penseur   Leur caractère ?


Paisible, violent ?



Le caractère de nos ancêtres.


Nous avons tous entendu la rengaine : "de nos jours la violence est partout... de notre temps etc."
Pourtant le monde actuel n'est pas pire que l'ancien. La différence majeure tient au fait que l'information va plus vite et plus loin.
Si la peur du gendarme semble avoir disparu, elle n'empêchait pas quand elle existait de commettre vols, crimes etc.
La rudesse de la vie rendait nos ancêtres moins sensibles aux délits, souffrances et châtiments.
"La violence fait partie du mode de vie. Les hommes luttent entre eux, comme ils luttent contre les animaux ou contre la nature. la violence est souveraine, c'est elle, qui au sein des différents ordres sociaux, scelle les hiérarchies et établit les réputations". Aimé Tarnus auteur de  "La délinquance des officiers civils, militaires et religieux dans le pays-haut lorrain aux XVIIe et XVIIIe siècles". ISBN 978-2-9551014-2-1

On peut critiquer et déplorer les mœurs d'une époque tant que nous le voudrons, mais n'en rendons pas responsables les contemporains qui n'ont que le tort d'être de leur temps.

André Theuriet au XIXe a décrit le caractère meusien dans un petit livre sobrement titré "Meuse" :
"La caractéristique de l'esprit meusien est la prudence reposant sur un riche fond d'énergie et d'activité. L'habitant de la Meuse est sobre, laborieux, économe, peu artiste, peu imaginatif, positif avec une tendance à l'humeur gouailleuse[...] Ils réfléchissent
beaucoup et parlent peu. Ils sont hommes d'action plutôt qu'orateurs. Le paysan aime la terre et la travaille avec amour et intelligence. Il vit beaucoup de la vie familiale, est très serré en affaires, très pratique mais aussi très gai à ses heures, avec une pointe de plaisanterie narquoise qui ne manque pas de saveur, et aussi un mélange très curieux de méfiance et de naïveté..."
Appréciation réelle ou envolée lyrique d'un intellectuel ?

Mais une petite visite dans la série U et dans les dossiers militaires de la série R, nous en apprend de bonnes sur nos anciens .


Pour se mettre dans l'ambiance, voici un meurtre relaté dans les archives de Sivry-sur-Meuse en 1670 (AD55 2 E 501 (1)):


meurtre sivrymeurtre sivry



Mais Pouilly n'est pas en reste.

Jehan Gruel assassine un certain Petit Jehan en 1503.
Henri le Faron, curé de Pouilly se fait occire par Jacques de Pouilly en 1622.
Jean Baptiste Bonne  "...trouvé mort par une main étrangère a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse avec les cérémonies accoutumées... après les actes de justice usités dans pareil cas dont acte", le 20/03/1764. Il était cordonnier à Pouilly et marié à Marie Mazelot. Mais on n'en sait pas plus.
Plus prés de nous à Autreville, nous connaissons le meurtre d'Ernest Quinquet par Arthur Lequy. Le meurtrier finit sur la guillotine à Saint-Mihiel en 1924.
Et à Moulins le parricide commis par René Louis en 1933 ce qui lui vaut les travaux forcés à perpétuité. Il mourra d'ailleurs le 07/07/1937 à Saint Laurent en Guyane.


En 1770, le curé Polonceau dit des gens de Pouilly :
"En général peuple paisible et assez rangé. Riche il y a 50 ans quand il avait des terres. Aujourd'hui gueux, depuis qu'il n'y a que des vignes. Peu laborieux, faisant beaucoup de dettes et n'en payant guère.".

En 1789, le curé Duhoux se plaint de ne rien recevoir des vignerons de La Vignette dépendant de l'abbaye d'Orval, mais à qui il apporte les soins de l'âme. L'abbé d'Orval répond que l'ambiance de l'époque n'est pas à la confrontation.
Il craint et connait le caractère de ses vignerons.

Quand le comité de surveillance fut installé en 1793, on verra des habitants se dénoncer pour des futilités, avérées ou inventées. Jalousie, vieilles rancœurs s'étaleront sans scrupule.

