/1995.
Il cédera finalement ses parts à M. Chauvin dernier acquéreur de la
CHH. Le Bodacc du 08/05/2011 entérine la radiation de cette société.
(BODACC B n°20110090 du 08/05/2011, annonce n°1489 page 62).
Le droit d'eau passe ensuite à M. Gedéon Overwater et M Alex Shoep
co-gérants de la sarl "hydro électricité France" (Recueil no 01 des
actes administratifs de la préfecture de la Meuse 16/01/2012)
Elles viennent d'être rachetées par un groupe Hollandais qui les remet
aux normes.
A noter que le 17/07/1991 fut créée une association nommée "Association
de défense du quartier est de Pouilly-sur-Meuse contre les nuisances
sonores" dont l'objet était de : "Contraindre les propriétaires de
l'usine hydroélectrique de Pouilly à exploiter son établissement selon
l'article 1 du code de santé publique relatif aux règles propres a
préserver la santé de l'homme contre les bruits de voisinage". J'ai
découvert cette association sur internet. L'adresse du siège était "
Chez M. Dumay (J.-L.)". Il
s'agit de Jean-Louis Dumay (1929-2018), fils de René Dumay qui avait
fait construire une maison à Pouilly, alors qu'il était géomètre à
Sedan, Sedan, dont il fut le maire de 1950 à 1959. Son fils en
conservant la maison ne pouvait ignorer le bruit de l'usine
électrique...
Cette association n'a en tout
cas pas dû faire grand effet... Le ronronnement des turbines kaplan
continue.
Source :
"Pouilly sur Meuse" par l'association des familles rurales de
Soupy.
Pierson et Loiseau 1862 "Belle manufacture de draps"
AD55 64 S 1 1818