Nos archives ont disparu, mais l'existence de bas, moyens et hauts justiciers prouvent que la répression existait. La carte des Naudin précise d'ailleurs un lieu dit  "Justice de Châtillon", où est dessinée  ce qui ressemble bien à une potence.
Les vicissitudes des guerres et invasions ont banalisé la violence. Chaque armée, amie ou ennemie, vivant sur le pays. Le vol, le viol, l'assassinat, l'incendie, la torture faisaient malheureusement partie du quotidien.
Les dragonnades de Louis XIV dans l'espoir d'éradiquer la religion prétendue réformée, furent aussi un bel exemple de violences "légales".

L'attrait morbide de nos ancêtres pour les exécutions, tortures et autres joyeusetés juridiques, en dit long sur leur caractère.
La dernière exécution publique eut lieu en 1939. Eugène Wiedmann en fut le dernier acteur.

Pour la Lorraine, on peut lire l'ouvrage de Raymond des Godins de Souhesmes, "Etude de la criminalité en Lorraine, d'après les lettres de rémissions (1473-1737)"


Près de Pouilly trois affaires criminelles récentes ont fait jaser dans les chaumières :
L'assassinat de Celestine Bruno en 1905 par sa bonne la veuve Emart.
L'assassinat par Auguste Lequy d'Albert Quinquet en 1924 à Autreville.
Le parricide de René Louis en 1934 à Moulins.




Pour Pouilly, je n'ai pas trouvé trace de violence conjugale et familiale dans les archives. Mais comme partout elle existait, légitimée pendant des siècles par les usages, voire la religion. Cette tolérance découlait d'un droit de l'antiquité, attribué au père ou mari, celui du pouvoir de correction. Le "pater familias" pouvait "corriger" son épouse, mais ne devait ni la tuer ni l'estropier.

Cette violence est rarement signalée. A Liglet (86) le curé donne les détails de la mort d'une femme : "...à cause des mauvais traitements que lui avait fait son mari quelques jours auparavant sa retraite (elle s'était réfugiée chez son gendre) et s'est plainte à moi en mourant qu'il l'avait tuée de coups de genoux sur l'estomac et d'un coup de bâton dont elle est morte à l'âge de soixante et quelques années..." (AD86 Liglet 1688-1693 38/97)

Les coutumes disparurent en 1789 et furent remplacées par le code civil. Les droits de la femme furent reconnus et séparation ou divorce, leur permirent d'échapper à la violence conjugale.  Cependant en 2016, 123 femmes ont encore été tuées par leur conjoint...

Les violences faites au mari par sa femme existaient parfois. Elles faisaient l'objet de vexations et charivaris, pour celui qui n'avait su "tenir son ménage".

Les enfants n'étaient pas mieux lotis tant dans le milieu familial que scolaire ou professionnel.



La sexualité de nos ancêtres n'était pas différente de la nôtre, bien que l'église ne l'entendît pas ainsi.
Saint François de Sales écrivait dans "Introduction à la vie dévote en 1608" :  "La procréation des enfants est la première et la principale fin du mariage."
Voilà qui restreignait fortement la vie conjugale...

La religion encadrait de près la sexualité du couple et particulièrement au moyen-âge.
Ainsi elle décrète des périodes où il faut faire abstinence :
Le dimanche, le mercredi et le vendredi, les trois périodes de carême (40 jours avant Pâque, Noël et la Pentecôte) et pendant de nombreux jours de fête de saints. Elle interdit également les rapports quand la femme a ses règles, quand elle est enceinte ou avant les relevailles (40 jours après la naissance)
Le "Decretum", pénitentiel de Richard de Worms est d'une grande richesse sur les pratiques sexuelles du haut moyen-âge et fut par la suite imité, voire recopié.
Cependant il est peu probable que toutes ces interdictions aient été respectées, en tout cas sous l'ancien régime

La prostitution, peu présente (ou tout au moins cachée) dans les petits villages elle était plus visible en ville et particulièrement les villes de garnison.
Les maisons closes accueillaient aussi les bourgeois, marchands, laboureurs aisés etc. venus s'encanailler à la ville. La foire, le marché, la conscription, l'occasion était belle de ressentir de nouveaux frissons ! L'état admettait ces claques au moins jusqu'à la loi Marthe Richard, (ancienne prostituée, espionne mythomane etc.) du 13/04/1946 et la religion fermait les yeux hypocritement.
Les prostituées étaient bien sûr contraintes et souvent de pauvres filles... On a rien inventé depuis.


Le viol, la subornation de servante, étaient fréquents, tout autant que l'inceste, mais curieusement assez peu punis.
A Pouilly, le chirurgien Martin Falala, le 28/08/1712, est mis en cause par Élisabeth Falala, qui l'accuse d'être le père de son enfant. (AD55 1673-1722 191/276). Il est maître chirurgien, né le 01/07/1672 à Cesse et décédera le 25/04/1719 à Chassepierre, en Belgique.
Y était-il parti pour échapper à la justice ?
 
L'homosexualité, la zoophilie, par contre étaient sévèrement réprimées et considérées contre nature. Ces "déviations sexuelles" étaient passibles de la peine capitale.
A Pouilly Jean-Baptiste Edouard Saussette fut
condamné le 04/06/1866 à 10 coups de corde pour acte de bestialité sur un chien. Il était alors au bagne de Toulon.
L'homosexualité existait tant du coté du sabre que du goupillon. On pourra se référer à la thèse soutenue par Thierry Pastorello "Sodome à Paris : protohistoire de l’homosexualité masculine fin XVIIIe  – milieu XIXe" Paris Diderot 03/2009
La dépénalisation de l'homosexualité ne date que de nos jours.

La pédophilie est sans aucun doute présente, même si à Pouilly je n'ai pas trouvé de preuves.
Le journal "Le Gaulois" du 02/12/1880 page 3/4 raconte un cas de pédophilie à Letanne :
"L'instituteur laïque de Letanne... convaincu d'avoir abusé, avec violence, d'une malheureuse enfant de huit ans, vient d'être arrêté et conduit à la prison.
Ce misérable avait, peu de temps auparavant, courtisé, et, séduit une jeune fille de sa commune,et, sur plainte du père, il avait été mis, par l'inspecteur d'académie, en demeure de réparer sa faute.
Le mariage était sur le point de se faire, lorsqu'une rumeur des plus graves parvint aux oreilles de la gendarmerie etc.
C'est en très peu de temps, le quatrième instituteur laïque qui aura à répondre, devant la cour d'assise des Ardennes, de faits d'immoralité"
"La Patrie", journal conservateur du second empire, relate les faits le 21/11/1880. Il signale cependant : "S'il s"était agi d'un instituteur congréganiste, le fait serait reproduit à l'envi par tous les journaux républicains  et commenté de la belle façon pour accuser tous les congréganistes en masse. Plus équitables, nous ne faisons pas retomber sur le corps enseignant laïque le crime d'un de ses membres".On reconnait là cette hostilité république-religion...
Au XXe dans notre village, deux personnes décédées maintenant, furent inquiétées pour attouchement sur enfants mineurs.
La pédophilie est toujours d'actualité et pratiquée trop souvent par des personnes ayant  un ascendant sur l'enfant.
La crise que traverse actuellement l'église (2021 et le rapport Sauvé) n'est pas étrangère à cette pratique.

L'attentat à la pudeur même si il ne se concrétise pas par un viol est relativement courant. Il suffit de consulter la série U des archives pour s'en convaincre.
A Pouilly Guillaume Colas est condamné par la cour d'assise de Saint-Mihiel à 4 ans de prison le 04/04/1842. Il ne fera pas ces 4 ans puisqu'il décède à la prison de Clairvaux le 11/06/1844

L'inceste a dû exister. Mais l'omerta familiale a occulté ce crime.
Tout au plus connaissons nous le mariage d'un oncle avec sa nièce, mais avec une dispense et l'accord des parties.



En consultant la série U des AD08, mais c'est la même chose dans la Meuse, on reste quand même surpris de la clémence de certains jugements.
Les vols, banqueroutes, incendies étaient plus sévèrement punis que les attentats à la pudeur et agressions sexuelles.
Si il était avec récidive, un simple larcin pouvait mener au bagne. Ce fut le cas pour Alfred Colinet en 1888, qui mourut en Guyane.
Le vol pouvait être avec circonstances aggravantes, si il était commis de nuit ou pendant le temps d'un office.
Ainsi Jean-Baptiste Lenoir, originaire de Villers-en-Argonne (51), est-il condamné à 9 ans de galère le 18/11/1774. Mais le procureur du roi fait appel à minima, ce qui lui vaut d'être pendu. Il avait simplement volé pendant la messe à Condé-les-Autry (08), 132 livres à Louis Leclerc, aubergiste audit lieu, et 24 livres pendant l'office à Sommeil (51), à Claude Baudin, maire. (AD08 1J52-5).
Dans les registres d'écrou de Clairvaux 1823-1828, on trouve un Nicolas Leclerc, marchand fruitier à Cornay (08), qui écope de 13 mois de prison "pour soustraction frauduleuse de cinq canards pendant la nuit". (AD10
Clarvaux 1823-1828 48 Y 4 371/398)
C'était peut-être exagéré...

A Pouilly, le 28/11/1890 le tribunal de Police Correctionnelle de Montmédy condamne Jean-Baptiste Lequy (1858-1898)  32 ans à 6 jours de prison pour vol de bois (AD08 Petit Ardennais du 02/12/1890)
Le Tribunal correctionnel de Sedan condamne
pour vol le 19/10/1892  à 20 jours de prison Adolphe Collart (1869-1917) âgé e 23 ans. (AD08 Petit Ardennais du 21/10/1892)
L'armée n'est pas plus tendre avec les voleurs. Joseph Félix Gobert est ainsi condamné à 15 jours de prison et un franc de dommage et intérêt pour extorsion de sommes, par le tribunal correctionnel de Marseille. C'est son dossier militaire qui en fait état.
On le constate aussi sur le dossier militaire  de Jean Isidore Peltier (1861- >1926) Il est condamné par le conseil de guerre à 7 années de réclusion et à la dégradation militaire et à 5 ans de surveillance le 29/08/1875. Il est coupable de vol et tentative de vol. (matricule 228 Mézières)

Les dettes et particulièrement vis-à-vis du fisc étaient punissables. Il fallait déployer tout un argumentaire pour échapper aux sanctions. Ainsi trouve-t-on des demandes d'exonération ou d'aménagement de règlement, pour des locations de fermes. Les loueurs ayant souvent mésestimé le rendement de celles-ci.
"La citoyenne veuve Mazelot, fermière d'un corps de ferme appartenant à la république, provenant de l'émigré Pouilly...se trouve redevable sur les canons de l'année précédente et ne pouvant se libérer etc..." se dit "victime d'un ennemi qui a cherché à la détruire...". En fait elle prétend qu'on a fait monter les enchères et qu'elle les a suivies par erreur.
Ce qui n'est sans doute pas mensonger, car Pierre Baland est exactement dans le même cas et utilise les mêmes arguments.
L'administration finalement aménage les règlements. (AD55 Q 134).



Les procès et querelles de voisinage étaient courants.
Par exemple, en 1816 et sur plusieurs années, Jean-Baptiste Dewatte, propriétaire de la ferme de Prouilly, et Pierre La Marle, propriétaire de La Vignette, par courriers interposés se sont fait la guerre pour un droit de passage. Dewatte se plaignait d'avoir été menacé : "... la fertile imagination du sieur La Marle s'évertue à exploiter toutes les ressources de la chicane. Il faut absolument qu'il réalise la menace qu'il m'a faite : Je te ferai tout le mal que je pourrai...".
A travers les dizaines de pages qu'ils se sont balancées à la figure, on devine deux personnages retors et procéduriers.
Et finalement en 1819, La Marle aura gain de cause. (AD55 8 O 589).

Les comptes de la commune (à partir de 1849) font état dans le chapitre des recettes supplémentaires du montant des amendes de police rurale et municipale. Chaque année cette ligne budgétaire apparait, plus ou moins importante, mais prouvant que les salaires du garde-champêtre et/ou du garde-forestier, ne sont pas usurpés. Nous n'avons pas (et c'est dommage pour la petite histoire) les noms des "malheureux bénéficiaires" et les causes de ces amendes.

En 1873 quand il fallut indemniser les habitants de Pouilly, pour les dommages qu'ils avaient subis durant la guerre, on constata que certains usèrent d'arguments fallacieux pour obtenir des subsides.
Le conseil municipal par exemple doit répondre au préfet : "Le conseil n'est pas étonné de la réclamation du sieur Gobert (Ambroise Gobert 1817-1905, marié à Marie Françoise Percebois), car seul, il prétendait avoir droit à ce que l'administration pouvait accorder, et ce serait loin d'être justice etc.".
On voit aussi que la philanthropie avait ses limites. Car si beaucoup se sont déplacés pour transporter les blessés de la bataille de Beaumont en 1870, bien peu l'ont fait sans demander des dédommagements. (AD55 8 R 160).



Les rixes après beuveries comme celle où Jehan Gruel s'est distingué étaient courantes.
La lecture des registres militaires (depuis 1867) nous fait découvrir les condamnations subies par nos anciens.
En voici quelques exemples :

condamantion eugene aimé Labile




condamnation gobert ed



condamnation labile 1

Mais l'escroquerie est parfois surprenante, comme ce détournement de fonds à la poste de Pouilly, basé sur une escroquerie sentimentale.

detrounement de fonds à la poste de Pouilly

On trouve également dans les journaux contemporains quelques faits divers :
Ainsi le 25/05/1885 dans "Le Petit Ardennais", la condamnation de Coste et Lemoine au tribunal de police correctionnelle de Montmédy le 14/05/1885.
(AD08 Petit Ardennais 25/05/1895 3/4)

coste lemoine

Le 09/07/1895 Louis Lequy, 25 ans fileur et Scholtaise Jean-Baptiste, 45 ans manœuvre, demeurant tous les deux à Pouilly, récoltent chacun 50 francs d'amende pour avoir pris et transporté un lièvre en temps prohibé. (AD08 Petit Ardennais 29/07/1895 2/4)

Pour chasse sans autorisation, sur terrain d'autrui, M. Tribut Jules, 48 ans cultivateur à Pouilly est condamné à 50 francs d'amende et 50 francs de dommages et intérêts envers la partie civile. 'AD08 PA 08/02/1906 2/4)

Ou encore en 1906 :

extrait journal 1906


Le dossier militaire de
Louis Henri Dournel nous apprend qu'il fut condamné le 06/03/1894 par le tribunal de Montmédy à 15 jours de prison pour coups et blessures volontaires ayant occasionné une maladie ou incapacité de travail de plus de 20 jours

Celui de René Rose Collard nous apprend qu'il fut condamné par le tribunal civil de Charleville le 20/09/1912 à 50 francs d'amende avec sursis pour coups et blessures volontaires commis le 06/08/1912.

Le 14/07/1931 dernier, à Pouilly, après le vin d'honneur offert à la mairie, les sieurs Vivier en viennent aux mains et des coups sont réciproquement échangés.
Vivier Camille 5 francs d'amende, Émile et Jules, tous deux 16 francs. (AD08 PA 16/09/1931 3/4)



Les insultes allaient aussi bon train. En 1920 "Le Bulletin Meusien" relate une plainte pour des raisons assez sordides.

plainte Vaucours Lemoine

Il s'agissait de Maria Lux, épouse Vaucourt dont l'enfant Marie Anna était décédée le 06/11/1920.
Quant au fossoyeur c'était sans doute Jacques Onésime Lemoine.

La portée des insultes au cours des siècles a évolué. Traiter quelqu'un de bougre, coquin, vilaine, garce ferait maintenant sourire.



Les rivalités entre jeunes de villages voisins se terminaient souvent en pugilat, l'alcool aidant. Rivalité pour une fille, à propos de la conscription, pour rien souvent. Ces rivalités pouvaient dater de plusieurs années sans pour autant en connaître les sources.
Les jeunes gens adoptaient les querelles de leurs ainés et entretenaient l'animosité entre villages.



La politique

Pouilly est resté jusqu'au milieu du XX ème un village essentiellement rural.
Sous l'ancien régime son attachement aux ducs de Lorraine, puis à la royauté ne fait guère de doute. Même si pendant la période révolutionnaire fut créé ce comité de surveillance animé par quelques exaltés en mal de reconnaissance.
La religion omniprésente et souvent favorable à la noblesse n'a pas été détrônée en même temps que la royauté.
On peut donc dire que Pouilly était plutôt de droite, si tenté que cette distinction droite/gauche puisse être utilisée sous l'ancien régime. Disons plutôt aux ordres des autorités et de la religion.

Quand au XIX ème, l'industrie du feutre, les travaux du canal et de la voie ferrée apportèrent du sang neuf au village, de nouvelles idées sociales ont dû modifier la donne politique. Malheureusement nous n'avons pas de résultats des élections.
On ne connait pas non plus le sentiment de nos aïeux lors de l'affaire Dreyfus, si ce n'est un courrier du capitaine Linder, mais qui n'éclaire pas ou peu cet aspect de l'antisémitisme.

Au XX ème Pouilly est resté à droite et les mouvements sociaux de 1936 n'ont pas ou peu changé les convictions de nos grands-parents.
Les idées de gauche apparaissent tout doucement, et c'est ainsi que le journal "L'humanité" du 07/11/1929 page 5, nous apprend qu'André Tissiere à Pouilly, a souscrit à titre individuel 10 francs pour l'Humanité de Lenine. Le journal est en effet en difficulté financière.

Mai 68 n'a pas bouleversé les idées et habitudes à Pouilly et les discussions au café n'avaient rien de révolutionnaires ! Tout au plus y relevait-on de l'incompréhension.

Mais depuis quelques années Pouilly vote à l'extrême droite. Ce qui est franchement curieux pour un village qui n'a aucun immigré, qui a certes du chômage, mais pas plus qu'ailleurs, qui n'est pas confronté aux trafics divers ou aux dégradations.
La disparition des commerces et services publiques comme école, poste et autres explique peut être cette recherche d'alternative ?
En tout cas cette dérive vers l'extrême droite n'est même pas due à des actions politiques. Pas de meeting ni de propagande.



Mais heureusement des qualités !

Nos ancêtres n'avaient pas que des défauts, loin s'en faut.

La grande majorité des gens étaient des travailleurs courageux, résistant aux maladies, fatigues, calamités diverses  avec souvent des revenus dérisoires.
Il suffit de lire les actes de décès pour constater que beaucoup travaillaient à un âge très avancé. Certes leurs revenus ne leur permettaient pas de prendre une retraite méritée, retraite qui d'ailleurs n'existait pas. Il faudra attendre le XXe pour voir quelques organismes sociaux s'inquiéter des travailleurs âgés ou malades.

Nos ancêtres étaient croyants. Peut être avec la foi du charbonnier, mais suffisamment pour ne pas commettre de "péchés", mettant leur avenir post-mortem en péril.
La religion, par la crainte du jugement dernier, a "obligé" ses ouailles à un minimum de sagesse.

Nos ancêtres avaient aussi un rapport avec la mort que nous avons perdu. Pour eux c'était un épisode normal de la vie. Cette vision, alliée au courage et au fatalisme leur permettait d'envisager leur fin plus sereinement.

Ils étaient aussi plus solidaires avec leur prochains. Les pauvres étaient accueillis à l'exception des fainéants et des vagabonds "professionnels".
Les vieux n'étaient pas placés comme actuellement en Ehpad ou autres mouroirs et finissaient souvent leurs jours chez un fils ou une fille. Ils représentaient bien sûr une charge, mais on trouvait toujours quelque chose à leur faire faire.

Nos ancêtre étaient aussi économes. Par nécessité  simplement ou pour pouvoir s'agrandir ou doter les enfants. Il suffit de lire les contrats de mariage ou les inventaires pour s'en convaincre.